30.3.08

Bronchiosaure


Ou bronchite, ou itte, ou grippe?

Pris en grippe?

Z'ont la grippe?

Pour se réconforter, rien de mieux qu'un solide et fier dinosaure...et pas des moindres: aussi dur que la baleine...

"il est gentil hein maman, t'as vu ses yeux dis?"
Tu parles, fils, avec un sourire pareil, ça lui fait une tête de survivant!

1975

Un jour, elle senti que le moment était venu.
Le premier enfant était en sécurité chez ses ancêtres, le père disponible, ou sur commande, de toute façon elle lui avait acheté des livres pour que l'ennui l'évite.
Et puis, elle s'est retrouvée avec un chevelu bronzé dans les bras, les yeux noirs, le nez noisette.
C'était Pâques, le 30 mars, elle ne l'oublierai pas.
Bon anniversaire à la maman, bon anniversaire au petit brun, qui a bien grandi depuis.

29.3.08

Le Carnet Rouge

Qu'est ce qu'on est con, à 17 ans...
Amoureux aussi.
On a peur de rien,même pas de soi. Juste peur de ce que pensent les autres. L'Autre.
Disséquer chaque phrase, chaque mot, donner un sens à rien, croire l'incroyable, interpréter les regards, les non dits.
Qu'est ce qu'on est crédule, à 17 ans...
Décider que tout se passera dans les règles, se dire que chaque chose sera à sa place et que rien ne débordera. Y croire.
Voir en grand, lire le ciel comme un livre, lire un livre comme la vie, en vrai.
Et c'est noté. Écrit. Gravé à l'encre sur la feuille de l'arbre, indélébile.
Le carnet Rouge. L'équivalent du Livre, à 17 ans.
Livre secret, abîmé, caché, jamais relu, oublié.
Il s'est perdu entre deux vies, entre l'avant et l'après, entre le passé et le présent.
C'est un cahier à quatre mains et mille souvenirs.
Beaucoup l'ont vu. Peu l'ont lu. C'est heureux.
Qu'est ce qu'on rêve à 17 ans...
Tous les matins, tous les lundis, chaque lendemain d'un soir d'une journée bien pleine, le cahier se posait naturellement avec la trousse et ses crayons sur la table couleur de sable du lycée. D'un regard, l'une d'elle saisissait sa plume, découpait son cerveau en deux hémisphère également capable de fonctionner simultanément et écrivait.
Quoi? on se le demande!
Les profs pouvaient parler de science et de société, de chiffres et de philosophie...leur vie se déroulait en double et noir sur blanc sur ce carnet rouge.
Des jeux d'écritures (tu écris un mot et l'autre continue et ainsi de suite jusqu'à former une phrase, voire une histoire)
Mots codés.
Jeux de mots avec les garçons de la rangée du fond...
Dessins naïfs et pourquoi pas humoristiques, griffonnages...
Et leurs amours. Belles amours, les vraies, les fausses, les presque vraies, les totalement fictives...
Le Cahier Rouge...si un jour vous tombez dessus, prenez en soin...
Prêtez le à vos filles ou fils de 17 ans, dites leur qu'il vous appartient...on est mignon, à 17 ans...
Ne le donnez pas aux objets trouvés, dans cent ans, il y serait encore.
Ou encore, envoyez le à G. ou à T. Elles sauront qu'en faire.
Et vous, l'avez vous encore?
Cordialement vôtre...

26.3.08

Rendez vous chez la Psy.

