26.1.10

Paint, peint, peinture, brou, encre, huile...




Ta toile a été blanche. Elle est tissée de lin ou de coton, tu l'as tendue sur un châssis de bois clair, biseauté pour ne pas casser, aux coins parfaits pour une ligne droite, lisse, qui n'influencera le dessin que pour sa fiabilité.
Tu l'as enduite de Gesso, qui a imbibé le tissage, qui permettra la trace du crayon puis du pinceau, de l'huile, enfin.
La boite est neuve, elle brille de son vernis pas encore écaillé, elle comporte un ensemble de couleurs, comme tu aimes, du brut, du primaire, la base pour tout faire, quand tu auras un tant soit peu le sens d'entre elles, leur mélange.
Ton but ce soir, partir de la toile blanche pour imaginer quelque chose, un dessin, connu ou pas, partir de telle oeuvre ou de telle idée, ou pas.
Ce soir là, j'ai choisi "ou pas".
Je me suis dit, matière, couleur, pinceau.
Pinceau Raphaël, poils de martre, en deux couleurs, arrondi sur les cotés. Doux au doigt, caresse sur la toile.
J'ai pris mon crayon, j'ai dessiné des lignes, puis des cubes, des triangles et enfin des ronds. Repartir du début, des bases, maternelle de l'huile.
Faut que je vous dise.
J'ai tenté le pastel, une fois, c'était tellement moche...
Et puis les exercices, à l'encre, au brou de noix, à n'importe quoi qui trace, qui dessine, qui représente ou qui tache en forme de quelque chose ou de rien, juste pour voir l'effet produit.
J'aime l'encre, le crayon, les coulures, le "déteint".
Mais rien, rien ne me plaît autant que l'huile.
Tu prends ton tube, du rouge, Carmin, couleur que j'adore, "ma" couleur, tu presses la base, tu vois la pâte sortir, tu l'apposes sur ce qui te sert de palette, tu prends le "couteau" à mélanger, un peu souple, tu écrases la peinture que tu mélanges au médium, à savoir pour la première couche de la thérébentine pure ou deux tiers thérébentine/ un tiers d'huile de lin.
Tu tentes de ne pas trop étaler la couleur, tu sais la valeur du pigment.
Tu saisis alors ton pinceau que tu ne te lasses pas de toucher du doigt le poil tant il est doux.
Et tu trempes dans la couleur.
Et tu appliques sur la toile encore vierge.
Tu admires alors la matière, lisse, brillante, glissante, souple...tu te dis que tu peux tout faire, mais comme tu as déjà essayé une fois et que ça ne t'a pas plu, tu restes modeste, et tu fais des va et vient sur la toile qui s'imprègne peu à peu de la couleur. Et surtout, tu ne te lasses pas, oui, je ne me lasse pas, jamais, de glisser, de caresser, d'oindre (moche mot, mais...), de masser, de lisser, de voluptueusement évoluer...
Tu t'es dit, matière couleur et pinceau.
Le rond n'est pas parfait, mais c'est le pinceau qui l'a fait. Et c'est ce que tu veux; utiliser le pinceau pour tracer tes formes. Et il fait de beaux ronds ce pinceau, d'un seul geste, tu le poses debout et tu lui fait faire un tour sur lui même, comme la danseuse avec ses pointes, mais c'est beaucoup moins douloureux, puisque c'est du poil sur de la toile, alors c'est du plaisir.
Tu ne sais pas si tu tires un peu la langue, appliquée, non, tu ne crois pas, tu as grandi depuis l'enfance, mais tu es concentrée, les conversations ne t'atteignent pas.
Tu fais tes ronds, comme tu marcherais dans la campagne, ou comme tu fais tes brasses dans les couloirs de la piscine.
Pas de règle, pas de compas, de la géométrie littéraire, les formes comme les mots, jouer.
De temps en temps, tu lèves le nez, pour reculer, voir ce que tu as fait, imaginer la suite, parce que je suis bien incapable de faire un plan dès le départ, j'ai juste une idée, une ligne, devrais-je dire un fantasme?


