29.12.11

Pouvoir

On fait bien souvent ce qu'on peut dans la Vie qu'on Aime.
En ce moment, je ne peux pas.
Alors, une petite pause.


Que l'année 2012 vous soit douce et sereine...

24.12.11

23.12.11

Conte de Noël


La mer s'est déchaînée. 
Elle a rejeté sur son rivage un bout de ferraille dont personne ne sait que faire. On pourrait croire à une oeuvre d'artiste contemporain, tant l'allure se dresse droit dans le ciel. Elle se voit de loin, inutile d'aller payer les droits d'entrée qui se comptent en grains de sable apeurés.
Le ciel est resté gris, il forme un fond neutre à la couleur de la coque orangée. 
Dans les maisons, les lumières des guirlandes.
Ils vont se réunir, se rencontrer, se parler. 
Ils vont dire et cacher. 
Parfois, les carcasses rouillées sont au coeur des foyers. Il subsiste des naufrages, des épaves, qui ne sont jamais démantelées. 
C'est dans le paysage. C'est la géographie humaine, avec ses épreuves, ses peines.
Dans la maison qui vous parle, les murs sont lézardés. Le sol est d'argile. Elle tient par la vertu des volontés, des envies, des espoirs. 
Elle aurait voulu les revoir. Les anciens. Ceux d'avant. Ceux de ses souvenirs quand tout était facile.
Elle n'a pas oublié l'attente, les chaussons, les placards, les recherche, le souhait de deviner.
L'attente, c'est le meilleur.
Elle colmate les fissures avec un sourire, avec une caresse. Elle redresse un pan de mur avec leurs yeux, leur joliesse.
Il va falloir, un jour, dire, écrire, au lieu de ressasser.
Il va falloir couper les ponts, cesser.
Dans la cale du cadavre échoué, une cargaison de questions.
Dans la maison où le sapin brille, des chansons.
Elle s'éloigne et s'approche au gré des vents et des courants, elle ne maîtrise pas les lois de la mer, elle essaie juste d'être elle-même.
Mais elle sait bien que Noël va être un plat qui se mange froid.
Au printemps, on démantèle. Avant, peut-être.

Ah oui, j'oubliais, pardon.
Joyeux Noël.

22.12.11

Journaleuse

J'aime trop ça.
Aller sur les lieux, raconter.
L'actualité m'a rattrapée, largement, et j'y ai passé, j'y passe beaucoup de temps.
Je suis même dépassée par le sujet, je m'implique.
Je réalise, que c'est un travail qui m'éclate dans ces conditions-là (avec l'ostréiculteur qui me garde sous son aile) mais aussi que si j'en avais fait un métier avant, il aurait bouffé ma vie de famille.
Parce qu'il n'y a pas d'heures.
J'ai trouvé un sujet et un porte-parole qui me passionnent. Envie d'aller plus loin. De concrétiser ce travail.
Dire les choses telles quelles sont. De façon simple.
J'aime trop ça.
Rencontrer des univers si différents, voir l'envers de la médaille et voir ce qu'on en montre. Les différences, les manipulations, comprendre le système au coeur même, son quotidien.
Bref, j'aime ça, t'auras compris hein.
La journaliste joueuse

18.12.11

Bilan

Voilà ouf.
Un lien vers le blog où j'ai mis l'article si vous n'avez pas déjà lu.
Aujourd'hui, j'étais sur le chantier de Jean-Noël, pour rédiger avec lui les "Doléances des ostréiculteurs".
A l'intérieur bien sûr, il associe l'environnement, le bassin versant de la ria d'El etc... Ça fait trois pages alors je ne vais pas résumer.

Cet après-midi, (et ce matin) je m'étais infiltrée à la réunion PCO où j'avais décidé de poser la casquette presse pour celle de "secrétaire" des ostréiculteurs. Y avait du beau monde, Préfet au téléphone, sous-préfet présent, un député, les élus, les équipes techniques de dépollution de Hollande, celle des sapeurs pompiers, et enfin les ostréiculteurs.

