31.10.11

Vous.

(pas d'hier, cette photo, mais je vous ai aux petits oignons )

Tous les jours, parfois à un moment inattendu, je pense à vous.
J'en connais qui savent qui elles sont. Le vous.
Cette amitié virtuelle, qui prend les ondes pour un passe-muraille, et emmène plus loin qu'on aurait l'air d'y croire. La magie du temps qui est passé, des mots échangés, comme des moments qu'on aurait vécu ensemble alors qu'en vrai on se s'est jamais vues. On se connaît. On se connaît bien. Enfin, on croit qu'on se connaît, parce qu'on s'est dit des choses et qu'on s'est reconnues dans les mots qu'on a dit. Enfin, écrits. Parce qu'on ne s'est jamais parlé non plus. On ne se connaît pas par la voix.
Pourtant, les voix, c'est un identifiant remarquable. A mon parrain qui disait, oh tu n'as pas changé de voix, je lui ai répondu toi non plus, ce petit accent, celui qui nous est familier au-delà des années, c'est étrange comme il ne s'oublie pas. J'aurais pu dire aussi, j'ai croisé ta voix dans la rue et je t'ai reconnu.
 Toi et toi, je ne peux pas dire ça. Mais, j'ai l'impression de pouvoir penser, oh, ça, elle ne l'aurait pas fait, ou pas dit, ou pas écrit. Ou bien l'inverse.
Je mets les Têtes Raides, forcément c'est toi que je vois à un jeudi du port improbable, d'il y a mille ans, parce que je ne les connais plus, ces jeudis, depuis la dernière fois, ça devait être en 98, et comme ils ont du changer les jeudis. Et pourtant, non, ils sont pareils. J'en suis sûre.
Je prends un livre et je lis des mots, et je pourrais dire, tiens, ça lui plairait. Peut-être. Ou bien, Elle, elle aurait pu le faire, sauter le pas, traverser la montagne, oser. Elle est comme ça, libre. Et pourtant.
Pourtant, j'aurais, non, j'ai, peur, à l'idée d'un jour vous rencontrer.
Ce serait comme dire une vie en un après-midi. Ce serait, ne pas réussir à dire ce qu'il est plus facile d'écrire. Ou plus honnête. Parce que les mots vont beaucoup plus loin que leur simple apparence.
Qui sommes-nous, avant de nous voir sinon une idée que l'on se fait de l'autre.
Un jour, faudra bien pourtant, faire à l'envie. J'ai envie de vous connaître, entendre vos voix, voir vos visages, résonner de vos rires, ou pas, de voir chez toi, et chez toi, comment c'est là-bas, l'endroit où naissent les mots, l'atmosphère, le chat, le vent d'un jardin qui pousse avec.
Mais on a le temps, pas vrai?
On est immortelles, de là-bas loin derrière notre clavier, on a pas d'âge, pas celui de nos artères, non même pas, juste celui de nos rêves, de nos espoirs, de nos tristesses et de nos joies.
J'en ai connu une. Un miracle. Parce que la plus loin d'entre vous à qui je pense. La plus intrigante en vrai, la plus mystérieuse quand je l'ai vue en chair et en os. Rien ne s'est perdu de s'être vues. Juste d'autres questions. Parce que moi, je n'ai rien vu, juste elle, cette fois.
Alors, dans ma nouvelle vie un peu plus loin du virtuel, je m'éloigne de l'écran, mais imperceptiblement, je pense à vous qui me manquez.
Organisation.
Il paraîtrait que ce soit ce qui me fasse défaut. Précipitation, souvent, quand il reste des choses de dernière minute à faire, imprévues.
Aujourd'hui, intermède.
Un gâteau de beurre, quelques meringues, une tarte aux poires, pour un goûter avec des amis que j'aime. Juste une interruption de mon travail, qui travaille même le dimanche.
Cette nuit, je vais bien dormir. Parce que je n'ai rien sur le feu (et après je dormirai mal si je n'ai rien sur le feu) et parce que j'aurais eu le temps de vous dire tout ça. 