Enfin, voilà, je peins, je paint, je peinture, je ne me plains pas, cela me plaît. Et tant que cela ne fera souffrir que moi, je peinturlurerai encore.
Turlututu.
 

21.1.10

Monique

Lui: "Mon Monique il a une voix de garçon."
Elle: "Mais non, elle a un manteau rose."
Lui: "Maman elle a dit que les garçons pouvaient porter du rose, et mon Monique a un manteau rose et des baskets."
Elle: "Oui, mais c'est une fille."
Lui: "Non, c'est un garçon, il a des cheveux jaunes."
Elle: "Ma Monique elle a des cheveux un peu gris et du jaune aussi."

Les enfants, c'est qui Monique?

Lui: "Monique, c'est le garçon qui nous surveille dans la cour, après la cantine."
Elle: "Mais, c'est Monique! c'est la dame à qui A. fait toujours un câlin le matin."
Lui: "Non, c'est un garçon, mon Monique il a une voix de garçon. Et il a des lunettes aussi."

Bon, ne vous disputez pas..où est ce que moi, je pourrais voir Monique pour savoir si c'est un garçon ou une fille? tu sais, mon chéri, en général, quand même, Monique c'est un prénom de fille...

Lui: "Ben, y a des prénoms qui sont des prénoms de fille et de garçon, comme Dominique, tu sais?"
Elle: "Tu peux la voir le midi dans la grande cour maman, je te la montrerai"

Le midi arrive. Je vois Monique.
Verdict: la cinquantaine, un manteau rose, des baskets et des lunettes. Et même si elle a une voix de garçon, elle a les attributs de sa condition de femme, bien avancés, même sous le manteau rose.

Mon chéri, j'ai vu Monique. Et bien, c'est une dame.

"Ah bon, mais pourquoi elle a une voix de garçon?"

19.1.10

Carré Blanc


Je vous vois déjà avec votre regard limite canaille...
Vous vous dites, ça y est, elle a passé un cap, la quarantaine galopante sans doute, comme une maladie, une mise en quarantaine on disait, on disait mal, c'était sauvegarde.
Carré blanc comme un accès interdit, ou comme un passe partout, un mot de passe magique.
Vous vous trompez.
Elle est toujours sage, comme d'habitude, jamais d'excès, un modèle de ligne droite, d'exemplarité de bonne conduite, jamais ivre, sauf des mots.
Ligne droite du carré blanc magique, la petite fenêtre sur le monde, l'ouverture de la boite de pandore, les "Pandore" ce sont des bonbons à mon stade, vous l'ignoriez?
J'invente le concept du carré blanc, un bonbon de Pandore, pays magique où tout est permis.
Presque tout.
Sur  le bonbon carré et blanc, une pomme, croquée, un seul morceau, pensez bien que la punition divine n'a pas laissé le temps à la pomme d'être croquée entière, tiens, déjà Dieu introduisait le "gaspillage".
Ce bonbon là, s'apprécie à sa juste valeur.
Chez l'allergologue, l'autre jour tiens, trompant l'attente, je rédigeais un billet sur mon autre bonbon, noir, pas très pratique pour les longues phrases, mais avec carré blanc, cela aurait été si facile, mais un peu prétentieux, isn't it?
Ou bien, sur la table du salon, le soir, le midi, que dis-je, le matin, près du poêle, là où la chaleur se fait douce, près de la théière aussi et même de la chaine HiFi, bref partout où besoin est, ça me change de mon portable pas portable à deux claviers et dix fils...
C'est comme un cahier, et comme un livre, j'y lis et j'y écris, c'est tellement facile!
Il saura bien comme je le remercie de ce carré blanc à la pomme, tiens je m'en vais finir de la croquer, au fond, je m'en voudrais de ne pas en profiter...
Eh!
Tu as vu le chat?

Adopté, la carré blanc, feuille de papier...