La bonne nouvelle est que toutes les exploitations ne sont pas fermées, les analyses sont bonnes pour 33 chantiers ostréicoles. Je dis 33 mais sur ces 33 là, y en a plein qui n'exercent pas pour le moment parce que la mortalité des jeunes huîtres leur a fait mettre la clé sous la porte.
Les exploitations qui seront fermées, peuvent quand même vendre leurs huîtres qui étaient en bassins insubmersibles la veille de la catastrophe, quand l'eau de pompage était encore propre.

Ainsi donc, il y aura des huîtres tout à fait saines à vendre entre Noël, le jour de l'an et après.

Ceux qui vont devoir fermer, mais qui avaient des commandes vont avoir la solidarité de leurs collègues : ils les fourniront en huîtres, le stock est suffisant pour partager.

Les opérations de pompages ont bien commencé, des "tanks" sont déjà vides, il reste des "water-ballast" (me demandez pas) à vider, ils pensent mettre une semaine pour terminer.

A la côte, les opérations de dépollutions faites par les pros ont rendu la plage de Kerminihy propre.
Les pompiers vont, dès que la marée le permettra, accéder aux endroits de la côte où il reste du fuel, grâce aux chalands des ostréiculteurs réquisitionnés.

Et puis demain?
Ben demain, c'est le ministre!
Dégustation d'huîtres et hop.
J'y serai.

Ce soir, c'est quand même un peu de soulagement.



16.12.11

Bêtise humaine

 Ceci est un bateau qui  ne devrait pas se trouver là.
 Ceci est un port où on croit aux miracles
 Ceux-ci sont ceux qui s'organisent avec leurs propres moyens pour empêcher une catastrophe. Mais.
Ceci est un calme trompeur quand on regarde au loin.

14.12.11

H

Y a eu le père. Tombé dans mon oreille directement dans la ligne du coeur avec Amor Doloroso. Avant j'avais pas vraiment écouté. Faut être prise d'un virus quand on aime un artiste. J'ai écouté Jacques Higelin à partir de cet album là, donc. Qui restera mon favori de coeur, de fait. Tu te souviens, j'en avais causé là.
Je te rappelle les paroles de cette chanson, tout de même. Tu pourras écouter aussi.

La mort s’en vient
L’amour s’en va
Seul sur les quais
Je broie du noir
Le train repart sans moi
La route est longue
Le temps est lourd
La nuit est blanche encore
Et noir le jour…
Je te revois fière et sauvage
Ensorcelée pieds nus dans la poussière
T’embraser comme une flamme affolée par le vent
Et te jeter dans mes bras…

L’amour, l’amour, l’amour, l’amour est mort
Amor doloroso
Je sens encore
Entre mes bras
Chavirer ton corps…

Douleur, douleur, douleur, regrets et remords
Amor doloroso
Si loin de toi, j’ai mal, j’ai froid, j’ai peur
Je n’aime que toi.

Combien de jour
De nuit encore
À délirer sans toi
La fièvre au corps
La mort dans l’âme
Bien plus de mille et une fois
Je me suis senti mourir dans tes bras
Jusqu’au jour où lassée
peut-être
Tu m’as quittée sans dire
un mot,
Sans un regard
Me laissant seul désemparé
Et le cœur lourd à
Attendre ton retour

Douleur, douleur, douleur, regrets et remords
Amor doloroso
J’entends encore tout contre moi
Battre ton cœur.

La vie, l’amour, l’oubli, la douleur et la mort
Amor doloroso
Si loin de toi, j’ai mal, j’ai froid, j’ai peur
Je n’aime que toi.




