31.5.10

Les vérités de Miss.Tic (5)

Yes.
On recommence.

"LE MANQUE
C'EST UN OISEAU
QUI CHERCHE
SES AILES"

L'oiseau. Il sait voler l'oiseau, c'est sa nature même.
Tu le vois du sol, qui plane, là-haut, dans le bleu, d'ailleurs quand il fait bleu il chante encore plus fort.
Un jour, tu portes un oiseau dans tes mains, il a le coeur qui bat vite, enfin, c'est ce que tu crois, parce qu'au fond peut-être que c'est aussi sa nature, à l'oiseau, d'avoir le coeur qui bat vite.
Tu portes cet oiseau qui a perdu ses ailes. Tu pleures presque de le voir si démuni, si perdu, tu voudrais le soigner, le guérir, lui faire une boîte en carton avec du coton, juste pour qu'il se sente bien, qu'il ne pense plus à ses ailes.
Mais elles lui manquent ses ailes, voilà qu'il sait qu'il en a quand elle ne sont plus là.
Toi, toi, tu as le coeur qui bat.
Comme l'oiseau qui a perdu ses ailes, il peut te manquer quelque chose. Tu cherches du regard, tu tournes la tête façon oiseau, un coup d'oeil à gauche, clin d'oeil, hop, un coup d'oeil à droite et rebelote, l'oiseau est répétitif, et toi dans le manque, aussi. Tu cherches, tu tournes, tu vires, tu regardes même à l'intérieur de toi, voir s'il ne serait pas caché là.
Tu sais pourtant bien de quoi tu manques. Et tu sais même où il se niche. C'est juste que tu n'as pas les bonnes ailes, pour voler dans le vent, l'y retrouver.

30.5.10

Les Roses Rouges (Conte du Hamac/5)

Je me rappelais soudain de ces nuits où la Vie.
Ces nuits où le premier cri des nouveaux nés ressemblait à une douce musique. Je les revis, petits, menottes, yeux ardoises, joues rondes, peau de pêche.
J'aime croquer les pêches comme j'aimais embrasser leurs joues rondes, leurs pieds doux, leur peau de bébé. Comme j'aime les embrasser.
Je les ai vus s'approcher comme dans un rêve, ils étaient petits, ils étaient grands, ils étaient fiers. Je les ai vus comme ils ont été, comme ce qu'ils sont et leur devenir.
Au bord de mon lit, ils me disent, "ferme les yeux, maman", je continue de faire semblant de dormir, c'est facile, il est encore tôt, je suis bien, au chaud, et je souris.
J'entends leurs chuchotement, l'un qui dit: "cache dans ton dos" l'autre qui chante "bonne fête mamannn", et je sais que j'ai le droit d'ouvrir les yeux.
Leurs yeux.
Ils sourient, ils brillent, ils sont ravis.
Leurs sourires.
Ils sont grands, inquiets, jubilent.
Trois paquets sous mon nez. Tout revient, du premier dessin au dernier collier, j'ai tout gardé en mémoire. Je pense aussi aux maîtresses, j'admire leur imagination et leur savoir-faire.
Trois cadeaux du coeur.
Ca fait des semaines que je les entends dire "c'est un secret", "on ne peut le dire qu'à papa" et c'est bien la première année que je ne devine rien.
Pas de jaloux, je fais amstramgram pour savoir par lequel je commence: un collier de perles en papier. Puis je continue, un coeur rouge en bois, avec miroir, "je t'avais dit maman" et enfin, un coeur de roses en papier, cette année, encore je suis gâtée.
Croyez-vous que ce soit vraiment un conte?

