10.8.12

The end

La vie qu'on aime tourne la page.
Ailleurs un autre jour peut-être

25.7.12

Le jardin du cinquième jour

Pas encore décanté. Pas encore capable de dire comme c'était. Bien. Parfait. Mieux que ça.
C'était juste.
Juste ce qu'il fallait. Comme tenir le La, dans la dissonance globale, comme se faire surprendre par un goût qu'on ne connaît pas, mais qui rend immédiatement d'accord, c'est un Concorde, fait de sable, de vent et d'amour, un bonheur dont tu sais qu'il va te nourrir longtemps.
Je suis allée en bonne compagnie, marcher sur une dune éblouissante, qui surplombe une émeraude, sous un ciel azur.
Vraiment.
L'air qui frottait nos bras, qui se glissait sous la jupe, l'eau fraîche, bien plus qu'ici, mais si belle, pure, et les mots dits, les sourires, les connivences, sans qu'on se soit jamais vus avant.
Le cinquième jour, c'était notre élément, un jour hors du temps mais qui sera encore, parce que c'est ainsi, les chemins empruntés doivent se parcourir pour ne pas être perdus, et nos pas ont laissé des traces sur le sable du jardin, entre les agapanthes et les asperges, sur le bois de la terrasse, au milieu d'un salon harmonieux, avec un piano blanc qui ne joue plus si souvent. Sans doute que la musique est à l'intérieur de cette amie de coeur, sereine et belle, à la voix douce et la démarche tranquille.
Je connais la route, j'en prendrai le chemin.





21.7.12

Troisième jour

Un oiseau chante.
La brume couvre l'eau lisse de la ria. Je l'ai vu en allant chercher le pain. Je n'avais pas le temps de faire des photos. Mais j'ai bien regardé.
C'est ça la différence.
Je retrouve peu à peu la vue. Peut être le soleil y est il pour quelque chose. Ou bien le fait de décider, de faire, de profiter. C'est le grand calme à la maison. Les enfants sont partis quelques jours.
J'investis mon espace, je fais de chez moi "mon" chez moi. C'est momentané, c'est libérateur.
Je me redresse, mon dos presque.
Je vois les gens que j'ai envie de voir, à l'heure qu'ils veulent. Je n'ai pas de contraintes. Ni de justification, ni de reproches. Je fais. Je vais. Je vois.
La plage à Carnac, jamais le premier jour de l'été s'il vous plaît. La foule d'un 19 juillet, où enfin les nuages s'écartent et laissent entrer le ciel bleu, les couleurs. Personne n'a prévu de crème solaire, ni de chapeau, c'est si surprenant cette éclaircie soudaine.
Alors, c'est la ruée, malgré tout. Le sable se pare de couleurs, les petites chaises de toile ras-du-sol comme faisaient mes grand-parents. D'ailleurs ce sont des grand-parents qui sont assis là, sous un parasol et contre la roche de la digue. Mon amie est là, avec ses filles, toutes joyeuses de retrouver le sable, un peu dubitative quant à la façon de le prendre, s'y habituer. Des parisiennes? non Versaillaises précisent-elles. Pour moi, de mon bout du monde c'est kif kif.
Un peu avant j'ai vu mon autre amie, d'ici, ma confidente, je l'aime aussi cette belle, finalement il y a des gens que j'aime, plus que prévu, plus que ce que je croyais à 15 ans.
C'est bien de se le dire.
Il y a des gens que j'aime.
Vraiment.
Les zotes sont charmants, elle va dire bonjour au chaton chaque matin "klein katz", elle parle allemand en le regardant, il me traduit parfois, ils se regardent souvent. Je fais des salades de fruits, il se demande comment on épluche une pêche. Je suis surprise, il dit qu'en fait il ne l'a jamais fait. Ils habitent une ville au nom trop célèbre pour poser des questions tant je suis renvoyée à l'histoire et que je ne sais pas aborder ce sujet là avec eux. Alors je me tais et je raconte la Bretagne.
Tous les jours je les passe dehors, j'ai allumé la télé hier midi et je suis tombée sur la chaîne des enfants. Je me suis dit tiens, ça fait tout ce temps que je n'ai pas regardé la télé?
C'était bien.
L'appareil photo fonctionne à plein, tous les jours, je photographie tout, même les voitures ou les verres de bière dans le bar où j'ai passé un bon moment avec un ami aussi.
Alors maintenant c'est décidé : je fais, je dis non, ou je ne dis rien, mais c'est moi qui dit, qui sais ce que je veux, moi pour moi et pas moi pour les autres.
Aujourd'hui, j'ai de nouveaux zotes, demain d'autres encore, des zotes particuliers que je vais chouchouter, mais je ne ferai que si j'ai envie, et puis j'ai des rendez-vous déjà pris.
D'ailleurs ce matin, comme je n'ai pas eu le temps de cuire le pain hier soir, un barbecue improvisé pour le deuxième jour de l'été, j'ai pris du pain de la boulangerie. Et tu sais quoi? je ne m'en suis même pas voulu. Nan. Même pas.
C'est le quatrième jour, j'écoute Bashung, le ciel est bleu et c'est tant mieux.





1.7.12

Le jardin

L'herbe n'est pas plus verte chez mon voisin.
C'est le mois de juin, et enfin nous ne voyons plus les voitures passer.
Je m'assois sur le banc sous le sumac qui fait parasol, je vois la balançoire, les lavandes, les escholzia, les Kerlaguen (cherche pas, c'est pas le nom, c'est juste de là-bas qu'elles viennent), l'olivier qui penche, les bouleaux qui blanchissent, les bambous qui grandissent, le tulipier qui rejette à son pied, les pissenlits qui dépassent tout le monde d'une tête avant qu'on la leur coupe, les cerisiers sans cerises, les pruniers lourds, les groseilles et cassis que tu n'aimes pas, tous ces trucs là que tu ne connaissais pas, mais qui sont bien jolis, y'a pas.
J'aime mon jardin mais je n'aime pas jardiner. M'y mettre. Une fois que c'est fait je suis contente d'avoir mis la main à la patte, mais avoir mal aux genoux j'aime moyen.
Je vois passer l'ombre d'un enfant entre deux buissons, eux je sais qu'ils peuvent déjà se cacher dans le jardin. Un jour, c'est un rêve, enfin le jardin sera une île, un lieu intime, où l'on ne voit ceux qui l'habitent que du ciel. Jardin secret, jardin mystère.
J'aime d'autres jardins que le mien.
Certains ont une vue, une prairie de mer. Tu es assis dans l'herbe et tu as le parfum du sel. Il n'y a pas de fin sous le paysage qui se déroule, juste des bandes de couleurs et de matières pour délimiter l'herbe de la mer. Un jour tu as descendu dans le jardin pour y cueillir, rien du tout, juste pour aller faire trempette, et c'était bien.
Il y a aussi cet autre là, où le rouge des roses plonge dans le bleu de l'océan. Et puis en arrière plan, des voiliers bien grands. Il y fait toujours frais, il y a toujours du vent, c'est la Bretagne, toujours du vent.

Et puis il y a le jardin que tu ne partages pas, qui reste en toi comme un trésor, celui de tes rêves, de tes espoirs, de tes envies, celui que tu entretiens parcimonieusement, jalousement, que tu voudrais partager parfois, mais le regard des autres en changerait ta vision des choses, et tu prendrais ombrage de cette intrusion. Alors tu respires, tu te poses et tu admires, ou bien tu critiques, tu vois, tu devines ce qu'il faut changer, le travail que ça va demander, tu regardes tes mains, tu ne sais pas si tu seras capable de faire bien, tu apprends sur le tas, les mains dans la terre, les pieds dans le foin, avec devant toi l'horizon de tes espoirs, de tes doutes, ce paysage qui ne sera jamais monotone, où tu forges tes pas, comme ton chemin de vie. (pouet pouet).



30.6.12

Solveig, you know?

Solveig était une belle brune au squelette fiable, à la bouche gourmande, aux mains fortes, à la langue alerte.
Elle n'avait peur de rien. Ni de monter dans un train ni d'embrasser un italien.
Elle avait le sang chaud, seul son rire canalisait sa fougue, ou bien sa main à lui, quand elle se posait sur son sein.
Il sentait son coeur battre, de ses yeux il endiguait le fleuve qui allait déborder, il lui suffisait juste de cette main là et de ces yeux là, pour la garder dans son lit, la rivière.
Solveig a disparu dans l'espace infini des mots qui se figent sur le papier, mais en vrai, ne fait que se cacher, se tapir dans mon dos, elle n'est jamais bien loin.
Pirate, je sais que tu regrettes ces écrits fous, Loève aussi sans doute voudrait bien revenir un peu en arrière, la complice des mots écrits...
Solveig est en moi parfois, je la sens bien qui déboule de son coin pour mettre le sang en pagaille, le coeur en émoi, l'envie furieuse de vivre.
Aujourd'hui est un jour Solveig.
Solveig a senti la main, et les yeux sereins, ceux qui se posent contre sa peau, ceux qui dépassent tous les mots.
Elle va écrire, encore, et dire, parce qu'elle n'a pas fini d'aimer.

28.6.12

Perhaps

Parfois, il n'y a pas grand chose à dire, quand il y a tout à faire. 

24.6.12

Kilélé, Yepaaa, et tutti quanti...

Il n'y a pas de petits plaisirs.
Le bonheur à lui tout seul n'existe pas, il est fait de multiples petits bonheurs.
Ce soir j'ai eu à la fois des petits bonheur, un grand bonheur et un immense plaisir.
J'étais proche du kiff grave, qui n'a pas duré assez longtemps, mais c'est foutu, j'y ai goûté, je ne le lâche plus, va falloir faire accepter ça.
Ça commence comme souvent sur mon réseau d'amis de plus en plus que des vrais, de moins en moins des virtuels, pour te dire je dis de plus en plus de bêtises, de plus en plus suivies par les amis voisins, ceux de la rue d'à côté ou presque. C'est un mode de communication qui nous fait rire entre nous quand on se voit en vrai.
Bref, c'était donc une invitation.
Une semaine avant, je ne répondais rien, car je pensais non, même si je ne voulais pas le dire.
Hier, j'ai dit oui, je viens, et comment.
Ce matin j'ai réparé toute seule les feux de ma voiture, sans toucher l'ampoule, Richard, mais le cambouis m'a touchée lui.
Parce que sinon je ne pouvais pas aller à cette invitation, je n'avais plus que les pleins phares, ça ne le fait pas sur 30 km.
En ce moment, beaucoup de choses ne sont pas claires dans ma tête, mais celle-ci est certaine, évidente, tout mon corps me le dit.
J'y suis donc allée, sachant vaguement l'adresse.
"C'est à l'Africaine alors, c'est pas commencé" m'a dit l'amie qui m'avait lancé l'invitation.
Non, mais y'avait à boire et à manger, tout le monde se connaissait plus ou moins, cool.
Quasi deux heures plus tard, ils sont montés sur scène, les percussionnistes.
Noirs, et pas qu'un peu musclés, pas besoin d'aller en salle de sport quand on fait du djembé de cette façon là.
Y'a un truc dont on ne se rend pas compte à travers les appareils qui retransmettent la musique, ce sont les vibrations.
Chaque coup de main, chaque coup de bâton sur la peau tendue du tam-tam, te va droit au coeur.
Tu es au rythme du tambour, c'est pas une vue de l'esprit, le son te prend du ventre à la poitrine et entraîne ton coeur. C'est puissant. J'ai toujours aimé les percussions, mais là...
Alors ils ont commencé à chanter, et puis à taper et les filles sont entrées.
Danse du Congo. Plus de mouvements du bassin, plus de pied qui cogne le sol, plus tonique.





