Laisse moi te raconter mon automne. Mon automne pas monotone.
C'était il y a bien longtemps. Je n'aimais pas comme il faut, je vivais, mais je ne voyais pas. Vivre chaque jour sans savoir. Depuis j'ai appris, après avoir quitté ce pays où les saisons se ressemblent toutes, qu'il faut regarder car rien ne dure jamais. Un jour, c'est toi qui part, un jour tout disparaît.
L'éternité c'est bon pour les contes.
Un matin, j'ai atterri dans ce pays gris, j'étais devenue aveugle. Plus rien ne comptait que la perte. Je me faisait un cocon de cette perte. Je m'en nourrissais. Je croyais que plus rien n'avait d'importance, j'étais comme morte, puisque j'avais tout perdu. C'est ainsi quand tu quittes, quand on t'arrache.
Et puis.
Et puis le temps.
Le temps a fait sa route, il a tracé son chemin jusqu'à mes yeux qui se sont rouverts. Parfois, il m'arrivait de sourire. Je pouvais marcher plus vite. J'aurais presque couru. Pourrais-je aimer encore?
Il a fait beau parfois. Du bleu, tu vois.
Il y a un endroit en Bretagne, où tu domines tout. C'est presque vrai, parce que c'est le plus haut sommet d'ici. Tu souris? oui, ici le plus haut sommet atteint 384 mètres, clocher inclus. C'est le mont Saint-Michel de Brasparts. Tu mets un S à Brasparts oui. Tu pourrais dire Menez Sant Mikel, si tu veux faire local.
Il devait faire froid, il fait toujours froid en haut du mont, mais.
Il devait y avoir du vent. Un mont sans vent c'est du pain sans sel.
C'est peut-être le vent qui a dessillé mes paupières. Ou un rayon de soleil. J'ai vu le lac bleu. Bleu presque turquoise. Et tout autour, la lande, rousse. Et c'était beau.
Je prenais conscience qu'au fond, tout n'était pas gris, que je pouvais encore aimer, que je pouvais voir et être émue de ce qui se montrait à moi.
Depuis, si j'aime l'été comme jamais, l'automne est devenue une de mes saisons préférées, pas moyen de faire autrement.
J'avais envie de te le dire. De le partager. Au cas où, ce matin, tu te sois levé fatigué, ou angoissé. Demain, tu regarderas par la fenêtre, peut-être pourras-tu voir les couleurs fabuleuses de l'automne. S'il le faut, descends dans ta rue, ton jardin, il y aura un arbre, c'est certain, qui te fera de l'oeil, qui se fera beau et ocre, ou qui fera ressortir le bleu du ciel ou l'herbe verte, ou le noir bitume. L'automne est doux, l'automne est fort, il te prépare à l'hiver, où rien n'est plus pareil.
Et même en hiver...(en hiver faut se réchauffer, allumer des feux, se pelotonner, se bichonner, s'embrasser pour mieux s'embraser...)
Tu me diras?
C'est vrai, l'automne c'est magique. C'est hors du temps, avec ses rayons de soleil qui te rappelle l'été et font briller les feuilles dorées.
RépondreSupprimerC'est dommage, j'ai pas pris de photos de mon automne... si j'en avais, ça ressemblerait à ça: http://www.neveitalia.it/foto/albums/userpics/10036/n_val-ferret-1.jpg où l'automne a déjà le goût de l'hiver !
Des saisons comme des histoires, ou qui les rappellent.
RépondreSupprimerAvec le temps, la saison préférée, c'est celle qui est là. Non ?
Besos, Jack.
Quand le chagrin est là, une journée dure autant que trois automnes.
RépondreSupprimer[Le Thanh Tong - Extrait de Nostalgie des guerriers]
Roréa, j'ai vu :-) c'est beau !
RépondreSupprimerJack, philosoph'man, je suis tout à fait d'accord avec toi :-)
Sirocco, Betelgeuse, ça fait pas longtemps que je la connais :-) Votre étoile est bien brillante!
Marcus, encore un sage? es-tu sage?
Qu'est-ce donc qu'être sage, quand le temps qui passe nous file plus vite entre les doigts que le sable de la plage. [Confurieux - Extrait de Lettres à sa petite sœur]
RépondreSupprimerMarcus, confurieux, Confus sans doute :-) confussage, confusbavard, confusmalin, confusnimporte quoi :-)
RépondreSupprimeret bien moi rien de tout cela..
RépondreSupprimerm'énerv' cette maudite pluie...
Bé, un des avantages de la pluie, c'est qu'elle lave...patience...;-)
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