28.9.10

Le café.

C'est sacré. L'heure du café à la maison, c'est la pause, l'instant où aucun babillage ne trouvera de réponse, parce que c'est décidé, le café, c'est sacré.
Le car a déposé les enfants comme d'habitude devant la vieille ferme en pierre, la ferme de ma voisine, Denise, je t'en ai parlé déjà, le coup des pêches.
Ils sont descendus du car, j'ai attrapé les manteaux, les cartables là où j'avais encore de la place, quand j'ai vu Denise sortir en marchant vite de chez elle, ses cheveux très blancs et ondulés secoués par sa marche, nous crier, allez, venez, me saisissant par le coude, venez, j'ai fait un café, il est tout frais, venez.
Euh...pourquoi pas.
Cinq ans qu'on est là, jusqu'ici Denise je ne l'avais pas vue, elle ne sortait pas de chez elle pour dire bonjour, elle n'avait pas de raison, même si l'an passé sa petite fille prenait la car aussi.
Alors, avec les enfants et tout leur barda, on est entrés chez Denise.
Il y a avait déjà une de ses amies, et puis le mari, invalide.
Toile cirée, lino, formica, je suis remontée des années en arrière, encore, oui, décidément, j'ai réalisé que le café en Bretagne, dans les fermes, c'est toujours le même décor. Plus ou moins vieux, plus ou moins usé.
Le café en Bretagne, c'est sacré.
Je me rappelle du déballage de crêpes, de confiture, des grands bols, du bruit de la main qui lisse la toile cirée pour les miettes, le bruit de la chaise qu'on recule, l'odeur d'un café. L'odeur de la ferme.
Un autre ami, qui ramassait des noix un peu plus loin est passé devant la porte et a été invité aussi. Il avait les mains noires du brou des noix. Moyenne d'âge, 75 ans si je ne me compte pas avec les enfants. Voire plus, je ne sais pas, elle a la pêche Denise, tu sais bien.
J'avais une chaise, les enfants sont restés debout, sauf E. sur mes genoux, surpopulation chez Denise. Son café est bon. Les petits gâteaux que les enfants ont dévorés avec l'orangin* aussi.
De quoi a-t-on parlé?
De la pluie et du beau temps, c'est comme ça en Bretagne, quand tu veux dire bonjour tu peux aussi dire, fait beau hein, le bonjour qui engage la discussion.
Parfois, des exclamations en breton, rien compris d'ailleurs, si ce n'est que l'accent me paraissait différent que dans le centre Finistère. Devait même être très différent pour que je le remarque.
On a été invités à prendre un café chez Denise. J'ai l'impression d'une sorte d'intronisation.
Il a fallu 5 ans. Peut-être qu'un jour nous serons d'ici. Un peu.
Merci Denise.

26.9.10

Le raisin des souvenirs.