La fille s'assoit.
Elle se voit dans le miroir, la tête aux cheveux comme un chou fleur trop vieux, la peau comme un papier jauni par la nicotine, le blanc de l'oeil rose comme celui du lapin albinos.
La psy parle, pose quelques questions d'usage et laisse le temps faire son oeuvre.
_"Êtes vous bien assise?"
D'un geste elle encourage, d'une mimique elle compatit.
La fille, après tout, n'a pas besoin de l'entendre, savoir que quelqu'un l'écoute lui suffit.
C'est heureux, car si le soleil fait de brèves apparitions, le bruit alentour couvre tous les mots. La fille est parfois un peu sourde, juste assez quand elle ne veut pas entendre, ou pour s'endormir y compris dans le métro.
En revanche, ses yeux s'attachent aux lèvres de ses interlocuteurs quand vraiment elle décide de faire la sociable. Oui, ça lui arrive.
Aujourd'hui par exemple. Elle a décidé de participer. De jouer le jeu du "tumeparlesjeteréponds" et ça fonctionne.
Même, elle est ravie. D'un coup d'oeil, d'un sourire complice, elle échange des idées en plus des mots inaudibles ou assourdissants.
Elle fait mine d'être joyeuse.
Elle refait le monde, au moins sa vie, elle anticipe des rêves, dénonce ses problèmes...
La psy fait preuve de beaucoup de compréhension, elle est d'accord sur presque tout, on dirait qu'elle est dans la tête de la fille.
Elle a même un mot flatteur, qui tombe juste parce que la fille sourit et qu'on lui a déjà fait plusieurs fois la remarque!
_"Vous savez à qui vous ressemblez? à
Christina Réali!"
La première fois, elle fut flattée, la deuxième, un peu vexée, quand même, pourquoi ne dirait-on pas plutôt que c'est Christina qui lui ressemble?
Cette fois, elle est tellement dans le jeu qu'elle finit par lâcher un "ah bon? en tout cas, mon mari est beaucoup plus beau que Francis Huster!" (mais au fond, elle est flattée, on ne se refait pas.)
A la fin de la séance, le miroir reflète le travail bien fait.
Le chèque de 48€ passe de sa main à celle de la coiffeuse.
_"A bientôt Madame Elle, revenez pour votre couleur dans deux mois?"
C'est moins cher qu'un psy, ou l'idée qu'on s'en fait, et l'effet est aussi durable.
Non?

PS: Cristiana. Pour le Troll très mesquin. Mais on ne peut plus se fier à internet sapristi.

25.3.08

La Souris.

Elle s'habille d'une couleur qui va bien au gris mais sourit.
Elle est grande, dépasse ma jambe d'une bonne tête, et celle des plus petits qu'elle.
Quand elle court, c'est toujours par bonds, un pas, un saut, un pas chasse l'autre.
Depuis qu'elle sait où se rangent les choses elle dérange pour aider, elle arrange parce qu'elle aime.
Si elle n'y parvient pas, sur un tabouret elle fait ses gammes, en tendant les bras plus loin, en pointant son nez, mutin.
Aujourd'hui elle sourit beaucoup. Encore plus. Elle sourit pour la souris.
De toutes ses dents.
Sans celles de devant.
Tombées à deux, sur un toboggan.
Tombées, dans la cour, des grands.
D'un coup d'un seul, hop, ma souris n'a plus de dents.
Six ans. L'âge des dents.
Six ans. Tout fout l'camp!

24.3.08

UN AN, ONE YEAR, 1.

