31.10.10

Changer


"Nous allons dormir une heure de plus"
Eclat de rire de l'homme.
"Il n'y a pas de changement d'heure pour les enfants" me dit-il.
S'il y a bien une vérité, c'est qu'un changement arbitraire de l'heure n'influence pas plus le sommeil des enfants que le moment où la mer monte, et où le soleil se lève.
Nous nous sommes levés alors que le soleil avait déjà posé sa lumière sur l'étang. Nous nous sommes presque forcés à rester au lit, pour tenter de répondre à l'aspiration européenne. Presque. Parce que bien sûr nous avons fait plusieurs aller-retours dans la chambre des enfants pour leur dire de baisser le volume, respectons les consignes bon sang de bonsoir.
Il est vrai qu'ouvrir les yeux alors que le ciel est déjà bleu, c'est bien. C'est mieux. Je me souviens du temps où j'allais travailler le matin nuit, et que je rentrais le soir nuit. La lumière du jour, jamais. Bientôt, le cycle naturel va faire qu'on se réveillera encore à la nuit. Les jours sont courts. Alors autant en profiter, n'est-ce pas?
C'est ainsi que, bien qu'ayant une pile impitoyable d'habits d'enfants à trier/ranger/donner/jeter, je décide que ce dimanche bleu (gris?), nous sortirons.
C'est ainsi que, même si la grippette, nous sortirons.
Emmitouflés, capuchonnés, blottis, nous irons voir la mer, et le vent donner dans les vagues la sensation que nous ne pouvons rien contre Dame Nature, que quoiqu'il arrive elle sera plus forte que nous, et que ce n'est pas ce changement d'horaire arbitraire qui va donner au soleil la volonté de se lever plus tôt.
Juste, reculer l'heure de faire le ménage :-). C'est déjà ça, pas vrai?

28.10.10

Mon automne

Laisse moi te raconter mon automne. Mon automne pas monotone. 
C'était il y a bien longtemps. Je n'aimais pas comme il faut, je vivais, mais je ne voyais pas. Vivre chaque jour sans savoir. Depuis j'ai appris, après avoir quitté ce pays où les saisons se ressemblent toutes, qu'il faut regarder car rien ne dure jamais. Un jour, c'est toi qui part, un jour tout disparaît.
L'éternité c'est bon pour les contes. 
Un matin, j'ai atterri dans ce pays gris, j'étais devenue aveugle. Plus rien ne comptait que la perte. Je me faisait un cocon de cette perte. Je m'en nourrissais. Je croyais que plus rien n'avait d'importance, j'étais comme morte, puisque j'avais tout perdu. C'est ainsi quand tu quittes, quand on t'arrache. 
Et puis.
Et puis le temps. 
Le temps a fait sa route, il a tracé son chemin jusqu'à mes yeux qui se sont rouverts. Parfois, il m'arrivait de sourire. Je pouvais marcher plus vite. J'aurais presque couru. Pourrais-je aimer encore?
Il a fait beau parfois. Du bleu, tu vois. 
Il y a un endroit en Bretagne, où tu domines tout. C'est presque vrai, parce que c'est le plus haut sommet d'ici. Tu souris? oui, ici le plus haut sommet atteint 384 mètres, clocher inclus. C'est le mont Saint-Michel de Brasparts. Tu mets un S à Brasparts oui. Tu pourrais dire Menez Sant Mikel, si tu veux faire local.
Il devait faire froid, il fait toujours froid en haut du mont, mais. 
Il devait y avoir du vent. Un mont sans vent c'est du pain sans sel. 
C'est peut-être le vent qui a dessillé mes paupières. Ou un rayon de soleil. J'ai vu le lac bleu. Bleu presque turquoise. Et tout autour, la lande, rousse. Et c'était beau.
Je prenais conscience qu'au fond, tout n'était pas gris, que je pouvais encore aimer, que je pouvais voir et être émue de ce qui se montrait à moi. 
Depuis, si j'aime l'été comme jamais, l'automne est devenue une de mes saisons préférées, pas moyen de faire autrement. 
J'avais envie de te le dire. De le partager. Au cas où, ce matin, tu te sois levé fatigué, ou angoissé. Demain, tu regarderas par la fenêtre, peut-être pourras-tu voir les couleurs fabuleuses de l'automne. S'il le faut, descends dans ta rue, ton jardin, il y aura un arbre, c'est certain, qui te fera de l'oeil, qui se fera beau et ocre, ou qui fera ressortir le bleu du ciel ou l'herbe verte, ou le noir bitume. L'automne est doux, l'automne est fort, il te prépare à l'hiver, où rien n'est plus pareil. 
Et même en hiver...(en hiver faut se réchauffer, allumer des feux, se pelotonner, se bichonner, s'embrasser pour mieux s'embraser...)
Tu me diras?


