31.3.10

Le Combava

.

"Cet après midi, je vais voir mon père à l'hôpital"
(Ps: c'est en bonne voie, ne vous inquiétez pas)
Cette phrase, je l'ai dite des années.
Pendant les vacances ou les jours sans école.
Il s'agissait alors de traverser le jardin, donc remettre des chaussures, parce que l'herbe n'était pas douce, et puis il fallait éviter les fourmilières (tu vois, le genre de fourmilière ras du sol, ça ressemble à un sable marron, ce n'est pas comme de la terre non, et puis c'est étendu au sol comme une flaque d'eau. La flaque d'eau elle rentre dans les bottes, la fourmi, elle pique).
On traversait donc le jardin (on, parce que mon frère ou moi), et il fallait aller jusqu'aux filaos. On dit FilaO au fait, pas Filaossss comme Cilaos. Même si Goog** ne reconnait pas ces mots, ils existent tellement que je ne les ai pas oubliés.
Les filaos, sombres, un jour j'ai eu une véritable frayeur en arrivant à leur hauteur.
Je devais courir j'imagine, et je me suis retrouvée nez à nez avec une araignée. Pas une petite araignée. Pas même un Babouk, genre d'araignée de maison, qui se retrouve dans le bestiaire effrayant des animaux domestiques de là bas. Ouais, domestique, parce que t'en vois souvent quand même.
Enfin bref, cette splendide araignée avait tendu sa toile entre deux troncs. Ca te donne une idée de sa taille n'est ce pas? j'ai crié je crois. Elle était jaune et noire, rayée. Même si je ne suis plus sûre des couleurs, elle faisait peur.
Une fois qu'on était arrivé(s) aux filaos (ça prend des allures d'aventure hein, d'aller voir papa à l'hôpital) on passait dans le jardin du voisin. Ceux là, parfois c'était nos amis, parfois nos ennemis. Leurs deux filles et le garçon. Alors, parfois, vraiment, on se cachait, des fois qu'ils nous verraient.
Et puis on passait un petit portail (oui, mais un vrai en dur, en fer, pas un petit machin en bois non non) et là, c'était le parking de l'hôpital.
On traversait, ce n'était pas bien long et on arrivait au bureau de papa.
En vrai, on allait voir papa à l'hôpital mais on ne le voyait jamais, il était en réunion, ou en déplacement, ou occupé. Mais sa ou ses secrétaires étaient toujours très gentilles avec nous. Et on revenait avec le courrier. (même que déjà, j'écrivais des lettres, à mes grands parents en fait).
L'hôpital, c'était pour nous là où travaillait papa, pas un endroit qui fait peur.
Un jour, j'ai même acheté mon cadeau de fête des mères à la boutique de l'hôpital, c'est pour dire!
Cet après midi, je vais voir papa à l'hôpital.
Un soir, il y a longtemps, il est rentré à la maison, après avoir eu un accident de voiture. Il est rentré presque plus tôt qu'un jour où il travaillait. Il marchait de travers, il avait mal, mais moi, je suis un peu bizarre, j'ai ri. J'ai ri de voir se démarche bizarre. Maintenant que je suis vieille, je sais que j'évacuais mon stress, il n'est jamais malade papa.
Il y a deux jours j'étais en Chine.
Enfin presque.
Dans le XIIIème arrondissement, de Paris. J'étais au moins en Asie.
Papa était déjà à l'hôpital, mais tu vois, je n'y pensais pas plus que ça.
Parce que ce sont des choses dont on ne parle pas. Bien que la tendance soit au changement.
Bref, dans ce quartier, j'aurais pu croire que j'avais à nouveau 13 ans. Les mêmes sons, les mêmes odeurs, les mêmes objets, les mêmes vitrines.
Et l'ami qui m'entraîne dans les couleurs des épiceries, des tas de trucs que je ne connais pas, qui sont autant d'idées à prendre que de recettes à faire.
"tu vas prendre des combavas quand même"
Oui, il a dit "quand même", parce que comme je suis fauchée je m'agrippe à mon appareil photo pour ne pas dépenser les sous que je n'ai pas, même si je suis à Paris, et j'y suis parce que c'est mon cadeau d'anniversaire en avance (oui, t'as vu le message subliminal, trop forte hein).
Combavas.
Je suis sur le front de mer, en tong et paréo, devant la baraque à frites.
La baraque à frites elle s'appelle comme ça, parce qu'il ya des frites, mais franchement la frite ne fait pas la majorité, non.
Il y a des nems, des samoussas, des bonbons piments, et puis...les bouchons.
Un truc qui se mange en une bouchée, avec un pique en bois, tu trempes dans ta sauce.
La sauce au combava, par exemple.
Oui, je veux des combavas, je veux des bouchons, je veux y retourner, un peu.
(ma vie est ici maintenant, ça je l'ai compris enfin, et puis mes amis aussi sont ici)
Cet après midi je vais voir mon père à l'hôpital, ce ne sera pas pour aller chercher le courrier, ce sera pour lui apporter un combava.