Bon tu les vois mes copines. Elles sont juste devant, demain on danse ensemble devant 500 pèlerins.
Bref, c'est pas le sujet.
Après qu'elles ont dansé, on était invités à manger, un succulent poulet colombo.
Et ensuite...
Ensuite, le prof, God, nous a invité à les rejoindre pour danser.
A vrai dire je n'attendais que ça, ça faisait un bout que j'avais le pied qui sautait hors de ma chaussure.
Il a fait comme il fait pendant ses cours, des suites de mouvements. Toi tu suis.
La différence, ce sont ces percussions dans ton dos et le rythme qu'elles t'imposent. Soit tu suis, et tu te lâche, soit tu ne suis pas. Ben je me suis lâchée.
Je m'en fous de quoi j'avais l'air, j'avais juste envie de faire, j'avais envie de danser avec le tambour qui me faisait sauter plus haut, cogner plus fort, lancer plus vite, tourner derviche.
J'en ai fait pipi dans ma culotte.
(Ça alors).
Maintenant j'ai un gravissime problème.
Comment je vais faire accepter l'idée de me bloquer une deuxième soirée dans la semaine...juste pour mon plaisir personnel.



Et le lien vers l'album :-)
ICI

23.6.12

Un soir

Un soir elle serait rentrée dans le calme de sa grande maison vide. Elle se dirait, elle n'est pas si grande quand tout le monde est là, voire petite, mais ce soir elle est seule, alors c'est une maison immense.
Elle a quitté la foule hétéroclite d'une soirée festive en ville, où le bruit, les rires.
Elle a le coeur lourd, mais le sourire en coin, elle a la nécessité de cette solitude qu'elle aime parce qu'elle sait qu'elle ne dure pas, elle a l'envie de sa soirée à elle.
Elle se démaquille. Ce geste qu'elle ne  fait presque plus, car de fait, elle ne sait presque plus où sa trousse est rangée, un endroit oublié, poussiéreux, du passé.
Pourtant elle a aimé vêtir ses paupières de son mauve, de son gris, de son vert. Ne hurle pas, tout se fait discrètement, une ligne, un pinceau, une mousse, le roulis de la brosse sur ses cils. Parfois, elle se dit que si elle mettait les habits d'avant on ne la reconnaitrait pas. Si en plus elle mettait des talons, on lui tournerait le dos. Le rat des villes n'est pas l'ami du rat des champs, juste son rire.
Il y a eu de la musique, des bises, des sourires.
Mais elle ne suivra pas jusqu'au bout de la nuit ces amis qu'elle ne connait pas.
Alors, la clé dans la porte, c'est comme dans les films, la lumière est allumée avant qu'elle ait ouvert. Non c'est faux bien sûr, elle appuie sur l'interrupteur et puis va allumer l'autre lampe, la douce. Elle n'est pas dans un film.
Mais elle a un ordinateur. Comme dans les films. Celui avec la pomme. Elle l'ouvre, il s'allume, ce n'est pas un film, quand tu ouvres la porte de l'ordinateur, il s'allume, elle branche le cordon noir, elle se déplace jusqu'au canapé, pose l'engin et choisit un CD. Elle ne trouve pas celui qu'elle cherche. Elle voudrait du violoncelle. Cette corde qui fait la voix grave d'un homme tendre. Elle se rabat sur José Van Dam. Pas le crétin aux biscotaux, non le baryton à la voix grave qui te fait tendre. La première fois elle l'avait entendu dans "le maître de musique" avec ce sublime duo, d'elle ne sait plus qui ni quoi, mais qui avait fait couler la rivière de l'intérieur. Celle qui rompt les digues et franchit les montagnes.
Le canapé est si moelleux qu'elle sent ses yeux se fermer, la voix est si belle qu'elle se prend à rêver.
Elle rêve.
Bonne nuit les petits.




21.6.12

Plic Ploc Plic

Ce matin, j'ai entendu ma tête me dire : aujourd'hui c'est l'été.
Ce matin, dans ma tête, une petite musique "Voilà l'été, voilà l'été, voila l'été éh éh" mais tout de suite
Plic ploc plic...
Tous les feux de la Saint-Jean, s'ils devaient s'allumer aujourd'hui, feraient l'effet d'un pétard mouillé. Et moi je suis en pétard bien sec, qui peut exploser. Je garde mon énergie pour dimanche, c'est là qu'on explose avec les filles, on brûle les planches, on mouille le turban, on casse la baraque, on se défoule.
J'ai vu la salle.
Y'a juste un truc qui me gène : le premier rang des sièges en gradin, est quasi touche-touche de la scène. Ça veut dire, en fait, misère, qu'on va nous voir et pire que nous allons voir!!
J'aipaspeurJ'aipaspeurJ'aipaspeurJ'aipaspeurJ'aipaspeurJ'aipaspeur.
Naaaaaan, j'ai pas peur.
Ce matin à 5 heures, (je suis abonnée au trains de cinq heures ces jours-ci, me demande pas pourquoi, il ne fait ni jour, ni nuit, c'est pas une heure à sortir de ses rêves), bref, ce matin à 5 heures, je comptais, 1, 2, 3, 4...8. Lance, lance, dépose, dépose, etc etc... Je ne vais quand même pas dévoiler la chorégraphie.

Il est 15:00 la pluie à lavé les carreaux de son sel clair. Mes cheveux poussent humides mais peu importe, Sonia s'en occupe.
Je vois un chêne qui tremble comme un charme.
Les nuages font comme une échappée de coton du bocal, un peu fous, désemparés.
On ne parle que du temps c'est ainsi, il passe et nous fait ronds ou ovales, il nous tend les bras ou nous fiche un coup au moral.
Je sens la vie qui s'en prend à moi, comme une débutante et c'est comme de rester jeune encore un long temps de pluie ou de ciel à terre.
Devant la glace un homme aux cheveux blancs a les yeux bleus et parle comme il se doit de je ne sais quoi. Un autre règle la monnaie de sa pièce.
C'est que je vais avoir du rouge au front si je continue de rester ainsi assise à laisser passer le temps plutôt que de m'en occuper. Mes doigts défilent des signes qui donnent un ton à la page qui ne se reconnaît pas d'ainsi se noircir, alors qu'au même instant une musique sourd des hauts parleurs et que mon pied bat le rythme.
Une seconde après l'autre qui feront la minute nécessaire du cyclopède et avec un peu de chance j'aurais gagné du temps à ne rien faire. De toute façon je décide de ne plus lui courir après ça m'abat comme un cheval qui danse.
Le type aux cheveux blancs est patron. Il a un nom de fin d'année, un nom de pin, ou de bord de mer. C'est peut-être pour ça les yeux bleus.

Il est 16:00, le vent a séché les carreaux et l'herbe trempée. Le bitume est redevenu clair. Je suis contente de voir que les mots de 15:00 sur mon petit écran sont restés entiers sur le grand. il y a comme une continuité à cette journée bizarre, hors du temps, où tu ne peux cesser de penser, mais où tu as compris que ça ne changera rien, pour le moment penser suffit bien.
Et toi, tu te retrouves avec un billet sans queue ni tête, un peu comme un rêve, je t'offre une journée par procuration, rien d'extraordinaire.
Ce qui est exceptionnel, c'est tout ce qui se passe en dedans, mais ça, tu ne le sauras pas, pas avant moi-même, manquerait plus que ça!

20.6.12

Gâteau vivant

Comment s'appellent les jours où tu n'as envie de rien faire? Les jours où ça s'active autour de toi, mais que non décidément tu ne veux pas, pas envie, de rien, je te dis.
Se poser sur le canapé, l'un ou l'autre, se cacher dans un endroit douillet, sauf que chez toi ça n'existe pas ces endroits là, cachés, y'a rien pour se planquer.
Peut-être fermer les yeux, faire semblant de dormir, à la fois pour s'isoler et faire passer le temps.
Parce que tu sais bien que demain est un autre jour, un jour où peut-être ce sera bien.
Parfois le babil t'enchante, parfois il t'agace, parfois les questions te font rire, parfois elles te fâchent, parfois le ciel est gris et ça déteint.
C'est comme ça.
Tu ne veux pas leur donner un nom à ces jours-là, ce n'est ni le lieu ni l'endroit.
Alors, les douleurs musculaires te souviennent la danse, tu n'aimes pas avoir mal, mais tu aimes ces douleurs là, qui te disent qu'en dedans ça vit encore.
Tu cherches encore ce qui, ce que, ce quoi, qui te fera croire que c'est possible, que demain ce soit.
Il te souvient alors la balade en mer, l'air clair qui caresse, le bleu qui soutient, le sel qui blanchit, le soleil qui réchauffe, et puis le reste.
Les dents de la scie coupent tes jours et tes nuits, c'est pour faire un entremet de vie, tu te dis.
Il en faut du croquant et du tendre, il en faut de l'amer et du sucré, il en faut de tout pour faire un bout de vie, avec des miettes à ramasser, des montages à recommencer, des parfums à mélanger... Un jour, demain peut-être, ton gâteau sera délicieux, la pâtisserie ne s'apprend pas en un jour, il en faut tant pour tant, à justes doses, une balance du pauvre comme dit une amie, avec le nez pour mesurer, et tous les goûts à essayer.
Un jour, s'adopter.



16.6.12

Et toi, tu fais quoi?

On me demande souvent ce que je fais. Que veux-tu que je te réponde?
On me demande ça plutôt que de me demander qui je suis.
Au fond, j'aurais autant de mal à te le dire.
C'est comme ça dans nos sociétés, on est identifié à son activité.
Je disais, je travaille à la banque et je rajoutais, mais je n'aime pas ça, pas du tout, c'est A-li-men-taire.
Maintenant, j'en arrive à dire euh.
Tu fais quoi?
Euh.
Le E de quoi? de quel mot tu crois?
Le E de jE. Le E de et En quoi ça tE regarde?
Le E de Elle. Celui de jE vis aussi.
Tu fais quoi? Euh, plein de choses. Rien quoi.
Je dis, je fais un peu de ci, un peu de ça, mais je n'en vis pas.
Ben merde, on te dit dans le regard, ben merde alors, t'es pas efficace toi. T'es rien.
Ben non, je suis rien en face de toi.
Alors j'ai envie de répondre je FAI-blis.
Je m'en fous des fois. Je vis, point.
Je vis d'une façon qu'on peut se dire mais elle est folle ou quoi? mais de quoi elle vit?
De l'air du temps si ça se trouve.
Ouais, je vis de la pluie et du beau temps.
En vrai je fais quoi. J'écris là. Et puis là. Et puis ça fais pas deux futals à mon canard, ça ne me met pas de shoes aux panards, ça ne me met même pas de beurre dans les épinards, quoique.
Je vais te dire ce que je fais.
Je vis.
Comme une folle des fois.
Et alors qu'est ce qu'on s'en fout, pour pouvoir en dire plus, faut l'avoir vécu, sinon c'est que du mensonge.
Je mens, mais mal, ça se voit ce qui se passe chez moi, je finirai par dire, ben ouais, c'est comme ça, j'avais pas le choix, c'est comme de trouver une fraise qui aurait poussé malgré la pluie, malgré le vent, malgré les limaces et tout ça.
C'est comme d'arriver à trouver meilleur que tout le chocolat amer, parce que c'est le vrai goût du chocolat et tant que tu sais pas, tais-toi.
C'est comme d'embrasser quand t'as pas le droit, depuis quand t'as pas le droit de dire que c'est beau un baiser même pas droit, un vrai, en biais, de ceux qui te font tout boiteux, tout à l'envers, les baisers qui te font tomber par terre.
Tu sais pas ce que c'est toi, un baiser de travers?
Ben tant pis pour toi, c'est le plus beau baiser qui soit.
Me demande pas ce que je fais, je fais tout et rien à la fois, je fais ce que la vie m'échoit, du canard qui marche droit et du baiser en crabe vert.
Une vraie soupe de moi, tu as.