25.10.10

L'île verte ou comment nous avons failli devenir Robinson.


Ce jour-là, il faisait un temps froid. Froid mais beau. Presque très beau. Juste de gros cumulus, paquets oubliés de coton dans le bleu du ciel, qui laissaient parfois le soleil se faufiler, juste assez pour qu'on aie le temps de se dire, j'enlève mon manteau, ou pas?
Il y a des paysages en Bretagne, qui sont magnifiques. Beaucoup.
Il faut que tu imagines. Du sable blanc, très fin, un sable qui fait mal aux yeux si le soleil s'y réverbère, même en hiver. Une mer bleue, souvent, noire, parfois, vert émeraude quand elle veut bien, translucide, une transparence trompeuse qui te met le sol à portée de bras, alors que la profondeur de l'eau, quand même.
Nous étions 10.
Quatre adultes et six enfants. Deux voitures, oui, en pleine pénurie d'essence, des adultes fous donc, à moins que la pénurie...non, pas de politique aujourd'hui.
Les enfants, grappe de raisin vivante, s'égrènent sur le sable en quelques secondes. Ils s'entendent bien, cousins, cousines, frères, soeurs, c'est beau les enfants vivants. La plage est immense, le vent, du nord.
Les adultes, repus de leur déjeuner, décident de se poser à flanc de dune, jetant un oeil fréquent sur les enfants, un, deux, trois, quatre, cinq, six, sont tous là, c'est bon.
Je les voit s'éloigner, ils sont à une centaine de mètres, mais le sable est grand, il y a de la place, c'est libre de mouvement, c'est bien.
Ils vont sur les rochers plus loin devant, ceux qui font la base d'un promontoire, au sommet herbeux. C'est de la couleur encore. Je décide alors de les rejoindre, les rochers, quand même, ça peut.
Je grimpe avec eux sur les rochers, plein de photos, plein. Ils s'y prêtent avec un plaisir que je ne leur avait pas connu avant, comme s'ils avaient eux aussi, tous, l'envie de garder souvenir de cette journée.
Pour garder souvenir, nous avons gardé souvenir.
Ca.

Parce que tu vois, à un moment, je réalise que c'est bientôt l'heure du goûter. Oh non, se plaignent-ils, c'est vrai, les rochers, les crabes, les huitres, les batailles de goëmon c'est tellement mieux. Mais j'insiste.
Nous sommes alors, derrière le sommet rond et vert du promontoire, côté mer.
Nous grimpons. Je regarde vers la plage. Les trois autres adultes, là-bas, à deux cent mètres.
Et je vois.
Je vois que l'eau, cette perfide, a formé un cordon d'une cinquantaine de centimètres de large, entre le promontoire et la plage. Le promontoire devient une île.
Je réalise l'urgence. Je fais presser le mouvement, je ne sais pas quelle est la profondeur de l'eau qui est en train de monter, vite.
Je me dis, mince, est-ce qu'ils vont venir là-bas, m'aider à traverser avec les petits.
Parce que, tu vois, l'eau monte, mais vraiment très vite. Nous parcourons les 30 mètres dans les rochers le plus vite possible, je tire par les bras les retardataires, je dis vite vite, l'eau monte.
Arrivés en bas, le cordon s'est élargi. En quelques toutes petites minutes il est large de 50 m. Je fais soulever les pantalons, ils ont des bottes, ce ne sera pas grave si elles sont mouillées, j'enlève mes croquenots, mes chaussettes, et je prends sur le dos la petite qui a des bottes en cuir et pas le temps de les enlever, non,  vraiment pas le temps.
Finalement nous traversons presque cent mètres, enfin ça les faisait bien à notre arrivée. C'est comme de remplir la baignoire, tu vois le niveau monter, à l'oeil nu, et le bord rester statique ou presque alors que toi tu te diriges vers lui.
Les enfants avaient de l'eau jusqu'aux cuisses, moi jusqu'aux genoux.
Je peux te dire que j'étais contente d'arriver.
Je ne me suis pas méfiée, personne ne s'est méfié, même sur la plage, la mer est arrivée sur le coté, tu vois, elle n'est pas montée par le devant de l'île, comme on aurait pu croire, comme on a cru.
Voilà. C'était ma leçon du week-end.
Crois-moi, je n'oublierai plus la marée dans les endroits que je ne connais pas bien.

