30.12.08

Maternité


L'âge de raison tant attendu.
Le sien ou le mien?

Dans ce beau mot, maternité, j'entends deux mots, mater et éternité.
Il est assez long pour avoir besoin de quatre syllabes.
Ma Ter Ni Té.
Il est assez fort pour être prononcé
avec les lèvres, Ma, comme un baiser,
avec les dents, Ter, pour croquer la vie,
avec la langue, Ni, pour être goûté comme un carré de chocolat,
et avec un sourire, Té, parce que le dire, c'est se faire plaisir.

Aujourd'hui elle a sept ans.
Sa deuxième incisive est en cours de prendre la tangente et de laisser un vide provisoire à ce sourire total de petite fille. Elle dit qu'elle la perdra en février.
Elle a choisi son cadeau, elle sait où il est caché en attendant les bougies à souffler sur le gâteau dont elle ignore encore la composition, tout comme la cuisinière à l'heure actuelle.
Elle est pressée, c'est la première fois que tous ses grands parents seront là, le bon jour et en même temps.
Elle est fière de mettre la table de A à Z, de porter le pichet d'eau plein sans en renverser une goutte, de laver seule ses longs cheveux.
Elle écrit des lettres. A sa meilleure amie, aux amis de ses parents (adresse: sur l'île de Ré, pour R ), avec des fautes jolies, comme aisseller, pour essayer.
Elle dit que elle, elle est sage (pas comme son frère et sa soeur, eux), d'ailleurs elle a eu un livre d'histoires pour enfants sages.
Elle ne répond pas quand on lui parle et qu'elle a le nez dans un livre avec des mots, elle se sert de la télécommande du lecteur de DVD, elle jette à terre manteau, chapeau, écharpe, quand elle rentre de l'école ou du jardin.
Elle dit "je t'aime beaucoup maman".
Elle voudrait bien que je la laisse casser les oeufs en séparant le blanc du jaune, elle voudrait bien avoir sa cabane dans le jardin, et une caméra, comme son amie J.
Elle dit "t'es méchante".
Elle boude aussi. Avec talent. En faisant la moue, menton dans col roulé, bras croisés, ventre bombé. Ça, c'est la position à l'arrêt.
Elle sait aussi partir en courant, chercher la seule porte à claquer de la maison, celle de sa chambre. En tapant des pieds.
Elle rit comme une gamine, elle tape des mains à la moindre musique, elle danse au milieu du salon.
Elle a un amoureux. Elle dit qu'il est amoureux d'une autre aussi "c'est drôle hein, maman?".
Et puis elle prend la pose: bouche fermée avec sourire pincé, et le petit gloussement qui s'échappe, comme celui de l'adulte qui se retient de faire l'enfant.

Elle a sept ans, moi aussi, je me sens vieille et jeune à la fois, je suis la "fille de" et la "maman de".
Parfois je suis moi, aussi, le plus souvent ici.
Mais pour rien au monde je ne changerais cela.

Plein de baisers à ma cousine et à sa fille née hier...

27.12.08

Ciel

De Breizh Kiss
La fenêtre de sa chambre se jetait dans un vide de trois étages. Plus loin, un mur gris ne se détachait pas du ciel, il s'y fondait.
Son lit hésitait à se placer face à cette source de lumière. Il se présentait de côté, en biais dans le carré de la chambre.
Car il est certain que le premier regard du matin ne pouvait se suffire de ce seul gris et préférait se coller à la porte en bois blanc, écaillé.
Alors, elle se demandait ce qui allait bien pouvoir la sortir de la douce chaleur de la couette, si ce n'est son chat qui lui mordillait l'oreille, ou se faisait les griffes dans ses cheveux emmêlés.
Il lui fallait se lever, enfiler le jeans tombé au coucher, au pied du lit, saisir un pull en grosse laine grise, mais chaude, et fouler de ses pieds nus le lino froid qui gondolait dans une mauvaise imitation de parquet en chêne massif.
Aucune de ses amies ne faisait de bruit, soit endormies soit déjà parties, ayant toujours montré plus d'appétence aux cours de la fac.
Elle s'en voulait souvent de cette paresse à la vie, qu'elle excusait par une fatigue vécue comme chronique.
Parfois pourtant, l'oeil vert s'ouvrait en direction d'une couleur bleue et sa journée s'en trouvait changée. Le chat n'avait pas à miauler devant une gamelle vide, elle faisait du bruit avec sa cuiller, prenait un café avec une tartine de pain rassis sans grimacer, tant il est vrai qu'avec la pâte à tartiner tout passe, elle se coiffait, hésitait même à oser une jupe courte, ne le faisait pas avec une moue fataliste, ne ratait pas le bus ou bien si, mais alors courait vers la fac, espérant que le cours l'attendrait.
Là, elle s'asseyait rouge et essoufflée dans une salle orange vif et prenait des notes en hochant la tête, approuvant la matière et le prof qui la dispensait.
Elle se disait: "quelle chance, que c'est passionnant!"
Elle est vieille à présent, a depuis longtemps laissé choir les cours de la fac pour gagner sa vie, sans passion. Elle n'a rien jeté, tout gardé, de lieux de vie en maison vivante, elle se trimballe ses caisses comme un savoir qu'elle ne saurait garder en tête.
Elle a tenté de trouver un pays où le ciel est souvent bleu, ou presque.
Elle n'a plus besoin d'avoir envie de se lever. Elle se lève quoiqu'il arrive pour garder un oeil sur ceux qu'elle aime. Avec passion.
Son lit s'assume sous le carré de ciel double de la fenêtre de toit.
Et chaque matin, sous la paupière engourdie, elle se dit:
"le ciel est bleu, réveille toi"*.

*: merci à celui qui a fait cette recherche sur google et qui m'a inspiré ce texte.

25.12.08

Belle journée!

Certains se reconnaîtront! Et non, vous ne rêvez pas, nous avons pris le café et le gâââteau, dehors!

Vive la Bretagne!

21.12.08

La Vieille Dame.