15.6.12

Lire et voir

Hier soir, enfin quelque part au milieu de la nuit, j'entendais la radio. C'est un truc que je fais souvent ça, la radioreiller. Comme si le savoir entrait dans le crâne pendant le sommeil.
Bien souvent j'écoute les premières phrases, et ensuite le murmure me berce, j'entends sans comprendre,  je rêve.
Puis hier soir, c'était France culture (je n'arrive plus à lire les podcast de FI, l'application ne fonctionne plus) et un homme parlait avec un débit à l'inverse de moi. Tu ne sais pas comment je parle, mais tu peux imaginer l'eau qui jaillit au passage d'une centrale hydraulique. Lui, c'était le lac, où même les poissons sont tranquilles. Je pouvais presque respirer deux fois entre chaque mot. C'est peut-être pour ça que j'ai entendu cette fois. Ou peut-être que j'avais encore trop d'éveil de neurones, je fonctionne à l'envers du matin. Mon avenir m'appartient la nuit, moi.
Bref.
Alors il a dit (je ne sais même pas son nom à cet homme là) quelque chose comme "on ne peut pas voir ce que l'autre lit".
Eh bien me suis-je dit, ça c'est une vérité qu'elle est vraie.
Tu écris un mot. Il sera lu par mettons 3 pelés 2 tondus, et bien ce mot dans lequel tu as mis un sens, ou une image ou même une intention, il va devenir 5 façons, voire plus en fonction de l'imagination du lecteur, de sa vie, de ses expériences.
Les exemples les plus flagrants, c'est quand un metteur en scène se met en tête de faire un film à partir d'un livre.
Mais quelle gageure!! Là, le type il pose "son" image, une seule forcément puisque c'est une photo d'un instant, un acteur/trice, etc...
La fois où j'ai le plus ressenti la déception de ces rendus filmés d'un univers que je m'étais créé, c'est quand j'ai vu "Le hussard sur le toit". Là, je me suis pris une claque et me suis promis de ne plus jamais voir l'adaptation d'un livre que j'avais déjà lu.
Alors bien sûr, j'ai mis un temps fou (le temps d'oublier un peu) avant de voir l'adaptation de "Robots" de Isaac Asimov. Je ne peux plus voir en peinture une seule interprétation du "Petit Prince" quelle qu'elle soit, c'est comme ça, le Petit Prince il est à moi, il est avec la voix de Gérard Philippe, il est mes amours, mes envies, mes rêves, mes espoirs, mes tristesses et mes joies. Alors quand ma fille aînée me dit "non, je préfère le dessin animé" je pleure presque. Faut juste pas que j'oublie que ce livre lu à 10 ans (son âge) je ne l'avais pas plus aimé que ça, et que je l'ai redécouvert bien des années plus tard, genre 17 tu vois.
 Non, on ne peut pas voir ce que lit celui qui est en face de toi dans la rame de métro. On ne peut même pas savoir la véritable intention de l'auteur, sauf si celui-ci l'a exprimée un jour. C'est pourquoi je détestais les analyses de texte. "l'auteur a voulu dire que". Mais qu'est ce que tu en sais?
Là, tu vois, je te dis tu, je suis familière, je te parle à toi, mais qui es-tu toi? l'ami vrai que je connais? l'inconnu(e) dont j'ignore la voix et le visage? C'est ma façon depuis si longtemps que je n'arrive plus à m'en séparer pour le moment, ça me donne l'impression d'être au café avec toi, on se connait, tu vois, sauf que non, tu crois me connaître et moi, je ne te connais pas.
C'est comme ça les mots. On y voit ce qu'on veut bien y voir. Peut-être même qu'il y a plus de soi que ce qu'on croit.
C'est beau les mots, c'est élastique, personnel, individuel, multiple et universel. C'est tout toi et c'est tout moi, chacun dans son coin, avec le même langage mais des mondes différents.
Et puis parfois on dit le même mot au même moment, on rigole, parce qu'on se comprend.
Mais jamais ce que tu lis ne sera ce que je lis. Et c'est très bien comme ça.

12.6.12

Sorcière

Je voudrais bien.
Envoûter les sorts pour en faire des charmes. D'un doigt ou d'un battement de cils faire  venir le sourire.
Changer le monde c'est bien trop peu, non, je voudrais juste que tu sois heureux.
A chaque parcelle de toi, donner l'espoir.
A côté de moi, le chat ronfle, je voudrais être chat.
Pascale demande s'il faut ressentir pour écrire. Elle sait bien la réponse.
Il faut que je donne à manger aux poissons.
Il faut que je comprenne pourquoi les commentaires ça marche pas, des fois.
Dehors c'est bleu pour la première fois.
Hier, on a dansé, on a ri, on a joué aussi. Bientôt le spectacle. Je dis que je n'ai pas peur pour ne pas avoir peur. Il faut que je fasse mon costume. Alors ce sera samedi avec les copines. Avant troizeurédemi, kermesse oblige.
On a dansé un Dudumba. Ou Dundumba, je ne sais pas exactement. On a dansé le Moribayassa, bon ça maintenant c'est acquis. Puis on a dansé les pécheurs, et la danse "terre-ciel". On a préparé nos impros qui n'en sont pas mais qui en sont quand même vu comme on est pas prêtes.
Je voudrais bien.
Avoir une vision à plus de deux mois. A plus que demain. Mais je n'ai pas, alors je profite, instant présent, instant certain, tout ce qui est pris n'est plus à prendre, le rayon de soleil comme le nuage, le parfum de la pluie comme la fragrance de la rose à peine éclose.
Je ne suis pas raisonnable, mais c'est pas de ma faute. Quand on ne peut rien prévoir, on devient comme ça. Sinon on ne vit pas, on ne fait rien, on s'enterre avant même d'avoir vu le ciel.
Dundumba, danse de guerre et puis voilà. Enjoy!

10.6.12

Le parfum du sapin.

Quelque part dans le monde, en Afrique du nord sans doute, il y a une tombe.
Un jour, une famille se tenait autour, le jour où le ciel était encore gris de la peinture des avions de guerre, les champs déserts, sans assez de mains pour en faire naitre la vie, et les ventres creux, de ceux qui n'ont plus rien, et encore moins que rien car ils viennent de perdre leur enfant.
Sans doute que leur belle maison leur a paru dérisoire, sans doute qu'il sont eu du mal à se cacher pour pleurer, néanmoins je suis sûre qu'ils se sont dissimulés, c'est comme ça qu'on faisait.
Un jour, cette famille a quitté la terre africaine pour rejoindre la France, laissant derrière elle cette tombe, l'endroit où ils venaient se recueillir parfois.
Ils n'y sont jamais retournés.
Dans leur coeur subsistait le souvenir, celui de l'enfant dont la perte était si grande qu'on souhaiterait l'oublier sachant que c'est impossible, alors on en a gardé les rires. Ils ont pensé à elle toute leur vie. Jusqu'à leur mort à eux.
Ils ont été enterrés, le père et la mère, plus de 50 et presque 60 ans après leur enfant. Ils reposent ensemble, leurs noms figurent sur la même pierre tombale. C'était son souhait à elle, après avoir pensé à l'incinération, de finalement venir dans le même lit que celui qui avait partagé sa vie. Eux deux avaient aimé, s'étaient aimés, avaient connu la mort, dont celle qui nous insupporte.
Le jour de son mariage, leur petite-fille est venu les voir. Tous les deux allongés là, sous la pierre rose, heureuse de leur dire la vie, la sienne, ses envies, ses souhaits, le tout dans une seule et unique respiration essoufflée, un mot pour en dire cent, un sourire pour en dire mille, un élan pour dire tout.
Elle a descendu le cimetière un peu plus bas pour dire le même sentiment à ses autres grand-parents, dont tous les enfants sont encore vivants.
Elle se dit à présent, des années plus tard, qu'elle est bien heureuse de pouvoir aller là quand elle veut. Il suffit qu'elle le veuille. La pensée même l'y conduit, elle connaît la route. Quand elle y va vraiment, elle est saisie de la proximité de son histoire. Ils sont tous là, ceux qu'elle a connu. Ils demeurent dans ses pensées, cela pourrait être assez, mais non, la dimension de marcher dans leurs pas, de voir le paysage qu'ils ont connu par coeur, peut-être même en ont ils marre de voir le même pour l'éternité, mais elle en doute, ils aimaient trop cette terre, la dimension de ses pas dans les leurs a son importance.
Elle a une conscience aiguë de ses racines. Elle qui aime tant partir. Sans doute parce qu'elle sait d'où elle vient et où elle peut revenir.
Elle se souvient s'être moquée de son père, n'avoir pas compris la notion de "maison de famille", rire de cette manie de vouloir être "de là", plutôt que "d'ailleurs". Elle disait, je suis de partout, partout où je vais je suis, je m'adapte, peu importe le reste. Il lui suffisait de transporter un fauteuil, un tapis, et elle était chez elle.
Mais depuis quelques temps, elle se pose la question de savoir où.
Où?
Où veut-elle être enterrée?
Où veut-elle avoir son nom pour qu'on sache où elle est?
Parce que ce petit enfant mort en Afrique du nord, à quoi ressemble sa tombe? Où est-elle? Ceux qui portaient le souvenir du lieu sont morts avant qu'on ait pensé à leur demander.
Une carte géographique des lieux de nos morts.
On oublie jamais ceux qu'on a aimé. Mais n'est ce pas important de pouvoir aussi rendre visite? Le souvenir suffit-il?
Aujourd'hui je voudrais bien savoir où il est cet enfant là. Juste pour mémoire, savoir qu'on ne l'a pas oublié, même ceux d'après. Il fait partie de la famille par son absence. Il a fait changer le sens des choses après sa mort. Il est un des rouages de la famille.
Et ceux qui comme moi, ont une vie dont les horizons sont sortis du village, dont les repères sont loin, égarés, est-ce que je vais vouloir rester près des terres d'origine ou bien rester là où je serais partie?
Sans doute que le lieu a un sens quand on y a passé une partie de sa vie. Le lieu d'origine, je le fréquente encore, même plus souvent qu'avant. On y retourne tous. Je ne voudrais pas y vivre, mais je m'y sens "chez moi", au-delà de ce que j'en connais. Ici, là où je vis, je suis une étrangère. Une non-native.
Est-ce que dans 50 ans ça aura changé?
Est-ce que je voudrais reposer dans ce lieu anonyme où je ne connais personne mais où j'ai fondé mon foyer, ou bien...
Ou bien, l'eau va couler longtemps sous les ponts avant que j'ai envie de me reposer la question de mon repos!!
Un jour, je serais peut-être d'un ailleurs où je me sentirais encore mieux chez moi.

Je m'en pose des questions pour un dimanche soir...
Et toi, tu as réfléchi à ça?