Agrandir le plan

Et puis quitte à passer en mode Robinson, je choisirais l'été, et toi. Rien que.

23.10.10

Les films.

J'enrage quand je vois le ciel gris car je sais qu'il va falloir lutter. C'est tellement plus facile sous le bleu et la lumière.
Mais.
Mes petites recettes: la musique d'abord, un bon Frizzante, ou bien San Séverino, Anis, ou bien...toute musique bien rythmée qui fait danser, celle qui te porte à travers toi, presque à ton insu.
Nécessairement, je repense souvent à ce film, totalement réjouissant, qui me donne la chair de poule, qui m'éveille à tout, pas de temps mort, il y a l'histoire (c'est comme si tu lisais un polar), la musique (le jazz, le blues, le tango, tout...) et la danse. Les scènes de danse.
Chicago.
Si tu n'as pas vu ce film, quelle chance (je dis la même chose à ceux qui ne connaissent pas la Bretagne, car ils vont découvrir un monde merveilleux), quelle chance, tu vas tomber dans le panier de la vénéneuse Velma, la vamp, qui sait danser comme une sorcière envoutante. Tu vas vibrer au claquements des talons, onduler avec les épaules de ces femmes magnifiques, tueuses d'hommes, mais magnifiques quand même ah ah ah, tu vois, déjà, il fait gris dehors, mais je m'amuse à penser à ce film!

Ecoute, vois, et vis!

20.10.10

Manif


Non. Je ne vais pas faire de politique, ni en parler. Je ne suis pas douée pour ça. Mais.
Marcher. 
T'es à côté d'une femme qui a un sifflet en bouche et qui rythme sa marche avec le sifflement, qui bat la mesure avec les percussions derrière. Elle danse presque, ses pieds, ses bras, tu vois le petit groupe de percussions, qui y va franchement, content, tu te laisses prendre.
Marcher avec.
Tu es seule, tu es deux, tu es mille, ou un million, c'est pareil au fond, c'est l'unité d'un groupe, on est tous différents, tous pareils.
Marcher avec eux. 
Des gens que tu ne connais pas. Des plus vieux, des plus jeunes, tu aperçois même le petit bonnet d'un bout'dchou sur les épaules de son père, ou bien une mère avec son bébé en écharpe et tu te rappelles la manif du C.N.E., enfin, contre, tu portais ta fille en écharpe, bien serrée, en lui bouchant parfois les oreilles.
Marcher avec eux contre.
Contre une réforme. Le sujet varie. Le pouvoir du peuple, la voix des petites gens, la seule façon de dire non. Même si. Même si de l'autre côté il n'en fiche rien, va savoir, ça finira bien par arriver jusqu'à lui?
Tu marches, solidaire, avec des gens comme toi et moi, qui n'ont même pas, peut-être, voté comme toi, contre lui, mais on a le droit de changer d'avis pas vrai? 
Tu es contente, il y a comme une joie qui te prend au ventre de voir tout ce monde, pour une fois, dans cette ville assez conformiste, ça bouge, tu ne parviens pas à voir le début et la fin du défilé, ils ont rallongé le parcours, on arrive même jusqu'à la voie express. CRS. Une petite dizaine face à nous. Pas grand chose.
Il y a comme une excitation de voir enfin le pouvoir du nombre. C'est dérisoire, mais. 
Mais tout est bloqué. Tiens, entend-on une mouche voler à l'Elysée? Il n'y a guère que les mouches, qui peuvent encore voler.
Manifester. Son droit à dire. Sa façon de penser. Réagir. 
Pour qu'il entende. (non, je ne mettrai pas de majuscule).

17.10.10

Raku.