Y a eu le fils.
C'est Marcus qui m'a fait découvrir. L'album "Adieu Tristesse" et puis après j'ai reconnu sa voix dans un duo avec Babet, Ciel de soie. Donc ça y est je suis fan du fils.
Mais avec Feist, c'est mmmm aussi.
Look:



Bon.
Y a aussi un zigue dingue de zique dans ma colonne de droite là, Philémon j'ai nommé. Il fait des semaines à thème, parfois ça donne bizarre, il vient de finir une semaine de Blondes, et a attaqué la semaine des Brunes. Bon évidemment, croire qu'on peut mettre toute les brunes ou toutes les blondes en une seule semaine, c'est prouver qu'on est quelqu'un de très optimiste, voire utopique.
Peut-être qu'il y aura des sous-semaines...
Alors il a placé Izia dans son top de brunes. Izia bien sur je savais que c'était la fille de et la soeur de. Puis je savais que c'était du rock. Puis je savais que j'avais pas encore écouté. Il est malin le Philémon. Hier soir, 23H00 quand même, j'ai mis le casque, pleine de bonne volonté et j'ai lancé la vidéo.
J'ai fait un bond et puis mille sur ma chaise mauve.
Ça déménage !
Ecoute (et puis tu baisses le son hein d'abord, sauf si t'es tout(e) seul(e) ).



IZIA - So much trouble par IziaOfficiel

Voilà voilà voilà...
On a de la chance, moi j'dis.

13.12.11

Tempête

Devant les phares de la voiture, les feuilles d'or brillent dans l'air qui les soulève et les emporte. C'est beau, vu de l'intérieur. Les bourrasques bousculent le véhicule, les branches de bois ressemblent à des flèches blanches dans le ciel noir. La route en est jonchée. Impossible de rouler vite, il y a comme une prudence qui s'installe sous les roues, sur les méandres du bitume.
J'ai pris le temps pour rentrer de la danse où l'ambiance était électrique, comme si les éléments s'étaient déchainés à l'intérieur de nous.
Là, les chaises de bois, la planche à voile, sans voile, le banc en fer forgé, gisent dans l'herbe, déménagés par un vent furieux.
La nuit a été courte. L'arbre souple ne s'est pas brisé, quoiqu'il m'en ait donné la sensation à 3 heures du matin alors que son ombre se projetait dans la fenêtre de toit qui abrite nos songes.
Ce matin, je  devrais aller faire un tour à la barre. Voir ce que les vagues font du sable. Voir jusqu'où l'eau cache le phare rouge vif. Mais le ciel est gris, encore mal remis de sa nuit blanche, l'air est humide, des embruns qui se sont égarés peut-être.
Un jour, nous sommes allés à l'école (c'était un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître) et nous avons fait demi-tour devant les arbres en travers du chemin. Un jour, nous n'allions même pas à l'école, car on nous avait dit alerte 2. Ça m'amusait beaucoup de voir un ciel vert, d'imaginer le cyclone. J'étais dans une maison en dur, je ne craignais pas grand chose, je ne savais pas. Mon père nous disait parfois, il ne faut pas siffler, ça fait lever le mauvais temps en mer pour les marins.
Hier soir, mon aînée ne dormait pas, elle avait peur. La maison de bois craque comme la coque d'un bateau. Je souhaite parfois quelques drisses pour faire leur bruit contre le mat de fer.
Tout ça parce qu'au fond, le matin, on est bien content que ce soit fini. Le jour fait s'envoler les cauchemars, il ne peut plus rien arriver, croit-on.
La tempête, une façon comme une autre de remettre les choses à plat.