23.3.10

Mots doux à mes amis.

J'avais envie d'écrire quelque chose à mes amis.
Parce qu'à défaut de pouvoir être là, prendre leur part de peine, les soulager, égoïstement, j'écris.
C'est facile d'écrire.
Mettre côte à côte quelques lettres, les assembler pour tenter de les faire jolies, comme un bouquet.
A mes amis je voudrais dire plein de choses, que s'ils veulent, ils peuvent parler, même si je ne sais pas tout comprendre, je n'ai pas cette prétention, il y a des choses qui ne se comprennent vraiment que quand on les as vécues.
La mort, on y est tous confronté un jour ou l'autre. Chacun le ressent à sa façon, réagit à sa façon, il n'y a pas de formule type, de fiche administrative neutre qui dirait de cocher la case en face de ce mot tabou, et valider d'un coup de tampon péremptoire.
Il y a la mort qui touche un proche, ou juste une connaissance, ou dans ce cas, un proche de nos amis très proches, une connaissance puisqu'il était venu ici. Et puis voilà.
Parti. Couper la douleur par l'arrêt du souffle. Rompre le lien à la vie.
Et laisser la douleur à la femme, à l'enfant, à la famille, aux petits enfants.
Les laisser souffrir, seuls et ensemble.
La mort est tabou parce qu'elle fait peur, elle fait peur parce qu'on ne la connaît pas, et qu'on ne sait pas l'après.
On sait juste le manque, l'absence.
Et il faut répondre aux questions des petits hommes, qui s'en posent tant et tant, et y répondre c'est se poser autant de question;
Et se questionner encore, c'est vivre.
J'ai lu un livre auquel je pense souvent, qui m'a parlé, que j'ai aimé, qui m'a interrogée et que j'ai trouvé beau. Il est dans mon étagère là, tout près, jamais bien loin, comme tout livre de ma "bibliothèque" (que ceux qui sont déjà venus ne se moquent pas, oui, il y a des livres derrière tout mon fatras)
Ce livre, c'est "Retour en terre" de Jim Harrisson. C'est Donald qui parle, il va mourir, il le sait, et veut transmettre son histoire à sa famille, son lien à la terre, entre autre, je ne peux pas résumer ;)
J'ai maintenant décidé de parler un peu des trois jours et des trois nuits que j'ai passé sur cette colline. Je ne dois pas dissimuler à ma famille toutes mes convictions religieuses. Il me faut malgré tout garder certaines choses, peu partageables, pour moi. Elles sont trop étranges pour que je les comprennent et elles risquent d'être un fardeau pour les membres de ma famille qui vont lire ce texte (...)
Rien de plus banal que de rester assis dans un fourré à flanc de colline pendant trois jours. Tout est ordinaire, mais plus que d'habitude, comme si ce fourré était un fourré à la puissance mille. Votre vie s'arrête et au cours de la troisième nuit certains instants durent des heures. Aussi près du solstice d'été, les nuits sont très courtes et vraiment obscures seulement entre onze heures du soir et cinq heures du matin. Je n'ai bien sûr pas empoté ma montre. Mon père, Clarence, disait en riant qu'on ne peut rien dire au temps, car il n'a jamais voulu entendre parler de nous, il se contente de filer à toute vitesse et de nous laisser sur le carreau. Les nuits étaient très claires, hormis un bref et violent orage la deuxième nuit, et j'ai eu de la chance que mes enfants m'aient initié à la configuration des étoiles. Durant cet orage et ensuite, cette familiarité avec les constellations célestes m'a beaucoup aidé. J'ai remarqué combien les frissons vous réchauffent. Je reconnais avoir été terrifié quand derrière moi la foudre est tombée sur un affleurement granitique situé à une centaine de mètres en amont. J'ai respiré son odeur. J'avais vu l'orage arriver du sud ouest sur le lac Supérieur,  mais aucune préparation n'aurait pu me prémunir contre sa violence.