24.5.10

Torpeur (conte du hamac/4)

Enfin.
J'ai longtemps espéré ce voyage qui m'a conduite jusqu'ici.
Nous marchions dans le désert, le pas lent de la monture nous permettant de ne pas trop réfléchir à la direction, elle seule saurait nous mener à destination.
Je n'aurais jamais pensé avoir si chaud.
Partir au petit, très petit matin, alors que les étoiles n'ont pas encore renoncé à la nuit, parler au début, pour se réveiller, pour se dire notre enthousiasme, bivouaquer alors qu'enfin l'horizon se révèle à nos yeux émerveillés, un thé, brûlant, un feu intérieur qui nous permettrait peut-être de mieux résister à l'incendie du désert.
Sans qu'on s'en rende compte les voix se sont tues, cherchant à garder à intact la moindre bouffée d'air qui nous parvenait. Sans qu'on s'en aperçoive, le pas s'est fait moins rapide, il me semble que nous aurions tous aimés enfourcher la monture, la délivrer de son bât pour le remplacer par le nôtre.
Le guide était imperturbable.
Nous autres citadins, gens de la ville, avec nos godillots neufs et nos sahariennes de pacotille. Il nous avait prévenus. Il nous avait dit en quelques mots que ce serait dur. Nous le savions sans trop y croire, on ne sait ses limites que si on les approche, nous avions depuis des heures l'impression de les avoir franchies mille fois.
Il faut dire que la luminosité.
Il faut imaginer marcher sur la bande de sable chaud, bouillant, qui, de loin, fait vibrer l'air, dessinant nos silhouettes comme des traits de pinceaux d'aquarelle, des taches imprécises et sombres ou mouvantes, insaisissables. Aquarelle, peinture à l'eau, impensable en ce lieu.
Je marchais lentement, mes pas dans les pas de celui qui me précédait, le sable me faisant comme une gangue de papier de verre, la chaleur traversant mes semelles épaisses comme une feuille de cigarette, enfin, c'est ce qu'il me semblait alors.
Ma bouche devait être aussi gondolée que le meilleur carton d'emballage, et la soif qui gonflait ma langue, ne devait rien envier aux naufragés du radeau de la méduse, entourés d'eau mais morts de soif.
Il faut dire que j'avais tout bu.
Et les autres aussi.
Nous avions confiance dans le guide, mais la torpeur gagnait du terrain.
Nous étions ensuqués, même plus collants de la transpiration du début, juste secs, durs, muets, abattus par la chaleur suffocante du sable, de cette planète de sable, car il semblait bien que nous n'arriverions jamais.
Et puis, alors qu'on ne l'attendait plus, nous avons senti un changement d'atmosphère. L'air s'est allégé autour de nos épaules fourbues, nous sentions comme un certaine humidité reconquérir nos palais, et l'entrain de revenir alors qu'au loin nous vîmes du vert et du bleu, couleurs de l'espérance s'il en est.
Le vent soulevait nos chemises, les oiseaux marins nous saluaient, nos pas se faisaient plus rapides, nous étions arrivés. La mer et ses bienfaits.
A l'heure où je vous parle, je suis dans un hamac merveilleux, suspendus entre deux arbres à la verte ramure, et le vent me souffle aux oreilles que j'ai fait quelque chose de bien, mais il me demande à quoi ça va bien me servir tout ça.
T'occupes, lui réponds-je.
Ce vent est bien curieux, je trouve.

Les vérités de Miss.Tic (4)

Le début là...

Hop.

              L'ÉTHIQUE
              C'EST
              L'ESTHÉTIQUE
              DU DEDANS.

Ah.
Est-on tous bien beaux du dedans?
Est-on tous d'accord sur le sens du beau?
A quoi ça sert d'être éthique, puisque si c'est l'esthétique en dedans, on ne la voit pas.
L'éthique, c'est donc un truc secret qu'on est seul à savoir si on la partage. Encore faut-il que nous voyions clair en nous même. La lumière n'est pas donnée à tout le monde, si?
La beauté intérieure de l'éthique. J'aime cette idée, ça me fait penser au portrait de Dorian Gray.
Miss.Tic a raison. Et je crois bien qu'on peut pousser l'idée à l'honnêteté, ou à la bonté, ou...mais ce serait moins joli, c'est vrai.

22.5.10

Samedi bien.