6.6.12

La boite à bulles

J'étais dans ma bulle. Inaccessible aux nouvelles du monde, intouchable. Mon foyer était mon coeur de vie, mon rempart.
Depuis que je sors de ce monde virtuel que j'aime, que je revois les gens, qu'ils m'entourent et que je les écoute, ma vie a changé.
Il y a bien ces questions que je pose. La réponse est souvent convenue. Je ferme mon carnet dès que j'ai les dates, les horaires, je laisse le crayon marquer la page et je passe l'élastique noir autour de mon moleskine prout prout mais ultra-pratique que j'aime.
Suit un silence, comme s'ils pensent que je suis prête à partir. D'ailleurs je suis assise sur le bord des chaises, penchée en avant, comme si. Mais la personne te regarde, et elle fini par parler, parler vraiment. Comme quand tu dis au revoir à tes amis sur le pas de la porte, il y a urgence à dire les choses qu'on a oublié de se raconter, les faux-départs qui durent aussi longtemps que si tu étais restée assise au salon avec eux.
Les choses les plus intéressantes que j'apprends ne sont pas celles que je note aux yeux et au vu de tous. Non. C'est tout ce qui entoure la question, qui sont cachées derrière les lèvres closes et les convenances. Les détails de vie, la confiance qu'on t'accorde alors même qu'on ne te connait pas.
Alors, tu rentres chez toi parfois avec plus de questions encore. Je monte un escalier qui n'a pas de fin, je rentre dans les caves où se cachent les meilleurs crus, je vois les plafonds avec les plus grosses toiles d'araignées.
Je compose, je respecte, je tais ou je dis, le jugement m'appartient de décider ce qui pourra être lu, ou pas.
J'entre dans les vies des gens et elles entrent dans la mienne.
Lundi soir j'apprenais le décès de quelqu'un que je ne connaissais pas. Mardi matin, je cherchais à pouvoir en dire sur lui, car il était connu de tous ici. Mercredi je rencontrais un ami de lui. J'apprenais que l'ami est le père d'une personne que je connais, que le décédé est le père d'une copine, que le décédé lui-même, en voyant sa photo, je l'avais déjà croisé.
L'autre jour je faisais un cauchemar. Un vrai. Où tu te réveilles le coeur battant, la lumière du jour suffisant à peine à te dire que ce n'était qu'un rêve.
Ou encore que les coeurs peuvent avoir des accidents dans la famille, qui heureusement laissent vivants. Parce qu'il y a des coeurs qui cessent de battre (J'ai su, je t'embrasse).
Qu'une amie est encore dans la douleur, une autre oui, ça commence à faire beaucoup.
Heureusement il y a aussi les nouvelles de naissance à venir. Là, en dehors du coup de vieux, tu es ravie.
J'étais dans ma bulle, j'ai un foyer, mon coeur frémit, est souvent parfois bondissant, c'est un maelström d'émotions contradictoires qui te font monter sur un piédestal un jour de nage dans une eau tiède ou chuter du haut d'une montagne au sortir d'un rêve, dans la vie réelle.
Tu te dis alors que tu as de la chance, même si tu sens le sillage de la tristesse des autres, même si parfois tu doutes, de toi, de tout,  parce que au moins, tu vis.
Ma vie est intensément plus dangereuse et plus vivante qu'avant. Dangereuse, parce qu'il faut savoir gérer les émotions, les rencontres, la vie, la mort, vivante car tellement exaltante et jouissive. Les extrêmes.
Je suis une boite qui se remplit de bulles, un courant d'air les fait s'envoler, le vent peut les faire exploser, mais tant qu'elles volent, elles sont brillantes comme les couleurs de l'arc-en-ciel. C'est beau et je ne vais pas m'en plaindre.
Mais putain parfois c'est hard*

*ça c'est un peu comme je parle. En vrai. En tapant du pied. Aussi.

Et puis sinon, désolée, j'ai encore pas de photo de beau à te montrer, en ce moment mon catalogue est plein de gens, de tables, de lumières jaunes...
Ah si...
J'ai une photo de chauve-souris alors souris!



3.6.12

Elle et Lui


1936. L'année des congés payés.
Elle retient sa robe au niveau du genou, la plage est sans doute ventée. Je me souviens d'elle, sur un petit siège, ras du sable, son chapeau aussi blanc que ses cheveux coupés courts, un tricot dans les mains. Elle portait souvent un pantalon foncé, toujours du rouge à lèvres, et ses lunettes ne cachaient pas grand chose du bleu de ses yeux.
Elle porte un bracelet, un joli béret. Ses cheveux sont bruns, ils s'échappent en mèches désordonnées.
Elle est mince, ses pieds sont chaussés de sandales à lanières, dirait-on, ou bien sont elles en tissu imprimé rayé, je ne pourrai pas le vérifier.
Elle s'appuie sur l'épaule nue de Lui, elle sourit franchement, un peu éblouie par le soleil. Sa silhouette se découpe sur le sable, il doit être juste l'après-midi du soleil, on sent bien que les ombres peuvent s'étirer encore longtemps.
Au fond tu distingues la mer, à l'écume blanche des vagues sur le gris de l'eau. Deux promeneurs longent la bande de sable, dont un homme qui a la même posture que Lui quand je le voyais marcher dans le jardin en escalier.
Lui est en maillot de bain. La bretelle qui tombe suggère que la pose a été prise alors qu'il allait finir de mettre son maillot avant d'aller dans l'eau. Ses cheveux sont encore secs. Ou bien, il a déjà nagé, et sèche depuis assez longtemps sur le sable pour que le vent ait refait le brushing de ses cheveux épais. Je me souviens de lui, au sortir de l'eau, enfiler la serviette dont tout le haut se fermait avec un élastique, il pouvait s'en faire une cabine et se changer debout sur un pied, les mains libres sous l'éponge. Je me souviens aussi du moment où il entrait dans l'eau, ses bras qui faisaient des gerbes d'étoiles pour se mouiller le torse, la nuque, en faisant des petits brrr brrrr de froid, après tout c'était la Manche. Son corps était blanc laiteux malgré ses bains quotidiens.
Il a un petit sourire en biais, il se force sans doute, Lui, le discret, le timide, qui ne parlait pas beaucoup. Enfin je crois. Toujours à réfléchir, à penser. Il me tordait le nez en souriant pour me l'enlever et me présenter entre son index et son majeur, un pouce qui me faisait rire. Il m'a fait aimer les bigorneaux. Il était assis à ma gauche dans la salle à manger bordeaux, j'étais en bout de table, l'énorme buffet dans mon dos, où j'aimais trouver des merveilles de vaisselle brillante et rutilante, il faisait aussi une salade de tomates fabuleuse.
Ils regardent le photographe, je ne sais pas qui c'est. Un ami sans doute? Ils sont peut-être déjà mariés, ils n'ont pas encore d'enfants. Leur regard est confiant, leur pose est entre la détente et la retenue. Il lui passe un bras autour de la taille, moi qui ne les ai jamais connus que faisant chambre à part.
J'aime énormément cette photo. Elle est émouvante.
Il y a là le début d'une histoire, tous les possibles. J'en sais la fin, un peu du milieu. Je découvre, je tente d'imaginer de reconstituer.
Elle a porté cinq enfants. Cinq grossesses, où la vie dans son ventre. Un bébé est mort-né. Un deuxième est mort pendant la guerre, de manque de lait, à 9 mois. Elle ne m'en parlait jamais plus que de prononcer son prénom. Un prénom qu'elle a dû prononcer avec amour en portant l'enfant dans ses bras, comme je vois la photo devant moi de la grande soeur qui porte l'enfant dans ses habits blancs, des robes à superposition, plein de volants.
Je suis allée la voir à l'hôpital, alors qu'elle était fatiguée de vivre, alors que nos discussions étaient monologues, je ne savais pas bien ce qu'elle comprenait, je crois qu'elle voulait juste partir. Je lui ai annoncé que j'étais enceinte, j'ai pu le lui dire, mais elle n'a pas vu ma fille. Je ne savais pas que ce serait la dernière fois que je la verrais, mais j'ai dû le sentir, car c'était bien tôt dans ma grossesse, avant même que je l'annonce à mes parents. Elle m'a serré la main, je crois.
Ils ont mené une vie de voyages, de déménagements, 59 il me semble. Ils ont connu l'étranger, la France à l'étranger aussi. Les colonies. Ils étaient bourgeois, ils ne devaient pas avoir trop de soucis financiers, Lui étant ingénieur "dans les puits de pétrole et les chemins de fer".
Il n'empêche que je ne peux m'empêcher de me demander comment Elle a pu se remettre de la perte de ses enfants. Est-ce que cela ne bouleverse pas une vie? Comment a t-elle eu le courage de continuer d'y croire, et d'avoir d'autres enfants?
Et Lui. À cette époque où les hommes ne s'occupaient pas des enfants, de leur éducation, des tracas du quotidien. Je me souviens : nous arrivions de Rennes ou de Lille, et il ouvrait la porte de la maison. Il se reculait un peu dans le couloir, l'escalier qui montait à mi-étage dans son dos. J'utilisais la marche de l'entrée comme pour prendre mon élan, un tremplin vers lui un tout petit peu plus bas, et d'un vol je sautais dans ses bras. C'est ainsi que je jouais avec Lui. Je crois qu'on s'entendait bien. D'ailleurs, je l'appelais Bon. Il pêchait la crevette, et fabriquait des maquettes.
Elle, je viens de découvrir l'album "dis-moi grand-mère" que mes parents lui avaient offert quand j'étais petite. Elle s'adresse à moi dans ce livre, elle a mis ces photos, comme l'héritage de sa vie. Elle ne dit pas tout, elle reste pudique, je dois lire entre les lignes. Elle s'adresse à sa petite-fille, c'est une femme qui lit ce livre maintenant, il y a presque encore plus de questions.
C'est comme de lire une lettre 10 ans après sa mort. Alors qu'elle était dans sa 90 ème année comme elle disait.  (Elle n'avait donc pas encore, à quelques semaines près, ses 90 ans).
Cette photo, c'est ma grand-mère et mon grand-père, et je les trouve beaux.

2.6.12

Immobile

Nadéah fait des bonds dans le salon. Elle secoue de la tête ses cheveux blonds.
L'air entre par la fenêtre, il n'est pas bien fringuant, juste un souffle.
Dehors, l'herbe est déjà chaude, encore moite de la chaleur nocturne de la terre. Les oiseaux s'évertuent à donner de la voix. Quelques nuages lourds forment un plafond de brume. Les yeux se plissent de la luminosité blanche qu'ils reflètent.
Est-ce qu'il reste du sable entre nos orteils?
Aucune feuille ne tremble, un léger frisson peut-être.
Soudain, le plafond ouvre une fenêtre, le vent s'engouffre, les grandes feuilles du tulipier se montrent à l'envers, un joli et tendre vert.
Et pourtant plus rien ne bouge.
Quelques palourdes et moules veillent au grain dans le seau d'eau. Tout à l'heure, il faudra les ouvrir, les garnir, s'en mettre plein les doigts, plein la goule, du goût d'un printemps tardif. On pourra peut-être en fermant les yeux, sentir l'eau de la ria nous caresser de l'intérieur, nous donner de cette force qu'on a parfois laissé de côté. Celle qui nous tend au sortir du bain, celle qui nous vivifie, qui rend beau le moindre centimètre carré de peau. Elle brille au soleil qui chatouille nos sens.
Parfois, le temps est suspendu à l'attente. Alors que nous ne sommes qu'impatience.


29.5.12

Un jour

Imagine.
Imagine que tu ne sois jamais venue, que tu ne connaisses rien de ce pays là.
D'abord, il faut choisir la saison. Peut-être que ce sera l'hiver. Alors il faudra que ce soit tôt. Que je t'emmène près de l'étang, un petit matin (ne t'en fais pas, les petits matins d'hiver c'est vers 8 heures), il sera frais, il ne sera pas encore bleu mais en cours de le devenir. Avant d'être bleu le petit matin est rose. Ce rose qui descendra sur l'étang, juste là, à quelques mètres de la maison. Avec un peu de chance, l'eau sera gelée, parfois on voit des trous dans la glace et là, les foulques jouent à la patinoire toboggan pour se jeter dans l'eau. Ça ne fait pas de bruit, c'est plein de points noirs qui courent, ils flottent presque au-dessus de la surface de la glace, c'est la faute de leurs pattes, elles vont vite, elles sont floues, alors c'est comme un coussin d'air juste sous les plumes noires. Tu riras.
Ou bien ce sera l'automne.
Là, je choisirai une petite marche vers le chemin de Cadoudal. Il y aura peu de voitures, ce sera encore le matin, ou bien au crépuscule, ici c'est la lumière qui compte plus que tout.
On croisera peut-être quelques voitures, mais on verra aussi les jardins tapissés de feuilles, les dernières fleurs de l'été aussi peut-être. On entrera dans la Forest, on se glissera sous les arbres. Sans doute que nous pataugerons dans la gadoue, on rira de nos pantalons tous crottés. Tu verras les champs de fougères orange brûler au soleil du matin. Avec cette légère brume qui vient de la terre encore chaude de la nuit, à moins que ce ne soit celle de la mer, on ne sait jamais ici, dans ce pays entre la terre et l'eau. Je te montrerai le chêne, et tu le toucheras, le vénérable qui a tenu bon toutes les guerres.
Ça aurait pu être aujourd'hui.
Un jour de printemps. Tu auras loin dans ta mémoire le pourquoi de cette première fois par ici, tu oublieras même, parce que c'est tellement différent de ce que tu as vécu aujourd'hui.
Alors, je t'emmènerai à la plage. C'est banal la plage, mais pas celle-là. Il faut accepter d'y mettre les pieds. Certains sont rebutés par la vase. Ce sont ceux qui ne savent pas que la vase c'est doux comme un tapis d'orient, c'est chaud comme les poils du chat, ceux qui sont sous son ventre. Tu sais ça si tu as tenté d'aller plus loin dans l'eau salée. Tu as de l'eau à mi-cuisse et tu ne la sens presque pas, car elle est tiède, on dirait l'eau du bain. Alors, après t'être mouillé le ventre, la nuque, tu plongeras dans l'eau de mer de la ria, celle qui est si particulière à mon coeur, celle qui soigne tous les maux. Tu rejoindras la bouée, une jaune ou celle d'un bateau, tu en feras le tour, il y en a quelques uns. Tu constateras qu'il n'y a personne sur le sable, c'est une plage si discrète. Elle ne se préserve que pour nous.
Un jour tu viendras et ce sera bien. Minette.