Chaque fois que nous passions devant l'hibiscus aux feuilles vertes, luisantes, astiquées de près dans l'atmosphère aseptisée de la résidence, elle disait, regardant l'unique fleur annuelle avec un regard parfois triste: "j'avais les mêmes à Bizerte, dans le jardin...".
Au début, elle continuait la phrase, en décrivant la vue qu'elle avait de cette maison qu'elle avait fait construire, et puis à la fin, comme si elle se rappelait qu'elle me l'avait déjà dit, Bizerte était son dernier mot.
Cette vieille Dame là, au fond, je ne la connaissais pas encore.
J'allais la voir, une fois par semaine, évitant le vendredi jour du Kig ha Farz, essayant d'y aller le mercredi jour du couscous. J'avais souvent l'impression que c'était ma B.A. de jeune fille, celle qui me permettait de dire avec un soupir, ou avec assurance à mes camarades, "non, demain je vais à Ker Levenez".
On m'admirait, disant que c'était noble de ma part d'aller ainsi visiter une vieille, ou on ne disait rien, juste un mouvement de bouche qui se suffisait à lui même.
Elle avait des formules toutes faites, qui me faisait moins d'effet au début qu'à la fin. Elle m'appelait son "rayon de soleil", je ne voulais pas trop savoir ce que ça voulait dire, je le mettais sur le compte de la météo, celle qui ne permettrait jamais à un Hibiscus de s'épanouir, même dans ce long couloir vitré.
J'avais appris à marcher comme elle, son bras gauche sur le mien, un pas après l'autre, comme marchant dans la campagne, devisant gaiement sur les feuilles d'automne, ou le chant des oiseaux. Paisiblement.
Je lui mettais des pastilles de couleur sur la télécommande pour qu'elle sache comment et dans quel ordre faire fonctionner la mini chaîne qui lui permettait d'écouter ses airs d'opéra préférés, ceux qu'elle savait chanter de sa voix cristalline, celle qui me faisait frissonner à la messe quand j'étais petite debout près d'elle, les couleurs chatoyantes des vitraux pour seules lumières.
Quand c'était l'heure du repas, nous posions nos flûtes de champagne, oui, c'était son pêché mignon, elle rajustait son gilet bleu ciel au couleur de ses yeux bleus délavés, elle jetait un regard au portrait à l'huile de son père à gauche de la bibliothèque, elle prenait son tube de rouge, et faisait semblant de se regarder dans le miroir pour faire les deux traits d'une main qui savait ne pas trembler pour une chose aussi précise du quotidien.
Elle avait, au bout de deux ans, perdu l'habitude de mettre son chapeau et ses gants, mais ils étaient toujours prêts à être portés en cas de sortie en famille, avec ses enfants, pour un repas au "cheval blanc" qu'elle avait plaisir à offrir.
Cette vielle Dame là, voûtée, avait gardé le sourire éclatant en disant bonjour. Elle tendait la main, dans la position qui oscille entre la poignée douce et le baise main, habituée qu'elle était des robes de bal et des chevaliers servants.
Ma grand mère me racontait ses histoires d'amourettes, ses demandes en mariage, elle me chantait des chansons qu'elle connaissait encore par coeur au bout de 60 ans.
Elle riait, le rose aux joues en relatant la valse chaude, où son cavalier, un "De quelque chose" la serrait si fort que son collier lui entrait dans la gorge.
Et les balades au "Grand Pont".
Elle avait ce savoir de la conversation, celui des dîners aux couverts en argent, où aucun silence n'est de mise, et où la politesse cache une remarque acerbe, ou un compliment flatteur. Elle savait toujours de quoi parler, même avec des inconnus, ce que j'admirais beaucoup, étant incapable de maîtriser ce que je finis par penser être un art.
Cette résidence pouvait lui paraître une déchéance, n'y trouvant aucune amie à qui parler des choses qu'elle connaissait. Ce microcosme social obligé, avait été dur à avaler. Elle avait su garder la tête haute, se réfugiant dans ses souvenirs.
Elle ne pouvait pourtant parfois laisser échapper son amertume, critiquant une tenue moins bien mise que la sienne, ou l'un des rares résidents faire le tour des tables à la fin du repas pour vider les fonds de bouteilles dans celle qu'il tentait de dissimuler dans son dos.
Elle ne jouait plus aux échecs, ne pouvait plus tricoter, ne trouvant la force de se lever le matin que par cette force qu'une vie parfois impitoyable avait forgé en elle. Elle restait imbattable au Scrabble.

Enfin, je la reconnaissais, sans passif, sans rancoeur, juste elle et moi, parce qu'en fait on se retrouvait toutes les deux toutes seules dans cette grande ville.
J'ai eu le temps de lui dire avant qu'elle parte, que dans quelques mois elle serait à nouveau arrière grand mère. Je ne sais pas ce qu'elle a entendu, frêle corps allongé dans ce lit d'hôpital, mais d'elle j'ai connu le meilleur, ses souvenirs, ceux qui nous restent jusqu'au bout.
Quand ma première fille est née, elle n'avait pas d'arrière grand mère.
Mais j'ai gardé le petit agenda bleu, celui qu'elle tenait dans les années vingt. Et tout le reste.

17.12.08

Artichau(d)T #2

Elle a perdu la mémoire sur l'effet qu'a du lui faire l'annonce de la nouvelle. Il allait venir.
Elle a du se regarder, se dire, j'ai blanchi, j'ai grossi, je jure comme un vrai métropolitain, j'ai perdu le soupçon d'accent que j'aurais pu avoir, ce n'est plus moi, elle était morte depuis cet hiver là, cet été de l'océan indien, deux ans plus tôt.
Elle savait aussi, qu'autant elle avait changé, autant elle l'avait aimé, autant elle se devait de profiter de ce moment là, puisqu'en fin elle avait compris qu'il n'y en aurait qu'un, ce serait le dernier.
Elle avait dix sept ans et l'impression d'en avoir mille de plus. Elle se disait qu'elle devait parler moins vite pour avoir l'air plus sage, qu'elle devait sourire sans montrer ses dents pour avoir l'air moins enthousiaste, mais ce matin là, elle était toutes joues dehors, l'émail brillant, le coeur battant chamade comme jamais, pourvu qu'il lui trouve encore un peu d'intérêt!
Il venait passer une semaine à Kimmper, comme il disait, ce qui l'avait fait mourir de rire, ce qui avait brisé la glace, rétabli le contact.
Il était loin le temps où se mangeant une joue de mangue assis sur le trottoir du collège en attendant taximaman, il lui racontait tout. La bouche pleine, et le jus se glissant le long de ses doigts, il lui parlait de ses espoirs, il était champion dans son domaine, une force tranquille, elle se sentait investi d'une mission d'importance, le rassurer, parce qu'elle savait qu'il avait ce qu'il fallait du vainqueur.
Et cette semaine là, il avait fait si froid, qu'elle souffrait pour lui. Mais elle se disait aussi que lui, pourrait retourner dans son pays, là bas, au chaud. Alors, elle se taisait.
Il lui avait montré la photo de sa petite amie C. Elle se souvient du prénom, parce qu'une fois, cette semaine là, il l'a appelée comme elle. Elle avait pris dans ce temps court de retrouvailles et d'adieu, une bonne heure pour lui battre froid.
Comme elle ne voulait pas avoir l'air malheureuse, comme elle voulait qu'il soit fier, comme elle n'en pouvait plus de sa banale existence, elle avait concocté un réveillon particulier;
Elle faisait de la voile.
Dans sa région, la voile se fait même en hiver, et ce jour de décembre là était organisé une régate entre les moniteurs puis un repas de moules, digne repas de pêcheurs.
La régate se passait avec et sur des optimist. Il faut savoir que ces coques là, sont faites pour les enfants de 5 à 10 ans en moyenne.
Il serait forcément épaté. La température de l'air devait approcher les 8 degrés. Celle de l'eau bien plus, 12 ou 13. Elle lui avait prêté un ciré jaune et l'avait laissé attendre sur la cale pendant la régate.
Chaque optimist était rentré avec de l'eau sur 15 bons centimètres et pour ne pas regretté d'avoir tous mouillé chemise et pantalon, l'après midi s'était terminée par une bataille générale d'écope sur la cale et tous avaient terminés à la baille.
Le vainqueur de la régate avait été le beau brun pour lequel elle avait succombé dès qu'elle l'avait vu quelques mois plus tôt.
Surmontant cet étonnant sentiment qui lui serrait le coeur et les entrailles, elle les présenta l'un à l'autre. Ils se serrèrent la main, elle les regardait intensément, ayant l'impression d'une passation de pouvoir entre le passé et le futur, un moment hors du temps, qu'elle savait n'oublier jamais. Elle ne pouvait en parler à personne, elle était isolée, et il avait fallu le bruit de la fête et la faim de son ami pour la sortir de la torpeur qui l'avait saisie.

12.12.08

Blug.