On a passé la porte. La porte à la peinture écaillée, qui s'ouvre avec un bouton qu'on tourne à l'envers, comme souvent dans les vieilles maison.
Le mur en parpaings sur lequel je montais à dix ans, pour le parcourir sur toute sa longueur, de la largeur de mon pied de petite fille, a depuis longtemps disparu sous les noisetiers et le chèvrefeuille. "Mon" chèvrefeuille. Dans le jardin, hormis ce chèvrefeuille odorant, dont je mangeais les fleurs, il y a le chêne de mon frère, et le "boule de neige" de ma soeur. A leur taille, on voit bien que nous ne sommes plus gamins. Dans le chêne, on peut depuis longtemps, accrocher une balancelle, le chèvrefeuille s'est étalé sur toute la surface des trois murs en parpaings, il se noue aux noisetiers, je crois bien qu'à lui seul, il maintient le vieux mur.
Il y a le carré de pelouse. Je ne dirais pas gazon, car c'est bien de la belle herbe verte avec des touffes de chiendent, le jardin un peu sauvage, débroussaillé seulement une ou deux fois l'an, du temps de nos longues absences pour cause de vie ailleurs.
Cette maison, c'est la maison des vacances. On avait des lits superposés. Une fois, par miracle je n'étais pas dessous, le sommier du dessus s'est effondré. Pour aller faire pipi nuitamment, plutôt que de passer par la chambre parentale et descendre l'escalier coupe-gorge par la trappe, il suffisait d'enjamber la fenêtre et.
De la maison, part un chemin creux. Pas un petit creux, non, je t'ai déjà parlé de ces murs de verdure, la mousse, le lichen, les fougères,  que tu longes jusqu'à la fontaine. C'est une maison dans un endroit paisible, où la voie lactée la nuit peut donner tout l'éclairage des environs.
Hier, je voyais un objet insolite à mes pieds, un de ceux que je devais vider de la maison qui ne nous appartient plus.  Depuis quelques temps, il faut remplir des cartons et les transporter dans l'autre maison. Depuis quelques temps, je tombe sur des souvenirs inattendus, oubliés, qu'une seule couverture de livre remonte à la surface, qu'un seul objet répercute dans ma mémoire rouillée.
Incongrue, la torsade en fer forgé noir, sur lequel s'accroche un disque doré, que je prenais pour de l'or quand j'étais petite. Cet objet qui a voyagé, d'un salon à une entrée, à un autre salon, pour finir solitaire dans un sac plastique qui se rangera à la cave avant de trouver une destination finale un jour.
En le regardant, je revoyais le salon de ma grand-mère avec le portrait du chien sur la cheminée au pied de laquelle je me tenais souvent assise, sur le petit siège africain qui se trouve actuellement chez moi. Tu l'as vu, sûrement déjà.
Et puis, j'ai l'image du gong, et son son, alors que la maison avait trois étages et qu'au fond c'était bien pratique plutôt que de hurler "à table". Ensuite, je l'ai perdu de vue.
C'est une sensation étrange, de faire de ses souvenirs une fouille archéologique. Il y a des strates qui apparaissent, irrégulières, des évidences, mais comment ai-je pu oublier ça! des images qui surgissent et qui appellent d'autres questions, d'autres souvenirs. Remonter dans le temps avec les sensations intactes. Comme d'avoir mis sous clés des moments de vie, sans même s'en rendre compte, les avoir oubliés, sans même le vouloir, et soudain, j'ai dix ans, mais je ne suis plus chez moi.
Tourner la page sans regrets, parce que c'est pour avancer toujours, vers quelque chose qu'on sait meilleur, mais pas sans émotion.
Je parlerai peut-être un jour de cette boite de courrier, tout le courrier papier reçu depuis mes dix jusqu'à environ 20 ans. Etrange de retrouver des photos d'avant, les mots des autres, des gens oubliés, des gens aimés, depuis disparus.
Ce télégramme, daté du 5 avril 1990, "18 ans que c'est beau, mais surtout n'oublie pas de rester toi même". Tante G.
Voilà qui vingt ans plus tard, crois-moi, émeut.
Faire des choix en restant soi-même. A 18 ou 38 ans, c'est toujours pareil finalement.
Il n'y a que le raisin qui soit récent dans ce jardin, il se trouve que c'est lui que je voudrais bien prendre avant que nous devions rendre les clés.
Il prend racine dans le jardin de mes souvenirs, il se nourrit de la terre qui garde en elle, aussi, un de mes chats, jardin cimetière, il serait bien à prendre le soleil du ciel d'ici, s'appuyant contre le bois de la maison.
Nous mangerions ses fruits à l'automne, faisant éclater sous nos dents la peau tendre, pour enfin sentir la chair gorgée de soleil et d'eau, un fruit parfait pour changer de saison.
Partir, mais garder un peu. Juste de quoi se nourrir, juste pour ne pas oublier.

23.9.10

L'ascenseur.

J'ai eu de la chance, ce jour-là. Je suis arrivée à destination, alors que mon pneu arrière aurait pu me faire dire le contraire.
J'avais revêtu mes plus beaux atours de motarde, il fallait bien qu'ils s'y fassent, j'avais la veste et les bottes. (Fort jolies ma foi).( les bottes).
J'avais quand même fait une concession à cet entretien somme toute assez important puisqu'il devait préciser mon avenir professionnel et donc, en substance financier. Parce que, vois-tu, mon activité créée pendant le congé sans solde à la suite du congé parental, a eu quelques difficultés à faire face à l'hiver, aussi rude qu'en Mongolie, vu le nombre de passants que nous n'avons pas vus.
Mes yeux étaient donc légèrement fardés, un peu de brun, un peu de rose et du mascara, tu vois (pas celui qui triple et qui ondule et qui fait pousser les cils, non, quand même), et j'avais mis un rouge à lèvres aussi, pas trop rouge, pas rose, juste entre les deux, discret quoi, tout moi, ah ah.