25.5.12

Be quiet.

Il s'est fait attendre.
Des jours, des semaines, des mois, peut-être un siècle? à l'aube de nos espérances, le temps n'a plus la même importance.
Il y avait ces matins blêmes (qui a dit ça?), ces aubes froides, ces ciels si bas, qu'on aurait pu se croire nimbés de pluie. Il y avait ces nez rougis, cette incertitude matinale de savoir quel habit ferait au plus chaud le moine, quelles chaussures tiendraient mieux la boue.
Les arbres nus désespéraient d'écrire à la plume de leurs frissons, les oiseaux se terraient sans doute au plus profond d'un buisson.
Heureusement parfois, il y avait la mer qui se mouchetait de blanc, ou bien encore un crépuscule magnifique de nuages déchirés, arrachés de leur nappe épaisse, par un doigt de lumière vengeur.
Il s'est fait attendre.
Un jour nous avons cru qu'il serait possible de faire respirer notre peau, lui donner à boire de l'air iodé, nous avons ouvert les tiroirs du bas, ou bien ceux du haut, là où se cachent les plus légers manteaux.
Seulement voilà, les faux-semblants sont fréquents, on a pas pu y croire bien longtemps.
L'hiver a tenu bon, le froid ne décollait pas, la pluie tenait le bout de nos cordes, aux chiens le temps même devait paraître ingrat.
Attends, je reviens, il a dit.
On l'a attendu longtemps.
Et puis, comme une porte qui claque, un volet qui s'ouvre, comme le jour après la nuit, bang, il est arrivé.
Nus pieds, dépenaillé, encore humide de son chemin laborieux, il a cogné son poing sur notre coeur ébouriffé, il nous a fait un chaud et froid, tourner la tête, vaciller.
Debout dans l'herbe tendre, sec comme le bois qui flambe, du plus beau bleu des mers du sud, il nous trempe, il nous émeut, il nous gangue, il nous moite, il nous tremble, il nous attrape.
Le beau temps que voilà.
Jamais l'eau ne m'a parue si douce, jamais l'algue de mousse ne m'a autant été si tendre, jamais, ou plutôt si, comme un vieux souvenir oublié, mon corps est revenu à lui, entier, sans qu'aucun mal ne le défasse, de la pointe du pied à la racine de mes cheveux le courant est passé, pas de court-circuit, pas de heurts, une nage sans encombre, pleine.
 Embrasser la mer de toute ma peau. Enfin.


PS : et donc merci au chirurgien qui a réparé mon genou mal en point, en septembre 2011. Il aura fallu tout ce temps pour que je retrouve mon "intégrité"soit deux étés sans nager...inconcevable quand on est moi :-).

22.5.12

Bataille

Un violoncelle chante une sérénade de Schubert à la radio.
Je repense comme à chaque fois à G. dont j'étais amoureuse quand il en jouait. Il me faut toujours plus que 5 minutes de violoncelle pour échapper à ce souvenir, il me faut entrer dans la magie de ces cordes vibrantes que j'aime.
Dehors, le ciel a finalement décidé de rester gris. Il a pourtant tenté dans la journée de s'entrouvrir, de laisser passer quelques rayons, mais en vain. Parfois seulement, une luminosité forte à en faire pleurer les yeux, comme l'émotion d'un beau paysage, mais en moins douloureux.
À la radio le violoncelle pleure une nostalgie oubliée.
J'aimerais fermer les yeux, et simplement écouter. Mais alors c'est à mon amie que je ne connais pas mais que je connais, que je pense. Ça ne va pas être facile, tout le monde sait ça, mais la plupart ne sait rien d'autre que ça. Je ne sais que ça, que c'est un combat redoutable. Ce sont des mots, rien que des mots, ils ne sont ni médicament, ni crème ou onguent.
L'homme parle de la guerre, sur France inter. Il dit qu'il n'avait pas le choix, il a une voix de vieux, c'est de la deuxième dont il parle, il dit qu'il devait obéir. Il dit aussi qu'il en a fait des cauchemars de cette guerre, de ces hommes qu'il a envoyé à la mort. Je ne suis pas lui, je ne peux pas juger, mais quand même la guerre. La guerre fait des hommes, des hommes de bien, ou pas.
Contre la maladie, la guerre.
Le jardin est bien vert, et les cris des enfants aussi. Ils se battent, aussi, ils hurlent, ils se font mal même. Ils me mettent en colère. Je n'entends plus le violoncelle, ni la peur du soldat qui parle de la guerre. Parfois, ça m'insupporte de me battre. Encore et encore. Se battre pour ses droits, se battre pour tout, ne pas avoir la paix.
Se battre et continuer de croire, croire que tout est possible, qu'il suffit de semer, se battre pour avancer, lutter pour rester debout, et fier, se battre et faire des choix qui n'en sont pas, juste parce que c'est la nécessité qui fait loi.

Je voudrais entendre le violoncelle, tout un concerto, une sérénade, un long concert.

Ecouter l'herbe pousser, voir la nuit tomber et le soleil se lever.

Je voudrais d'un geste effacer les peines, d'un autre dessiner le ciel.

Rêver, peut-être.




21.5.12

Gris

C'est tout vert
Et humide
Y'a du rose, y'a du rouge
Du blanc aussi
On a oublié le bleu
On a perdu le ciel

Il pleut sur l'ombre
Et rien ne bouge

Ce serait joli
Un peu, si peu
Un coin de ciel
Un bout de pastel
Couleur soleil

Il pleut dans l'ombre
Comme dans un songe

Je rêve aussi
À un jeudi
Ou un mardi
Avec du bleu
Peut-être tes yeux

On est lundi, il fait tout gris.



19.5.12

Le deuxième effet.

À présent tu y vas sans appréhension, juste une fourmi au ventre. Tu as l'armure de ton APN, tu te pares de cette excuse, tu ne crains presque rien. Juste l'inconnu dont tu n'as qu'une vague idée.
Il y a du monde comme à chaque fois, ceux que tu connais, ceux que tu  ne reconnais pas.
Tu es isolée, tu aimes la solitude aussi.
Parfois un sourire, parfois une ou deux bises.
Tu t'assois dans un coin, tu es invitée, tu ne veux pas t'imposer.
Si un ami te rejoint, c'est un bonus, une cerise à laquelle tu fais toute la place qui lui revient.
Enfin, ça commence.
Tu ne t'attends à rien, tu ne sais rien, c'est encore la première fois, comme à chaque fois.
Tu réalises que ton rôle te permet d'aller là où les autres ne vont pas, plus près, c'est ta prérogative.
Au début tu n'osais pas.
Même parfois tu n'avais pas envie, la peur, ou l'angoisse, la flemme aussi pourquoi pas, à quoi bon.
Avancer vers, serrer les mains, engager les mots, poser les questions, parfois fallait crier pour te faire entendre, tu t'y es faite. Presque.
Cette fois, tu y vas avec plaisir.
La curiosité est plus forte que l'appréhension.
Bien installée, tu attends.
Tu as réglé l'APN autant que faire se peut.
Tu te sens comme une gamine. Qui ne sait rien. Prête à tout.
On t'avait promis que ce serait bien. Tu en riais parce que les goûts et les couleurs tu vois...
Tu as le souvenir d'un Requiem dans une cathédrale qui t'avait fait frissonner, d'une Abbey Lincoln dans une salle de spectacle qui t'avait fait pleurer, d'un concert que tu avais gagné dans un petit théâtre, William Sheller, tu étais devenue fan, D'Ahmad Jamal en plein air, à Jazz en baie, et puis d'un ami qui avait chanté au mariage de ton amie, un Ave Maria sublime.
Tu sais donc que le direct, même avec ses imperfections, c'est la meilleure façon de faire connaissance avec une musique.
Ces airs là tu les entendais petite, dans les festou-noz des Monts d'Arrée, mais c'est si loin.
Tu avais oublié l'effet des percussions sur toi. La puissance d'un groupe. Dès les premières mesures tu es subjuguée. Ton pied bat le rythme, tu ne peux pas rester assise, ça tombe bien, tu as l'APN.
Tu sais aussi que tu es bon public. Mais ça ne suffit pas, le talent aussi fait durer le plaisir.
Ça a été trop court.
Et puis les deux jours qui ont suivi aussi.
C'était bien.

Tu sais ce que je viens de faire avec tout ça.
C'est tellement bête, d'avoir abandonné, d'avoir baissé les bras...
J'ai repris ma clarinette.
J'ai soufflé dedans jusqu'à ce que ma bouche ne puisse plus pincer. Ce qui est venu assez vite, faut dire.
Je sais encore lire les notes, je n'en étais pas sûre.
Je vais pouvoir retrouver les clés.
Elle est derrière moi, juste séchée, pas démontée parce que je veux y retourner demain. Et après demain.








18.5.12

Bulle

Besoin d'une bulle
Un coin sans vent
Un coin tout rond
Besoin d'une bulle
Double vitrage
Sans bruit sans fureur
Un peu de musique peut-être
Besoin d'une bulle
Un soleil sans brulure
Le chas d'un nuage
Un savon pas sage
Besoin d'une bulle
Où je pourrais tout
Où je serais tout
Où tu serais
Besoin d'une bulle

Passe moi ton malabar


17.5.12

Le travail.