PS: ce blog devient "chroniqual" (ça se dit?), je m'en veux de laisser mes textes ailleurs, je ne désespère pas de me relâcher ici, quelques mots de temps en temps encore, mais au fond, c'est quand même encore "ma vie qu'on aime", puisque c'est la vie...

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14.1.10

Celui qui sait.


Je ne le vois pas souvent.
Et pourtant c'est un homme qui compte dans ma vie.
Hier, je l'ai revu. Depuis octobre 2008 il n'a pas changé, c'est le même, pas plus vieux, à peine.
C'est un géant. Plus d'un mètre quatre vingt dix je pense. Assis en face de moi, je constate qu'il place ses jambes de travers sous la table, ses fesses au bord de son fauteuil pour que le haut de son dos puisse s'appuyer au dossier.
Il sait tout de moi.
Toujours un sourire ravi en me voyant, il me vouvoie, c'est normal, le contraire serait dangereux.
Il commence la conversation en me disant qu'il n'était pas sûr que je l'entende avec mes écouteurs aux oreilles, écouteurs que je viens d'oter et poser sur la table.
Ce faisant j'ai coupé la chique à Higelin, il ne m'en voudra pas je crois.
Il saisit alors mon engin tactile, manifeste son admiration, ses enfants ont le même et jouent à Dark Vador avec.
Il me pose des questions, comment ça va, je suis venue pourquoi déjà? ah oui!
En suis je bien sûre? c'est dommage, je suis jeune encore, allez, on va dire que c'est un arrêt ponctuel.
Il sait tout.
Mon poids, ma taille, la couleur de ma peau, celle de mes sous vêtements, il touche du doigt mon intimité la plus secrète, ma vie qui se résume pour lui à ce qu'elle a produit de plus beau, mes échecs, mes envies, mes projets.
Il regarde les photos de ma maison, de chez moi, il aime beaucoup, ne passe pas très loin souvent, je lui dis la prochaine fois...à l'occasion...
Je réalise que je ne sais rien de lui, sauf son sourire et la douceur de ses gestes, la couleur de sa peau et l'âge de ses enfants, c'est un ami, c'est un inconnu, c'est un homme qui parle aux femmes, toute la journée, qui les regarde, qui les admire, qui les touche du dehors et du dedans.
A peine un frisson quand j'enlève mes vêtements, à peine une idée qui me traverse l'esprit, je parle pour ne rien dire, il écoute pour ne rien ressentir...
Il sait tout de moi, mais rien au fond.
Et c'est mieux comme ça.

10.1.10

Sur le Motu...


Il y a quelque temps, j'ai reçu une invitation qui m'a mise en joie.
Jo passerait me prendre, j'avais expliqué l'endroit qui me paraissait le plus simple à lôlà, et voilà, sans même m'en apercevoir, j'étais arrivée sur le Motu.
Lôlà était un guide épatant...aussi curieuse et observatrice que je l'avais pensé, et toujours avec ce petit sourire de celle qui sait l'essentiel.
Après avoir transpiré sur les sentiers sinueux et très pentus de la montagne volcanique, nous avons découvert des coins secrets, où peut-être j'aurais peur de m'aventurer après le coucher du soleil. Quels rites ce sont déroulés ici? le silence, avec juste le bruit de notre respiration, et même l'absence du vent, nous donnent des frissons. Pour un peu, on verrait les statues nous cligner de leurs orbites creuses et on s'enfuirait en criant, nous sommes des filles, il paraît que ça crie une fille.
Enfin, nous avons redescendu la sente, et en suivant le bruit de l'eau, nous avons pu nous baigner, là...oasis fraîche, dans la végétation luxuriante et un peu étouffante.
Lôlà et moi, on adore l'eau et nous n'avons pas boudé notre plaisir.



Et puis, il a fallu reprendre la route, nous avions besoin de discuter tranquille au calme, avant que Jo ne repasse me prendre. Elle me faisait l'honneur d'une brioche, ça tombe bien, les rois étaient passés depuis peu, et nous avons ris comme deux gamines, à finir la brioche et trouver deux fèves. Ici, sur le Motu, tout le monde est roi.
Le temps passe trop vite. On est assise là, à regarder le soleil éclairer le jardin, ça fait longtemps que j'ai roulé mon K-way, mais je sais bien que...