Oui, ma brave dame! Un an passé même! j'ai raté le compteur fatidique (c'était le 18), j'ai dû remonter le temps des messages pour me rappeler l'essentiel.
Qu'est ce qui m'a prise ce jour là de créer un profil puis un compte blogger?
Pourquoi cette aventure?
Où en suis-je?
Qu'en fais-je? où vais-je? Bla bla bla?
Bref.
Maintenant j'ai toujours deux doigts, mais deux doigts plus rapides.
J'ai toujours un cerveau, mais pas plus rapide, juste , plus vieux. M'enfin, au moins, il a aussi deux hémisphères, ça équilibre (les doigts, vous suivez?).
Tiens, je crois même avoir des "amiNets" en plus.
Qu'est ce donc? des lecteurs fidèles, irréductibles qui continuent de me lire malgré les inepties qui peuvent plomber ce blog.
Je ne les citerai pas, ils se reconnaîtront (qui a dit ça déjà avant moi? quelque chose du genre "Dieu reconnaîtra les Siens"?); Si certains se sentent exclus, qu'ils me laissent un commentaire, ça fera exploser mon compteur.
J'ai appris que ceux qui me connaissent en vrai, ne peuvent pas s'empêcher de me voir dans ce que j'écris.
D'où une note téléphonique (virtuelle, tout le monde est en illimité maintenant, non?) astronomique pour des phrases du genre: "t'es sûre que ça va? " ou encore "qu'est ce qui se passe?" et parfois "tu as besoin de sous ma chérie?"
A la première question: oui, mais tu sais, c'n'est pas forcément de moi que je parle, hein?
A la deuxième : mais rien, pourquoi, tu sais ce n'est pas forcément de moi que je parle hein?
A la troisième: OUI. Je te redonne mon adresse de ma vraie maison, dans ma vraie vie et mon vrai nom, pour ne pas que le chèque se perde.
J'ai appris que je ris beaucoup en lisant certains d'entre vous. Marcus par exemple. Enfin, quelque fois, je ne comprend rien, et puis quelque fois je lis en plusieurs fois, parce que souvent j'ai quelque chose sur le feu qui se termine avant la fin de son article.
Grand chef, mais il est de l'autre côté sur l'autre moi, le côté qui mange.
Balmeyer aussi, quoique là, ce sont les commentaires qui me laissent pantoise. Et je fais comme pour Marcus, en plusieurs fois.
Et puis plein d'autres!
Et puis, si j'ai appris que c'est sûr, j'adore écrire, dire des bêtises, etc...franchir le pas pour faire mieux, n'est pas encore gagné.
D'abord, je ne me sais pas assez caustique, ce que j'écris est trop...naïf, pour plaire au plus grand nombre, ou pas assez fouillé, ou encore pas bon, tout simplement (ça c'est ce que je me dis les soirs de pluie), en tout cas je sais qu'il y a encore du boulot, du boulot, du boulot...pour prendre la place d'un autre! (d'un autre boulot, n'allez pas prendre la mouche, il y a de la place pour tout le monde ici!)
Et parfois, si vous lire me donne du courage, parfois aussi, je dois éteindre la bécane parce que je ne me sens pas l'ombre du talent du poil de l'orteil de chacun d'entre vous.
Et quelque temps après je me dis: oui, mais tu écris pour qui?
Pour moi, mais pour être lue, sinon, ce ne serait pas là.
Pour moi, mais pour l'autre moi, la cachée.
Pour moi et pour mon orgueil, l'est caché aussi, mais franchement, s'il n'y en avait pas, y serais-je? (ici, là, sur votre fenêtre!)
J'ai encore appris aussi, que ceux qui lisent l'un ne lisent pas l'autre. Enfin, pas souvent. Et c'est drôle, parce que les deux sont indissociables dans mon idée.
Enfin, se reproduit encore aujourd'hui ce qui se produit tous les jours, je dois interrompre ce billet pour cause de vie de famille. Celle que j'aime avant tout.
Alors juste un dernier mot:
Merci à vous.
PS: j'adore les PS...
PS2: revenez me lire
PS3: et me faire des commentaires
PS4: gentils.
PS5: oh, non, rien, c'était juste comme ça.

20.3.08

Ecriture.