Ceux que je ne peux pas lire, ça ne tient pas à grand chose et j'ai très sûrement tort.
Mais, et c'est vrai, je n'aime pas du tout les signatures comme "bichon, nounouche, mounet, la tante à rené, le toutou du chat"...
Cette façon de dire sur soi, cette niaiserie volontaire, reconnue, me met mal à l'aise, ça dégouline de sucre, beurk.
Quand la main de la souris se promène sur un lien et qu'en bas de l'écran s'affiche une adresse comme "lacuisineàtatalulu" je vomis, je ne vais même pas cliquer dessus.
Ces blogs aux photos floues, ou verdâtres, mais pourquoi mettre une photo si elle est si manquée? ah, elle ne l'est pas?
Vous allez me dire, mais pourquoi écrire quand on écrit mal?
Ben voilà.
C'est ça le blog. Cette indécence à se mettre en avant coûte que coûte, même quand c'est raplaplat, inodore et sans saveur...
Pour son ego ou pour le plaisir avant tout? besoin d'écrire oui, d'accord, mais besoin d'être lus aussi, sinon un cahier suffit. (cahier/clavier).
Faire un miroir de soi, donner une image, vraie ou fausse, essayer de faire croire et finalement en dire plus que prévu, voire trop.
Et ne pas effacer malgré tout.
Et se permettre de juger ceux des autres. Donner un avis soit, mais se dire en son for intérieur, "ouh, c'est nul", sous entendu parfois "le mien est tellement mieux!"
Ne même pas répondre aux commentaires que de sympathiques et courageux lecteurs laissent. Les commentaires stéréotypés, copiés collés, ceux que tu retrouves d'un blog à l'autre "oh, c'est beau, biiiise" ou alors "ce que ça doit être bon" ben t'en sais rien, parce que tu ne la feras jamais de toute façon cette recette!
Parfois aussi, les vrais commentaires, ceux qui te font une remarque sensée "t'as oublié que artichaud c'est avec un T "ou "tu es sûre que la pomme de terre c'est un légume, ce n'est pas plutôt un féculent?"
ceux qui te font plaisir "tu écris bien" même si tu en doute à chaque mot, ceux qui tentent de percer la vérité sous le fard de la fiction "ah bon, tu as connu 10000 hommes?"
Avoir un blog, pour soi, pour les autres ou pour l'ego? Ecrire pour dire ou pour se mentir?
Blog, éternelle question pour se justifier d'en avoir un.

ps: je sais, je fais des fautes, je les verrai un jour.

8.12.08

Artichau(d)T

Il pouvait paraître étrange.
La première fois qu'elle l'a vu, elle a su qu'il n'était pas comme les autres. Il ne parlait pas, regardait droit dans les yeux, et continuait ce qu'il faisait sans plus se soucier de la présence d'un tiers.
Évidemment elle en est tombée immédiatement amoureuse.
Elle avait un petit copain, pas très bavard non plus, au passé chargé d'une enfance douloureuse. Elle l'aimait bien. Elle pouvait être près de lui, sourire, opiner du chef, murmurer son assentiment alors même que son esprit était à des kilomètres de là, sur l'eau.
Mais l'ennui commençait à poindre, et l' esprit à supplanter le corps qui le tenait en dedans. Elle avait de plus en plus de mal à faire semblant. A moins que la lucidité ne commença à lui ouvrir les yeux.
Elle décida de le quitter.
Avec remord mais sans regret, elle le consola un peu, elle ne voulait pas qu'il souffre mais voulait aussi être seule, pour pouvoir penser à ce rêve impossible d'amour unilatéral.
Il lui en a voulu bien sûr, lui jetant à la figure toutes ses belles promesses, oui, elle avait changé d'avis, oui, elle était une girouette, mais ne pouvait-il pas comprendre qu'il la lassait déjà alors que leur vie n'avait pas commencé ?
Elle s'est amusée ensuite. Avec son amie G. Elles rencontraient des garçons, n'avaient plus peur, elles savaient ce que c'était "avoir un mec", elles savaient même les larguer.
Elles n'en pensaient pas que du bien. Elles se disaient que leur façon de voir les filles, ce n'était qu'une histoire de compatibilité physique, elles apprenaient avec eux à se connaître, il pouvait y avoir des histoires sans lendemain.
Mais on a toujours tendance à s'attacher, non?
Alors, un jour elle a rencontré un garçon gentil. Ils rigolaient bien, il l'idolâtrait, ça faisait du bien à ses complexes.
Et au bout de quelques mois, son rêve en mer existait toujours et le garçon gentil l'ennuya. Toute cette guimauve, ces mots doux, l'engluaient, jamais de discorde, toujours d'accord, son avis primant avant le sien qui devenait le même...
Et puis, elle a voyagé, un peu. Sur une petite île de l'atlantique, il y avait des hommes qui sifflaient les filles, sans vergogne. A la moindre jupe, la chanson reprenait. Le barman avait un regard de braise et la jeune fille était dans ses petits souliers. Il lui fit visiter l'île comme aucun touriste ne pouvait la voir. Il avait une voiture rouge décapotable, belle surtout la nuit. Elle s'est réveillée des souvenirs plein la tête mais contente de rentrer.
Elle se disait qu'elle savait tout à présent, qu'il ne lui restait plus qu'à conquérir son prince charmant.
C'était sans compter la vie. Elle faisait partie d'une chorale qui un jour, alla donner concerts en Allemagne, lors d'un échange entre écoles de musique.
Elle était déjà prédisposée à tomber dans les bras des musicien, mais pour peu qu'il fut grand, blond, et multi instrumentiste, elle chancela encore une fois.
Ce devait être l'amour de sa vie, il savait tout faire même parler français, jouer de la flûte et de la guitare, et il était fort.
Hélas, il était comme elle, amoureux d'une autre aussi.
Ils se sont séparés en bons termes, assez intelligents pour savoir reconnaître leur faiblesse.
La place était libre, le rêve encore inaccessible.

5.12.08

Chers Lecteurs...

Je vous aime.

Savez vous par quel biais vous arrivez en ces lieux?
Savez vous à quel point il m'arrive de me tordre (de pouffements), ou de me désoler en voyant comment ce blog se fait connaître?
D'abord, oui, j'ai des lecteurs fidèles. 8 il paraît. 8 qui s'affichent.(merci)
Et puis, il y a ceux qui par une recherche par goo***atterrissent ici. Parfois, ils doivent se sentir bien loin du but...
Néanmoins...
J'aime la recherche:
"qu'est ce que les filles aiment qu'on leur dise quand on les aborde..."
Je ne crois pas avoir posé la solution ici bas, mais je suggère: "bonjour" c'est un début. Je laisse mes commentateurs préférés trouver d'autres façons d'engager la conversation, il est bien délicat de répondre en une seconde...

J'aime aussi:
"un doux poème pour celle qu'on aime..."
Il semblerait que l'heure soit au romantisme.
Là encore, je doute que la réponse fut apportée à la lecture de cette vie qu'on aime, tellement mais pas au point d'en faire des poèmes.
Les poèmes d'amour pourtant...(psst "ma morte vivante" de Paul Eluard, fut en son temps mon absolu préféré)

Et la recherche suivante m'a littéralement fait mourir de rire.
"squelette qui court"
D'abord, pourquoi cette question, à quelle occasion cette recherche est nécessaire?
Pour faire un dessin, pour cesser d'avoir peur des fantômes?
Ouf, nous sommes dans un monde de vivants, mais je pense réfléchir à ce sujet prochainement, histoire d'insérer dans un texte le mot clé "squelette qui court" tiens, il y est deux fois ce soir!

Que dites vous de:
"les femmes aiment les poils"
Je dirais, ça dépend.
Un poil de trois jours qui souligne une mâchoire masculine, pourquoi pas, de loin, de près on sait que ça pique.
Un poil dans la main, oui, quand c'est le sien, mais plein de poils dans le dos, je ne sais pas...j'avoue avoir souri en voyant Piccoli dans sa baignoire dans le film de Godard, "le Mépris"
Et puis poil au menton.

J'ai aussi:
"Fichez moi la paix"
Ben, pourquoi?
Tu as mille enfants, tu as 15 ans et des parents, tu fais juste une colère?

Et puis le dernier:
"bronchiosaure"
Aaaah, là, je sais pourquoi!
Et puis je réponds, Diplodocus, Struthiomimus, Iguanodon, Tricératops, à plaques, à becs de canard ou à dents, on en connaît un rayon par ici...

Bonne soirée, chers lecteurs, si vous arrivez par hasard, j'espère que ce n'est pas trop tard!

4.12.08

La Toux.