12.12.11

11.12.11

Frère Miguel

C'est parce que ma fille veut aller à la messe ce matin.
C'est parce qu'ils ont appris les chants de la messe de l'Avent.
C'est parce que belle-maman a dit l'autre-jour "avec une mère qui dit que Dieu n'existe pas"
Alors que je n'ai pas dit ça. J'ai dit que JE ne crois pas en Dieu.
Ce que je souhaite, c'est que mes enfants aient une connaissance minimum de toutes les religions Pas que la catholique. Je trouve ça aberrant qu'on ne leur enseigne pas les bases de chacune : le pourquoi, le comment, et où. Je trouvais ça aberrant qu'on ne nous enseigne pas ça à la fac d'histoire. Toutes les religions. Comme les histoires de tous les pays. J'aimerais savoir la mythologie indienne (Amérique), la culture Chinoise, la religion musulmane (et non pas arabe, j'ai confondu le côté religion et civilisation. Autant j'ai de l'admiration pour tout ce qu'elle nous a donné). Je voudrais savoir tout ça. Sans doute que ça aurait été bien qu'on nous l'enseigne à l'école, parce qu'à vrai dire, je ne sais pas par quel bout prendre le début de chaque chose, pour comprendre.
Un truc dont je suis sûre, un peu moins d'ignorance crasse éviterait pas mal de conflits.
Etre sûre d'un truc ne m'arrive pas souvent.
En effet, c'est difficile de croire qu'on ait tous les tenants et aboutissants pour nous permettre de porter un jugement. La vie est un vaste tribunal.
Bref.
Glosons mais glosons dans un but.
Donc, je pensais au Frère Miguel à cause de ma fille qui veut aller chanter à la messe. A cause. Grâce.

On quittait l'école par la sortie arrière. Celle par laquelle on entrait dans la cour du bas. Soudain j'ai l'affreuse sensation d'avoir oublié le chemin. Par où passait-on vraiment? J'allais parler du collège, allais-je encore chez Frère Miguel au collège? Oui, mais alors quel chemin? Où se situe La Providence par rapport à Saint-Charles? J'ai un trou. Comment est-ce possible d'oublier quelque chose d'aussi essentiel ?
Chez Frère Miguel on apprenait la religion.
Dans mon souvenir, il a des lunettes et une barbe blanche. Il porte une tunique longue aussi je crois.
On s'assied tous pour l'écouter. Mais à vrai dire, j'allais plutôt dans une autre pièce où il y avait les livres. Les histoires de saints et de saintes qu'on pouvait emprunter. Je me souviens que l'histoire que je préférais était celle de Bernadette. Soubirous.
Quelques années plus tard, alors que nous avions rejoins la métropole, nous sommes allés chez une amie des parents qui vivait à Apremont-sur-Allier. Un lever de soleil sur l'Allier. L'eau qui découvre des bancs de sable. L'or des couleurs. Un village sans un seul fil électrique. Une merveille. C'est la première fois que je trouve un endroit autre que la Bretagne ou que La Réunion, beau. Sur la route nous sommes passés par Nevers. Et j'ai vu la châsse avec le corps presque de cire de la sainte.
C'est pas ça qui m'aurait fait croire en Dieu. A l'époque je suivais l'idée générale,  Dieu était acquis. Mais j'avais presque peur devant ce corps intact. Ça me dépassait et me dépasse toujours, mais je suis persuadée qu'il y a une explication à tout. Mais pas la foi. Pas à ce point.
Me revient souvent en mémoire ce que disait ma grand-mère "je plains ceux qui ne croient pas en Dieu". Quelque part elle a raison : avoir quelque chose à quoi se raccrocher. Ceux qui n'ont rien ne peuvent compter que sur eux-même.
Fra Miguel, c'est presque comme ça qu'on disait, était quelqu'un de bien. Ne jugeait jamais. Et me laissait emprunter autant de livres que je voulais.
Ma fille est à la messe avec son père. Moins fixé que moi à ce sujet.
Suivre son chemin sans oeillères.