Je ne travaille pas la terre. Même pas la terre du jardin, enfin, ce n'est pas ce que je préfère.
Je ne travaille pas la terre. Du moins, pas encore.
Hier, j'ai réalisé que vraiment, j'étais une "manuelle". Pas tant parce que je sais faire, non, je ne suis pas douée, mais parce que j'aime faire. Pas qu'un peu.
J'appliquais l'émail au pinceau, je réfléchissais aux couleurs, je tentais d'imaginer le résultat, et rien d'autre ne comptait. J'avais la tête vide de tout ce qui n'était pas à ce que je faisais.
Je me sentais bien. Tout comme les moments où je fais glisser le pinceau en poils de marte sur la toile, quand je caresse à l'huile, le lin. Tout comme l'instant où je façonne le pâton. Celui où j'entaille à la lancette le pain prêt à être enfourné. Ou bien même quand je tape ces mots.
Hier, donc, j'ai participé à un atelier Raku, et j'ai adoré.
L'ambiance d'abord, ça y fait beaucoup, des copines que je connaissais, des filles comme moi qui aiment faire.
Et puis, la découverte.
Ce qu'est l'émail: une poudre que l'on dilue dans l'eau et que l'on applique au pinceau, on dépose, sur la terre cuite, le biscuit. Oui, presque encore une histoire de pâtisserie.
La poudre n'a pas forcément la couleur finale. C'est la cuisson qui va transformer le pigment. Elle vitrifie.
Le Raku se caractérise par le "craquelage" de l'émail. Plus c'est craquelé, plus c'est "réussi".
J'avais choisi un petit bol et un poisson grand comme ma main. Des pièces déjà cuites nous on permis de déterminer les couleurs que nous choisirions.
A partir de là, on peut imaginer n'importe quoi.
J'ai choisi le vert. Il y en avait deux. Un très profond, émeraude foncé je dirais, et l'autre "vert printemps".
La surprise de ce que la cuisson révèlerait. J'avais un gros doute sur mes choix de couleurs, les verts ne s'assortissent pas toujours et en plus j'avais décidé de mettre un peu de nitrate d'argent.
Et puis, il y a le noir. Les endroits qui ne sont pas émaillés, vont noircir à la cuisson. J'aimais bien cette idée. La couleur et le noir charbon. Les contrastes.
Bref, quelques couches d'émail déposées sur la terre cuite, au gré des fantaisies, un petit sourire d'incertitude mais je n'étais pas là pour faire de l'art, juste pour essayer et y prendre du plaisir.
Nous sommes descendues au jardin.
En plus, il faisait beau. Froid, mais beau.
Le four est en trois morceaux. Un plateau, un cylindre et le couvercle.
Un trou au pied du plateau est juste là pour passer l'embout qui projette la flamme. C'est un four en grillage, à l'intérieur duquel est enroulé une fibre céramique (on dirait du coton blanc).
On pose les pièces sur des petites cales, puis on replace le cylindre, le couvercle et enfin allumage.
Une sonde donne la température. Il faut atteindre 1000 degrés.
Pendant cette heure de chauffe, petit café terrasse, au soleil.
Martine demande qui voudra bien l'aider à soulever le cylindre à la fin de la cuisson, cylindre posé sur le plateau sur lequel sont les pièces.
Euh...
J'étais d'accord, moi, si je peux aider...les autres étaient toutes contentes, faut dire que Martine nous prévenait de la chaleur, et nous faisait comprendre que ce n'était pas anodin.
Nous regardions dans le trou aménagé dans le couvercle. Les terres émaillées avaient la couleur orange translucide de la braise, impossible de deviner le résultat à ce stade. Mais c'était beau. Il faut le faire à la nuit tombée nous disait Martine, là, c'est magique. La lumière des poteries, leur transparence, on voit presque à travers. Nous étions toutes impatientes. De vraies gamines. A notre âge.
J'ai soulevé le cylindre, une main sur la poignée, Martine de l'autre côté, et les poteries ont commencé à changer d'aspect.
Martine a pris une grande pince, et posé chacune des pièces dans une grande caisse dans laquelle il y avait de la sciure de bois. Les flammes ont pris tout de suite. Elle nous a demandé de rajouter de la sciure sur les pièces en même temps qu'elle posait les autres, une à une, précautionneusement. Tout brûlait.
Oui, à la nuit, ce doit être un spectacle magique.
Le Raku c'est ça, continuer de cuire les pièces dans la sciure de bois, puis, enfumer. C'est-à-dire, poser un couvercle sur la caisse pour étouffer le feu, qui donc produira la fumée nécessaire.
On attend un peu, encore, on est impatientes n'oublie pas, on trépigne presque. On a pu voir les couleurs presque définitives au moment où les pièces brûlaient.
Mais, on voulait tourner autour de nos pièces, les admirer, voir le brillant du verre, le chatoiement des couleurs, le jeu du soleil sur l'émail.
Enfin.
Martine a repris sa pince et fait glisser les pièces dans des bidons d'eau. Très lentement. On avait peur, imagine que ça casse. Le contraste du chaud et du froid tu vois.
Mais non.
Tout s'est bien passé. On faisait OoooO, AaaaAAA, on riait, on constatait les réussites et les essais mitigés. Mon petit bol par exemple, pas top, l'émail trop épais, avait fait mille petites bulles. Un peu rustique le truc.
Les coqs étaient magnifiques. Les poulettes aussi, très mignonnes avec leurs pois verts.
Et mon poisson, ben ma foi, je l'aime mon petit poisson. Les verts sont assortis, le brillant de l'argent, brillant, le noir où je le voulais...pas une oeuvre d'art, donc, mais un grand plaisir.
Le seul bémol, tu vois, c'est que j'ai envie de recommencer.
Non, pire.
Je veux faire la poterie d'origine, émailler et cuire, tout, tu vois, de A à Z.
Tu crois que je peux le faire avec trente huit heures hebdo? avec la peinture à l'huile, la danse africaine, l'écriture, la lecture, et la familia??
Qui trop embrasse mal étreint...va falloir choisir...
Regarde, je vais te faire envie, un petit diaporama :-)