Une  ourse, pas très grosse mais pesant à peu près mon poids, s'est approchée le deuxième soir. Je somnolais mais mon odorat a perçu la proximité de l'animal et j'ai ouvert les yeux. (...) Elle a émis quelques grondements de menace et je me suis demandé si elle avait l'intention de me tuer. C'est rare, mais seuls les crétins croient que ça n'arrive jamais.(...) Le troisième jour, en milieu de matinée, trois gros corbeaux se sont campés à la lisière du fourré en me regardant. Les corbeaux ne restent pas à terre à moins de se sentir en sécurité.(...) Bref, je comprenais parfaitement que ces trois corbeaux désiraient savoir ce que je faisais assis là. Moi-même je n'en étais pas très certain, mais je leur ai dit que le premier jour j'avais eu une vision très brève, où j'allais tomber malade et mourir. Cela se passait plus de deux ans avant que n'arrive le diagnostique de ma maladie. Je leur ai dit que mon décès imminent ne me dérangeait pas trop, car c'est tôt ou tard le sort de tous les êtres vivants. Mieux valait mourir le plus tard possible , mais ce n'était pas à moi d'en décider. J'ai aussi parlé à ces corbeaux du rituel funèbre accompli par leurs congénères auquel j'avais assisté quelques années auparavant à plusieurs kilomètres de Whitefish Point, vers l'intérieur des terres. Un très vieux corbeau était lentement tombé à travers les branches d'un sapin du Canada. Deux heures durant il s'était accroché à ces branches en faisant appel à  ses dernières forces, tandis que voletaient tout autour de lui une bonne trentaine de membres de sa famille. J'ai entendu le bruit très doux de son corps percutant enfin le sol. Dans mon fourré, j'ai eu l'impression que l'un des ces trois corbeaux avait assisté à cette cérémonie qui s'était déroulée à moins de deux cent kilomètres de là.(...)
Au cours de ces trois jours, j'ai pu comprendre comment les animaux, insectes compris me regardaient, plutôt que comment moi je les regardais. Je suis devenu le serpent noir qui humait l'air à côté de mon genou gauche, puis les deux mésanges à tête noire qui se sont posées sur mon crâne. J'ai eu la chance de laisser mon corps voler au-dessus des contrées terrestres et aussi de marcher au fond des océans, un paysage qui m'a toujours fasciné. A un certain moment j'ai eu peur quand je suis descendu dans la terre, et quand je suis remonté je n'étais plus là.
J'ai rejoint le bas de la colline, je suis retourné en voiture vers Soo avec mon professeur, et j'ai revu l'un des trois corbeaux un peu plus tard au nord de la ville. Je doute que mon expérience ait été très différente de quiconque ayant passé trois jours et trois nuits là haut. C'était bon de savoir enfin que l'esprit est partout plutôt qu'une chose séparée. J'ai eu la chance de passer ma vie tout près de la terre, ici dans le nord. J'ai appris pendant ces trois jours que la terre est tellement plus que ce que je croyais qu'elle était. C'est vraiment un grand cadeau que de voir simultanément les facettes de toutes choses. Cette découverte rend les adieux plus difficiles. Les membres de ma famille m'accompagneront comme ce vieux corbeau tombant lentement à travers les branches du sapin.
Voilà, mes amis, là où je trouve du réconfort:  dans les mots des autres.
Je vous embrasse.

17.3.10

Il arrive.