10.12.11

Les dents de la scie

Y a la pleine lune qui se place exprès dans le milieu du vélux à quatre heures du matin, juste pour me réveiller.
Y a le soleil qui filtre sur le bleu de l'agapanthe.
Y a la fatigue qui te fait t'endormir devant la tivi ou bien sur ton livre.
Y a la page du livre que tu relis deux fois tellement c'est bien.
Y a le café tiède.
Y a l'odeur du café qui t'accueille quand tu arrives dans la salle.
Y a le rédac chef qui te dit non.
Y a l'article que tu découvres en ouvrant la journal.
Y a la déception du travail pour rien.
Y a la surprise du travail accepté.
Y a le crachin.
Y a la pluie et le vent qui te bousculent.
Y les cris et les pleurs des petits.
Y a les rires des tiens.
Tiens, une blague d'hier soir, j'en pleurais : On cherchait les mots de la même famille, en vérité les mots qui commencent pareil. Par exemple : police et politesse, je me disais que ça avait la même racine et puis de toute façon la police doit être polie. En fait non c'est pas la même racine. Alors, fils dit : ben oui, c'est normal, Caca, c'est pas la même famille que camion.
Tu vois.
Tout ça pour dire que les dents de la scie me découpent d'un jour sur l'autre, mais qu'au final, il fait quand même bien beau.





9.12.11

Page de pub (petite)

Aujourd'hui je vais vous causer des initiatives pour lesquelles j'ai de l'admiration. Quand j'ai reçu la mail de Lisenn, je me suis dit, Wow, super, bravo, quelle bonne idée, et puis après avoir visité sa "boutique sur le net" j'ai pensé que vraiment elle a raison, c'est beau ce qu'elle fait.
Donc, pourquoi pas en parler autour de moi, partager ce qu'elle sait faire, ça vaut le coût :-)
En plus elle me donne des idées. Et puis c'est ma cousine, on doit avoir quelques gènes en commun... (y a pas de mal à se faire du bien)
Va voir là-bas si c'est pas beau (si t'es une fille, tu cliques, si t'es un garçon tu cliques pour la fille que tu connais).
Et puis, en continuant de dire bonjour à mes zamidunet, j'ai vu que So' a aussi une cousine qui est sur le même site de petite boutique. Moi, je dis que les cousines ont du talent. J'ai craqué pour un joli bonnet, je ne sais même pas si je vais le mettre (fait pas froid) ni s'il va m'aller, mais il est beau, j'ai cliqué aussi. Tu profiteras peut-être pour aller lire le blog de So' , elle a l'art et la manière pour dire les choses, crois-moi. (Et puis je la connais en vrai, si un jour elle est publiée j'irais illico chez elle me faire dédicacer!)
Voilà, j'aime les gens qui "font" avec leur mimines, leurs envies et qui concrétisent.
Je dis que j'ai de l'admiration et ça mérite bien d'en parler!


7.12.11

Instants de grâce


Il faut savoir une chose : je suis très optimiste comme fille. Genre ne voir que le plein, que le beau, et oublier vite le désagréable. 
Il faut savoir une deuxième chose : selon la loi de la première chose, donc, j'oublie. Le négatif. Ce qui fait qu'en fait, je suis extrêmement gaffeuse. J'ai la langue qui peut se délier plus vite que la réflexion sensée la précéder.
Quand je dis une bêtise, le temps qui suit, je me raisonne. Mais ça ne dure pas bien longtemps, ma nature attaque au galop.
On m'invite encore pourtant.
C'est peut-être que mes amis ont le sens de l'humour.
Ce sont sans doute mes parents qui ont subis le plus de mon sarcasme ou de mes méchancetés volontaires, même les involontaires. 
Bêtises adolescentes.
Comme le jour où mon père est rentré de l'hôpital (chose qu'il faisait tous les jours parce qu'il y travaillait) mais en se tenant les côtes. Pas de rire. Il venait d'avoir un accident, n'avait pas voulu prendre d'arrêt de travail, et marchait péniblement avec ses côtes cassées, comme si ses mains pouvaient les empêcher de tomber.
Tu veux savoir ma réaction? 
C'est peut-être parce qu'il m'avait charriée comme tous les matins au petit déjeuner, c'est peut-être que je refusais de voir que mon père pouvait être faillible, pouvait être atteint par une douleur, pouvait perdre la vie. C'est sans doute une réaction de parade, de sauvegarde. 
J'ai ri. 
Y avait ma mère qui courait vers lui pour l'aider, inquiète, et moi, je riais en haut de l'escalier devant sa démarche maladroite. 
Je ne suis toujours pas très fière de ça.