Tu as le nez qui dépasse du drap, le vent vient chahuter les feuilles de l'arbre, ça bruisse dans ton oreille.
Tu as chaud, tu es bien, pas de raison de sortir, ce matin.
Si.
Rendre hommage au ciel bleu, et profiter du vent chaud, un vent qui viendrait du sud, un vent chargé de méditerranée, la belle bleue.
Sortir compter les fleurs, sentir les nouvelles odeurs, admirer le jaune, le bleu, le vert, tiens, ça y est tous les arbres sont verts.
T'assoir près du saule tortueux, ses petites feuilles, sa couleur tendre.
Espérer le parasol du Sumac, bientôt il aura d'assez grandes feuilles, pour poser ton bivouac.
Te dire que l'herbe, il faut tondre, elle n'en peux plus de pousser après ce long hiver morne.
Apercevoir un papillon, puis deux puis trois, ne pas y croire, y en avait-il autant avant?
Papillon, petite fleur du ciel, connaissez vous, sinon, ce Papillon-là?
Tu t'es levé(e), tu as compris que certains jours, c'est encore mieux, que certains jours, il faut profiter de tout, c'est encore comme ça que c'est le mieux.

21.5.10

Matin bleu.

Je ne suis pas encore levée mais j'ai envie d'ouvrir les yeux.
Les fenêtres donnent de la lumière, et l'ouverture laisse passer le son du chant des oiseaux. Il n'y a pas eu de tracteur ni de moissonneuse cette nuit, j'ai bien dormi.
J'aperçois du bleu et du vert.
Voilà qui est de bon présage, le bleu. C'est peut-être que la grisaille se fatigue.
Je ne suis pas encore levée, j'ai ouvert les yeux, et je me dis que l'été. Je réfléchis, un peu, beaucoup, à me demander où est ma robe bleue.
C'est qu'il y a des tiroirs, trop pleins de choses hivernales, alors que ce sont des affaires d'été que j'ai une fringale.
Fouiller, trouver, défroisser, se forcer à repasser un peu, enfiler, se sentir léger.
Ou peut-être que ce sera jupe et chemisier?
Je ne suis pas encore levée, j'ai mis quatre minutes à rédiger ce billet, il en faudra plus pour m'habiller.
A cause du temps que je mettrai à trouver mes affaires d'été.
Tiens, et si je me levais?
Ce qui est certain, c'est que je n'aurai pas à me coiffer ce matin...et ça c'est vachement bien.

18.5.10

Silence...?