30.10.11

Hectares

Les infos. La radio. La télé. La télé, je viens de m'en détourner parce que je n'arrive pas à voir. Je ne veux pas voir.
Souvent, des inondations dans le monde, des tremblements de terre, des catastrophes naturelles, ça paraît atroce, mais ça paraît loin. Les images sont insupportables, mais elles se ressemblent toutes. Banaliser l'horreur, la télévision le fait très bien et le ton lénifiant (tiens faudra que je regarde s'il y a un lien avec Lénine) des journalistes qui annonce 500 morts comme s'il annonçait de la pluie sur l'ouest, idem.
Je sais ce que sont deux hectares.
Je sais le temps que ça prend d'en faire le tour, un rectangle d'herbe, parfois hautes, parfois drues, des herbes en touffes serrées qui font une butte, un obstacle aux bottes, aux espadrilles, tout dépend de la saison. Je sais que deux hectares, c'est un terrain de jeu fabuleux, un petit champ, une descente à la fontaine, une montée vers le bois, une surface qui se visualise d'un coup d'oeil.
Mais trois milles hectares, non.
Je n'en ferai jamais le tour, même pas en hélicoptère.
J'aurais voulu pourtant pouvoir nous offrir ce panorama quand on y était. J'aurais même voulu piloter l'hélico, un rêve.
Je viens de détourner mon regard de l'écran pour ne pas voir ce petit bout de planète partir en fumée.
C'est pas banal, puisque je connais. C'est pas une image comme une autre parce que je pourrais reconnaître.
Je ne veux pas voir l'île intense (je n'ose plus dire "mon" île depuis longtemps, mais au fond de moi...), ou quel que soit le nom qu'on lui donne ou ai donné, Bourbon, perle de l'océan indien... La Réunion s'embraser autrement que par son volcan.
Trois mille hectares. Non. Je ne vois pas.

Bon : Lénifiant : de Lenis (doux) et facere (faire). Rien à voir.

29.10.11

Ô! tonne le silence!


J'ai.
Ma "carte de presse". Ah ah, un bout de carton deux fois plus grand qu'une carte bleue, donc le truc intransportable que je vais fourrer dans ma besace et oublier. Si un jour on me demande, je serais plus à même de donner le mail de la rédaction que mon numéro de CL. Correspondant Local. Ni pigiste, ni journaliste, juste transmetteur d'infos locales, exclusivement locales. Parce que si tu sors des clous, on te dit que l'étage supérieur de la fusée verra. Ouais mais j'ai mon blog pour dire l'info à ma façon aussi, tiens, si je veux. 

Parce que j'apprend plein de choses.
Je ne savais pas le rôle des vers de terre par exemple, ben maintenant si, je n'en couperai plus un seul et je serai capable de verser une larme devant une charrue qui laboure un champ, parce que je sais que ça tue le sol, et que le sol est un être vivant, c'est pas moi qui le dit mais des scientifiques (conférence du 27 octobre à Locoal Mendon, icitte même) "que j'ai confiance en eux" tellement ils le démontrent bien. Mais ça, c'est l'étage supérieur de la fusée, en théorie on ne "couvre" pas. Ah que. Dommage.
Pis Jean-Noël, y m'a appris aussi, tu vas voir sur le blog où qu'on mange des fois.
Hier j'ai photographié en une seule fois, un maire, un député et un sénateur. Ouais. Même que mes copines qu'étaient là, elles ont dit "ah mais que nous on croyait que t'étais venue que pour le plaisir". Ben sauf que la médiathèque elle était fermée pour l'occasion et que du coup le plaisir des livres serait remis à plus tard. Ah que je me sens importante quand même :
On me dit "t'es journaliste" non, que je réponds, juste correspondante locale, un terme que je ne connaissais même pas d'hier, hier je disais journaliste aussi.
L'autre jour, j'ai appris que les contredanses écossaises c'était pas des PV mais une danse qu'elle vient du moyen-âge, même que je devrais dire "époque médiévale" parce que y avait rien de moyen à cette époque là crois moi que je m'en souviens, bref, qu'elle vient de là, la danse en contre, parce que les écossais et les français étaient potes et ça causait bien la même langue, le français qu'était langue de la cour, et la danse elle est restée mais pas le français.
Pis j'apprends aussi qu'entre le texte que t'envoie et çui qu'est publié, y a des choses qui changent. Mais ça t'aurais pu t'en douter, qu'on me dit. Mais naïve je suis restée moi.
M'enfin bon, j'ai changé de carreaux j'vas pouvoir causer mieux qu'ça sinon on va s'demander qui c'est qu'écrit dans l'canard sinon des analpha-bêtes.
J'en a pris des rouges pour changer, des rectangles pour changer aussi, enfin je me ressemble alors j'te donne pas une image de moi, sinon tu me reconnaitras. Et bof quoi.
T'as compris tout?
Moi, j'me suis bien amusée cteu fois encore.
Bise.