L'hiver nous assomme de son flot de microbes...
Plus ils sont nombreux, plus on les partage, il suffit d'un.
Les enfants aiment les sirops contre la toux, ces sirops roses parfumés à l'arôme très artificiel de fraise...
En général, je donne la cuillerée de cette potion succulente à l'un des enfants, et immédiatement les oiseaux affamés voisins pépient à tue tête pour en avoir aussi...

Moi aussi, moi aussi..oui, c'est trop bon le sirop! ah, mes chéris, je n'en donne qu'à ceux qui sont malades! ...mais regarde moi aussi je tousse : reuh reuh...aaah, moi aussi je suis malade, je veux du sirooop, dit le père en portant une main à son coeur....quoi, toi aussi tu as une asthme?...si papa prend du sirop il lui faut une plus grosse bouteille...et toi aussi maman, tu as une Ame?

2.12.08

Matin Blanc

Tu ne te réveilles jamais toute seule. Jamais de ton propre fait. Généralement, il y a un premier réveil à 3:00 am, puis à 6:00 am. Les petits corps qui viennent se coller à toi dans le lit. Le grand qui entraîne le petit, aussi.
Ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller celui qui dort de plein droit à ta gauche. Engloutir dans tes bras les deux monstres affreux qui osent venir, qui ont moins peur de toi que des monstres qui peuplent leurs rêves, ou le plancher sous leur lit. Et la petite qui ne vit que par les "moiaussi" même si son sommeil est sans ombres.
Tu tentes de te rendormir.
Au réveil officiel, celui que tu dois gérer, tes paupières sont obstinément bloquées en position rideau fermé. L'agitation alentour qui finit par tourner au pugilat et l'heure qui ne s'arrête pas de tourner ont raison de ton désir le plus profond.
Tu habilles, tu nourris, tu poses dans la cour. Tu embrasses.
Tu rentres chez toi, te sers un café chaud, tu regardes le feu crépiter. Il reste une tranche de brioche, tu la manges sans complexe.
Alors, tu décides que ce soleil du matin est trop beau pour ne pas être vrai, tu t'ébroues tu prends ta douche brûlante, tu te vêts de ton vieux jean de peinture mais tellement comme toi, d'un gros pull, tu mets ta crème hydratante comme un masque antigel, tu glisses tes pieds dans tes bottes fourrées.
Par acquit de conscience tu hésites mais décides de laisser la table en l'état, tant pis, tu sors faire de la buée avec ta bouche.
Tu veux prendre des photos du soleil levant, mais ma pauvre il est levé depuis longtemps comme tes enfants.
Matin blanc.
Tout est gelé. Même les oiseaux de mer ne sont pas encore sur l'eau.
L'herbe du bas côté fait le bruit d'allumettes qui craquent, de temps en temps une voiture passe, elle ralentit à peine, ne voit pas le paysage, pas de temps pour ça.
Alors, tu regardes en haut, en bas, à gauche à droite, et tu penses que tu as de la chance d'habiter à 15 m de ta boite aux lettres.
Même dans la flaque de boue, il y a du beau.
Surtout quand tu vois un chêne dans l'eau, quand tu ne sais plus si c'est le ciel qui est en bas, ou si c'est toi qui marche sur la tête.
Tu voudrais le dire à tout le monde, mais tu ne peux que le laisser voir. Un peu.
matin

27.11.08

Le départ


C'est un jour de fin du monde.

Elle ne se souvient pas des détails, juste de cette phrase répétée comme un mantra: "c'est la dernière fois que je vois ce jardin, c'est la dernière fois que je ferme cette porte, c'est la dernière fois que je passe devant cette école, que je vois ce paysage..."
C'est la dernière fois. Sans espoir d'y revenir.
Elle a 15 ans. Elle perd son identité.
Depuis toujours, elle sait qu'elle n'a pas d'amis d'enfance n'étant jamais resté assez longtemps quelque part pour avoir pu créer des liens.
Cette fois, c'était l'exception: elle s'était attaché à des gens.
Elle était tombé amoureuse, avec sa meilleure amie du même garçon, elle se savait différente car pas d'ici, mais la même qu'eux quand elle allait passer une nuit chez son amie Nathalie ou chez Soraya.
Elle mangeait la même chose à la cantine, avait fini par s'habiller à peu près de la même façon avec néanmoins la surveillance maternelle pour veiller au grain d'une saison estivale qui dure toute l'année. Les chemisiers étaient souvent transparents, il faisait chaud, les bijoux voyants, les jupes virevoltant.
Elle était même parvenu à se faire percer les oreilles, comme il est de coutume dès la naissance là-bas. Son identité, elle se l'était créée de toute pièces, elle se voulait comme elles, ses amies, pour faire partie du groupe.
Elle restait quand même une Z'oreille. On lui racontait des choses, mais au fond, on se disait qu'elle ne pourrait pas vraiment comprendre.
Et puis de toute façon, elle ferait comme les autres, elle partirait.
La seule différence était qu'elle, elle ne le savait pas, ne voulait pas le savoir, le refusait.
Pourtant, elle en rêvait de cette pluie de crachin, la seule que l'on trouve en Bretagne, de ce ciel gris, de ces tempêtes que tu peux regarder de ta fenêtre.
C'est vrai qu'ici, les tempêtes avaient un autre nom, une autre force;
Si la géographie d'un pays forge ses habitants, alors, là, on ne s'attachait pas tant aux choses matérielles, celles qui pouvaient être volées par un vent indiscret. Non, on vivait proche des gens, chaleureusement, en profitant du temps qui passe avec sagesse ou fatalisme.

On ne quittait pas l'île innocemment, simplement. C'était quelque chose qui se préparait longtemps à l'avance, qui demandait des moyens, tout le monde ne pouvait pas le faire et par la force des choses, décidait de ne pas le faire.
Mais voilà que ce départ lui tombait dessus comme on lui aurait annoncé la mort d'un parent.
Ce n'était pas pour de courtes vacances.
Ce n'était pas pour aller voir la pluie.
Ce n'était pas un choix.
C'était définitif, indépendant de sa volonté, une contrainte, un couperet, un fait.

Elle avait donc dit adieu à ses amis.
Ils avaient fait une grande fête à l'école en ce mois de décembre d'avant les grandes vacances, pour elle, les profs avaient participé.
Elle avait dansé avec le prof de physique, dit au revoir au prof d'allemand qu'elle regretterait un jour, embrassé ses amis en se promettant que dans dix ans...
Elle avait reçu une déclaration d'amour aussi. Et un regard indifférent de celui qui comptait pour elle.
Elle était à présent dans la voiture qui suivrait quelque mois plus tard en bateau.
Assise près de la fenêtre arrière gauche, elle regardait dehors avec application, pour rester encore un peu, les images étaient floues et sa gorge ne se dénouait pas.
Elle ne voyait personne de connu, même pas lui, l'avion se prendrait 3 heures plus tard, de nuit.
Elle ne se souvient pas du reste. Sa mémoire a fait preuve d'amnésie choisie, celle qui permet de rester debout.
L'arrivée sur le sol Parisien ne l'a fait frissonner que par les 23 degrés d'écart. En négatif, avec ses chaussures sans chaussettes.
Elle se souvient du premier bain, de sa peau brune sur l'émail blanc, et de la desquamation qui commençait par les jambes. La mue se mettait en place.
On lui a dit qu'elle n'était pas d'ici, bien trop foncée pour un mois de janvier, sans aucune marque de lunettes de ski.
On lui a demandé comment il se faisait que sa hutte ne soit pas emportée par le vent.
Sa copine avait un nom étranger, qui ne commençait pas par Le.
Les murs étaient tous gris, les escaliers bruyants, les garçons immenses, l'air sec, elle mourait de soif continuellement, la vue s'arrêtait aux fenêtres obstinément closes, les profs portaient des blouses, des cravates et des manches longues, il y en avait même en costume.
Et tout allait dix fois plus vite. Sauf le temps.
Et le ciel, ce foutu ciel restait gris lui aussi.

26.11.08

Peinture à l'eau!