Elle est pointue.
Parce que la rondeur se limite à ses formes.
Le reste, elle exige l'acuité de trait, la noirceur de l'encre, la rigueur du point. Elle se défend des fins de phrases silencieuses, des points sur les i qui en racontent plus que le mot qu'il accentue.
C'est pourquoi elle n'écrit plus qu'avec son clavier. Pour ne pas agresser l'interlocuteur, qui involontairement tressaille de cette autorité qu'il n'imaginait pas en la voyant. Quoi? cette femme gironde, douce, serait-elle aussi sévère envers l'espèce humaine que ne peut le laisser croire son sourire enjôleur?
Fuyons.
Alors, éconduite par des missives importunes, mal lues parce que non lues, non lues parce qu'offensives à la vue, elle se résout aux lettres fugitives, celles qui ne nécessitent qu'un clic à la place du timbre, celles qui permettent l'écriture ronde et accorte, ou bouclée et féminine, mais surtout pas pointue. Ni vulgaire. Enfin, croit-elle.
Et puis, surtout, éviter la rencontre. La confrontation. Le regard de l'autre avec la parole qu'elle ne peut rendre. Elle sait son incapacité chronique au dialogue, à l'écoute, à la compréhension mutuelle. Le mot, elle doit le mâcher, le retourner, en faire du chewing gum avant de tracer la bulle sur le dessin de sa vie.
La fille a cru pouvoir s'enfermer dans un monde de carrés noirs écrits en blancs. A cru pouvoir échapper à l'autre. Se contenter de l'écran blanc, où elle changeait de peau comme de lettre.
Et puis les factures, le facteur, les voisins, le vent, la nature, elle a mis le nez dehors, pour tester le monde réel. Elle avait maigri, on aurait pu voir à travers elle si elle n'avait pas mis ces vêtements amples, ceux qui sont amis de la tempête pour reconnaître sa silhouette.
La même tempête qui avait réduit à néant l'antenne relais qui la reliait au monde des vivants via le monde du rien.
Alors elle a écrit un livre.
Mais on n'en sait rien, parce que la fille n'existe qu'en lettres. Ni rondes, ni pointues. Juste écrites.

11.3.08

Faraday, mon ami

"Faraday a montré que toute substance est aimantable mais le plus souvent l'effet n'est appréciable que dans un champ magnétique intense"

Faraday, écoute moi.
Je respecte beaucoup ton travail, même si je ne comprends pas tout. Ma capacité d'interprétation des théories ne vaut que celle de saint...comment déjà? celui pour qui il faut le voir pour le croire. Mais nous savons bien tous les deux que science et religion n'ont jamais faits bon ménage (ni Etat et religion d'ailleurs, mais c'est un autre débat, tu n'es pas au fait de l'actualité du XXI ème siècle...)
Ah oui, ça doit -être Saint François...je ne mettrais pas mon orteil à couper...
Bref, Faraday, je peux t'appeler Michael, tu aurais peut-être pu discuter avec ton collègue O(barré)rsted, je l'appellerai Hans, ça fait moins bizarre qu'"ensemblevide"rsted.
Celui qui a découvert la relation entre électricité et magnétisme. Je ne te résume pas, je te l'ai dis, pas cap, mais quand même, j'ose mettre en doute, ou plutôt en lumière un élément important sur le magnétisme que ni l'un ni l'autre n'avez évoqué.
Mais peut-être que tu n'as pas d'enfants.
Alors, ça explique cette omission.
Prends note Michael:
Une mère discutant avec une amie a une relation magnétique avec les enfants qui l'entourent.
C'est un fait avéré. Pour cette théorie, je veux bien m'appeler Sainte Françoise. Pour que tu me croies.
Tu ne comprends pas?
C'est simple; rassemble dans une maison, relativement grande quand même, cinq individus. Trois d'entre eux sont des enfants (personnes encore dépendantes pour le gîte et le couvert de leurs parents)
Les deux autres, l'une la maman, et l'autre, une amie que la première n'a pas souvent l'occasion de voir.
Que font elles? elles discutent, échangent, se remontent le moral, refont le monde, et la peinture de l'escalier.
Que font les autres: par un phénomène que je suis en train de t'expliquer, du fond de la grande maison où ces enfants ont leur chambre, un déplacement d'objets, de jouets puis de voix, et enfin des individus susnommés, se produit vers le centre magnétique qu'est LEUR MERE...
Ainsi, en quelques instants, celle ci doit ramasser la pile de papiers tombée, consoler la chute, donner un verre d'eau, séparer la dispute...
Et cesser de profiter d'un agréable moment dans le calme et la raison avec son amie, compréhensive, mais pas au point de brailler une idée ou la couleur des murs!