Parfois, je reste dehors le soir, quand la nuit est tombée depuis un moment déjà.
J'aime écouter le silence.
Je m'entends quand je dis ça, parce qu'en terme de silence, ça se pose là. J'enlève les bruits divers de moteurs de la technologie humaine, aucune voiture entre autres.
Parce qu'à la campagne, on a des voitures. On a même des tracteurs parfois. Vous avez déjà croisé un tracteur, genre moissonneuse batteuse en pleine nuit noire? Sur une route de campagne, c'est quelque chose de saisissant; le bruit est effrayant, à vrai dire, même de l'intérieur de la maison on l'entends, elle moissonne son champ, la nuit oui, je me demande pourquoi, je me dis urgence météo, ou alors la même moissonneuse pour plusieurs champs, alors faut aller vite, et on travaille même la nuit?
Je sais que plusieurs d'entre vous ont la réponse. M'enfin, imaginez le citadin qui croise sur la petite route de campagne, se croyant seul dans le silence et la nuit noire.
La rencontre est, mémorable. `
D'abord un bruit, un grondement, on tourne la tête, on cherche d'où cela peut bien venir. On est assez vite fixé. Une lueur fantastique fait face à tes yeux ronds, des phares blancs, bien plus hauts que ceux des voitures (ben oui, n'oublie pas la taille des roues de ce monstre là) , et que tu sois dans un véhicule lambda ou à pied, tu ralentis, crois-moi. A pied même (si, tu peux te retrouver sur une route de campagne en pleine nuit, à pied, un repas chez des amis voisins par exemple), à pied donc, même avec ta "pile",  tu piles et tu attends sagement, presque dans le fossé, parce que la largeur, tu vois. Enfin, au fond, la largeur tu ne sais pas vraiment puisque tu ne vois rien avec les phares blancs qui t'aveuglent et te font fermer les yeux.
 Et la route vibre et l'air se remplit d'une odeur de terre, de gasoil, de chaud.
Tu te sens tout petit, et tu as bien raison.
Bref, parfois le soir j'aime contempler le silence de la nuit noire. Je me dis que l'étoile, celle qui est à droite de la lune, a sûrement des tas de choses à raconter depuis le temps qu'elle est là. Oui, l'étoile du berger, par définition ça fait au moins deux mille dix ans qu'elle nous regarde d'en haut.
Silence donc.
Ah non, tiens, j'oublie aussi l'hélicoptère de l'entraînement des commandos. Alors ceux là, c'est pas mal. De la fenêtre de l'appart, on les voyait arriver (après avoir été attirés par le grondement qui précède nécessairement, on se disait, mince, ils vont réveiller les enfants ces couillons) on les voyait tournoyer, enfin, le rouge et le blanc et puis le faisceau du phare qui éclairait la mer, plus bas. Tu imagines ça? larguer une dizaine de gars, de l'hélico, direct dans l'eau, froide, noire, oui, la mer est d'encre la nuit.
Basta le silence.
On n'est plus en appart, on est à la campagne, les champs de blé, de colza, les champs d'huîtres on pourrait dire aussi, ça ne fait de bruit qu'en plein jour l'huître, faut pas délirer tout le temps quand même.
Alors dehors le silence.
C'est vrai, on entends même plus les oiseaux, ceux qui chantent au soleil le matin, on entends plus la pie ni le corbeau, ni le merle ni l'étourneau. Je ne parlerai même pas du bavard multicolore sur la branche, là haut.
C'est vrai.
Mais purée, c'est quoi ces grillons qui te font un tapis d'ondes sur le gazon?
J'aime parfois sortir dehors à la nuit noire, mais qu'on ne me parle pas du silence de la campagne !

17.5.10

Les vérités de Miss.Tic (3)

Le début de "l'exercice", .


Miss.Tic continue de me faire causer.
Elle a écrit:
                      FEMME DE L'ÊTRE
                      AVEC LES MOTS
                      DE L'ÂME.

Cette phrase là me fait envie, elle me parle. Elle est écrite mais elle en dit beaucoup.
Être une femme de l'être, de l'être humain de l'être vivant, être une femme de lettres, avec ou sans majuscules, juste quelques lettres pour former des mots. Les mots des lettres, les mots de l'être, être ou paraître, oui je sais c'est facile, c'est pourquoi je n'en dirai pas beaucoup.
L'âme est tranchante, elle aiguise les maux, elle coupe, elle cisaille, elle pourrait en faire des gâteaux de mille mots. Mais c'est parfois immangeable.
Je préfère les maux de l'âme, ceux qui font dire que l'on est, avant de paraître, et de pouvoir la mettre en mots, l'âme, permet peut-être à la poule qui tient le couteau, de ne pas se prendre la lame en-porte-à-faux.
N'importe quoi, ce lundi. Ça ne fera rire que moi. Ah!

13.5.10

Avant. Peut-être.(Contes du Hamac, 3)