"La peinture à l'hawaïle

C'est bien diffic'hawaïle

Mais c'est bien plus beau

Dalida la di a dadi

Que la peinture à l'eau"...

J'ai fait joujou avec les enfants aujourd'hui...


bobby lapointe - framboise
envoyé par bisonravi1987

17.11.08

Les Mouettes

A taaaable, ceux qui ne sont pas à table dans deux minutes ne mangeront pas...je viens maman, je viens, je finis d'abord mon coloriage...je descends maman, je descends, je veux juste trouver mon dinosaure avec des oreilles...(...)...Ma Grande, tu viens?...(...)...ouhouhou...je viens, je finis d'abord mon chapitre...Ceux qui ne sont pas à table dans une minute mangeront froid...(course de pas dans la maison, bruits de raclements de chaises sur le carrelage)...je veux de l'eau...pardon?...je veux de l'eau...pardon?...s'il te plaît...bon.
Qu'est ce qu'on mange...oh non, c'est du poisson rose, j'aime pas le poisson rose, tu sais bien maman...mais, petit frère, c'est le poisson rose que tu aimes bien, le cru...non, fumé ma chérie...ah oui, j'aime pas mais je mange quand même...je veux du sel...pardon? ...je veux du sel, s'il te plaît maman adorable...bon.
Tiens, aujourd'hui j'ai...maman, maman, tu sais ce que j'ai fait à l'école ce soir?...Ce matin tu veux dire? ...non, ce soir, demain, j'ai fait du cirque...eh ben moi aussi hein j'ai fait du cirque...moi aussi moi aussi...mais euh, je parle à maman...eh bien j'ai joué avec des balles...et puis M c'est mon amoureux...non, petit frère, tu peux pas avoir un amoureux, toi tu auras une amoureuse...non, mais c'est mon meilleur ami...je peux avoir encore?
Donc, mon Chéri, aujourd'hui...maman, maman, si le soleil c'est du feu, pourquoi il ne fond pas quand il tombe dans la mer?...euh...oh, maman, j'ai renversé mon verre...maman, maman, moi aussi je veux de la sauce...moi mon repas préféré, c'est les pâtes, le poisson, le gâteau au chocolat, la soupe...la soupe au crocrodile? ...mais non E, la soupe à l'orange...maman, je voudrais de l'eau...pardon?...s'il te plaîîîîît! ...bon.
Et toi, qu'est ce que...maman, maman, tu peux m'aider?...mais, tu sais faire...non, je rigooole...coquine!...elle est làààà! (elle se tape le ventre)...clic, crrrshh, we wish you a merry christmas, we wish you a merry christmas...(il y a un engin sur la table, offert hier aux enfants par des gens irresponsables, qui gloussaient bêtement à l'idée de voir nos yeux ronds effarés de parents et ronds de bonheur des enfants, engin qui démarre les journées, ponctue les repas, clos les soirées)...attendez, les enfants, attendez, vous allez boire votre eau tous en même temps, vous êtes prêts? glou..Etdoncaujourd'huij'aivuLquim'aproposédeparlerdelapeintu...t'as vu maman, on a tout bu très vite!!
Pourquoi tu rigoles maman?


Les Mouettes du matin, du midi et du soir...

13.11.08

Question


Découvrez José González!

Il est arrivé sans crier gare, je devais être en mouvement planétaire d'épluchage de pommes, il a serré mon ventre par derrière, juché sur son tabouret, il a dit: pourquoi ton ventre ne fait plus jamais de bébé maman?
Mon couteau a cassé la pelure, ma main s'est arrêtée de tourner, mon coeur a frôlé le battement, j'ai souri: pourquoi mon chéri? tu voudrais un autre bébé?
Je me suis tournée vers lui, avec son ciel innocent dans les yeux et sa peau de pêche sous ma main, il m'a dit: oui, ce serait bien un autre enfant, un garçon, je pourrais jouer avec lui.
Et puis c'est vrai qu'on leur dit qu'on est tellement contents d'eux que c'est pour ça qu'ils ont un frère, une soeur.
Et puis c'est vrai que c'est un garçon serré entre deux filles.
Et puis quoi, il a tellement de dragons, de dinos et de requins, ses bras ne les portent pas tous en une seule fois, faut partager.
Et puis, t'en as marre mon ange de jouer avec Sarah Kay, tu voudrais bien faire Speederman, tiens je ne sais même pas comment ça s'écrit, tu aimes le rose et jouer à la dînette, mais la course du plus fort, du cri le plus féroce, de la grimace la plus atroce, faire le garçon avec la boue sur le pantalon, tu aimes aussi.
Comment te dire que c'est dur de savoir si c'est bien, si cette chance qu'on là de vous avoir tous, en forme, joyeux, vivants c'est tellement extraordinaire, pourquoi risquer...?
Comment te dire que malgré l'élasticité proportionnelle de mes chairs et de mon coeur, de cet abîme si grand qui s'ouvre quand parfois je songe à ce qui peut vous arriver de pire, je ne sais pas si j'en serais encore capable?
Comment ne pas te faire voir comme parfois je fonds en voyant le petit poing sur la photo, comme je soupire en me rappelant le tiraillement du sein, comme je plonge ma tête dans un livre pour ne plus trouver mon nombril et ainsi ne plus en faire le tour...
Quoi, n'est on pas bien comme cinq doigts d'une main?
Rien ne vous empêche, il m'a dit, le savant, ah bon? je me suis dit.
Mon chéri que j'aime, comme ta soeur et comme ta soeur, je vais laisser le temps, les choses, la vie s'écouler, l'horloge tic tac dans ma tête, ma pensée suit son cours, je vais l'attraper, je te dirai.
Mais là, je ne sais pas.

8.11.08

Les Autres

Elles ont les cheveux courts ou mi-longs, les cheveux vite coiffés. Parfois, ils ont des mèches de couleur, parfois ils sont colorés. Et souvent, ils sont tissés de fils blancs.
Elles se retrouvent souvent à l'école le midi ou à seize heures, le temps de ramasser les courants d'air que sont leurs enfants.
Les enfants; elles en ont un ou deux, plus rarement trois. Elles les voient grandir, elles les comparent même sans le vouloir.
Elles les inscrivent aux cours de dessin, au poney club ou au foot. Le foot. Il en passionne plus d'une, d'autres n'y voient aucun intérêt.
Elles se connaissent par leur prénom, elles se font la bise, savent vaguement où l'une et l'autre habitent. Elles savent mieux de qui elles sont la mère, de qui elles sont la fille, de quelle entreprise elles sont les employées, quelles voiture elles utilisent.
Parfois, elles se parlent plus longuement, en allant accompagner leur enfant à l'anniversaire d'un autre. Alors elles prennent un café, parlent des unes des autres, commèrent, un peu.
Elles ont des visages communs, se regardent dans le miroir le matin pour éviter une bavure de rouge, dissimuler une nuit trop courte, grimacer sur une ride, une tache brune. Elles s'habillent pour le travail, le costume qui leur va, la banque, le chef de rayon. Ou elles ne mettent que le jean inusable, celui qui porte encore des traces de peinture de la chambre du dernier, celui qui a 4 ans maintenant, mais peu importe, il est confortable et de toute façon plus personne ne les regarde.
Elles ont pris du poids, des cuisses ou du ventre, ou bien elles se sont asséchées, creuses poitrines, lèvres plus fines, mains aux os saillants.
Elles ne pensent plus à leurs rêves, ceux de leur jeunesse, celui de la grande famille nombreuse, ou du château en Toscane. Elles ne sont pas plus riches qu'une autre, elles sont parfois plus à l'aise, leurs enfants sont habillés de neuf ou des habits du premier ou d'une copine.
Elles courent, ne se rappellent plus de leur dernier fou rire, ah si, mon Dieu, c'était bête pourtant, elles voient leur boite à bijoux, les trésors qui font rêver leur fille, ils prennent la poussière.
Alors, elles engagent des baby sitter, parce qu'il faut, pour se coiffer, s'habiller, se faire belles, ou un peu mieux, pour lui, pour elles, pour le reflet du miroir, plus flatteur le soir.
Ces nuits là, elles respirent à plein poumon l'air de la ville, les mets du restaurant, l'odeur de la personne qui les accompagne. Elles trouvent que les lumières citadines sont belles, que les étoiles brillent plus fort, que la vie vaut la peine qu'on lui donne.
Elles se réveillent encore avec des projets, des envies, les solutions pour les réaliser. Parfois non.
Elles sont mères, elles sont à la maison, elles sont au bureau ou dans une boite, elles vivent pour leur travail, pour leur famille, pour elles, pour lui.
Elles sont nombreuses, elles vivent à deux pas, dans la grosse maison là, sur le bord de la route, dans le lotissement au bourg, dans la ville au loin. Elles se reconnaissent, se saluent, voudraient en savoir plus, échanger, regrettent de l'avoir fait, recommencent pourtant.
Elles sont différentes, mais tellement semblable, parfois ça me fait peur.