PS: je savoure, le canapé, le silence, le ciel bleu, le ronron du frigo, le chant de l'oiseau qui se demande comment le printemps, et le buddléia qui refleurit. Dans un instant ils vont revenir du vélo, je vais faire le pain pour demain, et puis un far aussi, ce sont des parisiens, y a quoi comme film à la télé ce soir?




27.10.11

Rentrer.

Elle pose son sac sur la table en verre, ça fait chblong comme si elle avait un lingot d'or dans la besace en toile. La maison est sombre, les volets clos, quelques traits de lumière entre les fentes des lamelles de bois, il fait encore jour dehors. Le chat miaule à son mollet de poils déposés, elle verse les croquettes pour ne plus entendre le cri affamé. Elle a pris le courrier au début de l'allée, trois enveloppes blanches et humides d'avoir passé plusieurs jours dans la boite alors que dehors la tempête faisait la grande marée. Elle ouvre un volet, elle enlève sa veste de cuir et met un pull, elle ôte ses escarpins hauts, quelle idée pour rouler en voiture, elle voudrait faire un feu, mais d'abord lire qui lui écrit.
Seulement, elle est fourbue. Les nuits sans sommeil, un travail qui la fait partir presque chaque soir, des journées de recherche sur des sujets qu'elle ne connaît pas, les lunettes à choisir parce qu'elle avait envie d'en changer, c'est comme les chaussures, elle change tous les trois ans même si c'est pas usé.
Elle a les yeux qui brûlent depuis la veille, elle a beau les fermer, le sommeil la fuit, elle sait bien qu'elle n'a rien d'autre à maîtriser que sa fatigue et elle n'en mène pas large.
Une enveloppe est plus grande que les autres, un organisme de crédit qui lui prête 900€ presque gratuitement. Bon pour le feu. Une autre est étroite, une invitation à un vernissage. Elle ira.
La maison est froide, elle a froid plus exactement.
Une odeur, un parfum qu'elle ne connaît pas, même s'il lui est familier, une saveur indiscernable.
L'enveloppe épaisse?
Elle a bien sûr reconnu l'écriture. Les couleurs, en fait, avant même les lettres, elle sait qui est l'auteure.
Elle devine que le parfum vient de là, et déjà, elle a un peu moins froid. La maison est comme habitée. On l'attendait, au frais, à l'humide d'une boite en fer blanc.
Elle va faire un feu. Pour brûler les enveloppes sans fenêtres, pour réchauffer l'air, et puis elle va faire frémir un peu d'eau. Elle sait que la tasse brûlante entre les doigts, une effluve exotique d'un pays de montagne, (ou pas, mais c'est comme ça qu'elle l'imagine : une maison avec une vue sur les brumes et les roches énormes, dodues comme des éléphants, des couleurs du rose au noir, des incertitudes de ciel comme on en fait peu, mais toujours un émerveillement parce qu'ici, elle ne se lève même pas aussi tôt, et sa seule montagne est haute comme une colline), cette tasse, elle pourrait la partager sans mots dire, parce qu'elle ne sait pas dire merci.
Tiens, je n'ai pas encore fait de feu.

23.10.11

La vie des autres...