J'ai fait celle qui était détendue. Tu parles, avoir échappé à une glissade en moto sur la voie expresse finalement, ça fait relativiser le reste. J'étais donc détendue. Je crois bien que j'avais un air en tête, oui, le dernier tube de Katerine, qui veut manger sa banane sur la plage, désopilant à ce stade. Tiens, ça me revient là.
J'ai attendu comme n'importe quelle cliente, (déjà, le terme, ici on a des hôtes, là-bas j'aurais des clients...), et le charmant jeune loup à la voix gravement séduisante m'a conduite aux étages supérieurs après avoir glissé sa carte de sécurité dans le truc idoine. Mazette, pensé-je, c'est "secure" ici.
Là, une chaise, dans un couloir.
Entre la photocopieuse et une armoire coulissante et devant l'ascenseur.
Il est bleu. Un beau bleu ciel, la couleur qui ne choque personne, tu vois.
J'ai eu le temps de l'admirer. Le DG s'est présenté, ma serré la pince, et m'a refait attendre, cinq minutes, merci.
Je l'ai vu sortir, entrer dans son bureau et re et re. Encore Cinq minutes. Oui, oui, pas pressée, moi vivante, alors moi, pas pressée, et prends moi pour une nouille tant qu'à faire, c'est pas grave, c'est le jeu. On fait attendre. Je comptais les petits trous au-dessus des flèches lumineuses de l'ascenseur, j'ai failli me lever pour attraper la feuille qui s'auto imprimait à côté de moi, je constatais qu'ici non plus ils ne lisent pas le journal, et qu'ils ne savent pas où les ranger vu le mètre cinquante à ma droite, prêt à s'écrouler. Je pensais que ça me serais bien utile pour mon feu de cheminée n'est-ce pas.
L'ascenseur est resté bleu 25 minutes, et enfin, si j'ose dire, il est venu me chercher.
Bon.
Je ne suis pas tout à fait remise de cet entretien fascinant, où je me faisais l'effet d'être moi et une autre, où j'entendais mes arguments "contre" dans la bouche de celui qui décide qui entre ou qui part de l'entreprise, c'était presque drôle.
Le fait est que ça a duré une bonne heure, le temps de retracer mon parcours et de ne pas obtenir les réponses que je voulais.
Donc, je réfléchis encore, les options c'est le tout ou rien, pas de demi mesure, donc pas de mi ni trois quart temps, ou alors, je démissionne. Elle est bonne celle-là. Démissionner à une époque où tout le monde voudrait bien un CDI en voie de disparition.
Tu vois mon dilemme?
Allez, je vais fermer mes yeux en écoutant Philippe Katerine manger sa banane tout seul sur la plage, après tout, c'est une sorte d'idéal aussi, non?

21.9.10

Equinoxe vitale.