Pub petit bateau
Faraday, toi qui sait le courant, invente nous cette télécommande...
A toi mon ami, bons rêves et bonne nuit!

9.3.08

Le Nid.

Cette immobilité me dérange.
Je ne comprends pas pourquoi, à intervalles réguliers, tout se fige et se tait. Je me sens tellement seul!
C'est ainsi depuis mon dernier demi-tour. Je crois que j'en ai encore pour un moment. La dernière fois, j'ai tenté de faire comprendre mon malaise: j'ai donné des coups, mon talon poussait fort contre la barre qui surplombe ma membrane. Ça a failli marcher; le corps s'est levé, lentement, pendant deux bulles j'ai cru que le roulis allait continuer suffisamment pour que je m'apaise. Mais il s'est renversé, j'ai manqué me retourner à nouveau, et le calme est revenu.
Quand je distingue une certaine lueur, je sais que le mouvement sera plus vif, et qu'en fin, je vais me dégourdir.
C'est dur vous savez de rester là, roulé en boule, avec l'infime possibilité de bouger! depuis que j'ai trouvé mon pouce, je me détend virtuellement, mais impossible de tirer une jambe vers le haut, ou un bras sur le côté; tout se fait en contrainte, et lentement.
Ce que je préfère le plus, c'est quand le rythme de la chaloupe est régulier, un roulis parfois abrupt qui me fait rire au point de me donner le hoquet!
Et puis le bruit, j'adore! Ça fait comme un bourdonnement, une chatouille qui remonte le long de ma colonne jusque dans le cortex de mon intelligence. Je dis intelligence, parce que je comprends tout, j'analyse tout, mais croyez moi, ce n'est pas une sinécure.
De temps à autre, des cris, des tressautements me surprennent et me ravissent. Des vagues conduisent l'onde tout autour de moi, comme une chaleur qui m'enveloppe. C'est bizarre ce que je vous raconte là, je n'ai jamais eu froid.
Tiens? Une irrésistible envie me pousse à tenter quelque chose de nouveau: pousser des deux pieds avec toute la force de ma volonté. C'est vrai, cette lumière diffuse m'attire, je voudrais savoir ce qu'il en est. Après tout, il m'est permis d'être un aventurier, c'est dans le contrat: tout est possible, au départ!
Ooooh, je ne savais pas, ce que c'est douloureux!
Non, j'ai mal, je sens, j'ai froid, je souffre, mes yeux, mes poumons.
Là, tu m'as parlé, je reconnais le son, oui, je distingue ton âme, tu es ma mère, regarde moi, je te fais toi.
Porte moi, colle moi à ton côté, rend moi la chaleur qui s'échappe de moi, et ce liquide chaud qui apaise ma douleur. Je te parlerai plus tard. Laisse moi m'engourdir, me détendre, sucer ton sein et boire goulûment.
Je suis enfin sorti. Tu vas m'aider, tu me l'as dit. A tout à l'heure.

C'est le texte de Zoridae sur les tortues de mer qui m'a donné l'inspiration du mien. J'en ferai un sur les tortues vraiment un de ces jours...

Sans commentaires...pour le moment!