Ils l'ont dit à la radio ce matin.
Bien avant que je n'ouvre les yeux.
J'en ai confirmation, depuis, car ils sont debout depuis potron minet, ils doivent avoir un sixième sens les chérubins. A moins que ce ne soit que parce qu'on est mercredi, et que bien sûr, c'est le seul jour de la semaine avec le dimanche où se lever est un plaisir.
Il arrive.
Oui, l'herbe verte sur fond de ciel bleu, le chant de l'oiseau, celui que les chats n'ont pas croqué, l'odeur du café, et les couleur du soleil l'annoncent à grand renfort...
Le printemps?
Non.
Le Président.
Ici, on se met en quatre, on chauffe la farine et on dégèle les groseilles.
On se prépare les zygomatiques, on anticipe.
Repos absolu, je dis.
A très vite l'ami!

14.3.10

Amoureuse

Je devais avoir 15 ans.
L'âme et le coeur tout mous.
Amoureuse.
Il y avait un 33 tours, dans une pochette en sépia et sa photo, celle de Ferrat.
Pas à mon goût mais quelle voix!
J'avais emprunté dans ma chambre le meuble en contreplaqué que mon père avait fabriqué, conçu pour un tourne disque et plein de disques.
Je posais le rond noir et je laissais le diamant chuchoter la surface et les sillons.
Allongée sur mon lit, je me laissais aller à la mélancolie et à rêver à l'amour fou, à l'amour avec lui...
Et je me disais qu'il n'y avait rien de plus beau.
Je n'ai plus de tourne disque, le 33 tours est dans un grenier, oublié.
C'est le carré blanc qui diffuse le poète à présent, mais mon coeur est le même, amoureuse encore.
Nous dormirons ensemble. N'est ce pas?

Découvrez Jean Ferrat!

11.3.10

Indestructible

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J'écoute la musique.
Elle est assez forte pour vibrer avec moi, faire couler plus vite le sang dans mes veines.
Elle est assez puissante pour que mes pas se cadencent à son rythme et que le mouvement se fasse plus ample.
Pouvoir des mots, transe, concentration du moment où le sens du dit transcende la réalité.
Elle a ce pouvoir sur moi la musique, elle m'influence.
Je sais quel morceau mettre si je veux être en forme et pulser, ou bien si je veux être mélancolique.
Et je sais aussi que je peux être indestructible. Parfois.
Ainsi, écouter Higelin, son dernier album me rend forte. Ce "vieux" de quasi 70 ans, on le dit assez dans les médias. Oui, il est top. Il est jeune. Il a la force avec lui.
 Et il Aime.
Depuis que j'ai "Amor Doloroso", je suis sous le charme.
Il aurait suffit que je lise les paroles, c'est comme un poème, comme une lettre d'amour, lis:

La mort s'en vient
L'amour s'en va
Seul sur les quais
Je broie du noir
Le train repart sans moi
La route est longue
Le temps est lourd
La nuit est blanche encore
Et noir le jour
Je te revois fière et sauvage
Ensorcelée pieds nus dans la poussière
T'embraser comme une flamme affolée par le vent
Et te jeter dans mes bras

L'amour, l'amour, l'amour, l'amour est mort
Amor doloroso
Je sens encore
Entre mes bras
Chavirer ton corps

Douleur, douleur, douleur, regrets et remords
Amor doloroso
Si loin de toi, j'ai mal, j'ai froid, j'ai peur
Je n'aime que toi.

Combien de jour
De nuit encore
À délirer sans toi ?
La fièvre au corps
La mort dans l'âme
Bien plus de mille et une fois
Je me suis senti mourir dans tes bras
Jusqu'au jour où lassée
Peut-être
Tu m'as quitté sans dire
Un mot,
Sans un regard
Me laissant seul désemparé
Et le cœur lourd à
Attendre ton retour.

Douleur, douleur, douleur, regrets et remords
Amor doloroso

J'entends encore tout contre moi
Battre ton cœur.

La vie, l'amour, l'oubli, la douleur et la mort
Amor doloroso

Si loin de toi, j'ai mal, j'ai froid, j'ai peur
Je n'aime que toi.
 

Découvrez Jacques Higelin!