Juste, à l'instant, je réalise que demain est un jour qui va compter dans ma vie professionnelle et qu'il correspond aussi au changement de saison. Il détermine la fin de quelque chose ou le début d'une autre. Je ne veux pas de demi-mesure comme d'une demi-décision.
Quelle qu'elle soit, cette décision fermera la porte d'un domaine.
Je trouve marrant ce parallèle, comme si je me calquais sur le calendrier lunaire. J'en connais une, mon amie de Paris, qui sait tout de moi, qui rirait bien tant elle aurait su depuis longtemps à quel point c'est évident.
Elle me parlait, il y a plus de vingt ans maintenant, de pleine lune, en criant et s'agrippant à ma manche, un soir que j'avais un rendez-vous galant. Avec Lui.
Elle avait raison, ah ah.
Maintenant, je crois qu'elle me fixerait de ses grands yeux vert d'eau et sourirait franchement, de l'air de celle qui sait devant celle qui ne sait pas, qui n'a jamais aussi peu su, d'ailleurs.
Je quitte l'été pour entrer dans l'automne. Heureusement j'aime cette saison. Ses couleurs. Sa lumière. Celle des matins frais, alors que le soleil te fait croire que c'est encore l'été, mais que mettre le nez dehors te fait comprendre que non, il fait bien trop froid.
Demain matin, sera mercredi comme un autre.
Demain après midi, je serai sur ma moto, sur un ruban noir, sous un ciel bleu, j'aurai le plaisir encore de ce trajet, je prendrai le temps de me dégourdir les jambes dans la ville de Gwened, je verrai de belles choses ou je ne verrai rien, mais j'irai à cet entretien les mains dans les poches.
Parce que mon esprit a bugué (mot laid, mais qui dit bien ce qu'il en est).
Je voulais préparer, genre, les questions réponses, je voulais anticiper, préparer les réparties.
Mais.
Mais je suis incapable du moindre plan, ma façon d'être c'est le "terrain", il faudra que je me modère, avec ma tendance à finir les phrases. Je dois les laisser parler. Réfléchir avant de répondre. Ne pas donner de réponse définitive avant d'avoir tourné sept fois dans mon cerveau toutes les options.
Je sais ce que je dois, je sais ce que je ne veux pas, je ne sais pas ce qu'ils vont me proposer, je ne sais pas ce qu'ils veulent. J'aurais beau imaginer, je suppose que je suis loin de ce qui va se dire et s'entendre.
La lune va être pleine, et moi je serai vide.
Ce soir, je me nourrirai d'elle, de sa lumière, de son intemporalité, j'essaierai d'élever ma force à sa hauteur, histoire de voir si à 15heures je saurais décrocher la Lune.

19.9.10

Bleu comme...

                                          (si tu cliques, ça s'agrandit, enfin, ça devrait)
C'est dimanche.
Ils sont sur une plage immense, une plage où tu pourrais te noyer dans le sable tellement il. Et puis les vagues. Les vagues de sable. Elles te font disparaître en un pas, celui qui te fait descendre derrière une dune, si tu veux, tu peux croire qu'il fait quelques degrés de plus et que tu n'es pas sur le même continent.
Ils courent, ils tombent, mais ce n'est pas grave, le sable c'est comme la neige disent-ils, eux qui n'ont jamais vraiment vu la neige, ça ne fait pas mal. Ils ramassent des coquillages, des pinces de crabes et te racontent des histoires.
Toi, toi, tu es posée comme un rocher sur sa vague de sable et tu regardes les couleurs de l'eau. Comme d'habitude, tu es émerveillée, tu te dis qu'il existe autant de bleus que de verts, la mer est une pierre précieuse dont jamais tu ne peux fixer la véritable couleur, ni à ton doigt ni dans ta boite noire.
Tu voudrais bien, pourtant, donner une idée du temps des vagues.
Plus loin, au fond, bien trop loin pour ton oeil numérique, hélas, de tous petits triangles forment une ligne d'horizon. Tu imagines la régate du dimanche avec une bonne cinquantaine de bateaux, tous plus beaux les uns que les autres. Tu entends le chaos d'une ligne de départ, quand chacun essaie de se mettre à la bonne bouée, celle qui permettra de tirer le plus long bord, le plus efficace pour remonter au près, et s'approcher de la prochaine. Tu entends les équipiers qui hurlent tribooord, quand ils sentent une lisse se rapprocher trop de la leur, craignant le choc, tu sais bien que le barreur parfois ne vois pas tout avec cette grand'voile qui lui fait écran. Et tu te rappelles des drapeaux du départ, ceux qu'on affale un à un jusqu'au coup de corne de brume qui donne le vrai départ.
Soudain, alors que la ligne des bateaux te conduit vers l'île sur ta gauche, tu aperçois un nuage. Un seul nuage. C'est quand tu vois ce nuage que tu te dis que le ciel est vraiment bleu ce dimanche là, et que c'est beau, encore.
Tu te dis, une île, un nuage.
Et juste pour te faire sourire, un deuxième nuage se met près du premier.
Tu te dis, oui, c'est mieux à deux.
Deux nuages sur une île.
Tu te dis, ils ont de la chance d'être seuls, tous les deux.
Oui, c'est un dimanche de bleu, un dimanche de mer, un dimanche de vagues de sable et de vert émeraude dans l'eau qui scintille, un dimanche comme un beau dimanche d'été indien.
Et toi?
Je te donne un peu de ce bleu et de ce vert là, si tu veux bien, juste à poser dans un coin, pour que tu puisses y relever un filet ou deux de pierres précieuses dès que tu en as besoin. Parce que je.