Elle regarde la colline balayée par le vent. Elle voit la chevelure des épis de blé, ployer sous les courants, elle se dit que l'océan ce n'est sans doute pas si différent.
Elle porte une chemise de lin blanche, lacée sur le devant, sa jupe et ses jupons ne touchent pas terre, elle les a relevés pour traverser le ruisseau, tout à l'heure. Elle est un peu décoiffée, le vent, encore, mais ses cheveux sont maintenus par la petite coiffe blanche, toute simple, qu'elle n'a pas besoin d'amidonner, puisque ce n'est pas dimanche tous les jours.
Aujourd'hui, elle regarde la colline, ou plus précisément la ligne jaune qui fait des courbes au loin, le petit chemin que seuls les chevaux empruntent.
Elle se rappelle la dernière fois qu'elle a eu de ses nouvelles, c'était l'hiver alors. Un homme vêtu de noir, avec une cape détrempée et salie par la boue et la pluie, avait cogné à la porte, lui bougonnant un bonjour rapide et lui tendant le petit paquet blanc, ou plutôt beige.
Elle avait réfréné son impatience et lui avait proposé un bol de soupe, qu'il avait bu avec un plaisir évident. Le cheval aux naseaux frémissants, laissant échapper une buée épaisse, avait passé la nuit avec son maître, dans la grange, près des bottes de foin confortables et sèches, surtout.
Elle était restée près de l'âtre, tremblante autant de froid que d'appréhension; et si les nouvelles n'étaient pas bonnes?
Il était parti depuis si longtemps. Avec cette maudite caravane marchande, énorme, grouillante de vie, au chargement lourd, ces chariots pleins à craquer qui descendaient jusqu'aux lointains pays du sud, les chanvres, et les toiles de lin de la région, cette Bretagne florissante alors. Elle savait que c'était un commerce lucratif, elle savait aussi que d'autres tissages venus des pays du nord commençaient à remplir les marchés, presque plus bientôt que les siens, ces toiles qu'elle caressait amoureusement dans l'atelier, une fois sorties du métier.
Bien sûr, c'était important, le négoce.
Mais il lui manquait. Mais elle se sentait seule parfois, même dans la foule la plus dense.
Alors, elle avait ouvert, fébrile, le parchemin. Elle savait lire, c'était une chance, il savait aussi, et son écriture était belle.
Déjà, elle avait été rassurée, tout était de sa main, il était donc en vie quand le coursier avait reçu la lettre.
Elle regardait la colline, le vent qui la malmenait, elle sentait son souffle sur sa joue, et elle se souvenait de l'émotion qui l'avait saisie à ces premiers mots écris.
Elle regardait le sentier, la courbe, l'endroit où elle disparaissait derrière un mamelon vert plus loin sur la gauche, elle espérait encore qu'une silhouette apparaîtrait et que ce serait lui.
Il était marchand et poète. Il était marchand parce que son père l'avait été avant lui, mais il était poète par le regard qu'il portait sur les choses. Et il savait les dire.
Alors, elle gardait les lettres, elle s'en nourrissait quand le temps de faire les choses étaient passées, quand le temps de dormir était enfin venu, elle sortait de dessous le lit le carré de toile qu'elle avait confectionné pour enfermer son trésor. A l'usage, elle n'avait plus besoin du clair de la lune ou de la chandelle d'une bougie, car elle finissait par connaître chaque mot par coeur. Mais caresser de la pulpe de ses doigts l'encre et le papier épais, c'était s'imprégner encore de sa substance à lui. C'était l'imaginer écrire, sur un écritoire improvisé, au coin d'un feu, après une journée harassante sur les routes poussiéreuses des pays chauds. Elle savait qu'il choisissait soigneusement les mots, pour qu'elle voie à travers ses yeux. Elle savait qu'il tournait sa formule plusieurs fois en bouche, comme quand elle faisait les soupes et les bouillons en tentant d'en améliorer l'ordinaire par une herbe, une épice rare parfois. Elle savait sa concentration et la jubilation qu'il mettait dans certains mots pour lui dire la joie d'une belle journée, ou la beauté d'un paysage.
Elle était dans son lit, et elle voyageait grâce à lui.
Mais.
Le muguet avait percé depuis longtemps, les arbres formaient déjà leurs fruits, il serait bientôt temps de moissonner.
Elle attendait.
Impatiente et patiente.
Elle imaginait un monde où les nouvelles circuleraient plus vite, où il suffirait d'un regard, d'une voix, pour être rassurée, même de très loin. Elle imaginait cela et partait d'un grand éclat de rire, seule sur sa colline à regarder le vent décoiffer les cheveux du blé, elle imaginait cela et se disait qu'elle devait être un peu sorcière à croire qu'un jour...
Allo? t'es où?