Tout à l'heure c'était la sieste ou presque.
Sans doute que j'essaie encore de croire qu'on peut apprendre en dormant, alors j'écoute les émissions de radio. C'est France-Inter, comme d'usage, mais si j'avais les yeux fermés tout mon corps se souvenait ou "comprenait" ce que racontait l'invité de "La tête au carré" Thierry Pillon.
Il parlait des mineurs et des ouvriers essentiellement de l'industrie. Des sensations que le corps subit jusqu'aux transformations que le métier fait sur le corps et l'âme de celui qui pratique ce métier. Il ne parlait pas de pénibilité, ce que j'ai trouvé bien parce que ce sujet allait bien au-delà, les hommes et femmes ne se plaignent pas, ils racontent simplement ce qui les a fait.
Voilà pourquoi je me souvenais, à mon niveau modeste, très modeste.
Un temps, j'étais étudiante. J'étais sensée exercer mes neurones, apprendre, engloutir des connaissances, avec l'espoir de trouver un métier, dans l'éducation nationale pourquoi pas.
Ces temps-là, bienheureux si je l'avais su alors, si j'avais été plus intelligente déjà, je travaillais l'été, pour payer une partie de mon année, en gros de mi-juin, date de fin des partiels, à fin septembre. Mettons que j'avais 20 ans, fraîchement débarquée de mon petit nuage familial confortable, peu au courant des problèmes que les autres pouvaient avoir, il n'y avait que les miens qui comptaient, bref, innocente et naïve, un jour j'ai travaillé dans la blanchisserie qui gérait le linge de plusieurs hôpitaux. Je n'ai pas vu de plus grande blanchisserie depuis, mais je ne fréquente plus le monde hospitalier.
C'était le matin. J'allais en vélo travailler, une succession de rond-points, de belles descentes, l'aller était plus simple que le retour. Je mettais une demi-heure je crois.
Le bâtiment de métal était un cube immense, encore plus grand vu de l'intérieur que l'anonymat extérieur. Un peu marron il me semble.
Tu arrives là comme une fleur, et déjà tu es assaillie par le bruit.
Bien sûr il y a la taille des machines, les calandres, il y a le roulement des sangles, les grands bacs d'acier plein de linge mouillé.
J'étais du côté du linge lavé, je pense qu'on nous mettait là pour qu'on supporte mieux, je n'imagine pas que j'aurais réussi à faire le tri du linge sale des hôpitaux, je n'imaginais pas de toute façon au bout d'une journée que je tiendrais 3 mois et que j'en redemanderais aux vacances de Noël.
On m'a conduite devant un grand tapis roulant, placé à l'horizontale de toi, plus haut que les tapis d'aéroport, où le linge, le petit linge, arrive en tas.
Ta mission, trier.
Taies, serviettes, blouses, tabliers, casaques vertes, casaques bleues parfois, à jeter dans le bon bac en acier parmi la demi-douzaine cachés dans ton dos.
Parfois tu trouvais un résidu, comme un os de poulet te disais-tu, parfois les tabliers avaient fondus, il fallait jeter.
Là, tu es restée une heure, à te dire, non, j'y arriverai pas. Y avait ton dos qui criait grâce, tes oreilles qui parlaient toutes seules, et l'odeur du linge humide passé à une lessive désinfectante nauséabonde.
Heureusement, pile au bout d'une heure, tu changes de poste.
Pour plus calme, crois-tu.
Mais tu te trompes.
Ta voisine porte un écouteur aux oreilles pour ne plus entendre le bruit, ou s'assourdir un peu plus, en mettant la musique plus fort que le bruit des machines. Vous ne parlez que par gestes, après tout tu n'aurais même pas la force de crier. On te met donc aux draps. Ça consiste à te trouver devant un de ces bacs métallique énorme avec un tas de draps en forme de dôme dessus. Il faut que tu tires sur un bout, pour le défaire du noeud gordien, et dès le début tu réalises que tu vas manquer de forces.
Le premier jour, un mâle vient t'aider, il ne sourit pas, et démêle grosso modo le dessus de la pile, et te laisse gérer le reste. C'est pas compliqué, tu prends le coin d'un drap, à deux mains tu le clipses dans une sorte de pince, tu prends l'autre coin du drap, du même côté sur la longueur, tu le clipses à la pince juste à côté, et tu donnes un coup de paume sur le bouton rouge façon bouton urgence.
Là, tu entends un gros pschitt de décompression, y'a la deuxième pince qui file à toute berzingue dans le rail à l'autre bout de la grosse calandre, ton drap se tend comme un ressort, tu le vois disparaître entre les deux rouleaux qui vont avoir l'action magique de la sécher repasser en même temps. Je crois qu'il est aussi plié, car je ne me souviens pas de l'avoir fait là, puisque j'enchainais drap sur drap.
Cette heure là a été la plus affreuse pour mon dos (les draps sont humides, lourds, les pinces en hauteur, faut tout le temps porter).
Ensuite, j'imagine qu'on a eu des pauses, on quittait la fournaise du dedans pour la fraîcheur du dehors, le calme. Je ne fumais pas, j'étais "la fille de", alors on ne me parlait pas beaucoup, il fallait que je tienne.
Les autres postes étaient plus faciles.
Celui qui séchait et repassait les blouses à un bouton. La seule difficulté en dehors du dos qui jonglait encore, c'était de se crâmer les doigts à ouvrir le bouton pression métallique et enlever la chemise du cintre tout aussi métallique et bouillant. Le plus drôle a été d'apprendre à plier les casaques des chirurgiens, et comme c'était une opération manuelle, on était moins sollicité par le bruit d'une machine, on pouvait presque s'entendre parler. Le reste, les petites calandres, passer les serviettes de table, le petit linge et plier.
La répétition du geste était mécanique, les pensées vagabondes, à la fin de la journée, tu ne sais plus comment tu t'appelles, ni comment faire un pas devant l'autre. Jamais tu ne t'assois.
Bref.
Au bout de ces trois mois, je connaissais quelques prénoms, j'avais entendu quelques voix, mais ma seule motivation était de retourner à la fac, pour apprendre, apprendre et apprendre encore pour ne pas faire ce métier si abrutissant. Se rendre compte que nécessité fait loi, et que le courage des personnes qui travaillent là est plus grand que le courage d'apprendre par coeur une leçon barbante.
Etait-ce le bruit? était-ce la solitude absolue de chacun perdu dans sa tache, l'impossibilité de communiquer, le peu de chance d'évolution de sortir de là, de monter en grade? Je voulais fuir.
Depuis, j'ai rencontré d'autres métiers.
J'ai raté le travail dans une poissonnerie en plein mois d'août, il fallait emballer le saumon dans des pièces où il faisait 6 degrés, j'ai physiquement pas pu. Il m'a fallu trois ou quatre lessives pour m'ôter l'odeur de poisson des vêtements après seulement 3 heures en chambre froide.
Respect les gars (et les femmes).
Travailler dans un standard a été un vrai bonheur ensuite, un confort incomparable dans une ambiance délurée, je ne garde que de bons souvenirs.
Travailler dans la banque...
Ah là, c'est autre chose. C'est un travail qui te rend aussi bête que peut l'être un travail répétitif et sans avenir. Où le lavage de cerveau te dit d'arrêter de penser, tu ne dois garder d'indépendance d'esprit que celle de ton entreprise. Oui chef.
Au-delà des aspects techniques à maîtriser, tu n'apprends plus rien, tu te trompes de relation avec le client à qui tu dois tondre la laine sur le dos, tu te tournes le dos à toi-même et à tes convictions, tu te rends malheureuse au fond.
Tu quittes la banque à vie.
Rencontrer des gens dont le métier est marqué sur le visage, sur les mains.
Respect aussi.
Nous sommes tous capables de travailler, peu de gens ont la chance de trouver un travail qu'ils aiment, beaucoup s'en contentent, encore plus le supportent.
J'aime ce que je fais, plus que jamais.






16.5.12

Que la force...



J'ai une amie que j'aime beaucoup qui est inquiète.
J'ai pensé à elle hier, comme ça, très fort, alors j'ai pris des nouvelles.
On ne sait pas trop parfois ce que les trop longs silences veulent dire. Parfois aussi, il y a des silences parce que le temps passe plus vite que le son, alors on ne dit rien.
Mon amie est inquiète, et ça ricochète.
Juste avant de penser à elle, moi je pensais égoïstement au soleil et au plaisir de sentir sa chaleur, malgré le vent qui transperce encore.
Je voyais le jardin encore plus vert et les fleurs d'un blanc éclatant, juste avant de constater que le fuchsia c'est fuchsia et que ça ressort bien sur le vert. Ou encore qu'on ne fait plus qu'apercevoir la maison des voisins, tant les arbres ont repris leur parure de printemps vert.
Le jardin nous enferme dans son enclos, il nous fait sauvages, il nous isole, sauf du bleu du ciel.
Il y a eu trois jours fous de musique intense, j'en avais l'oreille toute émue.
Et puis il y a eu la danse où enfin je commence à trouver accord entre pas et mon corps. Ce genou que je ne sens presque plus, quand je saute, je n'hésite plus, il n'y a plus cette gangue qui me retenait au sol, il n'y a plus cette prison qui me gardait incomplète.
Mon genou va mieux et mon dos trouve mieux sa place.
La danse de lundi qui m'a remise en ordre, cette danse africaine que j'aime.
Mon amie est inquiète et contre l'inquiétude je ne peux rien, parce que je n'ai pas les réponses.
Alors, en attendant qu'elle sache, en attendant qu'elle trouve la route à suivre, le plan, je lui mets cette musique là, forte, brutale, battante, qui déclenche le bouillonnement du sang, les pulsations du coeur.
Je suis passée juste devant la scène à un moment, j'ai failli tomber à la renverse tant la puissance du son m'a frappée au plexus, comme un poing qu'on te donne pour relancer le muscle cardiaque.
Bang, ça fait, bang, et tu te lèves et tu danses.
Ma belle Minette, noie ton inquiétude dans ce bruit là, en attendant, pour continuer de battre ton coeur, alors que tes pensées sont ailleurs.

15.5.12

Et sinon quoi de neuf?

Pas grand chose...
Sinon qu'il y a des jours où il fait plus beau que d'autres.


Il fait beau (soleil)
Il fait froid (Vent)
Je n'ai plus mal au genou (danse)
J'ai pu (presque) m'accroupir (danse)
Et j'ai de la peinture "Tarte aux prunes" à appliquer sur un mur. 
Miam.

Extraits de "Bahoteries" la création du Bagad Ronsed-Mor



Enregistrement fait avec mon téléphone, alors bon, qualité ... mais quand même une bonne idée de ce qu'est le spectacle, l'ambiance et le talent.
Les chanteurs : le Trio Hamon, Quimbert et Brou
Les cuivres : l'Usine à Canards
Le bagad Ronsed-Mor de Locoal-Mendon.

Ils seront en représentation le 1er juillet à Henin-Carvin (62) et le 25 juillet à Kemper (29 eh eh )


Et si vous voulez voir en photos, voilà là où faut cliquer. ICI

13.5.12

Bahoteries, ou comment enchanter avec des airs d'antan

Juste en passant, parce que ça va danser cet aprèm, un petit mot sur le grandiose (j'ai pas peur des mots) concert Bahoteries créé par le Bagad de Locoal-Mendon Ronsed-Mor, avec les cuivres de l'Usine à Canards (d'ici aussi) et le trio Brou, Hamon, Quimbert aux chants
J'ai adoré.
Z'ont mélangé les airs traditionnels avec le swing, et le rap, pas un seul instant le pied ne cesse de battre le rythme, l'envie de danser tout le temps, d'ailleurs y'a eu des danses par le public pendant le concert.
Magnifique.
Je reviendrai au Trophée Ronsed-Mor l'année prochaine (facile, c'est à deux pas!).

Lien vers l'album de mes photos (clic)


10.5.12

Paroisse musicale : THE Trophée Ronsed-Mor.

Des fois j'ai envie d'écrire pour ma paroisse.
Elle est de plus en plus "ma" paroisse parce que j'y connais de plus en plus de gens, même si je les connais sans que ce soit un élan qui me pousse vers untel ou une telle puisque je les rencontre à des heures prévues, dites, organisées ou presque, sur un appel, une idée, un courriel.
Mais là, vois-tu, il règne une effervescence qui commence à se voir.
Malgré la pluie et le brouillard, malgré le bas du jean trempé dans la soupe de gadoue, malgré le gris bouché d'un ciel éteint, le chapiteau blanc illumine le gazon jamais autant, aussi plus, vert.
Il pleut trop.
Néanmoins, d'après les prévisions de nos scientifiques du ciel, ceussent qui font la pluie et le beau temps, il semblerait que les prochains jours soient plus cléments.
Il faut qu'il ne pleuve plus.
Ciel bleu attendu.
Ainsi donc, bien que je n'y connaisse que pouick en musique bretonne (me demande pas donc si c'est de la musique Fisel ou autre, si c'est Bras ou Kozh ou...) je sais en reconnaître le son, ça doit être génétique (ou bien c'est juste que c'est très très fort).

Et donc, dès ce soir commence le Trophée Ronsed-Mor*** (je te mets le programme en détail là), qui fête en plus son 25 ème anniversaire, alors ils ont mis les petits plats dans les grands.
Je vais m'en prendre plein les oreilles, pas sûr que je vous entende, mais peut-être que ça va me déboucher celle qui est sourde. Ah ah ah.
Ce soir, c'est la soirée "Veillée", des histoires, des chants, ambiance au coin du feu.
Demain soir, c'est the big maousse concert, la nouvelle création du bagad, Bahoteries, qui s'associe avec trois chanteurs que tout le monde connait sauf moi, et les cuivres de l'Usine à Canards.
Il reste des places, comme on!
Samedi, c'est tout l'après-midi, des jeux bretons, et un apéro-concert gratuit, avec des gens que tout le monde connait sauf moi, mais je n'ai aucune excuse parce que vraiment tout le monde les connait : Breizharock, La Banda Latira, le Bagadig (tu devines que c'est le bagad des jeunes, le petit bagad), Ronsed-Rom's (jeu de mots tip top).
Puis le soir, le Fest-Noz Vras, avec Ampouailh, le bagad de Lorient, le couple Sibéril/Le Bozec et Beg Bras Band (qui reçoit dans un salon, et qui invite le public à participer), autant dire que ça va se déchaîner sur la piste de danse.
Tiens, 'coute ça...