Et maintenant, cet album "coup de foudre" comme il porte bien son nom.
Lis la chanson "j'ai jamais su"

 J'ai jamais su
Sur quel pied danser
Avec toi
Jamais su quelle
Attitude adopter
Pour m'adapter à ton pas

Un pas en avant
Trois pas en arrière
Pas comme si
Pas comme ça
Pas comme tout l'monde

J'ai jamais su
Sur quel pied danser
Avec toi
Jamais suquelle
Attitude adopter
Pour m'adapter à ton pas

Tout bonheur
Que la main n'atteint pas
Est un leurre

J'ai jamais su
Sur quel pied danser
Avec toi
Toujours raté le corps
A corps avec toi

Si pas docile
Pas si facile
De tenter le cha cha cha paranoSans qu'tu m'plantes
D'un seul regard
Deux couteaux dans le dos
Sous les flashs hypnotiques
Du stroboscope
Tachycardie
J'tombe en syncope
Entre-deux grands écarts
Duel d'égos
Entrechats
Mambo

Tout bonheur
Que la main n'atteint pas
Est un leurre

J'ai jamais su 
Sur quel pied danser 
Avec toi
Jamais su quelle
Attitude adopter
Pour m'adapter à ton pas
A ton pas

Tout bonheur
Que la main n'atteint pas
Est un leurre
Tout bonheur
Que la main n'atteint pas
Est un leurre
Est un leurre 
J'ai jamais su
Quel pied danser
Avec toi

J'ai jamais su...
Et puis écoute:

Découvrez Jacques Higelin!


Moi je sais que cet homme là, il a le coeur dans ses mots, une générosité pareille, c'est beau.
Et ça fait du bien.

10.3.10

La Femme, sa place et moi et moi et moi...

Le conflit

Chère Madame B. j'ai fini ton ouvrage. Il m'en a fallu de la concentration pour me remettre à lire ce qui n'est pas un roman mais une étude poussée (chiffres ou statistiques à l'appui) sur un vaste sujet: la place, et le choix de cette place, de la femme et/ou de la mère dans nos sociétés occidentales...
Tout cela avec un bouc émissaire: le lait.
Enfin, l'allaitement.
Ou plus exactement, la possibilité qu'à terme, les femmes qui veulent être mères, ne seront de bonnes mères que si elles allaitent. Parce que la société le veut comme ça, et certains groupes de cette société comme la Leche League contre qui tu tires à boulets rouges, y ont largement contribué. Tu dénonces entre autre la manipulation de ce mouvement, faite de compromis, toujours habile à s'adapter à la réalité.
J'ai eu du mal, car très concernée, ayant à peu près fait tout ce que tu cites, de l'allaitement au co-sleeping, bien que celui ci n'aie duré que trois mois, et que le bébé fut dans un autre lit que le nôtre, mais tout contre.
Je me cherchais dans les exemple, ne me trouvant dans aucun car tu cites les extrêmes surtout.
Et tu expliques comment on en est arrivé là.
L'évolution des mouvements féministes en parallèle avec les mouvements naturalistes.
Tu expliques comment le lait en poudre s'est retrouvé mis au ban, avec la réalité des pays pauvres où l'eau impropre à la consommation a été utilisée pour faire les biberons de lait et a eu pour conséquence la mort de millions de bébés empoisonnés. Dans ces pays là, l'allaitement est une nécessité.
Tu cites des chiffres, la France n'en faisant pas partie car trop peu d'allaitement prolongés au delà de six mois, et tu dis:


"Si l'allaitement est un droit, le non-allaitement l'est-il encore? les Norvégiennes ou les Suédoises peuvent-elles toujours exercer librement leur choix et refuser de se conformer à la norme morale et sociale? le chiffre de 100% de femmes désireuses d'allaiter laisse aussi rêveur qu'un score analogue dans le sens inverse..."



Du droit et du plaisir de l'allaitement on passe à un discours plus ferme,  étape supérieure de la culpabilisation. "On parle de moins en moins de droit et de plus en plus de devoirs", dis-tu.
Ne pas allaiter serait donc faire preuve d'un très grand égoïsme.