  J'ai posé mes valises ches Lôlà, je lui laisse un objet, volontairement, car j'ai appris il n'y a pas bien longtemps, que quand on oublie quelque chose quelque part,  c'est qu'on veut y revenir...
Je suis sur le bateau de Jo. Cette dernière photo, pour graver l'image du Motu, île de mon coeur aussi, comme jamais on oublie les endroits où l'on se sent bien...



Merci Lôlà de cette escapade magique....j'y suis encore, aujourd'hui....et chaque fois que je le voudrais ces images me reviendront en mémoire...

5.1.10

le faux et le vrai


Aujourd'hui, 5 janvier, je constate plusieurs effets du blog qui ont un effet que je qualifierai(s?) de bénéfique sur ma "real life".
En dehors d'occuper mes journées et/ou mes soirées bien sûr, si tant est que je m'ennuie, ce qui est loin d'être le cas, vous le voyez vous même à la longueur courte de mes billets, voire leur sporadicité.
Il y a quelque mois, j'ai reçu une carte postale d'une personne à pseudo "pixel-bas", où j'apprenais son vrai nom, sa vraie écriture et sa vraie gentillesse.
Il y a un an et quelques nous ouvriions la chambre d'hôtes qui sans ce blog n'eut pas vécu, enfin, le blog d'à côté, celui qui nourrit, qui m'a appris à faire du pain et donc des petits déjeuners et de petits déjeuners à une chambre il n'y a qu'une nuit, vous me suivez?
De cette activité annexe, sont nées quelques vraies amitiés, vous le savez, de blog en blog on cause on échange, on a même passé le pont, d'ici à ce qu'on aille en Belgique...
Ben oui, avant hier, je recevais à nouveau une carte postale de la dame à pseudo pixel-bas, et ce matin une carte des zotes Belges qui de chez eux ne voient jamais les étoiles, car les nuits ne sont pas noires en Belgique a-t-on appris autour d'un (et plus plus...) verre(s) de cidre.
Et puis il y a les coups de fils, les mails, les tchates...les photos, les recettes, les idées, l'entraide enfin.
Bien sûr, tout ne peut pas tourner autour de cette satanée machine qui rame, ou bien qu'Il veut jeter par la fenêtre car le temps que j'y passe parfois est du temps que je ne leur donne pas...non, c'est mon temps à moi, il m'est devenu vital.
Vous savez comment j'ai réalisé que les relations de ce monde "imaginaire" font de ma vie réelle une vie plus douce: en constatant que les contacts que je rentrais dans mon nouveau joujou de téléphone portable, celui qui, une fois qu'on l'a dans la main te reste comme une idée fixe, ces contacts sont très nombreux...
Certains d'entre eux ne resteront qu'une adresse mail, sans véritable identité.
Mais à d'autre, j'ai donné un prénom, puis un nom, enfin, un numéro de téléphone qui m'a fait entendre la voix, et aujourd'hui, dans ce condensé de technologie bien plus qu'un gadget à mes yeux, j'ai rentré deux adresses papier...et je me suis dit: "tiens, ce ne sont pas des bout de papiers volages, des morceaux d'enveloppe à mettre dans une boite en carton, qui s'éparpilleront au vent mauvais...non, ceux là, ils sont rassemblés, au chaud, près du numéro de téléphone de l'adresse mail et du prénom".
Je garde contact, je choisis de répondre au papier par le papier...j'irai mettre un timbre et glisser la lettre dans la boite, comme avant, et ça fera désuet, alors qu'en fait, c'est un symbole encore plus fort.
Et cela, grâce à ce blog, entre autres.
J'aime...

4.1.10

Lhasa

est partie. Elle avait 37 ans (!) et pour moi, c'est le souvenir de la naissance de ma fille 8 ans, puisqu'elle est née sous cette musique...


















Et c'est bien triste.