Dimanche, toute la journée, les concours (je résume), au fond c'est un Trophée, normal qu'on se confronte, qu'on se défende, qu'on veuille gagner hein.
D'autant plus que certaines épreuves sont qualificatives pour le championnat de Bretagne.

Bref, à Locoal-Mendon ce WE, des bons, des grands, du plaisir pour tout le monde...Viendez les gens.

***: Ronsed-Mor c'est le nom du Bagad de Locoal-Mendon, qui existe depuis... 40 ans? Ça veut dire "cheval des mers" et c'est pour ça que le symbole du bagad est un bel hippocampe.

8.5.12

Faire de la musique...

La dernière fois, je devais avoir 10 ans. Elle s'appelait Kläfte, je ne suis plus sûre de l'orthographe, mais c'était une gourmande. Je n'osais pas mettre le mors, mettre les doigts dans sa bouche douce. Mais je n'avais pas peur. J'ai peur d'une vache, sauf les vaches Corses, mais pas d'un cheval.
Y'a une relation qui peut se faire avec le cheval. Enfin, pour le coup, la jument.
Elle avait la même couleur, caramel fondu. Elle avait la tentation de s'arrêter à toutes les fleurs, à toute l'herbe tendre.
C'était il y a si longtemps sur l'île de mon coeur...
Mais voilà.
J'ai reposé mes fesses sur un digne destrier, aussi gourmand que le premier, à la même robe caramel. Je ne sais plus diriger, j'ai peur de lui faire mal, je ne sais plus, mais comme c'était bien!
Câline, elle fourre se tête sous mon bras, gentille, elle se laisse monter par tous les inexpérimentés du coin, heureusement ma soeur a pu la faire courir dans le pré voisin.
La jument dont je pense pouvoir dire qu'elle a été adoptée par toute la famille...



Welcome Solfège!

7.5.12

Les cochons, donc.

Bon. Là, j'ai point l'temps de te raconter ce qui nous reste à dire.
Néanmoins, faut que tu saches qu'il y a une histoire de cochons.

Voilà l'histoire :
Il est de connaissance mondiale que la Corse est l'endroit où tu croises veau, vaches, cochons...sur la route.
Croyions-nous.
À la première petite vache, on s'est arrêtés, on a pris une photo.
À la deuxième, on s'est arrêtés, on a pris une photo.
À la troisième, on a trouvé qu'elle avait des yeux si doux. On a pris une photo.
À la quatrième, il s'est avéré que c'était une chèvre. On a crié, on a pris une photo.
Je dis "on" parce que "yeuxbleus" et "Fossettes" ont chacun le leur...
(Là, on est sur la route de Porto, hein, tout ça oui, sur la même route, on arrive pas en 10 mn à Porto, faut compter les pauses photos).
À la cinquième, on savait que c'était une biquette. Quand même. Après les vaches, les biquettes donc.
Plein d'espoir, nous avons continué.
Puis, évidemment, le paysage nous a un peu tourné la tête, les cailloux, la mer, les biquettes, on a un peu oublié les cochons.
Mais le soir, après m'être plantée de route (j'ai pris à gauche au lieu d'à droite, donc j'ai pris la vraie route littorale et pas celle de l'aéroport, donc celle qui rajoute une demi-heure...) on s'est dit, mince! où sont les cochons?
Au bout d'une semaine, pas le bout d'une queue d'un cochon.
La deuxième semaine, nous avions lancé les paris avec fils, tout dépité que sa mémé aurait pu lui avoir menti.
Si on ne voyait pas de cochon, fils avait le droit d'avoir un bakumachin, si non, on avait droit à une grasse-mat'.
Donc, nous croisions un animal à pattes, c'était Cochon.
Un oiseau volait, c'était Cochon.
On rigolait bien, mais quand même.
Figure toi que le premier cochon on l'a vu le dernier jour de balade.
C'était dans la Castagniccia.
Oh un beau cochon, il est venu renifler à mes pieds, j'avais presque peur tu vois, à cause de ce que j'avais lu dans le routard "si c'est une femelle avec ses petits..."Comme je n'ai pas vu si c'était le cas, pétrifiée, j'étais.
On a même vu des baby, mimi, mais bon, juste à un endroit, pas loin d'une ferme à cochons, avec un grillage symbolique.
Toute façon, la veille, au cas ou, à Bastia, j'avais acheté une boule avec de la neige et un cochonglier dedans.
J'attends ma grasse-mat'.

J'ai enlevé la vidéo. Si tu veux la voir, demande, je t'envoie le lien.


Si, Mais...enfin!

J'avais cuit la tarte avant les résultats. 
Parce que ça ne pouvait pas être autrement. 
C'est comme ça,
Le changement.


2.5.12

Corsica #9 (Cap Corse, jour 2)

Ce matin là, on se disait qu'on avait de la chance qu'il ne pleuve pas. Qu'il fallait tenter de faire Patrimonio, parce que tu vois, on avait goûté ses vins, et nous avions été surpris de le trouver excellent.
Il se trouve aussi que loin de toute connexion internet, par je ne sais quelle inexplicable technique, mon réseau social préféré fonctionnait, et parfois je lançais des appels au secours (quel livre de cuisine faut-il que je prenne, ou bien, devant l'immense rayon vin d'un petit supermarché, quel vin est bon?).
Il est des gens qui connaissent bien la Corse, qui y ont vécu, et qui l'aiment.
Je savais ce qu'il ne fallait pas rater à partir de Bastia, et je comptais en faire une partie avec ce que nous avions décidé plus tôt.
Nous avons repris la route vers le col de Sainte-Lucie, pour attaquer la côte ouest par son milieu.
Notre but : Nonza.
Les plages de sable noir j'avais déjà vu, m'étant brûlé les pieds plusieurs fois dessus.
Mais. Mais je n'étais pas sur "mon" île, mais en Corse, et j'avais compris qu'avec la Corse, faut s'attendre à tout. En plus "Elle" m'avait dit "land-art à elle toute seule".
Je mélange déjà mes souvenirs quant à la route que nous avons prise, puisque nous la connaissions déjà en partie.
Il ne faisait pas beau, il pleuvait à nouveau, et le vent s'était levé. Mais la couverture nuageuse laissait parfois passer un rayon de soleil, et alors le paysage était extraordinaire dans ses contrastes d'ombres et de reliefs.
Nous sommes arrivés à Nonza, après avoir vu quelques criques fouettées par les vagues, sur la route, des endrois où se baigner semble impossible à la force des vagues et des rochers déchiquetés.
Nonza, c'est un village bien haut perché, suspendu dans la vide. Point de plage visible à notre arrivée, mais "il" avait dit "vraiment en contrebas".
Je partis chercher pitance pour accompagner le pique-nique, une boulangerie aurait fait l'affaire. Je trouvais portes closes, m'avançais plus loin pour tomber sur l'épicerieboutiquedépotdepaintabactimbres et prendre quelques pains au lait, bof. J'entendis quelqu'un demander où était la plage, vis la tenancière frigorifiée derrière le guichetcomptoir lancer sa main vers devant-elle, en disant "à l'escalier là".
Les enfants et le Taiseux attendaient près de la voiture que je m'acquitte de ma tâche, néanmoins je décidais de jeter un oeil sur cet escalier et le petit mur qui longeait la route.
Ah, que n'avais-je pas fait.
Je retournais quasiment en courant vers la voiture, en hochant la tête et ouvrant de grands yeux, assurant que nous n'aurions pas froid (vent glacé) qu'il cesserait de pleuvoir (pluie fine glacée) parce que vraiment il fallait y aller, il fallait voir ça.
J'étais restée muette devant le petit mur, découvrant la plage vraiment "vraiment en contrebas", sur laquelle se détachaient des tas de mots, messages, dessins que nous distinguions bien d'en haut. Le Taiseux demanda "par où on y va?" et j'étalais ma science récente en désignant de la main "par l'escalier là".
Enfin escalier.
Assemblage de pierres plates, disjointes, hautes ou basses, un chemin Corse quoi, un peu sauvage, qu'on prend en regardant bien où on met les pieds. Nous avons dû mettre 10 mn à descendre avant de découvrir que le sable noir vu d'en haut n'en était pas, mais de galets oui. Plein de galets ronds, petits, moyens, gros, gris, gris foncés, noirs, et même verts parfois. C'est la première fois que je voyais une dune de galets.
Et puis, malgré le ciel gris, inexplicablement, la mer tenait sa haute couleur turquoise juste après son écume blanche et l'effet était édifiant : comment la mer est-elle si bleue, un jour de pluie, sur du galet noir?
Le mystère reste entier pour moi, ne cherche pas à m'expliquer, parfois j'aime ne pas comprendre, ça donne de la magie.
Nous avons mangé là, à l'abri de murs écroulés de pierres noires et plates, nous avons marché longuement sur les galets, remplissant nos poches, comment peut-on ne pas faire autrement.
Enfin, nous avons repris l'escalade du chemin vers le haut pour rejoindre la Tour Paoline (et pas génoise cette fois) et admirer l'église rose et la mer turquoise sous le ciel gris, et plus loin, le désert des Agriates, tu verras ces photos là sur la colonne de droite (Clique dessus).
Il fallait maintenant rentrer, se réchauffer, sans oublier de repasser par Patrimonio.
Nous revîmes comme au premier jour de notre arrivée sur Bastia, le clocher superbe en pierre jaune. Nous découvrîmes le relief très particulier, du haut de notre route, la vallée en bas, avec ce monticule lointain et plus clair qui se détachait du fond plus sombre d'une autre montagne.
En Corse je me suis perdue dans la très grande variété de roches. Parfois tu as l'impression d'être sur une île arc-en-ciel, tant à tes pieds, à tes yeux, au passage d'un col donc, tu vois l'intégralité du paysage changer, se métamorphoser, ne gardant que le vert maquis comme couverture commune.
Patrimonio c'est aussi là que tu trouves les meilleurs vignerons. Peu de monde encore, voire village désert.
Nous fîmes plusieurs fois le tour de l'église dont j'aime la couleur et la pierre.
Nous avions envie d'un café (et de faire pipi) ainsi nous partîmes à la recherche d'un estaminet.
Nous nous fourvoyâmes une première fois dans un hôtel restaurant puis nous finîmes par enfin trouver notre bonheur "chez Jojo".
Un troquet où le type regardait un vieux film en noir et blanc qu'il mit sur pause à notre arrivée. Il m'indiqua les toilettes, (derrière la buanderie) me précisant qu'il n'y avait pas besoin de clés. Ah oui, en Corse, les toilettes, faut demander la clé. Même sur les petites cases de la plage, faut une clé.
Sympa le patron. Il est venu discuter avec nous, expliquant qu'il connaissait la Bretagne pour avoir participé au championnat de France de pétanque, à Rennes. Qu'il avait plu trois jours. Qu'il avait mis son pull. Qu'en rentrant chez lui il faisait 30. Normal pour un mois de juillet.
On a rit de concert, ah la la cette Bretagne où il pleut tout le temps!
Un temps d'avril en Corse quoi.
Remonter vers le col de Teghime, admirer nettement Bastia et l'étang et de l'autre côté l'ouest de l'île. (C'est en Corse, ne rit pas, que j'ai compris qu'un col fait passer d'un côté à l'autre de la montagne (sur la route de Porto...), y'a des révélations des fois, sachant que je ne m'étais jamais posé la question hein, vu que je n'en avais jamais vu)
Voir les nuages en arrêt sur le sommet de ce col, laissant l'est de l'île en pleine lumière. Constater la géographie théorique des cours, en pratique.
La corse, c'est l'apprentissage des caprices de la terre, du ciel et des hommes peut-être.