6.11.08

Couvent

J'ai revêtu le voile le matin ou j'ai franchi le seuil de cette Eglise, pour ne pas dire Cathédrale, et ne pas prononcer le mot "religion".
L'inaction, la solitude, le tourment m'avaient décidée à commettre cet irréparable geste: l'entrée au cloître.
L'anonymat, cet habit noir et blanc, jamais gris, ou seulement au fond de soi, m'avait semblé correspondre à ce besoin de solitude.
Elles étaient nombreuses dans ma congrégation, ne parlant que de Lui, n'agissant que pour Lui, ne retrouvant un semblant de sérénité qu'en Sa présence. Le dieu Blog.
Il a fallu batailler, se soumettre, se détourner du démon de la facilité, garder courage et ténacité pour conserver le cap de la volonté: y arriver.
Savoir prendre l'image, la transformer en pixels, code Html, liturgies imbuvable mais nécessaire.
Encenser les allées du lieu, mais rester humble.
La folie aurait pu me toucher; tant de mots à dire mais voeu de silence, tant de frénésie, mais ne pas courir, marcher la tête haute malgré son incertitude.
J'ai douté. Je n'y croyais plus. Je voulais savoir, tout, connaître, tout, mesurer, compter, arpenter sans relâche, dessiner pour montrer, rabâcher comme un maître, y faire croire alors que moi même...
Blog était. Blog disait. En Blog, je croyais.
Et puis...
Et puis, l'habit n'était que façade.
Au fond de moi l'espérance, mais l'incrédulité encore.
Au fond de moi, le souhait, mais la réalité en fait.
J'ai pris Recul comme autre mesure.
Cesser de garder l'oeil sur la lucarne aspirante comme seul un mirage peut attirer.
Mesurer avec précaution, avec un juste milieu pour garder l'équilibre.
Se nourrir des miettes comme du nectar des fleurs, faire rouler en bouche le commentaire plaisant, le mettre en cage, mais sans clé.
Garder son esprit libre, libre de toute contrainte, ne pas s'empêcher de dire pour plaire, ne pas dire pour séduire, le faire avec envie, pour le besoin assouvir, Blog j'ai, mais Blog ne m'a pas.
Enfin, je crois.
(pas totalement tout de même, bon d'accord, un petit peu, comme j'aime le chocolat, une drogue? oh, non, pas ça, juste une dépendance, un trait de caractère, une indéfectible amitié...pourquoi? ben, pourquoi pas? se laisser prendre dans les filets, se dire oui, après tout, se faire dévorer, se débattre et s'échouer sur le sable, et alors? je suis là, moi même malgré tout, quoiqu'un peu une autre, non? si, si, puisque je vous le dis.)

Tiens Zoridae, je ne suis pas sûre d'être éligible à ton idée de "le blog et...", mais l'idée me plaisait, alors...

2.11.08

Dis Manche.

Un jour, ils virent la lumière.
D'abord, tout était blanc, ils étaient aveugles encore. Peu à peu, les taches ont perdu leur intensité, ils ont commencé à distinguer les contours, les silhouettes, puis les couleurs.
Elles sont venues petit à petit, les rouges, les jaunes, les bleus, les gris enfin.
Ils se sont dit alors, que cet endroit était beau, varié, pas ennuyeux, et qu'ils pourraient s'y installer durablement.
Ils se rendaient compte chaque jour, qu'ils étaient nombreux, de plus en plus. Ils s'identifiaient par leur air de perpétuel étonnement, cet entrebâillement de la bouche qui peut donner l'air idiot ou émerveillé selon la façon qu'a le regard de s'orienter dans l'espace.
Ils ont joué avec le sable, foulé l'herbe, écrasé la terre entre leurs doigts, aspiré l'air froid de la neige, la vapeur de la mer.
Ils pouvaient danser, s'embrasser, crier, chanter sans que cela n'étonne, inventer des mots, les écrire, raconter des histoires, les vivre.
Et puis, un nuage a chassé le soleil, il a pris sa place.
Les couleurs se sont tues, les mots se sont éteint et la bouche a rendu la parole au geste.
Ils ont volé pour manger, tué pour vivre.
La terre ne tournait plus autour du soleil, les montagnes n'ont plus accouché de rien et l'air ne se trouvait qu'en bouteilles.

Oulalala, mais c'est noir, noir très très noir...ne t'inquiètes pas maman, tout va bien, on va aller faire du vélo...comment c'est ti que je vais me sortir de cette sadstory moi, mystère et roule ta bille..

Un petit homme trompait son ennui en fabriquant des objets qui n'avaient pas de sens. De bouts de ficelles, de morceaux de papiers , de boites vides ou déchiquetées, il s'inventait un cerf qui ne volait pas, un téléphone sans parole, des vélos aux roues carrées.
Quand il rencontra une autre isolée, oubliée, il se sentit joyeux, sans savoir ce que ce mot voulait dire. Il avait des fourmis dans les lèvres, il sentait sa peau s'étirer vers le haut, il découvrit le zygomatique, aussi.
A eux deux, ils inventèrent d'autres jeux.
Un matin, ils coururent après des feuilles qui s'étaient mise à voler, ils rassemblèrent les feuillets, fabriquant un livre dépareillé.
Sans couverture, ni fioriture, ils trouvaient l'objet joli et décidèrent d'en refaire encore un et peut-être encore deux.
Tant est si bien qu'à la fin, il n'y eu plus une seule feuille détachée, tout était lié.
A la nuit plus noire, ils s'échangeaient les feuilles, ils finissaient par mettre ensemble les caractères qui avaient l'air de se marier au mieux, de l'encre ou de la forme ils dessinaient de nouvelles histoires.
Des jours passaient sans qu'il se lassent de ces jeux de mots.
A force de parcourir les chemins, ils avaient fait de longues distances. Le voyage les amena comme par un hasard patiemment élaboré, devant un vieil homme édenté, qui ne voyait plus que du noir. Ils parlèrent, parlementèrent, sans jamais se taire, le vieux fini par leur apprendre à lire.
Ils étaient trois, ils avaient le savoir, ils avaient des livres, et la vie devant eux leur parut moins ennuyeuse. De là à dire qu'ils se marièrent et vécurent heureux, c'est calamiteux.
Non, ils ouvrirent une grande librairie où tout était gratuit si on s'engageait à lire tous les jeudis, de midi à minuit, pendant une vie.
Si.

1.11.08

1 XI

Hier, c'était le 31.

C'est ainsi qu'était le temps, sur son 31.

Assise sur ce tas de sable immense, elle pensait. Oui, les paysages la font penser. Penser évite de parler. Elle prend un air concentré ou rêveur, et se permet de ne pas répondre au premier appel, au premier cri. Elle sait qu'il n'y a pas d'urgence, que le temps peut attendre et parfois apporter la solution.

Après le 31, le 1er suit, souvent.