Le matin elle se lève dans le froid de la maison en pierres. Elle se débarbouille avec l'eau du broc, posé sur une table dans la salle commune. Le jour n'est pas encore levé quand elle passe ses galoches inconfortables et qu'elle sort dans la brume qui s'élève du sol. Parfois le paysage l'enchante, le soleil rasant qui dépasse peu à peu des bois de chênes, des haies de noisetiers, alors que la route en terre est dure sous ses pas. Elle a 7 ans et doit faire ses trois kilomètres quotidiens pour aller à l'école. Au bourg, elle retrouve ses camarades et sa maîtresse, elle n'oublie pas qu'en sa présence elle ne doit pas prononcer un mot de breton. Sinon, un coup de règle sur le bout des doigts, elle s'en souviendrait. 
A l'heure de midi, elles se retrouvent toutes pour aller manger au couvent. La nourriture n'est pas bonne et il n'y a presque rien dans la gamelle. Elle se sert du pain pour rendre plus facile le passage du reste du plat. 
Dans la cour, les filles et elle chuchotent. Elles se racontent des secrets en breton, en jetant un oeil attentif sur la porte de la classe au cas où la maîtresse sortirait et les surprendrait en plein délit.
Un jour, elle a été malade. Elle n'a pas pu se lever de son lit, elle y a passé la journée. Il n'y avait pas de docteur, elle attendait que ça passe, comme tout. Elle échapperait aux devoirs ces soirs-là, mais il lui faudrait les rattraper plus tard. C'est qu'on ne s'amusait pas volontairement en ce temps-là.
Même si Philo aime plus que tout mettre en boite. 

C'est ce que je constate cet après-midi-là alors qu'elle me raconte volontiers ce qu'était sa vie dans le temps.
En la réécoutant (faut que je me trouve un truc avec une autonomie de bande de plus de 40 mn) je m'aperçois qu'il reste pas mal de questions en suspend. Ce sera l'occasion de retourner la voir, elle m'a dit de le faire quand je veux.
Je veux lui poser la question de sa rencontre avec son homme, celui avec qui elle vit depuis....plus de soixante dix ans? Son homme que je n'ai pas vu cette fois, il farfouillait dans son atelier, il a son caractère et des fois il préfère ne pas causer, du haut de ses 100 ans.
Je veux savoir si elle avait de rêves... Me le dira t-elle?
Je voudrais connaître son avis sur la vie des femmes avant, pendant et après la guerre.
Je voudrais comprendre son quotidien, sa résistance.
Elle a eu mention bien à son certificat d'études, elle continue de lire, tous les jours un gros livre est posé sur ses genoux, alors qu'elle est assise dans son fauteuil de longues heures depuis qu'elle s'est cassé le col du fémur.
Elle ne se plains jamais. Elle le dit : "on ne se plaignait pas". Et c'est encore le cas.
Son amie qui passe la voir me dit "la Philo, tout le monde la connaissait, c'est pire que Sarko" Eclats de rires.
J'ai aimé faire ça, lui poser des questions, me perdre dans ses réponses, comprendre une fois et puis finalement me rendre compte que c'était plus tard ou plus tôt. Philomène mélange un peu et moi aussi, c'est pas dans l'ordre, mais c'est passionnant.
Je vais raconter l'école et les commerces. Cette fois. Et puis peut-être qu'une autre fois, elle me dira la vie tout court, celle de tous les jours.



