30.1.12

La lettre

Ce matin, il y avait deux choses nouvelles qui m'ont fait plaisir, n'ayant aucun rapport entre elles si ce n'est le média qui les a introduites dans mon oreille.
Léonard Cohen et le Jury du livre Inter.
Pour le premier, c'était à l'époque un 33 tour des parents qui, glissé sous le diamant alors que j'avais 16 ans, répondait à toute la mélancolie qui était la mienne. Je ne comprenais pas les paroles, mais cette voix, nomdidjiou, cette voix me faisait vibrer.
J'en ai acheté un seul depuis, pour dire que je suis fan mais pas à la folie, que j'écoute de temps à autre parce que l'homme de la maison n'aime pas. Pour lui ce n'est pas de la musique. Mais j'adore toujours fredonner Léonard...alors cet album, dès qu'il sera sur la plateforme où je suis abonnée, j'écouterai.
Entre Higelin 70 et Cohen 77, je me dis que c'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure soupe.

Pour le jury du livre Inter, c'est autre chose, c'est au moins aussi vieux dans mon souvenir, au moins aussi vieux que l'envie d'avoir une librairie.
La librairie j'ai fait une croix dessus, ma maison finira bien par y ressembler.
Mais là, vois-tu, c'est un truc qui me trotte à chaque fois.
Chaque année pendant 20 jours, je me lève avec l'idée d'écrire une lettre.
Une lettre à France Inter, une lettre entière, qui dit le livre.
Enfin, qui dit ce qu'il est pour moi, ce machin que j'ouvre, que je sens, que je respire, qui me tache les doigts de noir, qui me fait partir, qui me fait pleurer parfois, ou rire, voire glousser comme une dinde, qui me fait dire des passages à voix haute à l'agacement du conjoint qui soupire, qui m'est cher (le livre, et le conjoint of course).
Je ne peux pas rester sans lire.
Et lire me fait grandir.
Ou me permet d'attendre des heures qui deviennent des minutes.
Ou me donne envie d'écrire.
Ou me décourage d'écrire.
Ce matin, c'était un petit peu différent.
Je pensais à deux personnes à qui je laisserais ma place s'il fallait choisir entre elles et moi.
Deux lectrices.
Laure et Stéphanie.
Avec ces deux là, on s'est déjà échangé un livre, des disques, des lettres.
Elles lisent.
Elles écrivent.
Je me suis dit que ce serait chouette de s'écharper sur un livre qui nous partagerait. Ou que ce serait chouette d'aimer un livre pour des tas de raisons différentes.
Parce qu'un jury qui aime un livre, il le choisit pourquoi?
Est-on objectif dans le choix d'un livre?
Moi, non.
Ou j'accroche, ou je n'accroche pas, je suis incapable d'en faire une analyse comme on a appris au lycée, ça me fait braire ça. Non, je suis capable de dire que le choix des mots, la danse des mots, leur musique, leur tempo m'a fait valser, basculer, onduler. C'est tout.
Alors ce matin, c'était le premier matin où je me dis jusqu'au 20 février, est-ce aujourd'hui que j'écris cette lettre?
Et tu sais pourquoi?
Parce que c'est l'occasion de lire des livres que je n'aurais pas choisis. Et que donc, je découvrirais des auteurs, ils me tomberaient sur le coin de l'oeil, ils me bouleverseraient peut-être.
Je voudrais être bouleversée par le choix des autres. Aussi.
Mais bon.
Faut l'écrire cette lettre. Et comment dire bien ce qui tient tellement à coeur?


23 commentaires:

  1. J'écoutais en même temps que toi, à l'autre bout du monde, ce monde que tu connais. 4000 lettres qu'ils reçoivent en moyenne et ils en sélectionnent combien déjà, 20 je crois.
    Pour faire partie des 20, il faut déjà que tu sois dans les 4000. Pourquoi hésiter ?
    Prends ta plus belle plume et écris une lettre.
    Tu peux la reprendre le lendemain ou en écrire une autre. Mais pourquoi attendre ?
    Personne ne l'écrira pour toi et franchement qu'as-tu à perdre ?
    Jury du livre inter, quelle expérience fabuleuse et enrichissante cela doit être ! alors fonce ! Nom d'une pipe !

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    1. Nom d'une pipe en bois! Ou en écume de mer ;-).
      Merci de tes encouragements!!

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  2. J'ai fait une lettre une fois, il y a 5 ou 6 ans, je n'ai jamais osé l'envoyer.
    Et chaque année je me dis, cette année je le fais.
    Et chaque année je renonce.
    C'est à dire que j'aurais voulu pouvoir parler du Livre Inter chez Jean-Luc Hees il y a bien longtemps, quand quotidiennement on pouvait écouter Synergie.
    Juste pour entendre sa voix en vrai, et savourer les questions qu'il M'aurait posées.
    Depuis, je trouve toujours mille raisons de ne pas écrire cette fameuse lettre.

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    1. On se met d'accord et on en envoie une le même jour, timbre de la poste faisant foi:-))
      Ça tirait bien. J'étais sûre que tu y avais déjà pensé!

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    2. J'écoutais synergie aussi. 13:00. La fac.

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    3. 18:00, Synergie. Après lui il y a eu Albert Algoud (orthographe?), et ensuite Frédéric Bonneau
      Le bonheur des oreilles.
      J'aime pas trop Amélie Nothomb,, mais je veux bien réessayer de pondre une belle lettre.