A bientôt les gens :-).

13.9.10

Bretagne•2.


Un jour, j'ai haï la Bretagne.
C'était en hiver. Un foutu mois de janvier gris et humide, la ville de Quimper. J'entre dans le collège, tête basse, déjà fatiguée d'être là, de marcher les bras serrés contre moi à tenter de me réchauffer. Je me demandais ce que je faisais là.
Je haïssais tout le monde ce jour-là.
Il faut dire, que la Bretagne, avant d'avoir été mon lieu de naissance, était mon lieu de vacances. L'été, les grandes plages de Primel, le petit garçon de l'hôtel, la fille du palier en dessous, que par un hasard extraordinaire pour moi, j'ai retrouvé dans le même lycée que moi des années plus tard. Nous n'étions plus amies alors, j'avais trop changé, c'était trop loin, ce temps où nous faisions des trous immenses dans le sable pour y construire notre maison. On posait des galets bien à plat pour faire un plancher. On créait des étagères dans les murs friables, on faisait des coquillages, nos tasses.
Et puis, la campagne, du centre du monde, celle qui est verte toute l'année même en plein été, les grands chênes, les noisetiers, les mûres, les round-balls. Fallait voir aussi comme la balançoire des voisins était haute, avec de vrais anneaux, un trapèze balaise, bon, les aoûtats parfois.
Le grand-père qui me tordait le nez, et qui m'apprenait les bigorneaux, la grand-mère qui m'interdisait de sortir de table avant la fin de mon assiette alors que l'autre m'achetait des tablettes de chocolat au lait Milka.
Bref.
La Bretagne de mes vacances était devenue la Bretagne de mes errances. Je déprimais, je crois. A posteriori.
Il m'a fallu du temps.
Sans doute, beaucoup de balades le long de l'océan, le nez au vent, décoiffée toute l'année, trempée de la tête aux pieds bien souvent, vive le climat brestois et vive la voile en décembre.
La voile et les voileux.
Faut reconnaître que si je n'en suis plus partie, c'est parce qu'un breton indéboulonnable avait réussi à m'attraper le coeur. Ils sont forts les bretons, têtus, décidés, attachés à leur terre, il leur pousserait des feuilles de chêne au sommet du crâne ce ne serait guère étonnant tant ils s'enracinent.
Et pourtant, la Bretagne est une ouverture au voyage. Tous les pays peuvent s'y retrouver au détour d'un virage, en haut d'une montée.
La première fois que j'ai pensé ça, je m'en souviens, j'allais au centre nautique où je commettais quelques cours le WE, à des gamines qui faisaient de la compèt en optimiste. J'étais dans la voiture d'un parent, qui m'avait retrouvée devant l'hôtel de l'Hôpital-Camfrout, où le car m'avait déposée un peu avant. Nous roulions donc (cesse de digresser nom d'un chien), la campagne, les arbres verts, les virages, la route noire, humide sûrement, et le ciel, bleu, et blanc aussi. Quand tout à coup, la mer.
C'est ça, tu passes en une fraction de seconde d'un paysage champêtre, au plus bleu des océans, juste après avoir dépassé un tournant.
C'est pour ça.
Que la Bretagne et moi.
On ne peut pas s'ennuyer ici, ni se lasser. La mer, c'est un perpétuel changement, une vague, un coup de vent, et tout est différent.
Tu sauras?
Venir se perdre ici, c'est laisser un bout de son âme à la magie de cette terre vivante. Ta venue l'enrichit. Si tu restes un peu, si tu restes longtemps, tu finis par être nourri d'elle, et de ceux qui l'aiment. Et au final...
Tu vois?
C'est pour ça.

