30.12.08

Maternité


L'âge de raison tant attendu.
Le sien ou le mien?

Dans ce beau mot, maternité, j'entends deux mots, mater et éternité.
Il est assez long pour avoir besoin de quatre syllabes.
Ma Ter Ni Té.
Il est assez fort pour être prononcé
avec les lèvres, Ma, comme un baiser,
avec les dents, Ter, pour croquer la vie,
avec la langue, Ni, pour être goûté comme un carré de chocolat,
et avec un sourire, Té, parce que le dire, c'est se faire plaisir.

Aujourd'hui elle a sept ans.
Sa deuxième incisive est en cours de prendre la tangente et de laisser un vide provisoire à ce sourire total de petite fille. Elle dit qu'elle la perdra en février.
Elle a choisi son cadeau, elle sait où il est caché en attendant les bougies à souffler sur le gâteau dont elle ignore encore la composition, tout comme la cuisinière à l'heure actuelle.
Elle est pressée, c'est la première fois que tous ses grands parents seront là, le bon jour et en même temps.
Elle est fière de mettre la table de A à Z, de porter le pichet d'eau plein sans en renverser une goutte, de laver seule ses longs cheveux.
Elle écrit des lettres. A sa meilleure amie, aux amis de ses parents (adresse: sur l'île de Ré, pour R ), avec des fautes jolies, comme aisseller, pour essayer.
Elle dit que elle, elle est sage (pas comme son frère et sa soeur, eux), d'ailleurs elle a eu un livre d'histoires pour enfants sages.
Elle ne répond pas quand on lui parle et qu'elle a le nez dans un livre avec des mots, elle se sert de la télécommande du lecteur de DVD, elle jette à terre manteau, chapeau, écharpe, quand elle rentre de l'école ou du jardin.
Elle dit "je t'aime beaucoup maman".
Elle voudrait bien que je la laisse casser les oeufs en séparant le blanc du jaune, elle voudrait bien avoir sa cabane dans le jardin, et une caméra, comme son amie J.
Elle dit "t'es méchante".
Elle boude aussi. Avec talent. En faisant la moue, menton dans col roulé, bras croisés, ventre bombé. Ça, c'est la position à l'arrêt.
Elle sait aussi partir en courant, chercher la seule porte à claquer de la maison, celle de sa chambre. En tapant des pieds.
Elle rit comme une gamine, elle tape des mains à la moindre musique, elle danse au milieu du salon.
Elle a un amoureux. Elle dit qu'il est amoureux d'une autre aussi "c'est drôle hein, maman?".
Et puis elle prend la pose: bouche fermée avec sourire pincé, et le petit gloussement qui s'échappe, comme celui de l'adulte qui se retient de faire l'enfant.

Elle a sept ans, moi aussi, je me sens vieille et jeune à la fois, je suis la "fille de" et la "maman de".
Parfois je suis moi, aussi, le plus souvent ici.
Mais pour rien au monde je ne changerais cela.

Plein de baisers à ma cousine et à sa fille née hier...

27.12.08

Ciel

De Breizh Kiss
La fenêtre de sa chambre se jetait dans un vide de trois étages. Plus loin, un mur gris ne se détachait pas du ciel, il s'y fondait.
Son lit hésitait à se placer face à cette source de lumière. Il se présentait de côté, en biais dans le carré de la chambre.
Car il est certain que le premier regard du matin ne pouvait se suffire de ce seul gris et préférait se coller à la porte en bois blanc, écaillé.
Alors, elle se demandait ce qui allait bien pouvoir la sortir de la douce chaleur de la couette, si ce n'est son chat qui lui mordillait l'oreille, ou se faisait les griffes dans ses cheveux emmêlés.
Il lui fallait se lever, enfiler le jeans tombé au coucher, au pied du lit, saisir un pull en grosse laine grise, mais chaude, et fouler de ses pieds nus le lino froid qui gondolait dans une mauvaise imitation de parquet en chêne massif.
Aucune de ses amies ne faisait de bruit, soit endormies soit déjà parties, ayant toujours montré plus d'appétence aux cours de la fac.
Elle s'en voulait souvent de cette paresse à la vie, qu'elle excusait par une fatigue vécue comme chronique.
Parfois pourtant, l'oeil vert s'ouvrait en direction d'une couleur bleue et sa journée s'en trouvait changée. Le chat n'avait pas à miauler devant une gamelle vide, elle faisait du bruit avec sa cuiller, prenait un café avec une tartine de pain rassis sans grimacer, tant il est vrai qu'avec la pâte à tartiner tout passe, elle se coiffait, hésitait même à oser une jupe courte, ne le faisait pas avec une moue fataliste, ne ratait pas le bus ou bien si, mais alors courait vers la fac, espérant que le cours l'attendrait.
Là, elle s'asseyait rouge et essoufflée dans une salle orange vif et prenait des notes en hochant la tête, approuvant la matière et le prof qui la dispensait.
Elle se disait: "quelle chance, que c'est passionnant!"
Elle est vieille à présent, a depuis longtemps laissé choir les cours de la fac pour gagner sa vie, sans passion. Elle n'a rien jeté, tout gardé, de lieux de vie en maison vivante, elle se trimballe ses caisses comme un savoir qu'elle ne saurait garder en tête.
Elle a tenté de trouver un pays où le ciel est souvent bleu, ou presque.
Elle n'a plus besoin d'avoir envie de se lever. Elle se lève quoiqu'il arrive pour garder un oeil sur ceux qu'elle aime. Avec passion.
Son lit s'assume sous le carré de ciel double de la fenêtre de toit.
Et chaque matin, sous la paupière engourdie, elle se dit:
"le ciel est bleu, réveille toi"*.