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    4. Oui tu as raison. 13:00 c'était de l'info. Bref. Pond ma poule!

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  3. Sinon, pendant que tu écrivais ton texte, j'écoutais la voix de Jean-Luc Hees poser de belles questions à Léonard Cohen

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    1. Ah oui... Quelle voix hein. Je vais l'écouter ce soir ;-). Miam.

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  4. Fais donc la liste de tous les inconvénients qu'il y a à écrire cette lettre ;)

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  5. Comment le dire Tifenn, sinon comme tu viens de le faire.
    Léoonard Cohen… dépressifs s'abstenir. ;o)

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  6. J'ai entendu Amen en rentrant de la danse. Et bien c'était bien bon. Dans la nuit. La voiture, les phares. Ma bulle.

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  7. Sourire. Qui tu sais n'aime pas non plus Leonard Cohen, il l'a supprimé de la clé spéciale voiture, mais qu'est-ce qui les en rebute, je ne le trouve guère dépressif.
    Je ne suis pas sûre d'avoir pigé le principe pour France Inter, mais il s'agit d'écriture et de lecture. Tes sources, quoi. Allez !

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    1. :-)
      Dana, France Inter donne un prix à un livre chaque année depuis...pfiou plus de 20 ans, le prix du livre Inter. Le jury est sélectionné sur des lettres de "motivation". Ils en reçoivent environ 4000 qui sont toutes lues et en sélectionnent 12 hommes et 12 femmes...
      Ouais, mes sources :)

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  8. Tu connais mon principe : qui ne tente rien n'a rien
    et là il n'y a rien à craindre, sauf si ça te fout les pétoches l'hypothèse d'être retenue. Pour moi c'est ce qui me ferait peur, je ne suis pas assez lectrice acharnée, je ne sais pas aller jusqu'au bout d'un livre qui ne m'accroche pas donc je ne peux pas postuler.
    Mais si cela ne te fait pas peur du tout et que tu en rêves, il n'y a aucune raison de ne pas s'amuser à le faire, c'est sans risque 300% de possibilités de n'avoir aucune réponse. Et un bel exercice ( garde le en double)

    Pour Cohen, c'est .....ben c'est. Des Textes, le gars qui dit, ( faut aimer la langue anglaise ), la voix d'outre tombe et parfois d'encore plus loin. La spiritualité, le parcours de l'homme et pis y vit à MOntréal...Miam.
    Le CD Ten new songs n'était pas flippant du tout. ouf

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    1. C'est vrai, qui ne tente rien... ce billet en est d'ailleurs comme un brouillon. c'est la première fois que je formule à l'écrit cette envie...
      Bref, je vais aller chercher de l'encre :-)

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  9. ah oui, ne me dis pas que tu n'oses pas écrire, en fait, c'est des livres, que tu devrais écrire.
    Leonard Cohen, sourire.

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    1. C'est à ton commentaire que je fais un sourire :-)
      Entre le texte et le livre, faut un souffle, un temps, une ardeur, un travail, une patience...il me manque quelques trucs là :-))
      Mais...je veux. Oui. (enfin, me réveiller un matin et l'avoir écrit la nuit quoi).

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  10. Comme la lecture est un moment de l'instant pour toi, et que les mots qui t'on fait vibrer hier ne seront peut-être pas les mêmes qui te font vibrer aujourd'hui, parce qu'il y a précisément se filet de lumière qu'il n'y avait pas hier, que les sons assourdis par la brume ne sont pas les mêmes qu'hier, parce que le livre que tu tenais à la main en attendant ton tour dans la salle d'attente ne conviendra pas demain lorsque tu boiras un thé sur la terrasse ou les pieds dans le sable... Moi, j'écrirai une petite lettre chaque jour, pour saisir l'humeur et l'appliquer à tes lectures, un éphéméride de la lectrice, qui sera plus proche de ce que tu es qu'une lettre fourre-tout dans laquelle tu essaierais d'expliquer pourquoi tu aimes lire... Je ne sais pas si je me fais bien comprendre ;o)
    Sinon, tout pareil, j'ai écouté lundi le dernier CD de Léonard Cohen, égal à lui même, la noirceur toujours là...
    Et Synergie...

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  11. Si, si, j'ai tout bien compris :-))
    C'est pas faux, les livres d'hier ne sont pas les mêmes qu'aujourd'hui, ils datent aussi un temps, une époque, un événement parfois.
    M'enfin, c'est difficile d'écrire cette lettre alors une chaque jour! quel défi! :-)

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  12. Bonjour,
    C'est ma maman qui m'a averti que c'était Amélie Nothomb la présidente du jury du livre inter cette année. Mais c'était jeudi dernier soit le 16. Je cherchais donc une inspiration. Jeudi rien. Vendredi toujours pas d'inspiration, Samedi idem. Dimanche 15 heure, le néant. Dimanche 15 heure 36 enfin là voilà. La voilà l'inspiration tant attendue ! J'ai finis à minuit mais j'ai posté ma lettre hier. J'espère que toi aussi tu auras réussi à écrire.

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    1. Bonjour, l'anonyme et bienvenue :-)
      Oui, c'est parti, mais à 10 mn de la levée, sur le fil :-)
      On verra!

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