7.9.10

Bretagne

Tu as de la chance de vivre là. Chaque jour peut t'apporter l'émerveillement. Il te suffit d'ouvrir l'oeil, et c'est comme si tu faisais un petite croix dans l'écheveau de ton cerveau qui te sert de placard aux choses belles, aux choses simples qui sont à portée de ta main.
Tu apprends à relativiser alors.
Regarde, cette chapelle, c'est un type pris sous le tonnerre, alors que la foudre allait le frapper, qui a juré que s'il s'en sortait, il élevait une chapelle en ce lieu. Devine. Le ciel devint clair. Il lui fallut 23 petites années au XV ème siècle, pour construire, non, j'ai un gros doute, pour faire construire cet édifice fabuleux et étonnant.
 Sinon, regarde en bas, il y a une rivière. L'ellé, que c'est (avec l'accent, ça pourrait passer). Bref, la rivière, l'Ellé. Elle est tout encaissée, mais pleine de joli cailloux ronds, glissants comme dans les rêves d'enfants, on a même entendu un loup, ou bien c'était plus tard, avec les légendes, on ne sait pas bien.
On a préféré trouver refuge plus loin, le long d'une autre rivière, le Scorff. Là, on y compte les saumons. Entre autres. Parce qu'on y voit de bien beaux objets dans la cour des Arts. Même si c'est un peu trop pour les filles, dixit mon fils.
Enfin, ce matin, je me suis levée tôt. J'avais de la brioche aux pralines à cuire, tu vois? non, tu sens?
Alors, quand j'ai vu le ciel, je suis sortie. C'est beau un ciel de nuages et de soleil qui se lève, le matin.
Tu ne trouves pas?

Oui, chanceux ceux qui vivent là.
Je sais bien.


2.9.10

Un matin

Pourra t-on dire qu'un matin de rentrée est un matin comme un autre?
Les enfants sont de retour, ils ont chaud, chaud comme un mois de juillet, ils veulent aller à la plage, ils le mériteraient.
Le chat a dormi toute la journée.
Les fleurs ont continué de pousser comme la pelouse.
J'aurais du ranger. J'ai fait un tour en moto. J'ai écrit. Je voudrais bien aller à la plage aussi.
Mais non.
Juste les photos de ce matin, en taille originale, si vous cliquez dessus ça s'affiche en grand.
Voilà à quoi ressemble un jardin un matin de rentrée.
A bientôt!

1.9.10

Rentrée.


Il y a eu les grand-parents. La plage. Les copains. Les amis. Les enfants des zotes. Le cinéma. La plage. Le vélo. Le roller. le cerf-volant. Les grand-parents. Une immense balade de deux heures. La cueillette des mûres. La cueillette des framboises. Le chaton. Les tomates. De nouveaux habits. Un cartable et tout ce qui va dedans. Plein de films. La pêche. La vraie pêche. Un ou deux tours en bateau. La chasse aux papillons et à toute sorte d'insectes. Les sandwiches et les pique-nique. La plage. Toujours la plage, dès qu'il fait beau c'est vrai.
Et maintenant.
L'école. Les copains. Les devoirs. La cantine. Le car. Les récrés. Les disputes. Les réconciliations. Les nouveaux mots.
Et.
Et je dois dire que là, moi, il se peut que dès demain je reprenne le chemin des photos le matin, les balades en moto, les marches sur la côte, l'écriture, la cuisine, regarder le ciel juste pour regarder le ciel, sans rien chercher, sans rien attendre, juste le ciel.
Ecouter de la musique. Encore et encore. Toujours. 
Et pourquoi pas un rayon de soleil qui viendrait caresser mes yeux fermés, et pourquoi pas une envie d'aller me baigner, flâner dans l'eau...
Flâner dans l'eau...tu l'as déjà fait? la planche, tu vois, s'étendre dans l'élément liquide, se laisser porter, se laisser chatouiller par les algues, et masser par les vagues, fermer les yeux en comptant juste sur l'axe supposé du soleil qui transperce la peau de mes paupières pour deviner si je tourne le dos à la côte ou si je m'éloigne vers le large.
Passer une journée à ne RIEN faire.
Rien. C'est à dire juste ce qui me plaît.
Demain.
Tu sais?
Faire la mouette. Nous. Tu vois?
C'est la rentrée, j'ai honte (même pas) mais vive la rentrée!
(bon courage à tous les profs, les presque profs perdus loin de chez eux, chez les fauves, aux vieux profs qui voient loin derrière eux et sont presser de regarder devant, aux élèves, les chérubins comme les voyous, hein, pas de discrimination, l'école c'est bien, pourvu que.)