19.10.11

Rôti façon Orloff

C'est comme ça que je me sens ce soir : en tranches, avec plein de choses entre, le potentiel riche et bon est grand, mais je n'ai pas encore ficelé le rôti, faut que ça décante, alors je vais causer ici d'abord, ça va m'aider.
Réveil. 8H00. (environ, deuxième réveil, le premier à 6H30)
Nourrir les chameaux réveillés encore plus tôt que moi comme il se doit, mais sympas les chameaux, ils n'ont pas bramé ce matin.
Petit déj. 8H30.
Le Far, fait dare-dare la veille au soir, parce que mauvaise mère, je n'ai pas eu le temps de faire du pain (merdum, et demain alors? rien!).
Article un, 9H00, j'ai suivi l'atelier informatique la veille, fait une photo, faut charger la dite photo et rédiger. Chut les enfants, j'ai presque fini, attendez encore un peu, j'arrive. 10H00.
Habillage, décrassage des crocs, manteaux.10H30.
Auray.
Passage à l'AFPA, 11H00, pour prendre en photo un futur entrepreneur de la commune qui se lance, les enfants dans la voiture, se marrent. L'homme photographié aussi.
Arrêt achat cadeau pour anniversaire d'un copain de aînée l'après-midi. 11H30.
Retour à la maison. Mince, déjà midi.
Repas.
Oh chouette des épinards, vite la pâte sablée, en double parce que je ferai une autre quiche demain midi.
Se couper le doigt en équeutant les belles feuilles brillantes.
Cuire. 12H30.
Monter donner quelques coups de fils pour un autre sujet qui m'est venu, la Cohérence et le slow food sont concernés, et l'huître, et un type vraiment passionné de son métier, sujet vaste et compliqué, recherche d'infos chez les gens qui la font.
Vérifier que le RDV de 17h est OK.
L'homme rentre du lycée avec ses copies, c'est moi qui ferait taxi cet aprèm. 12H45.
Manger, vite, en quinze minutes à peine, pas le temps d'un café, j'emmène aînée à son cours de guitare, 13H30, Auray, avec passage/arrêt avant pour emmener le copain qui fait l'Anniversaire après son cours de guitare aussi. Déposer les guitaristes. 14H00.
Retour à la casa. Prendre Cadet, pas benjamine, elle avait mal au ventre, est à la sieste.
Sac de piscine de fils et aînée.
Auray. 15H00.
Récuperer les guitarophiles et filer à la piscine, déposer fils et fille, 15H15, et ramener le copain chez lui, il est attendu pour son anniversaire. 15H30. (Je l'ai déjà dit?)
On m'invite à prendre un kawa, j'accepte. Terrasse, soleil, amis, chouette. Sauf que, mince il est quatre heures, poussez vos voitures lesparentsducopainquiasonanniversaire faut que je retourne chercher fils et fille à la piscine.
Auray.16H18.
Ils m'attendent (on a eu peur maman (3mn de retard?) ).
Retour casa prendre le cadal, et redéposer fille chezlecopainquiasonanniversaire, dix ans au fait. 16H45.
Pas le temps d'un café.
Retour casa (comment ça je me répète?) prendre l'appareil photo, il est 17H, j'ai rendez-vous chez Philomène, une jeunette de 94 ans. Elle ne sait pas que je viens, c'est son petit fils qui m'emmène, Philo est ravie.
Elle a un bouquin entre les mains, pourvu que je puisse encore lire à son âge, elle est mariée à son Arthur qui a 100 ans depuis presque un an, c'est lui que je voulais voir d'abord, mais il est sourd et a ses jours...
Y avait 21 café à Locoal-Mendon. Mazette.
18H10, retourner à la maison, chercher fils et benjamine qui n'a plus du tout mal au ventre et sent que ça ne va pas revenir non maman je t'assure, et aller chez les amis, rejoindre fille aînée. 18H30. Papoter un peu, un verre de rosé frais, rentrer vers 19H30. Homme toujours sur ses copies, veut les finir avant les vacances.
Repas?
Oh, ben, pâtes au jambon, en tranches, maman est kaput.



17.10.11

Comme un dimanche...


 La veille, faire des tas de cailloux sur le sable meuble, regarder les vagues, écouter leur chant, voir les rires des enfants sur la photo d'avant, et puis en vrai, là, devant.
Le jour même, y aller, déposer le bulletin dont tu sais qu'il ne sera pas majoritaire, tu n'avais pas voté pour elle au premier tour, mais là, tout de même, une femme, qui dit ce qu'elle pense, oui, tu aurais aimé, tu votes pour une femme.
De toute façon depuis le début tu hésites, tu ne sais pas bien ce qui les différencie, il te faut l'avis de ton homme, qui sait mieux, et puis, tu finis par te dire oui, elle vit avec lui, c'est une femme bien, elle cite Aimé Césaire à la radio parfois, il doit l'être aussi, alors tu as voté pour un homme.
Au final, tu admires ce qui s'est produit, la mobilisation de tous, de tant de gens, alors même que dans ta commune ils ne sont que 333 (dites 33) sur les plus de 3000 habitants. Tu y es allée, les mains dans les poches, l'air de t'en fiche qu'on te mette une étiquette, fière au fond de faire partie d'une minorité, oui, c'est le cas ici, tu revendiques. T'étais pas nombreuse. Du coup, on est poli avec toi, on te dis du madame et on te conduis aimablement, on t'explique alors que tu sais, mais ne gâche pas le plaisir quoi.
Glisser l'enveloppe bleue.
Et puis, prendre la voiture et aller te changer les idées avec les tiens, dans cet endroit qui te fait toujours de l'effet, y a pas, la montagne armoricaine ni calamar, tu aimes.