30.4.12

Corsica #8 (Cap Corse, jour1)

Après avoir vu Bastia, je m'y trouvais assez bien pour ne plus trop avoir besoin ou envie de bouger. J'aurais voulu rester assise sur une place, comme celle de Saint-Nicolas, avec un livre pour faire semblant de lire et juste regarder le passant. Sans doute que si j'avais pris ce temps ou eu le temps de me poser quelque part un long moment, j'aurais pu saisir les conversations, l'accent, les bruits de tous les jours, qui ne soient pas ceux du ding ding de la porte d'une boutique de souvenirs, ou la musique de supermarché dans un supermarché.
Mais enfin, s'il ne faisait pas bien beau les jours qui ont suivis, il ne faisait pas pire, et nous pouvions envisager d'attaquer le Cap Corse en plein jour et non plus en plein brouillard.
J'avais fait une croix sur le désert des Agriates, il ne nous restait pas assez de jours. La Corse est plus grande qu'il n'y parait, tu ne fais pas comme ici 10 km en 10 mn mais parfois en 30 mn. Souvent, on ne passait même pas la quatrième pendant si longtemps, qu'il nous semblait fou de faire du 90 sur la route qui descend de Bastia vers Bonifaccio dont on a pris une portion un jour pour aller dans la Castagniccia. Mais c'est pour plus tard.
Ainsi donc, c'était au tour du Cap Corse, ce I dressé, ce manche par lequel je saisis la planche en bois que je me suis offerte pour couper le saucisson fumé au bois de chataigner, ou le Lunzo, avec la minuscule ilette qui fait le point, l'île de la Giraglia, sur laquelle se dresse encore un phare, devant une eau que tu n'imagines pas plus tropicale, au niveau des couleurs veux-je dire. Nous sommes partis de notre refuge de San Martino di Lota pour remonter le long de la côte Est, escarpée, pleine de roche ocre et du maquis, parsemée de tour Génoises. Des petits ports, des petites baies, nous imaginons trop bien ce que doit être la fréquentation de ces endroits l'été, idéalement balnéaires, avec des maisons dignes de paraître dans des films, sorte de petits châteaux, à moins que ce ne soit un rêve de paradis. On ne dit pas station balnéaire mais "marine". La route est assez facile, rien à voir avec celle de Porto ou encore celle de la vallée de la (Restonica.
Soudain je ne sais plus quand ... Restonica, avant ou après le Cap? On va dire après, histoire de commodité.)
Nous sommes sur le cap Corse, à gauche la montagne, les jolies courbes douces, vertes, dont l'éloignement se verra à la couleur des ombres en contre-jour quand nous rentrerons le soir. Ces images de gris, de gris sombre, de noir, que je suis incapable de rendre proprement encore en photo, pas faute d'avoir essayé.
Sur la droite, la mer. On distingue bien aujourd'hui les îles italiennes, dont je ne sais pas le nom sauf celle de Montecristo, attends je vais voir, ah oui Capraia, Elbe, Pianosa et donc Montecristo... La lumière éclaire l'horizon, on voit bien les arêtes montagneuses des îles, on pourrait presque deviner les maisons. Jusqu'à ce jour on ne voyait que les silhouettes à ras de l'eau. Comme à chaque fois, on s'émerveille de ce que la lumière peut nous jouer des tours.
Le trajet prend moins de temps que prévu, on décide d'aller pique-niquer sur Barcaggio. Et on se dit en même temps, avec un peu de chance on verra des cochons...
Nous voilà sur la plage de la pointe extrême. Rien à voir avec Crozon (Pointe extrême de cheunous). Ça fait un bout de temps que la route nous avait entraînés encore sur les sommets pour nous faire redescendre doucement vers ce bout de terre, par une petite route à une voiture, sans cochons.
Il ne fait pas encore chaud, il y a toujours du vent, je ne quitte pas ma parka, et puis le soleil apparaît, juste ce qu'il faut pour que les enfants aient envie de goûter à l'eau fraîche.
Bon, je vais être honnête, ce n'est pas pour ses plages que je retournerai en Corse. Elles sont belles, mais pas à tomber. C'est peut-être une histoire de météo, mais non, franchement, si on parle plage... mais je n'en ai pas vu des tas, juste quelques-unes de la haute-Corse, te fâche pas, je peux encore changer d'avis.
Evidemment, si tu te mets dos à la mer...ben y'a la montagne, et bon, oui, montagne/mer, beau mélange, pas de doute.
Après la baignade, nous voilà repartis pour la côte Ouest, c'est l'avantage des pointes, tu fais Est/Ouest la même journée. Ici, c'est le moulin Mattéi qui marque la limite.
Cette fois, je ne fais pas ma difficile, c'est clairement la côte Ouest du Cap Corse qui a ma faveur. Magnifique. Du relief, des baies improbables, rien de trop accessible, encore un coin qui se mérite.
Et je suis en amour de Centuri-port. Trop mignon. Des vrais bateaux de pêche qui pêchent, pas encore trop de touristes, bien que j'imagine que toutes les maisons qui donnent sur le minuscule bijou de port soient des gîtes. Je dis ça parce que beaucoup avaient les volets fermés.
Des surfeurs fous à l'entrée du port, avec une houle effrayante, et des bleus superbes. Prendre un café sur la terrasse, sous le figuier, alors que traîne encore une effluve de poisson grillé, et que le vent a laissé tomber la partie, au point que nous avons enfin la sensation de cuire (enfin moi, j'aime).
Nous sommes revenus vers Bastia en passant par le Col de Sainte-Lucie, ne faisant pas la balade de la tour de Sénèque, trop longue pour les petites jambes et trop tard dans la journée...
Devine.
Demain, ou un autre jour, je te fais la suite du cap Corse, même si t'en as marre, moi, ça me résume et ça me fait du souvenir pour après.



27.4.12

Corsica #7 (Bastia)

Je t'ai promis Bastia. J'avais écrit. Et puis par je ne sais quel coup du sort, mon Bastia d'origine s'est effacé.
Un peu comme les cartes postales qui sont toujours en bas. Un coup du sort aussi peut-être, le hasard d'un nombre de timbre insuffisant dans l'instant où il avait été convenu que nous envoyâmes nos cartes, rédigées sur la petite table du premier gîte. Qu'à chaque fois que je me trouvais dans les rues bastiaises, un coup du sort me fit perdre la présence d'esprit de chercher un buraliste, voire une poste, pour m'enquérir des timbres indispensables au voyage, tout comme le serait un bateau ou un avion. Sans doute que le sort encore voulut me perdre à errer le nez en l'air, attiré par les façades, les couleurs, la vie citadine et multiple de cette ville que je ressentis comme un savant mélange de vieux et de neuf, de cultures variées, de parfums, de bruits, de secret assemblage qu'une touriste d'une semaine ne serait pas à même de démêler, et tant mieux, Bastia me garde son mystère, je ne l'aime que plus.
Alors, nous avons débarqué sur elle, du haut de la montagne, ayant passé le col de Téghine dans un aveuglant brouillard, qui, par la force des sommets, s'est éclairci juste quand il fallait, nous dévoilant les toits oranges et l'étang de Biguglia encore flou, derrière nos essuies-glaces éreintés.
Une route littorale qui se multiplie en voies sous-tunnels ou en parallèle à l'air libre, nous fis un instant craindre de nous être perdus, nous faisant penser que Bastia était immense, bien plus grande en tout cas que Calvi. Il nous fallu en réalité quelques passages sur cette route pour comprendre son schéma global et ne pas nous engager plus de dix fois dans des quartiers où les sens interdits se multiplient aussi vite que diminue ma provision de Canistrelli.
Le lendemain de notre arrivée diluvienne, le soleil nous fit reprendre un peu de courage et plein d'entrain nous décidâmes de descendre dans la vieille ville, puisque "ce serait une erreur de l'éviter" disait notre routard.
De fait.
Je cesse de parler comme David Copperfield, c'est en somme assez fatiguant, je ne conjugue pas assez bien les temps pour me passer du présent.
Bastia.
Comment dire comme je l'aime sans savoir bien pourquoi, tout en sachant que cet amour pourrait être contrarié par un trop long séjour.
Nous avons commencé par trouver une place qui ne coûte pas 1,30 €, même passé 18H00, qui ne soit pas en double file sur l'avenue, n'ayant pas même osé faire comme les autres et nous placer gratuitement sur un rond-point, juste nous nous sommes accommodés d'un savant créneau, contre un mur qui ne nous permettait pas d'ouvrir la porte, dans le "faubourg" de Saint-Joseph. Nous commencions ainsi par le côté le plus "décrépi" de Bastia. Et pourtant.
Ici, le mur est vieux mais solide, il est en pierre. Il est chargé d'histoire et malgré son état tu ne peux que lui témoigner du respect. Je ne sais pas qui loge dans ces appartements délabrés, mais ils jouxtent les plus jolies façades de couleurs, verte, orange, rouge.
J'aime cette vieille ville qui donne sur la citadelle et sur la mer. Ses rues étroites, où la voiture est de trop.
Nous pique-niquons dans le jardin Romieu. Il se pare des couleurs d'un arbre de Judée magnifique, dont le mauve se pose sur le bleu profond de la méditerranée, avec un unique voilier en contrebas. Parce que nous ne voyons pas encore le reste du port. Nous enfilons l'allée de palmiers, nous remontons vers les murs saumon de la citadelle et le palais du gouverneur et nous nous perdons autour de l'église Sainte-Marie de l'Assomption, dans les ruelles qui toutes finissent par conduire à la mer, où je serais restée des heures à photographier les perspectives, les couleurs encore...
Enfin, nous longeons le front de mer jusqu'au vieux port avec l'église Saint-Jean Baptiste, à deux clochers et jaune sur fond bleu. Vieux-port, où les cafés et terrasses font tout le tour, où nous dégustons une excellente glace à la Gélateria. Je me sentais encore touriste, mais moins qu'à Calvi, parce que le nombre fait qu'on se perd dans l'anonymat, aussi.
Un jour encore nous irons flâner sur la place Saint-Nicolas et dans la nouvelle ville, là où tu trouves tout. Les gens, les boutiques, les souvenirs, tu ne peux pas éviter toutes ces échoppes de pacotilles où tu iras malgré tout te perdre parce que tu veux rapporter quelque chose, même si tu sais que rien, absolument rien, n'est fabriqué ici.
Un soir, j'irais encore seule faire un tour, appréciant de ne plus me perdre, de finir quand même par payer ces foutus 1,30 € en bas de la place Saint-Nicolas, parce que décidément se garer est difficile, léchant les vitrines avec application, oubliant encore ces fameux timbres, et finissant par passer le seuil de Mattéi, une des plus belles boutiques qu'il m'ait été donné de voir, tant par son "authenticité" (et je n'utilise pas souvent ce mot) que par son agencement. J'étais seule, j'avais toutes les vitrines pour moi, je n'avais pas mon APN et tant pis et tant mieux, je me suis restreinte au niveau des achats parce que, bon, hein, mais le rouge des boiseries, le plancher noir qui craque sous chacun de mes pas, le parfum suranné et les beaux produits qu'on y trouve, il y avait de quoi rester des heures. Mais je suis raisonnable, chacun sait ça.
Il y a eu une menace d'attentat pendant que nous étions là-bas, mais nous devions être en cours de promenade car nous ne l'avons appris qu'en regardant Corsica Sera (ça nous changeait du An Taol Lagad)  et ma foi nous ne nous portions pas mal.
Chaque matin, un café en haut des marches devant la porte de notre charmant gîte, chaque soir un verre de Patrimonio accompagné de Lunzo ou bien de saucisson fumé au bois de châtaignier. La gastronomie Corse nous avons profité un peu, nous ne sommes pas allés au restaurant parce que nous sommes 5, je ne sais pas si on aurait bien profité de ce moment qui devra être particulier tant il me semble qu'il y a nombre de recettes. Le petit village de San Martino di Lota, on s'y faisait de mieux en mieux, les voisins nous disaient bonjour, on entendait l'accent corse des jeunes qui remontaient la pente en tapant leur sms en même temps qu'ils parlaient, le cri et les rires des enfants à l'école primaire en contrebas, tout le monde n'était pas en vacances, loin de là.
 Nous, si.