Comme la fois où, quelques années plus tard, je gardais des enfants tous les soirs, j'allais les chercher à l'école, et je les emmenais chez eux en attendant que leurs parents rentrent vers 19h00. C'était mon petit boulot à la fac. Un soir, la maman est rentrée. C'était après les vacances, ça devait faire quelques semaines que je ne l'avais pas vue. Je lui fais la bise, et soudain je vois son ventre et je m'exclame joyeusement : Oh! c'est pour quand?
La dame avait juste pris du poids. N'avait pas du tout de polichinelle à venir. 
J'ai rougi, je crois bien.

Il y a sans doute des gaffes que j'ai oubliées. D'autres que je n'ai pas réalisées. 
La dernière pique date de ce week-end. Amie qui me lit, je suis désolée, mais en même temps, je ris parce que ce n'était pas faux!
Nous sommes invités chez des amis que j'aime bien. Les amis ont invité des amis, on se présente. On dit ce qu'on fait quoi. Ou ce qu'on ne fait pas. Quand on me demande ce que je fais devant une assemblée de travailleurs réguliers je ne sais pas quoi dire. Je fais. Bli. Bref, on se présente, et un des amis dit : la semaine prochaine je vais en Chine pour travailler avec eux (que son entreprise travaille avec eux). Ni une  ni deux, Latif elle enchaîne : ah! c'est toi qui délocalise nos emplois en Chine....
Hem. Tu vois? Bref.

Et puis y a les maladresses.
Le coup de la bouteille de lait l'autre matin. C'est l'heure du petit déj. Je me suis habillée à la va-vite, ai aidé les enfants à trouver la deuxième chaussette, ai tartiné 9 tartines au moins, sorti les pommes et les clémentines, et la grande me réclame du lait. J'hésite comme à chaque fois parce que moi le lait, bof. Mais leur père le lait oh ouiiii. Bref. Je vais ouvrir une bouteille. 
C'est le genre de bouteille blanche avec un bouchon bleu et une capsule métallique collée au goulot. C'est du bio, comme si ça pouvait me consoler. Je dévisse le bouchon, ok.
Je suis debout face à la table, habillée de propre, ce détail a son importance, et je saisis entre le pouce et l'index le bout d'alu qui dépasse, qui est fait pour être saisi. Et je tire vers le haut avec la volonté de soulever l'opercule proprement. 
Et puis je ne sais pas pourquoi, peut-être que la matière n'était pas en accord avec moi, peut-être que j'étais un peu pressée et que j'y suis allée trop fort, c'est sans doute une question de savant dosage d'ouvrir une bouteille de lait.
Le bout m'est resté entre les doigts pendant que la bouteille se penchait vers moi, déversant tout son contenu blanc sur mon pantalon vert (ben oui, j'ai un sarouel vert que j'affectionne et qui était propre en plus, même s'il n'était pas repassé). 
Le lait blanc sur le vert, blanc sur le carrelage gris, blanc sur les chaises rouges, blanc blanc blanc alors que vraiment j'avais pas le temps. 
Les enfants m'ont fixée, inquiets, colère, pas colère? 
J'ai dit : c'est pour que les chatons viennent vers moi. (on a deux chatons adorables mais sauvages qu'on doit adopter pour pouvoir donner). 
Wow hein. 