*: merci à celui qui a fait cette recherche sur google et qui m'a inspiré ce texte.

25.12.08

Belle journée!

Certains se reconnaîtront! Et non, vous ne rêvez pas, nous avons pris le café et le gâââteau, dehors!

Vive la Bretagne!

21.12.08

La Vieille Dame.

Chaque fois que nous passions devant l'hibiscus aux feuilles vertes, luisantes, astiquées de près dans l'atmosphère aseptisée de la résidence, elle disait, regardant l'unique fleur annuelle avec un regard parfois triste: "j'avais les mêmes à Bizerte, dans le jardin...".
Au début, elle continuait la phrase, en décrivant la vue qu'elle avait de cette maison qu'elle avait fait construire, et puis à la fin, comme si elle se rappelait qu'elle me l'avait déjà dit, Bizerte était son dernier mot.
Cette vieille Dame là, au fond, je ne la connaissais pas encore.
J'allais la voir, une fois par semaine, évitant le vendredi jour du Kig ha Farz, essayant d'y aller le mercredi jour du couscous. J'avais souvent l'impression que c'était ma B.A. de jeune fille, celle qui me permettait de dire avec un soupir, ou avec assurance à mes camarades, "non, demain je vais à Ker Levenez".
On m'admirait, disant que c'était noble de ma part d'aller ainsi visiter une vieille, ou on ne disait rien, juste un mouvement de bouche qui se suffisait à lui même.
Elle avait des formules toutes faites, qui me faisait moins d'effet au début qu'à la fin. Elle m'appelait son "rayon de soleil", je ne voulais pas trop savoir ce que ça voulait dire, je le mettais sur le compte de la météo, celle qui ne permettrait jamais à un Hibiscus de s'épanouir, même dans ce long couloir vitré.
J'avais appris à marcher comme elle, son bras gauche sur le mien, un pas après l'autre, comme marchant dans la campagne, devisant gaiement sur les feuilles d'automne, ou le chant des oiseaux. Paisiblement.
Je lui mettais des pastilles de couleur sur la télécommande pour qu'elle sache comment et dans quel ordre faire fonctionner la mini chaîne qui lui permettait d'écouter ses airs d'opéra préférés, ceux qu'elle savait chanter de sa voix cristalline, celle qui me faisait frissonner à la messe quand j'étais petite debout près d'elle, les couleurs chatoyantes des vitraux pour seules lumières.
Quand c'était l'heure du repas, nous posions nos flûtes de champagne, oui, c'était son pêché mignon, elle rajustait son gilet bleu ciel au couleur de ses yeux bleus délavés, elle jetait un regard au portrait à l'huile de son père à gauche de la bibliothèque, elle prenait son tube de rouge, et faisait semblant de se regarder dans le miroir pour faire les deux traits d'une main qui savait ne pas trembler pour une chose aussi précise du quotidien.
Elle avait, au bout de deux ans, perdu l'habitude de mettre son chapeau et ses gants, mais ils étaient toujours prêts à être portés en cas de sortie en famille, avec ses enfants, pour un repas au "cheval blanc" qu'elle avait plaisir à offrir.
Cette vielle Dame là, voûtée, avait gardé le sourire éclatant en disant bonjour. Elle tendait la main, dans la position qui oscille entre la poignée douce et le baise main, habituée qu'elle était des robes de bal et des chevaliers servants.
Ma grand mère me racontait ses histoires d'amourettes, ses demandes en mariage, elle me chantait des chansons qu'elle connaissait encore par coeur au bout de 60 ans.
Elle riait, le rose aux joues en relatant la valse chaude, où son cavalier, un "De quelque chose" la serrait si fort que son collier lui entrait dans la gorge.
Et les balades au "Grand Pont".
Elle avait ce savoir de la conversation, celui des dîners aux couverts en argent, où aucun silence n'est de mise, et où la politesse cache une remarque acerbe, ou un compliment flatteur. Elle savait toujours de quoi parler, même avec des inconnus, ce que j'admirais beaucoup, étant incapable de maîtriser ce que je finis par penser être un art.
Cette résidence pouvait lui paraître une déchéance, n'y trouvant aucune amie à qui parler des choses qu'elle connaissait. Ce microcosme social obligé, avait été dur à avaler. Elle avait su garder la tête haute, se réfugiant dans ses souvenirs.
Elle ne pouvait pourtant parfois laisser échapper son amertume, critiquant une tenue moins bien mise que la sienne, ou l'un des rares résidents faire le tour des tables à la fin du repas pour vider les fonds de bouteilles dans celle qu'il tentait de dissimuler dans son dos.
Elle ne jouait plus aux échecs, ne pouvait plus tricoter, ne trouvant la force de se lever le matin que par cette force qu'une vie parfois impitoyable avait forgé en elle. Elle restait imbattable au Scrabble.