Tu parles de la relation mère/fille avec la qualité de temps comparée à la quantité. Opposition de la femme qui travaille et ne reste pas au foyer, à la fille qui lui reproche ce manque de présence. Ce travail que la femme a choisi de faire pour gagner sa liberté.
La place du père. La place du couple. La toute puissance de l'enfant, qui, puisqu'il est là, voulu (contraception, IVG) il faut l'assumer, vivre pour lui.
Que reste-t-il de la femme, de la mère, de sa liberté de choix dans une société de plus en plus culpabilisatrice, puisqu'être une bonne mère c'est d'abord allaiter, puis le peau à peau, puis ne pas fumer, ne pas boire, ne pas vivre en somme?


Ainsi donc, tu n'es pas contre l'allaitement mais contre le manque de choix de plus en plus flagrant entre allaitement et lait biberon.

Mais bien que la France soit une mauvaise élève dans les chiffres de femmes allaitant, elle a une place particulière de part son histoire culturelle: les femmes au XVIII mettaient leur enfant en nourrice et assumaient d'autres devoirs que ceux de la maternité; la création de l'école maternelle...
Et tu constates que la France a le plus haut taux de natalité, alors même qu'elle est à la traîne sur l'allaitement.
Tu expliques cela clairement:


"Plus on allège le poids des responsabilités maternelles, plus on respecte les choix de la mère et de la femme, et plus celle-ci sera encline à tenter l'expérience, voire à la renouveler. Soutenir la maternité à temps partiel, que d'aucuns considèrent pourtant comme insuffisante et donc coupable, est donc la voie royale de la reproduction. En revanche, exiger de la mère qu'elle sacrifie la femme qui est en elle ne peut que retarder plus encore l'heure de la première maternité et même la décourager."



Cette dernière troisième partie je l'ai dévorée, en une soirée. Elle parle de la diversité des aspirations féminines, de la difficulté à faire un choix d'avoir ou pas des enfants, du regard des autres sur les femmes qui n'en veulent pas ou qui choisissent leur carrière avant tout. Et tu poses la question de savoir s'il s'agit réellement d'un choix.
"Faire le calcul des plaisirs et des peines", se réaliser ailleurs que dans la maternité, avoir mieux que le choix du "tout ou rien".


J'ai aimé lire ce livre. J'en retiens, et avec mon expérience personnelle qui m'influence, qu'il s'agit de faire preuve de bon sens, et de ne pas se laisser aller dans les extrêmes. Savoir dire non, fermer ses oreilles aux discours moralisateurs et raison garder sur la compatibilité bonheur/travail/vie de famille/épanouissement de soi...tu comprends à quel point je suis dedans là.
Je suis loin d'avoir tout dit. Le sujet est riche et abondamment illustré. J'espère ne pas avoir à mon tour mal interprété le sens du message.

Celles et ceux qui souhaitent approfondir le sujet seront heureux de te lire car tu cites tes sources en bas de page et elles sont nombreuses.
Pour que chacun puisse se faire une opinion, enfin.
Et continuer d'ouvrir les yeux.


Quelques unes des sources citées sur internet:
http://www.ined.fr/fr/pop_chiffres/pays_developpes/indicateurs_fecondite/
http://www.alternamoms.com/nursing.html
http://persowanadoo.fr/ipa
http://assoc.ipa.free.fr/CHIFFRES/nord.htm
http://www.paperblog.fr/233473

Pour ce qui est des livres cités la bibliographie est considérable.
Pour ce qui est de moi, mes études sont loin et j'ai perdu l'habitude de synthétiser...ainsi, j'assume chaque erreur d'interprétation éventuelle.

PS: l'allaitement reste pour moi un must, c'est ce qui me convenait.  Je souhaite que chacune fasse ce qui lui plaît, et qu'elle soit accompagnée dans son choix.

9.3.10

Carnaval

Ouvrir les yeux.
Voir le ciel bleu. C'est ainsi, dormir sans volets c'est la nuit noire pleine d'étoiles et le jour, bleu.
Ecouter les bruits de la maison. Les trois oiseaux qui jouent dans leur chambre en attendant le signal petit déjeuner, parfois les petits pas puis la main sur l'épaule "maman je peux boire de l'eau?" ou bien "c'est quand qu'on se réveille?"

