(pas d'hier, cette photo, mais je vous ai aux petits oignons )
J'en connais qui savent qui elles sont. Le vous.
Cette amitié virtuelle, qui prend les ondes pour un passe-muraille, et emmène plus loin qu'on aurait l'air d'y croire. La magie du temps qui est passé, des mots échangés, comme des moments qu'on aurait vécu ensemble alors qu'en vrai on se s'est jamais vues. On se connaît. On se connaît bien. Enfin, on croit qu'on se connaît, parce qu'on s'est dit des choses et qu'on s'est reconnues dans les mots qu'on a dit. Enfin, écrits. Parce qu'on ne s'est jamais parlé non plus. On ne se connaît pas par la voix.
Pourtant, les voix, c'est un identifiant remarquable. A mon parrain qui disait, oh tu n'as pas changé de voix, je lui ai répondu toi non plus, ce petit accent, celui qui nous est familier au-delà des années, c'est étrange comme il ne s'oublie pas. J'aurais pu dire aussi, j'ai croisé ta voix dans la rue et je t'ai reconnu.
Toi et toi, je ne peux pas dire ça. Mais, j'ai l'impression de pouvoir penser, oh, ça, elle ne l'aurait pas fait, ou pas dit, ou pas écrit. Ou bien l'inverse.
Je mets les Têtes Raides, forcément c'est toi que je vois à un jeudi du port improbable, d'il y a mille ans, parce que je ne les connais plus, ces jeudis, depuis la dernière fois, ça devait être en 98, et comme ils ont du changer les jeudis. Et pourtant, non, ils sont pareils. J'en suis sûre.
Je prends un livre et je lis des mots, et je pourrais dire, tiens, ça lui plairait. Peut-être. Ou bien, Elle, elle aurait pu le faire, sauter le pas, traverser la montagne, oser. Elle est comme ça, libre. Et pourtant.
Pourtant, j'aurais, non, j'ai, peur, à l'idée d'un jour vous rencontrer.
Ce serait comme dire une vie en un après-midi. Ce serait, ne pas réussir à dire ce qu'il est plus facile d'écrire. Ou plus honnête. Parce que les mots vont beaucoup plus loin que leur simple apparence.
Qui sommes-nous, avant de nous voir sinon une idée que l'on se fait de l'autre.
Un jour, faudra bien pourtant, faire à l'envie. J'ai envie de vous connaître, entendre vos voix, voir vos visages, résonner de vos rires, ou pas, de voir chez toi, et chez toi, comment c'est là-bas, l'endroit où naissent les mots, l'atmosphère, le chat, le vent d'un jardin qui pousse avec.
Mais on a le temps, pas vrai?
On est immortelles, de là-bas loin derrière notre clavier, on a pas d'âge, pas celui de nos artères, non même pas, juste celui de nos rêves, de nos espoirs, de nos tristesses et de nos joies.
J'en ai connu une. Un miracle. Parce que la plus loin d'entre vous à qui je pense. La plus intrigante en vrai, la plus mystérieuse quand je l'ai vue en chair et en os. Rien ne s'est perdu de s'être vues. Juste d'autres questions. Parce que moi, je n'ai rien vu, juste elle, cette fois.
Alors, dans ma nouvelle vie un peu plus loin du virtuel, je m'éloigne de l'écran, mais imperceptiblement, je pense à vous qui me manquez.
Organisation.
Il paraîtrait que ce soit ce qui me fasse défaut. Précipitation, souvent, quand il reste des choses de dernière minute à faire, imprévues.
Aujourd'hui, intermède.
Un gâteau de beurre, quelques meringues, une tarte aux poires, pour un goûter avec des amis que j'aime. Juste une interruption de mon travail, qui travaille même le dimanche.
Cette nuit, je vais bien dormir. Parce que je n'ai rien sur le feu (et après je dormirai mal si je n'ai rien sur le feu) et parce que j'aurais eu le temps de vous dire tout ça.