12.5.10

Jour.

Parfois,
Parfois, j’y parviens, presque sans effort, le ciel clair et mon regard serein.
Ce matin.
Ce matin, j’ai ouvert les yeux, j’ai compté les secondes de solitude qui me seraient offertes, je me suis dit que ça ne serait pas assez, j’ai préféré me lever.
Pour commencer,
Pour commencer ma journée, je lis. Je lis des mots, je lis tes mots, je les relis, je les savoure, je fais semblant d’y croire, comme si le beau était vrai, comme si le doux existait, comme si…
Je pose mes pensées sur le clavier, je tente, peut-être que ce matin, les mots glisseront de ma main, peut-être que ce sera bien.
Il me faut dire, il me faut faire vite, j’ai l’urgence du temps qui me rattrape, l’horloge du monde qui tourne, qui tourne avec moi.
T’ai-je raconté un bon dîner, entre amis ou un bon plat ?
Sais-tu la beauté des fleurs, celles de mon jardin, celles du printemps ?
Crois-tu que la vie est belle malgré tout ?
Promis, le ciel est bleu au-dessus des nuages.
Parfois,
Parfois le ciel donne une couleur au jour qui vient.
Ce matin,
Ce matin, je me suis levée, et j’ai vu du blues, du rose et du pâle, du froid et la promesse du chaud, je me suis dit, le jour qui vient sera le tien, sera le mien, il sera bien.
Bonjour…

10.5.10

Les vérités de Miss.Tic (2)

Est-on lundi?
Je ne sais pas. En tout Miss.Tic a dit:

                                   "je divague, tu freudonnes"

Voilà que tu joues avec les vagues. Tu dis, vague, je dis, vent. Parce que les vagues et le vent. Tu dis ce que tu veux avec ta musique du mot, je lis ce que je veux avec tes lettres audacieuses. Si ça me chante de divaguer, ça ne fera pas de vagues, même sur un divan, allongée.
Je dirai des mots, Freud en dira ce qu'il veut, peu importe, ce qui compte, c'est le bruit du vent et le souffle de la vague.
Tu vois, si j'étais seule sur une plage, pas besoin  d'autre chose que du sable pour faire un lit à mes songes, aucun grain ne fera dérailler mes élucubrations, le vent désordonne, mais il assemble en dunes raisonnables.  Et Freud ne donnera pas de consigne, il sera pris, lui aussi, dans la tourmente vague.
Allez, va, je vais fredonner un air qui me trotte, qui me défrise, ou qui frise, c'est comme ça te chante, les yeux dans le vague, c'est tout moi, ça.

7.5.10

Les Vérités de Miss.Tic.

Pour mes quelques printemps, j'ai reçu un petit livre, bien spécial, bien particulier...
Je ne connaissais Miss.Tic que de nom, je n'avais jamais vu/lu ses oeuvres du "street art" dans la grande ville qu'est Paris (faut dire que Paris, je ne connais pas vraiment ;) )

Le livre a pour titre:
           " Je prête à rire
    Mais je donne à penser" aux éditions Grasset.

Je me suis prise au jeu.
De temps en temps, j'ouvre, je tombe sur une phrase.
Et m'est venue l'idée de me servir de ces phrases comme d'un point de départ pour textes.
Je ne sais pas la fréquence, ni mon rythme, mais je pense programmer par exemple pour chaque lundi, un texte qui aura été écrit à partir des mots de Miss.Tic.