La phrase "on a nettoyé les tombes" lui est revenue soudaine, comme la rafale de ce vent glacial mais sec. Elle s'est souvenue alors des marches qui descendent l'allée du cimetière, pleine vue sur la campagne, la vallée se déroulant comme un tapis devant les yeux morts des défunts.

Ce sont des rectangles simples, qui se dressent devant ses yeux. On y lit des noms, on reconnaît parfois un visage. Peu de fleurs, la vie a mené trop loin la famille, la géographie des coeurs a pris l'avion ou le train, tout le monde est loin.

Le jour de son mariage pourtant, elle avait fait un détour avec sa robe en or et son voile chatoyant. Elle avait couru pour que personne ne s'aperçoive qu'elle avait disparu, et s'était posée un instant devant chaque branche de l'arbre familial. Vite elle avait dit bonjour, merci, vous êtes avec moi, et elle avait regagné le monde des vivants, un peu rouge, essoufflée.

Ce premier de novembre, elle est encore loin, mais le souvenir est là qui lui permet de communiquer encore un peu, de dire, t'as vu, elle est belle ma famille, tu les aimerais ces enfants là, ils ont tes yeux, ils ont peut-être ton caractère, ton nez, c'est sûr, elle veut des cheveux longs comme toi, il fait des rêves comme tu as du les faire, elle plane à mille lieues de la planète parfois, comme tu descendais de la voiture avant qu'elle ne s'arrête.

Je pense à vous souvent, je parle de vous parfois, vous me manquez, aussi, comme le temps passe.

22.10.08

La mer # 3

La partie de Tarot s'est terminée dans la nuit.
C'est la première fois qu'elle y joue, elle a gagné, la chance de débutant.
Il y a eu quelques petits verres de rhum, elle n'en n'a pas bu, pas fan.
Casés à quatre dans le carré du first 30, les volutes de fumées rendent flous les contours de la table à carte, et par l'ouverture, on aperçoit les étoiles.
Il est minuit, il fait chaud cet été là.
Nous sortons nous dégourdir les jambes, on s'assoit dans la "baignoire" , soufflant nos nuages haut dans le ciel, la tête renversée sur nos cous tordus.
"Et si on se baignait?"
C'est l'époque, c'est l'heure puisqu'un bain c'est minuit.
Nous nous dévêtons rapidement, frissonnants dans l'air frais de la nuit.
Nous faisons glisser l'échelle, il ne s'agirait pas de ne pas pouvoir remonter, et nous sautons dans l'eau avec force vagues et bruits de cascade.
Quelques brasses pour se réchauffer, nous sommes dans l'atlantique, en rade de Brest...
Et nous nageons, faisons des ronds dans l'eau autour du bateau. Il nous sert de repère, et nous admirons les lumières de la côte pas très loin. Il ne nous viendrait pas à l'idée de rejoindre la plage, non, c'est bien mieux en plein océan, noir sur noir.
En fait non. Nous brillons de mille et une lumières. Chacun de nos mouvement fait phosphorer le plancton et nous nageons dans des étoiles. Nous faisons "Ooh" "Aah", parce que c'est beau, c'est magique, nous ne savions pas que c'était possible, c'est la scientifique du lot qui nous l'explique.
Alors, nous faisons les enfants dans le bain. Sur le dos nous battons des pieds, des jambes, sans avoir peur d'éclabousser le voisin. Nous formons des centaines de vagues brillantes comme un poteau luminescent sur la route. Nous fabriquons des tourbillons capable d'avaler des trous noirs, nous sommes des magiciens à faire luire la mer.
Et nous sommes jeunes, beaux, et heureux comme un moment rare, nous sommes vivants.

21.10.08

La mer # 2

C'est novembre. Du, en breton, le mois noir.
Dehors, il fait froid, et pour une fois, il ne pleut pas.
Le ciel est bas, blanc, lourd. Nous avons revêtu nos habits de mer. Aujourd'hui, c'est régate.
Au port de plaisance, les hommes et rares femmes, engoncés dans leurs vestes de quart rouges ou blanches, se déplacent sur le coussin de leurs bottes à la marque de l'oiseau.
Descendre le ponton flottant, très pentu ce matin là, avec les voiles, lourdes, le génois, le foc, le spi...la glacière avec le pique nique, le jerrican plein en cas de "pétole", les bonnets chaud contre le vent et le froid.
On monte à bord, on se souffle dans les mains, on est euphorique, content, c'est une longue journée qui commence.
Le vrai voileux ne sort pas son bateau du ponton avec le moteur.
Non, le vrai voileux fait silence en manoeuvre, rien que les cris des hommes.
Un équipier reste dehors, fait glisser le bateau le long du ponton, à reculons, et saute sur le bateau par l'avant dès que la coque est dégagée de sa place. Alors, le barreur lofe, attend que la voile prenne le vent, et file à petite vitesse hors du port.
Parfois, c'est plus périlleux; le vent souffle, les voiles claquent, il faut serrer au vent pour ne pas se laisser trop emporter.

Aujourd'hui, c'est extraordinaire.
Alors que le nez du dériveur pointe sur la jetée, il se met à tomber de doux flocons.
C'est novembre et il neige sur l'atlantique, en rade de Brest un dimanche matin.
Nous restons muets, surpris et émerveillés. La neige qui se pose sur l'eau salée, fond, comme si elle n'était pas assez forte pour résister à l'élément.
L'atmosphère a changé. Nous cinq sommes encore sous le charme et nous pensons ne pas être les seuls car comme à terre, les bruits sont étouffés.
A bâbord, un autre dériveur glisse sur l'eau, nous nous faisons signe, nous sommes en route pour la ligne de départ.
C'est l'heure, le bateau comité réapparaît lorsque la neige a fini de se donner en spectacle, c'est au tour du vent de chasser le silence et de faire voguer la vingtaine de coques, bien petites sur ce si grand océan.

La Mer #1

crédit photoElle pouvait courir partout sur cette grande plage de sable blanc et fin.

Des kilomètres d'étendues éblouissantes, de milliards de petits grains qui réverbéraient un soleil d'été impitoyable.
Elle était blonde, elle jouait avec son amie de vacances, celle dont elle ne savait que le prénom, parce que c'est comme ça. Elle l'a revue au collège, par un hasard incroyable, les circonstances n'étaient plus les mêmes, la plage, bien loin.

Parfois, elle partait dans la petite ville vers le grand hôtel vert, où les meubles bretons luisaient de cire, où le craquement de l'escalier de bois ne pouvait qu'avertir son autre ami de vacances qu'elle arrivait.
Elle ne sait plus combien d'été elle a joué avec ce garçon, dont elle ne se rappelle que la présence et le jeu. Un, ou deux ? L'hôtel, il y vivait, c'était à lui, ou à ses grands parents, cet hôtel n'est plus. Elle piétine dans ses souvenirs à se rappeler comment elle s'y rendait, et pourquoi?
Et c'était parti pour des heures de jeux sur les entiers côtiers escarpés, l'aventure en somme à quelques pas de l'appartement de la grand-mère.
L'immeuble, ancien hôtel de la Falaise, typique d'une cité balnéaire, avec ses petits hublots en guise de fenêtres (la cuisine et une chambre) avait gardé son odeur:

Celle de la mer qui reste sur le bois du haveneau qui a servi aux crevettes, celle du sel qui grippe les pièces métalliques du panier de crabe, celle du sable qui s'infiltre dans chaque interstice du plancher de bois, entre les plis de la chaise longue en toile, dans le fond du seau coloré qui faisait les châteaux de sable.
Pour se baigner, c'était simple. Ne sachant pas nager, elle faisait la planche avec l'aide de son grand père, parfois, quand il était revenu de le pêche aux crevettes.
Mais le plus souvent, à la marée descendante, chercher un trou d'eau dans le sable, entre deux ou trois cailloux. Le soleil avait chauffé l'eau, il lui semblait que c'était un pur délice.
D'autres fois, elle creusait des cavités dans le sable mouillé, et avec son amie, elle s'inventait une maison. Un après midi suffisait à fabriquer une cuisine avec des galets ronds en guise de plancher et des sièges de sable gris pour prendre le thé.
Les journées s'écoulaient paisibles, immuables.
Le soir, elle remontait sur le sable rejoindre l'aïeule qui l'attendait tricotant sur son petit fauteuil pliant au ras du sol, et chargées elle faisaient les 50 m qui les séparaient de la "maison".
Elles prenaient parfois la voiture pour une balade. Là, la fillette s'agrippait au poignées en simili cuir rouge, des sangles accrochées en boucles sur la porte, assorties au revêtement des sièges de la voiture, eux aussi rouges.. Sa grand mère adorait conduire, elle portait des gants en cuir percé au niveau des jointures avec un bouton pression sur le poignet.
La voiture était blanche, elle éblouissait.
Et le soleil brillait.