Et hier soir, alors que ma soeur me racontait ses mésaventures à elle, m'est revenu le plus grand moment de solitude vécu en public. 
Un jour je vais faire les courses. Banal. On a une voiture dont le hayon s'ouvre intégralement, permettant de mettre dans le coffres les objets sans avoir à porter, juste faire glisser. Un vélo, une poussette, sans même les plier. 
Le magasin est un peu en hauteur, et comme souvent il précède un rond-point. Je fais les courses, remplis mon coffre, les grosses courses de la semaines, au moins quatre sacs pleins, et lourd.
Y avait des spaghetti, je m'en souviens et des crêpes aussi. 
Je descends la pente qui mène au rond-point, je passe la vitesse, et j'entame la rotation. 
Soudain, l'intérieur de l'habitacle s'éclaircit. Je vois dans mon rétroviseur que j'ai une bien meilleur vue que prévu sur l'arrière. Je vois une voiture entièrement, y compris son pare-choc. Et je réalise que la porte de mon coffre s'est ouverte, que la voiture qui me suit roule sur mes spaghettis, que tout mon coffre se vide sur la chaussée. 
Je ne peux pas piler net, on me rentrerait dedans en plus, je termine mon tour et me gare à cheval sur le trottoir. 
J'ai fait des sauts de puce au milieu du rond point pour récupérer mes crêpes, j'ai laissé tomber les spaghettis cassés, j'ai retrouvé le jus de fruit, les boites pas écrasées.
Et de constater qu'une seule personne s'est arrêtée pour m'aider. Une piétonne. Les autres véhicules n'ont jamais cessé de rouler, ni tenté d'éviter. 
J'avais le coeur qui battait. Je me disais que ce serait une bonne blague à raconter.
Et depuis, ça fait des années, je vérifie toujours deux fois la fermeture du coffre!

Je sais aussi que ma plus grande qualité d'être à moitié sourde, qui fait que je ne peux pas suivre une conversation quand on est plus de quatre à table, qui induit que j'entends des bouts de phrase et que ma langue pas du tout à moitié bavarde, envoie parfois des réponses à côté de la plaque parce que j'ai raté le début de la phrase. Me fait rire toute seule. On se console comme on peut !

Et vous? vos plus grands bonheurs? 


6.12.11

Les Draps


Hier soir, prise d'une frénésie de je ne sais quoi, avant la danse, j'ai voulu refaire les lits des enfants.
Les enfants c'est toujours propre et gentil et beau, mais parfois, faut changer les draps, quand même. 
La chambre de la grande. Défaire son lit c'est retrouver les habits de la veille poussés entre le pied de lit et le matelas, et c'est le plus grand tire-bouchon de drap. Aurait-elle un sommeil agité? 
La chambre du garçon, alors, exit les livres ouverts à la bonne page, à une époque il en laissait une dizaine en guise de couverture de lit, maintenant, deux suffisent mais il y a du texte, moins d'images et il me parle des requin ovipares, de ceux qui font leurs oeufs qui se cassent à l'intérieur avant de naître et de ceux qui sont pondus. Et il y a les cartes. Les cartes de combat pokédémon. Il y joue dès le matin avec sa petite soeur. Après avoir mis un ou deux pantalons sur l'espace entre le sol et la porte, pour que je ne voie pas la lumière, parce qu'il peut-être 6h30. Oui. 
La chambre de la petite. D'abord il faut enjamber les chevaux, et ne pas glisser sur les bois de la maison qui se construit. Et enlever de dessous l'oreiller les petits livres Monsieur-Madame ou les histoires géantes de Claude Ponti. J'en profite aussi pour retrouver les habits tombés sous le matelas.
Refaire un lit, c'est ranger leur chambre et reconnaître leur univers. 
Me reviennent en mémoire mes chambres à moi, celle où j'avais un lit deux places avant mes 15 ans mais du coup, fallait que je la prête quand on avait des amis qui venaient de la métropole pour goûter au soleil réunionnais. Celle qui a suivi, petite, petit lit, murs que j'avais décorés de mes lambes de plage, ceux que je n'aurais plus jamais l'occasion de mettre, même pas en décembre. Celle que j'avais qui faisait tout mon studio. Une vie dans l'espace d'une chambre. 
Plus je grandissais, plus la place que j'occupais se réduisait. 
Et aujourd'hui, une maison. Avec plein de chambres. 
Aujourd'hui, c'est mon bureau que je préfère. 
Parce que mes nuits sont courtes, mes grasses matinées rares, mes livres au salon.
Mais je suis dans de beaux draps. 
(fallait que je la place).
Aujourd'hui, on s'occupe d'un coeur qui bat bizarre, celui de mon popa dont on a fêté l'anniversaire dimanche. 
Aujourd'hui il fait grand beau, le feu a bien pris dans la cheminée. 
Et je dois faire une blanquette.
Et ranger la maison. 
Aujourd'hui, j'avais rien à écrire, rien à dire, tout se bouscule dans les plis de mon cerveau, et ça donne des draps chiffons à laver. 