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5.3.08

Le Poil

Faut savoir que pour le vélo, la natation de compétition, le poil est de trop.
T'es au poil si t'as pas de poil. Rapide comme le vent dans les poils. Un poil trop lent.
Mais, en tant que mec qui s'assume, je refuse le diktat qui te met à poil. Merde. Comment tu fais pour garder tes miches au chaud? Pour te boucher les oreilles quand ta gonzesse hurle après tes chaussettes perdues?
Pire: un Gonze sans poils de trois jours n'est plus un gonze. Juste un nase, même pas cap de séduire la madame Michèle de l'immeuble de la rue Tuyau de poêle.
Alors, ouais, le poil, j'en fais une religion.
Marre de ces pub qui défilent, une lame, deux lames, trois lames...et pourquoi pas un coupe gorge tant qu'à faire. Sans queue ni tête le poil est mort. Sans queue? ah! parle pas de malheur.
C'est comme Isidore que j'ai croisé hier; il éructait sur un passant qu'avait pas l'air de l'avoir vu avant de marcher sur la queue de son chien. Sa bête à poils. Il l'a senti passer le vent fripon du postillon de mon pote, le passant. R'viendra plus traîner par ici. Isidore, c'est plus un homme. C'est un déchet.
Quand je créchais rue du port avec mon ex, elle tentait des expériences malheureuses sur mon corps poilu. Genre:"tu vois chéri, la cire froide, c'est moins douloureux". Et scratch. Aaaaah, hurlais-je.
Quand je pense. C'qu'on fait pas, on se met à nu, à poil et sans poil pour la femme, cet être impudique et sournois qui essaie de te changer en play-boy de magazine en un coup de scratch à cire.
Ouais, suis un mec, un vrai, avec du poil à la barbe, aux oreilles et sous les bras.
N'en déplaise à Fernande.
'tain, tu sais pas ce qu'elle voulait pour notre 7ème anniversaire de mariage? (enfin, pas devant le curé hein, juste madame le maire), tu devineras jamais!
Un séjour en Thalasso!
_"Tu vois chéri, on se fait faire des massages, des gommages, des masques, des épilations..."
_"Aaaaah, ai-je hurlé à nouveau. Dalida!"

Encore une fiction allez vous dire, chers lecteurs, qui pour aujourd'hui au moins venez de bien plus loin que d'habitude, et ce grâce à l'évident changement effectué sur les conseils de Nicolas, qui prouve bien qu'un fond clair fait monter...l'audience. Et du coup, ce texte, parce que je suis influençable, sur un jeu "changer de sexe" qui m'a bluffée et , par exemple, mais la toile est si étendue, que je me suis perdue. Je croyais même que c'était fini. Que nenni! Bon, après enquête, c'est Zoridae l'instigatrice.

Le Musicien

Même pas beau.
Il a le cheveu noir, la mèche longue sur le front qui cache ses yeux.
Son nez disgracieux et sa bouche sinueuse n'équilibrent pas un visage par ailleurs viril.
C'est sa machoire nette et carrée qui le lui dit.
Il est plus grand que la fille d'un bon buste, et ça lui donne l'apparence d'un oiseau, à elle, la godiche maladroite et mal enrobée.
A eux deux ils sont légers, aériens, leurs pas les mènent sur un fil invisible, qui oscille entre la vie et l'amour; ils ne savent pas toujours sur quel bord ils vont verser.
La fille est un peu girouette. Elle a trop d'amis, elle se disperse, infidèle.
Mais au fond, elle aime équitablement, mal, mais fort.
Le garçon, qui a l'âge d'un homme mais l'esprit guilleret de l'enfance, aime la musique. D'ailleurs c'est là qu'ils se sont connus: elle faisait du solfège, lui du Violoncelle. Un peu comme si elle apprenait encore à lire et que lui savait déjà écrire des histoires.
Ils se croisaient, elle indifférente à ce grand dadais qui la bousculait dans le couloir, chargé du lourd instrument, lui, la tête qui suit le mouvement de ses pieds, de peur de tomber en crochant sur le bord d'une marche ou d'un trottoir.
Un soir, le petit Théâtre accueillit les élèves confirmés de l'école de musique, il fallait même payer sa place quand on n'était pas de la famille. Famille des musiciens.
La fille était logée au balcon, avec ses amies, venues l'accompagner. Pour les garçons. Un petit copain musicien, c'est prestigieux.
La scène était un peu loin, mais suffisamment bien éclairée pour qu'on distingue l'essentiel, l'instrument, qu'il soit piano ou flûte.
Quand arriva G. la fille ne le reconnut pas tout de suite. Grand, mince, un costume noir et une chemise blanche, le prestige de l'uniforme peut-être, l'aisance du geste loin de toute maladresse sans doute.
Il s'assit, calant confortablement le violoncelle entre ses genoux, sans effort, juste pour accompagner le mouvement. De lui, elle ne distinguait plus que ses cheveux noirs et brillants, les longs doigts blancs musclés, agiles et très mobiles, le bras tendre qui d'un glissement d'archet, avait l'air de caresser le vent.
A dire vrai, s'il fallait qu'elle nomme le morceau qu'elle entendit ce soir là, elle en serait bien incapable. Elle se rappelle juste la chair de poule sur tout son corps, et les larmes qui ont coulé sans qu'aucun sanglot ne trouble la fontaine d'un sentiment nouveau.
Son coeur était meurtri de ce temps perdu, mais il battait à tout rompre, presque à suffoquer, devant l'espoir d'une communion possible avec ce musicien.