19.10.08

Chat rit varie



Quand elle a vu passer le corps de la bête pour la mise en terre, la larme est tombée.
L'enfant:
_"Mais comment va t-il faire pour aller au paradis? pour se déterrer?"
_"Maman, il est où Tigré?"
_"Mais, il faut lui faire une maison pour le paradis"
_"Léo, ton petit chat est mort, il ne faut pas que tu sois triste, il va au paradis"
_"Maman, j'ai dit à Léo que son petit chat est mort"
_"Mais, petit frère, elle ne comprend pas, tu sais bien, elle ne parle pas!"
_"On le met là, comme ça on pourra venir le voir"
_"Heureusement qu'on a Crème et Moustache, hein maman?"
_"Oui, mais Crème, elle est avec Grand-Mère"
_"C'est pas grave on la verra souvent"
_"Moustache, je ne veux pas qu'on le donne"

Il est au pied du Charme.
Et ce matin, le soleil.

et merci.

17.10.08

Le petit Chat est mort.


Sur la route, écrasé,
Le petit chat tigré.
Pas vu, ce matin, à l'entrebâillement de la porte,
Pas couru, comme les autres, sur l'assiette qu'on croque.
Sur le chemin de l'école,
A main droite, son corps.
Sur le chemin de l'école,
Le chagrin, même encore.
Ce soir, cérémonie,
Il va au Paradis.
C'est ce que les enfants ont dit.

16.10.08

Le Petit âne Gris

Il n'y a pas qu'à Locoal, ou à Brocéliande que d'étranges histoires perdurent...

Il y a des pays où la Rive est Douce, l'eau, Salée, et les Anes, en Pantalon.

On ne doit plus dire Bonnet d'Ane. C'est interdit. Par moi. C'est comme dire, "bête comme ses pieds"...qui a dit que les pieds sont bêtes? bon, ils ne sont pas près du cerveau, mais essayez de marcher sans pieds, pour voir...

Et puis, quand la Rive est douce, les habitants sont rétais, comme têtus.

Alors, les histoires se croisent, les échanges se font riches, et la confiture, de Figues.

Et puis même si le colis était piégé, comme je le savais il n'y a pas eu coupure ni griffe. Juste une lame, pour grigner mieux, ça permet de manger du (bon) pain.

Et puis ça, ça ne s'invente pas!

Et c'est tant mieux, parce que les amis du Petit âne gris sont très nombreux ( les marmitons le sont aussi) (et de sa femme) (évidemment)
(et l'homme a dit: et puis moi?) (et puis quoi, encore)
MERCI.

8.10.08

L'effet Milka.

La Grand-mère était généreuse. De coeur et de formes.
En vacances, en été, l'épicier et sa camionnette partis, les enfants se jetaient sur la tablette de chocolat, enrobée dans du papier mauve, avec une vache tout aussi mauve dessus. Un cadeau du coeur d'une mamie trop pauvre, mais riche pour ses petits enfants.
C'était bon, comme un interdit transgressé. Un carré avalé ouvrait la porte à mille autres. Les mains se tachaient de ce sucre coulant et les doigts étaient léchés avec application, jusqu'au goût de l'herbe et le sueur enfantine qui restaient attachés à la peau, souvenirs des jeux dans le jardin.

Des années lumière plus tard, sur le rayonnage du magasin, cette sensation lui revint en mémoire.
D'un geste sûr, elle glissa le délit dans le panier, et le sourire en coin en bandoulière, elle rentra chez elle.

L'emballage avait changé, évolué. Une seule épaisseur d'un papier plastifié et plus facile à déballer. Le temps est aux plaisirs faciles.
Le symbole était resté le même. Une écriture arrondie, un peu penchée, rassurante.
Et la vache bien sûr.
Comme le chat. Celui que ses enfants avaient surnommé "Vache" parce que de blanc et de noir taché.
Milka. Comme le nom qui a été donné à ce chat par la fillette qui l'a choisi. Avec l'humour de ses parents.

Mais le goût?
Le goût, c'est lui qui fait prendre de l'âge, de la distance.
Exagérément sucré. Comme un souvenir trop liquoreux.
Le café lui fit glisser ce carreau trop sentimental, et sa fille de 6 ans, bientôt 7 et l'âge de raison, découvrant le paquet, y goûtant, déclara:
"J'aimerais bien que tu achètes encore ce genre de chocolat là, maman, il est vraiment mon préféré"
L'effet Milka.

6.10.08

Dormir?

Avant, elle avait connu un homme qui s'endormait avec de l'auto suggestion. Il fallait se faire passer pour son corps, devenir orteil, puis cheville, puis genoux, tous les éléments de l'anatomie dont il se souvenait. Il se disait: "mon petit orteil est mou, il a chaud, il est souple, il se fatigue, il baille, il s'endort..." et ainsi de suite.
Elle, elle abandonnait souvent au niveau du genou, au mieux du nombril, soit prise d'impatience, soit d'un rire nerveux, devant ce qu'elle ne parvenait pas à prendre au sérieux.
C'était il y a bien longtemps.
Il fait nuit noire. Les chiffres rouges du radio réveil projetés au mur indiquent 2h42. Du matin.
Elle a la tête bien enfoncée dans son oreiller, le corps en chien de fusil, les yeux hermétiquement clos. Si elle se laissait faire, elle ferait partie intégrante de l'oreiller, de la couette, du matelas, ferme juste ce qu'il faut.
Il est 2h43 et un son l'éveille. C'est un de ses petits.
Petits. Grands par la place qu'ils prennent, dans son coeur et spatialement.
Parce que les jours sans école, c'est foutraque. Partout, des jouets, des bidules chouettes ou cassés qui se traînent sur le plancher.
Parce qu'à table, il est impossible aux géniteurs, aux reproducteurs de l'espèce loin d'être en voie d'extinction, il est impossible de se parler. Si d'aventure ils parviennent à s'échanger trois ou quatre mots "t'as réglé les impôts?" il leur faut fournir un tas d'explications: "c'est quoi ce que tu as dit à Papa?"
Mais la nuit, la tête dans un ailleurs si souvent inaccessible, elle voudrait bien être plus petite qu'une souris. Elle voudrait bien qu'ils n'aient pas ce réflexe primal de crier "mamaaaan" au moindre réveil.
Elle a sa tête au fond des choses, il faut qu'elle se lève, pour consolercalinermoucherdonneràboiresoulagerremettrelacouettetombéechercherlabaleinedanslesalon...
et là, elle soupire.
Elle se souvient du temps où elle se bidonnait de devoir parler à ses pieds pour parvenir à fermer l'oeil.
Elle se remémore les grasses matinées au delà de 8h30.
Elle se dit qu'on ne lui avait pas dit.
Qu'un enfant, ça ne dort pas tout le temps, et qu'à 36 ans, dès 22h elle pourrait dormir rien qu'en y pensant.
Avec sa tête, pas besoin des pieds. D'accord, c'est un progrès.