15.10.10

Avoir chaud.

Ici, nous n'avons pas encore allumé le poêle. Il fait assez tiède encore dans la maison.
Mais.
J'ai eu froid. Tout à l'heure. Alors j'ai mis de la musique. La musique donne de la chaleur, tout le monde sait ça.
Mais j'avais encore froid.
Alors, j'ai mis par dessus mon pull, un autre petit pull, une sorte de boléro, le bas du pull arrive au milieu de mon dos.
Ma fille, la petite, a dit:
"Oh, mais il est tout petit riquiqui ce pull. Tu as froid? Attends, je vais te réchauffer"
Avant même que j'aie eu le temps de faire le noeud qui ferme le pull, en haut, ma fille, s'est jetée sur moi, les deux bras autour de mes hanches, sa tête à hauteur de mon ventre, debout sur la pointe des pieds.
"Tu as chaud, maman?"
Oh oui, ma petite chérie, j'ai chaud. J'ai chaud dehors et j'ai chaud dedans.

Tu vois, le petit radiateur a besoin de bras autour. Pour rayonner encore.
Je voudrais réchauffer encore longtemps.

14.10.10

Les gens.

Parfois, on fait des trucs fous. Faire quelques centaines de kilomètres pour voir des amis, rencontrer des gens, voir le monde ailleurs que chez soi.
C'est la perspective de ne plus avoir la liberté de bouger, qui me fait réagir. L'idée qu'un jour, le fait de regarder dehors juste pour prendre la même route que la veille et que le lendemain. La sensation de ne pas voir plus loin que le bout de mon nez ou celui de mon bureau. Voir un paysage derrière une fenêtre, mais tendre la main en vain, paysage inaccessible.
J'adore voyager.
Ou peut-être est-ce juste l'idée du départ que j'aime.
Le bagage. Même tout petit. La route.
Tu vois ce pont?
C'est tout un symbole un pont. Il se traverse. Il rejoint deux rives. Il lie.
Traverser un pont au moment d'un coucher de soleil. C'est beau.
Tu sais que tu vas voir quelqu'un que tu aimes bien, tu voudrais aller plus vite. Mais les limitations.

Partir, c'est ouvrir les yeux. Voir les différences. Même quand c'est pas loin. Même quand c'est le même pays. Parfois, la même région. Je pourrais te parler des heures de tous les paysages de Bretagne.
Là, c'était les ondulations. Les collines. Les églises. Blanches. Lumineuses au soleil du matin.
Parce qu'en plus, le temps était favorable aux mirages. Aux illusions. Il se nimbait d'une lumière lumineuse qui adoucissait les lignes.