 Montagne?
Oui, quand tu vois les photos d'L. tu souris. C'est sûr, pas tout à fait la même montagne. La sienne est abrupte, la tienne est douce. La sienne est grandiose, la tienne cache son jeu.
Mais peu importe, dans les deux cas, c'est beau.
Le vert strident, on pourrait le croire radioactif, tellement vert, mais c'est juste le soleil qui arrête son rayon, juste là, avant que le nuage prenne d'assaut la descente du mont.
La plus petite dit, on dirait la savane, oui, répondons-nous, mais tu ne vois pas de girafe, tu aimerais un baobab.

Après tu rentres, de "rentrer chez toi", tu as plusieurs chez toi, et toujours ce même immuable paysage pourvu que ça dure, de vallons, de creux et de bosses, du bois de l'Isle, et de vaches non plus pie-noires, mais crèmes, les temps changent tout de même.
Un jour, tu construiras une cabane en haut de ce champ-là, tu l'as écrit, tu ne t'en lasses pas.


Même si un pommier fait des pommes grosses comme des cerises, on dirait une guirlande de noël, mais bien plus jolie, et puis ton fils y goûtes, y sourit, elle est un peu sucrée la pomme de lutin, de korrigan, de petit être en somme.

Le soir, tu sais qui a gagné, bon, tu ne sais pas si tu aimes, parce qu'aucun de tes votes n'a été validé,  mais tu sais qu'il y a eu leçon de démocratie.
Advienne que pourra.

Ps (!!) : Oh, quand tu cliques sur une photo, elle s'affiche en diaporama avec les autres du billet dis donc.

14.10.11

Déchaîne Ment...



Ciel !
Bleu, il s’allonge sur l’horizon comme un ruban de mer perdu dans les airs on le voit, on voudrait le toucher, il s’insaisit comme le courant de l’eau qu’on dirait croiser en bateau, alors que chacun sait que le bateau ne fait qu’en croiser d’autres, et encore même pas de sirènes, point de pompiers dans l’amarre salée, point de rocher où se fixer telle une patelle dévergondée, file au vent et revient tout de suite mettre un point à cet horizon perdu de ciel entêté.
Nuage !
Blanc ou gris c’est selon, qu’il décide ou non de faire salon devant ma baie vitrée, salie de pluie, mouillée, comme si les larmes qui pleuvent cherchaient par où entrer alors que ma porte est toujours ouverte, ou rouge plutôt je préfère, ça m’amuse tiens, de te faire croire qu’ici c’est un moulin, alors que tu sais bien qu’il faut appeler d’abord, comme le type hier soir « allo, tu es dans ton lit ? » non, « allo, Monique ? » non, pas Monique, je t’ai fait la nique de cette appel trompé, pas elle j’espère, mais loin de te souvenir d’un numéro, tu t’es trompé, bougre.
Bois !
De mon bureau jusqu’à la lie, je tiens le verre qui l’encadre du bout des doigts et je vois en reflet le ciel et le nuage, d’ici haut, un jour qu’il fait beau, ça arrive parfois comme les trains sur les quais de gare, à l’heure jamais, en grève souvent, de plage où les pique-niques de Monique peut-être lui manquent, sait on jamais de quoi le pain quotidien sera fait, de tapas aux poivrons grillés rouges ou vert, fermés dans la mie trempée, de sel de l’eau de l’embrun qui fume sur ta main.
Rit !
Oui, de qui de quoi, de quelqu’un pourquoi pas, de la vie aussi c’est bien de mettre du poivre, ça pique et ça pleure le nez, comme la moutarde jaune qu’il me tarde de faire ancienne, pour les points qui la parsèment, une fois sur l’escalope, salope, ouh, que dis-tu bougresse, soit donc polie dans ton délire rugueux, comme la planche du cercueil d’Addie que son fils, qu’elle déteste d’aimer trop fort, et le courant qui les traverse, verse la charrette, noyés, sauvés par la mule, non, une mule fait trop la tête pour sauver qui que ce fut, de toute façon, elle est morte, Addie, et la mule, aussi. 