J'ouvre le bal.
Et le livre, au hasard cette fois.
A peu près au milieu.
Je tombe sur cette phrase que là, je trouve absolument fabuleuse:

                "Faire d'un mot le bel amant d'une phrase"

Les jambes des lettres s'assemblent et se mélangent. Je ne vois plus qu'un inextricable fouillis de points, de ponts, de bâtons presque prêts à me battre.
Ce tas de lettres qui sont là, sous mes doigts, en faire un mot, puis un autre, mille mots qui diront, qui diront quoi, hein?
Ce potentiel d'images, oui, ces traits ces ronds, ces bâtons ce sont des images, celles que tu as dans ta tête.
"Faire d'un mot le bel amant d'une phrase"...je vais t'assembler, te faire beau, sortir ton plus beau noir pour faire rougir le blanc de la page, je vais te démonter, te remonter, te défaire, t'inventer, tu seras mot.
Et puis. Il faut que je te trouve un frère, un lien, une locomotive qui te tire, un fil pour te permettre de voler sans t'échapper, pas tout de suite, laisse moi d'abord t'écrire...
Je trace à l'encre l'idée que je me fais de toi, je te donne un visage, une voix.
Seras-tu sombre, seras-tu mystérieux, ou bien clair et malicieux?
Je vais te faire tout droit, avec de légères courbes pour avoir envie de te caresser.
Je vais te mettre en groupe, te multiplier, si ça se trouve ça me fera mon compte de pieds.
Je commence à te trouver gourmand, tu t'agrandis, elle va t'aimer, je te le dis.
"Faire d'un mot le bel amant d'une phrase... "
Il faut qu'elle se suffise de toi, que ta solitude te fasse roi, un verbe, un sujet et puis toi.
Tu fais le mot de la phrase.
Elle t'a vu.
Elle s'écoute elle te parle, je la sens émue...
Le mot, l'amant, le mot aimant de la phrase, c'est toi.

5.5.10

Les mots sont.

Se dire qu'on peut écrire sur n'importe quoi, mais que n'importe quoi ne fait pas écrire.
Avoir besoin des mots, des tiens, chaque jour, avoir besoin de dire, mais rester devant la page blanche, et en frémir.
Être touchée en plein coeur par un texte, une formule, un sens, une idée, ne pas savoir l'exprimer, y penser toute la journée.
Y revenir.
Comme d'une drogue, se nourrir de ces mots là, s'en repaître à s'en faire presque une indigestion. Presque. Parce que je digère très bien tes mots. Ils coulent en moi, comme la source d'eau fraîche à laquelle je viendrais m'abreuver chaque matin. Ils me réveillent. Ils m'inspirent. Ils me disent. Ils me disent peut-être plus que ce que tu veux dire, me dire?
Je repense à ces exercices l'année du bac de français, quand il fallait décortiquer phrase après phrase les mots d'un auteur. Et de dire: "l'auteur a voulu dire ceci". Je me souviens avoir pensé bien souvent: "mais qu'en sait-on de ce qu'il a voulu dire?"
Entre l'intention et le mot, entre le mot et son interprétation, une vie, ta vie, la mienne. Et autant de scenarii possibles.
Tes mots me touchent. Ils me parlent.
Est-ce parce que je suis comme toi? Est-ce parce que nous parlons le même langage? Est-ce parce que ton langage est universel? Est-ce ce que nous tairons?

Lire un mot, une histoire, imaginer l'auteur. La plupart du temps, l'auteur, je ne le connais pas. Même si je lui parle par mots dits, par mots écris, je ne le vois pas en vrai, il reste un mystère, une part d'ombre qui donne toute sa place à l'imagination. Oui, j'écris à des auteurs, quand je laisse un commentaire, de-ci delà, sur les blogs, ces fourmilières d'écri-vains-vants-vailleurs. Et parfois j'ai la chance qu'ils me répondent. Toi, tu me réponds, et toi, aussi. Merci.
Il m'est arrivé de voir des auteurs, en vrai. J'ai eu souvent la même impression que le jour où j'ai vu pour la première fois, le visage de la voix que j'entendais à la radio tous les midi. Jamais, jamais ce que je croyais ne correspondait à la réalité.
T'entendre, te voir...te lire.
Ce soir, même, avant de m'endormir, j'irai te relire. Tu sais où.
C'est mon rituel du soir, lire un auteur avant de dormir, alors pourquoi pas toi, puisque justement toi.
Et je sens bien, que tu me parles, le vent de ta voix dans mon oreille qui me susurre que ma nuit sera belle.
Tes mots me bercent, puisque tes mots sont.