Puis, se demander si ce matin, il faut.
S'il faut sortir du lit chaud et douillet, ou bien y rester encore un peu.
Je n'ai l'air de manquer à personne, pas de cris de faim, pas de cris de aïe, rien que les bruits de la vie calme, celle d'à côté.
Ou bien laisser son regard errer dans le ciel bleu comme dans la brume des pensées.
Rêver un peu.
Se dire...
Ecrire là bas, oui, mais quand?
Lire aussi, oui mais quand?
Raconter E. Badinter, fini de lire, relire pour ne pas se tromper. Oui, mais quand?
Après...
Ce matin là, c'était carnaval.

Les filles en Princesse et fée Clochette, le fils en Dinosaure. Un beau trio je vous promets!
Grand ciel bleu, je me suis déguisée en motarde photographe et enregistreuse de sons. Je ne sais pas mettre les sons dans le blog. Mais il y avait de bonnes surprises dans cette fête autrement plus festive qu'il y a encore quelques années.
Les parents d'abord; une fille en rose des pieds à la tête, avec perruque et fond de teint m'a fait la bise sans que je la reconnaisse, une bonne amie pourtant, j'étais bluffée!
Les différents lieux dits de la commune, l'équipe municipale ont rivalisé d'imagination avec leurs chars et leurs chansons. J'ai photographié de la couleur, de la bonne humeur et des rires.
La musique ensuite, de Polnareff, aux binious (étonnant non?) aux clarinettes, flûtes et cuivres.
Les cuivres, accompagnés de percussions, vraiment bien, de très bons solo (ii) de saxo, j'ai adoré.
Bref.
Liberté, chacun fait ce qui lui plaît (plaît, plaît, plaît... ;p ), vive le carnaval!
(l'année prochaine je me déguise, puisqu'on ne me reconnaîtra pas! )
PS: ceux qui savent peuvent les chercher...

7.3.10

Les jours où...

Les journées où tout va bien.
Où il fait beau.
Et sec.
Mais froid.
Les jours où on mange dehors.
En manteau, mais dehors.
Où les enfants crient en courant, parce que ce sont des enfants.
Les jours où les amis viennent.
L' amie de CM1.
Qu'on avait pas vue depuis...
Croisée il y a 16 ans...
Ces jours là, je vous les offre.
Et cette photo.
Pour se souvenir de cet après midi glacial mais chaud.

4.3.10

Comment j'écris.(Pas Tag, sauf si tu veux)

.

Le "comment je lis" de l'autre jour m'oblige à dire comment j'écris aussi.
Un peu comme un couple de presse livres, l'un ne va pas sans l'autre.
Avant, c'était sur mon bureau. Mais je finissais toujours par avoir un peu froid. Il fallait que je mette une petite couverture sur les genoux, je ne chauffe pas ma chambre voyez vous, il n'y fait pas froid, mais écrire, je ne sais pas, ça me refroidit.
Parce qu'en général, je peux rester longtemps devant ma feuille/écran. Je faisais glisser mon doigt sur le petit carré noir en bas des touches, et la tête sur la main, je flânais, de ci, de là, j'imagine que je gloussais parfois ou bien que je soupirais, découragée.
Et depuis que j'ai mon carré blanc, je suis dans un fauteuil rouge.
C'est presque comme si le fauteuil écrivait pour moi tant son confort convient; Il a des oreilles, je m'y sens enveloppée, des accoudoirs assez hauts. Je m'y pose en tailleur, les talons sous les fesses, les genoux tenus par les accoudoirs. L'effet ainsi créé est un nid pour l'ordi.
Et pour moi.
Je n'ai plus qu'à poser mes mains sur le clavier lisse et blanc, et roule!
L'ordinateur est une sorte de mini chauffage central, j'imagine que cet été je sentirai plutôt le besoin de mettre chapeau et lunettes et d'aller sur la chaise longue dans le jardin.
Bien qu'une chaise longue pour lire soit idéale pour écrire, non, il faut quand même du "droit".
Je ne descendrai pas mon fauteuil rouge non, trop encombrant, trop lourd et trop... rouge.
Et puis quoi, le soleil rendra illisible l'écran de la machine, et mes mots vont fondre, faudra que je les mette au frais pour en récupérer le sens.
Trop compliqué.
Ecrire, c'est la bulle.
Ne pas répondre au téléphone, de peur d'avoir l'air désagréable parce que le fil se perdra. C'est le coup de fil.
Ne pas avoir de pensées parasites: faut ranger, laver, sécher, tiens là, je vous parle, j'ai des draps à étendre sur la verte pelouse, quoique trop humide encore la pelouse, je vais utiliser les fils.
Ecrire se serait comme tricoter. Tu as les doigts qui courent, les mots qui naissent en rang, des mailles de mots, et quand ton texte est fini tu as un pull. Il ne va pas à tout le monde, il n'aura pas la bonne couleur ou la bonne longueur, un tel n'aurait pas utilisé cette maille trop simple, ou ces aiguilles trop épaisses. Je ne sais plus comment on nomme la taille des aiguilles, il y en a des fines et des grosses, comme la police des caractères peut-être? un 12 ou un 9?
Finalement, comment j'écris, c'est de la mécanique, un travail manuel, qui laisse dériver tes pensées. Parfois je ne sais plus si c'est moi qui décide du mot ou si c'est le mot qui m'en donne un autre. Comme cette histoire de fil.
Finalement je ne sais pas comment j'écris. C'est bancal. Pas très construit. Parfois je suis contente d'un mot, d'une suite de mot, c'est comme une lumière dans une ruelle sombre.  Ca suffit pour faire un pas de plus, mais c'est encore insuffisant pour éclairer un quartier.
Je vais aller marcher.
Dehors le soleil illumine la journée.
Lui, il suffit qu'il soit, pour exister.
Ce serait si simple de savoir écrire comme le soleil éclaire.
Prétentieuse!