Un jour, bien des années plus tard, elle
entendit à nouveau du violoncelle, dans un film magnifique, Molière d'Ariane Mnouchkine, et tout revint en mémoire.



Toute ressemblance avec des personnages connus, existants ou
rémanents est fortuite, hasardeuse, inexacte, même si l'inspiration vient de l'air aspiré. Ou de l'explosion d'une étoile.

4.3.08

Le Festin

Festin. Ça me donne faim.
Un film, un plat, un repas, un délice, un défi, du bonheur, du plaisir, un partage.
Seulement voilà. La Vie qu'on Aime, n'est pas un film, ni un plat, peut-être une part du gâteau, des miettes de moments plaisants, tristes, drôles et parfois des moments de rien.
Le festin, parfois joue des tours. Un mot pour un autre et la poésie enfantine transforme un mot autrement plus anecdotique, voire vulgaire.
Ainsi, à la recherche d'un oeil de grenouille, (goune pour la petite princesse), la grande princesse plongea le regard et la main sous notre aussi énorme que confortable canapé.
Victorieuse, elle brandit l'objet désiré, mais le regard restait flou, la bouche bée, comme à la recherche d'un mot ou d'un peu d'air.
Enfin, elle tourna la tête vers moi, et avec des yeux agrandis par une conviction qu'elle savait profonde,

_"Maman, il faudra que tu déplaces le canapé, parce que là, en dessous, il y a un festin de désordre!"
Moi, je dis que si ma fille parle du désordre comme d'un festin, je n'ai pas encore tout raté!




Apparté:


Ceci est un château. Pas n'importe lequel. D'abord il est très blanc. Tout propre. C'était une journée de printemps d'avant le printemps, une de celle où même les non fumeurs sont en terrasse pour boire un café. Il y a des ménestrels dans la ville qui grouille, des danseurs de rue, de l'animation. De la richesse et de la misère côte à côte. Une Grande ville quoi.

Ici, quand on voit un ensemble de jeunes avec dred-locks et chiens sales, on détourne le regard, car ils sont visibles. Ils font peur. La misère, c'est facile d'y tomber, il ne faut pas grand chose.

Dans une grande ville comme Nantes, elle se voit plus, et elle se voit moins. Elle se voit plus car il y en a plus, et moins parce qu'on s'y habitue.

Et ça m'effraie.

Mais les enfants n'ont vu que le château, le tramway, les fontaines, les boutiques de souvenirs de dragons...dans quelques mois, nous en sauront plus de ce qu'ils ont retenu, par un mot découvert ou une expression étonnante.

Par exemple, nous avons vus un château fort, avec des pierres, et sa reine est une Statue. Ben oui. A l'entrée du château, la statue de Bronze d'Anne de Bretagne est postée, à taille quasi normale, dans un mouvement de corps qui la pousse en avant.



Et j'apprends à l'occasion de la recherche de cette photo sur le net que cette statue est de Jean Fréour.

"Voilà. C'est tout." (ça, c'est la phrase préférée de ma dernière)