3.12.11

A la volée


Il souffle un vent à te soulever le cheveu court. Il souffle un vent à faire ce qu'il veut de ton sourire, la peau qui s'étire, bout au vent.
Il fait gris, peut-être. Je ne vois que les déchirements du ciel qui laissent tomber l'or sur l'eau grise. On dirait un manteau d'étoiles qui plisse sa tunique sous l'effet d'un mouvement marin un peu serré.
Il apparaît quelques frisotis de coton blanc.
Ils hésitent.
Sortir le chaland pour semer ou pas? Et m'emmener ou pas? Faudrait pas que je tombe à l'eau.
Cette fois, c'est marée haute. On ne voit plus les parcs, on comprend bien l'utilité des balises plantées la dernière fois.
Un café le temps de la réflexion. Le temps de voir l'évolution.
Semer.
Mazette. Un trou dans la vase? Une charrue au bout du chaland? Une silhouette qui jette des graines d'huîtres à marée basse? Semer. Oui, mais comment? Je ne savais pas qu'on semait les huîtres.
Evidemment je ne savais rien de ce métier. Là c'est l'étape de moins en moins rien, de plus en plus d'admiration.
Bon, la mer se calme, les moutons sont rentrés, va mettre tes cuissardes, dit-il. Cool, maintenant elles sont mises de côté pour moi.
Le vent souffle comme un réveil vivace de tout ce qui me trotte en tête.
Cette fois, le bateau accoste, un seul pas et c'est bon, je suis sur l'acier, sans doute froid mais je ne le sais pas, bien à l'abri des bottes de sept lieues.


L'APN est sous les pans de ma veste de moins en moins verte de plus en plus terreuse.
J. et E. sont parés des gilets, pas JN. Je me souviens que quand je faisais de la voile, le gilet trainait au fond de la prame. Quasi imbibé d'eau de mer et d'essence, jamais porté.
L'avant du bateau tape l'eau à grande écume, elle arrose ceux qui ne sont pas bien planqués près du radiateur.
Il y'a toujours les caisses de plastique dur et coloré sur le pont. Elles ont été un peu décalées pour laisser les huîtres à nu entre elles.
Alors, ils attrapent les pelles et sèment à tous vent.
Ça fait du bruit, ça racle, ça schploufe, ça cogne.
Les huîtres volent, et retombent dans l'eau salée et douce qui les nourrit.
Ils sèment à la volée, et c'est comme un juste retour des choses.



2.12.11

Etoiles

C'est la phrase : tu viens ou c'est moi?
C'est une heure de route à travers une campagne humide et flamboyante alors que le vent plie les arbres, coupe le courant, et fatigue les gens.
C'est une grande table et plusieurs cafés. Un gratin, du vin, et du pain. Non, y avait pas de pain.
Pas d'enfants. Agnes Obel, Emily Jane White, Christina Pluhar, Amy Winehouse. Eclectique.
C'est un poêle qui chauffe, qui illumine le ciel gris et les rideaux de pluie.
De la poudre d'amande comme de celle de perlimpimpin, de la farine, comme d'une poudre d'ange, du beurre, comme pour mieux s'en nourrir la peau, et des étoiles, comme pour créer un ciel d'été.
Plein d'étoiles.
C'est mon amie, aussi.


On en mangera encore quelques jours.
Au moins jusqu'à Noël, et si ça se trouve, j'en referai juste pour Noël, pour tenir le coup.
Parce que Noël...Bof.

Et au pire, ce jour-là, j'irai là.
Deux fois plutôt qu'une.


A main gauche et à main droite. Et moi, juste au milieu. Tout moi.