11.10.11

Les sources.

La gourmandise.
Oui, ça c'est un truc que j'ai appris à aimer, que j'apprends toujours, que je découvre de plus en plus, c'est sans fin.
Les choses qui durent, comme le chocolat, les choses nouvelles comme les épinards.
Tu vois ce fouet qui ne fait pas plus mal qu'un nuage? il vient de battre un Sachertorte, ça se mange mieux que ça ne s'énonce.

 Les livres.
J'ai commencé "Tandis que j'agonise" de William Faulkner. Je n'ai jamais lu un livre comme ça, où le mot est comme le bois duquel est fait le cercueil d'Addie, que son fils façonne à sa vue, comme elle l'a voulu. Apre, poétique, terrien, humide, boueux, solaire.
J'ai fini, depuis un moment, "Le goût âpre des kakis" de Zoyâ Pirzâd, édition Zulma (le même que Rosa Candida, je crois que cette maison va devenir ma favorite), et j'ai aimé, oui, même si j'ai eu un peu de mal à y entrer.
Les livres me réconfortent, me désespèrent aussi parfois tellement le talent m'assomme, mais les livres oui, me nourrissent comme le chocolat.
L'amitié.
Comme les évidences. Pas besoin de s'appeler chaque jour, pas besoin de faire semblant. On peut se revoir, laisser des blancs entre nous, ou parler d'absolument tout. Passer des moments qui comptent. Des moments choisis.
La danse.
Le plaisir des yeux, d'abord. Avant de retrouver le plaisir du corps. Celui que j'attends. Celui qui me dira qu'enfin, chacun de mes muscles fonctionne, roule, que les rouages se replacent, et que je peux sauter, comme mes amies d'hier soir, que j'ai filmées. Le tressaillement de la musique faisant vibrer chacune de mes molécules. Bouillonnement.
La musique. Celle qui s'écoute les yeux fermés, celle qui se danse, celle qui se chante. Celle qui se hurle dans l'habitacle secret d'une voiture. La musique, tous les jours.
Le paysage.
Celui de tous les jours. Celui qui me prend par surprise alors même que les lumières s'assombrissent. L'horizon qui se dégage devant mes yeux, devant les roues de la voiture, la liberté.


Les miens.  Avant. Après. Pendant. Là. 
Mes sources.

Et les vôtres?

6.10.11

Matin.

Il est 6h30.
Le drap est doux sous ma main, mes paupières closes ne sont pas crispées, l'air qui frôle ma joue est tiède, la voix qui annonce la mort de Steve Jobs ne sait pas que je vais sursauter, il est 6h30 et pour une fois, je me sens bien.
Je veux dire, pour une fois, je n'ai pas les yeux qui brûlent avant de les avoir ouverts ou bien trop chaud, ou bien trop froid, ou bien la flemme de me lever.
Hormis le pommier mort, tout va incroyablement bien.
Faut-il chercher cette paix dans le fait d'avoir trouvé une activité qui me plaît?
Ou bien d'avoir la conscience tranquille de faire les choses bien?
Ou encore de n'avoir aucune facture en retard? (oui, reste la taxe foncière).
Peut-être bien aussi que la bonne santé de mes proches, ou les guérisons en cours.
Le temps clément, à la bonne température, et parfois un rayon de soleil.
Il fait nuit maintenant au réveil. J'entends les poissons rouges faire leurs bulles.
Ils sont frénétiques ce matin, peut-être ont-ils faim?
Le café est passé, son parfum m'ouvre les papilles, il y a des zotes donc du pain frais, je m'en coupe une tranche. Il me faut ouvrir un nouveau pot de confiture d'abricot, c'est déjà le dernier, je vais apprendre à faire de la gelée de pommes, il n'y a que ça.
Fils a déjà descendu deux fois l'escalier, une pour boire de l'eau, l'autre pour me faire un câlin.
Dans trois minutes, je vais monter les réveiller.
Il y a de bons matins.