La route était belle. Même derrière un camion. Ca pouvait me donner le temps de faire une photo volée. Parce que mon temps était court, je ne pouvais pas faire de tourisme. J'allais voir des gens. On dit gens, ça veut dire "clan" en latin. J'avais l'impression qu'ils étaient de mon clan.
M'enfin, j'aime surtout les gens bizarres. Ou bien est-ce qu'ils sont normaux et les autres bizarres? A moins que je ne sois bizarre aussi. La bizarrerie se mesure à quoi au fond? à ta seule façon de voir, ce qui est bien peu pour en faire une généralité. 
On en dit peu quand on est en face d'eux.
Mais on profite. On regarde. On admire. 

Même si certains sont assez bizarres pour manger des trucs encore plus bizarres. Figure-toi qu'il y a des pikatchou qui se mangent. Je ne sais même pas comment ça s'écrit Pikatchou. Pti chou.
Mais figure toi aussi que dans cette maison, on mange du poisson avec une sauce qu'Elle a préparé avec soin et condiments. Et que c'est vachement bon. 

Dans la maison du boulanger, le long de la Charente, on sait vivre, comme il faut, et ça vaut le coup d'un voyage. Que tu trouves trop petit, du coup.
Mais.
Je m'inviterai encore. Au moins, de le dire, c'est la liberté d'y croire.
Merci de l'accueil m'dame and co :-)

10.10.10

Les Vagues.

Il y avait des vagues
Il y avait du vent.
C'était beau, c'était sauvage,
C'était bleu,
Et plein de nuages.
Il y avait du vent
Il y avait des vagues,
Et la lumière,
Et le soleil,
Qui s'allumait,
Qui se cachait.
Il y avait des vagues
Il y avait le vent,
C'est à toi,
Que je pensais.
Il y avait les vagues,
Il y a du vent...

7.10.10

La pomme.

Hier j'ai fait une blague de très bon goût sur FB, bon goût parce que c'est moi, en parlant de la pomme.
En substance, j'ai dit que la pomme n'était pas qu'un fruit, et pas non plus qu'un péché. Ou alors je suis une pécheresse très gourmande.
Ce à quoi on pourrait dire que oui, de toute façon, c'est ce que je suis.
J'assume. Je pèche, et je croque la pomme, et même jusqu'au trognon, je ne te rendrais que la queue.
Alors, pour baptiser cette pomme qui me fait femme malhonnête, j'ai voulu faire un montage photo, un de ceux qu'il m'était impossible de faire dans d'aussi excellentes conditions. Je pensais à quelque chose de bien particulier en le faisant. C'est la photo de fond qui m'a inspirée. Celle où les gouttes sont figées sur la peau tendre de la rose, alors que la pluie s'en est allée pour laisser place à un soleil lumineux.
Tu vois?
Cette eau claire, sans doute au goût subtil et cette couleur, m'ont fait une double impression: une naïveté, fraîcheur. Et une sensualité incomparable.
J'aime quand une photo dévoile autre chose que ce qu'elle montre. il y a une rose, mais il y a une peau aussi, il y a des gouttes de pluie, à moins que ce ne soit la peau qui transpire.
C'est rose, mais.
Tu vois?
Qu'en penses-tu, toi, ami lecteur?



2.10.10

Cocoon.

Faire de sa maison. Faire de son salon. Faire de ses mains.
Un cocon.
Regarder le ciel. Compter les gouttes. Echapper au vent.
Se blottir.
Respirer les fleurs. Les roses croulantes d'eau du ciel. Faire chauffer de l'eau.
Boire un thé.
Pétrir la pâte. Sabler la tarte. Garnir de fruits.
Humer.
Mettre ses chaussettes. Glisser. Laisser le chat.
Sur mes genoux se poser.
Ouvrir un livre qui parle de la couleur du bonheur.
Ma couleur.
Rouge.
Avoir envie d'allumer un feu. Pour le tableau. 
Mettre de la musique. Ecouter le doux babil. Se laisser embrasser. Serrer dans ses bras. Poser son nez dans le creux tendre du cou. Serrer plus fort. Ils grandissent si vite.
Se sentir envahie de tendresse. Des couleurs de l'automne. De la pluie qui rince aussi, du vent qui balaie, aussi, se laisser emporter, fermer les yeux.
Se nicher dans le cocon. En écoutant Cocoon.
Tout doux.
Je.

Découvrez Cocoon!