2.3.10

Comment je lis (tag)

En voilà une question qu'elle est si compliquée que ça fait bien quinze jours qu'elle m'est posée par celle qui a eu plusieurs noms et que je peux appeler Marie maintenant.
Je lis comment?
Je lis moins qu'avant ou plus, je ne sais plus trop car je lis différemment.
Avant, c'était LE livre, malheur à celui qui osait venir me déranger en pleine lecture, je lui répondais dans la langue du personnage, parce que je n'étais plus là, mais sur Pern ou autre galaxie mystérieuse aux nombreuses lunes.
Maintenant je grappille une page, dix pages, un laps de temps de la vie d'un personnage récurrent ou non, il me vient même des envies de me cultiver dis donc, un peu comme si le mot devait avoir un sens en plus d'être bon à manger, bon à voir et à dessiner.
Avant je m'enfermais dans les toilettes, maintenant je lis d'une main en mangeant un carré de chocolat et sirotant une gorgée de café parce qu'il me faut lire, mais que le temps de le dire c'est déjà trop tard, c'est l'heure d'autre chose.
Il demeure vrai que quoi qu'il arrive, quelle que soit l'heure, au moment de me glisser sous la couette je saisis un livre sur la pile de la table de nuit. Et je lis. Je lis. J'y arriverai, siii, je vais la finir cette page...rrrrrrzzz.

Ouais, lire est un luxe aussi.
On est pas tous égaux devant le livre, on l'envie, on le touche, on voudrait le posséder, l'acheter, l'emprunter, le voler (moais non), on le veut.
Quelquefois, tiens, il y a quelques jours je l'ai fait, j'achète un livre mais il se passe des semaines avant avant que je le commence, parce qu'entre temps j'en ai vu un autre. C'est pourquoi j'ai entamé un polar, acheté un Douglas Kennedy, alors que je lis Badinter.
L'essentiel, c'est de savoir qu'ils sont là, pas loin, comme les murs de ma maison, les briques de ma tête et de tout ce qui s'y trame.
Lire, et puis un jour, savoir écrire....

Parce que quand son homme prend un livre que tu es en train de lire, celui d'un auteur que tu aimes parce que tu as adoré " Le soleil des Scorta" (Laurent Gaudé, magnifique bouquin), enfin bref, il te le pique, il ouvre et tombe sur la biographie du dit Laurent et te sort: "t'as vu? il est né en 72!"
Ouais, comme moi, je sais, mais bon, on est pas égaux devant les mots, j'te dis.
Tiens je vais pleurer dans mon coin, et lire un bouquin.
A défaut d'autre chose, tu me passes un mouchoir?

Léna, Phil, Lôlà, qui qui veut qui vient?