8H26; charade de fils :
mon premier est la première syllabe de mammifère
mon deuxième est la première syllabe de manger
                                     Et mon tout, nous aime.

3.10.11

Félicité.

C'est pas le nom de la chatte. Ç'eut pu. Car elle vient de faire chaton(s), quelque part chez le voisin. Je le sais parce que toute la matinée elle m'a tourné autour, je lui ai préparé une caisse, avec serviette éponge s'il vous plaît, et je suis restée avec elle. Mais l'après-midi, je ne pouvais pas. Et puis je n'y ai plus pensé. C'est quand elle est revenue affinée le lendemain réclamer pitance que je me suis dit qu'il y avait baleine sous caillou, ou chaton dans foin. Je chercherai aujourd'hui, je la suivrai, détectivement parlant.


Puis hier.
On était le 2. Rien de spécial jusque-là. Octobre. Ça arrive aussi, plus souvent qu'on ne pense.
Il nous est souvenu, que nous passions des deux octobre dans l'eau bien souvent quand on habitait tout en bas de la carte. Enfin, au milieu du bas.
On était le deux octobre hier et il devait faire pas loin de 27 digreases.
Quand on est arrivé à la plage où nous n'allons qu'en hiver, celle aux Kite et aux chars à voile, aux surfs et aux PAV, il y avait déjà un peu de monde mais c'était vivable. On avait prévu le pique-nique. On a tendance à s'éloigner du troupeau. On se pousse loin, dans le creux, l'espace vide, loin des gens quoi.


Puis devant nous, le sable perpétuel, celui qui va chercher loin l'eau bleue, l'onde fraîche.
On avait eu du mal à trouver nos chapeaux dis donc, tellement on ne s'en est pas servis cet été.
On avait trouvé la crème solaire, qui elle se mélange aux médocs dans la pharmacie.
On a mangé, puis ils se sont baignés, tous, longtemps, très longtemps. Je vois encore Fils revenir chercher ses lunettes de plongée, parcourir les trois cents mètres de sable dur, fouiller du regard la foule de parasols pour nous retrouver, sur les kilomètres de sable blanc. Lui indiquer le quatrième parasol orange, et avant le cinquième paf, on y est, juste in the middle. Réaliser la foule.


Je vois Benjamine courir devant la vague, lui faire face et lui tirer la langue. Je vois Grande s'éclabousser de larmes de mer, mille éclats brillants de soleil.
Profiter. Avoir chaud à la plage. Marcher dans l'eau.


Rentrer à la maison. Faire à manger. Rincer les enfants dans le bain. Laver les cheveux. Sortir des pyjamas propres. Les voir rutilants sortir. Leur proposer un dessin animé pendant la cuisson du repas. Aller prendre un apéro avec l'homme sur la terrasse des Zôtes (à l'ombre, donc). Profiter.
Voir le croissant de lune entre les feuilles fines du bambou vert, sur un ciel bleu franc.


Regagner la cuisine et s'apercevoir que les enfants regardent le concert de musique sur Arte. Ça parle d'Henri IV, ça se passe au château de Versailles, Fils et Filles veulent apprendre à jouer de la viole de gambe et de la flûte au château de Versailles. Sourire. Expliquer. Montrer les instruments. Dire le Baroque. Hésiter sur le luth. Promettre de leur faire écouter Purcell.
Les mettre au lit et leur raconter une histoire. Puis deux, puis trois. Pétronille et ses 120 petits. Loulou. Les livres de l'école des Loisirs, Claude Ponti (génial) Grégoire Solotareff. Se souvenir de l'amie qui racontait "l'Afrique de Zigomar"(Philippe Corentin) et les éclats de rire de la dizaine de gamins fascinés.
Se dire qu'on va regarder un film.
Et s'endormir sur le canapé.