Enfin, je la reconnaissais, sans passif, sans rancoeur, juste elle et moi, parce qu'en fait on se retrouvait toutes les deux toutes seules dans cette grande ville.
J'ai eu le temps de lui dire avant qu'elle parte, que dans quelques mois elle serait à nouveau arrière grand mère. Je ne sais pas ce qu'elle a entendu, frêle corps allongé dans ce lit d'hôpital, mais d'elle j'ai connu le meilleur, ses souvenirs, ceux qui nous restent jusqu'au bout.
Quand ma première fille est née, elle n'avait pas d'arrière grand mère.
Mais j'ai gardé le petit agenda bleu, celui qu'elle tenait dans les années vingt. Et tout le reste.

17.12.08

Artichau(d)T #2

Elle a perdu la mémoire sur l'effet qu'a du lui faire l'annonce de la nouvelle. Il allait venir.
Elle a du se regarder, se dire, j'ai blanchi, j'ai grossi, je jure comme un vrai métropolitain, j'ai perdu le soupçon d'accent que j'aurais pu avoir, ce n'est plus moi, elle était morte depuis cet hiver là, cet été de l'océan indien, deux ans plus tôt.
Elle savait aussi, qu'autant elle avait changé, autant elle l'avait aimé, autant elle se devait de profiter de ce moment là, puisqu'en fin elle avait compris qu'il n'y en aurait qu'un, ce serait le dernier.
Elle avait dix sept ans et l'impression d'en avoir mille de plus. Elle se disait qu'elle devait parler moins vite pour avoir l'air plus sage, qu'elle devait sourire sans montrer ses dents pour avoir l'air moins enthousiaste, mais ce matin là, elle était toutes joues dehors, l'émail brillant, le coeur battant chamade comme jamais, pourvu qu'il lui trouve encore un peu d'intérêt!
Il venait passer une semaine à Kimmper, comme il disait, ce qui l'avait fait mourir de rire, ce qui avait brisé la glace, rétabli le contact.
Il était loin le temps où se mangeant une joue de mangue assis sur le trottoir du collège en attendant taximaman, il lui racontait tout. La bouche pleine, et le jus se glissant le long de ses doigts, il lui parlait de ses espoirs, il était champion dans son domaine, une force tranquille, elle se sentait investi d'une mission d'importance, le rassurer, parce qu'elle savait qu'il avait ce qu'il fallait du vainqueur.
Et cette semaine là, il avait fait si froid, qu'elle souffrait pour lui. Mais elle se disait aussi que lui, pourrait retourner dans son pays, là bas, au chaud. Alors, elle se taisait.
Il lui avait montré la photo de sa petite amie C. Elle se souvient du prénom, parce qu'une fois, cette semaine là, il l'a appelée comme elle. Elle avait pris dans ce temps court de retrouvailles et d'adieu, une bonne heure pour lui battre froid.
Comme elle ne voulait pas avoir l'air malheureuse, comme elle voulait qu'il soit fier, comme elle n'en pouvait plus de sa banale existence, elle avait concocté un réveillon particulier;
Elle faisait de la voile.
Dans sa région, la voile se fait même en hiver, et ce jour de décembre là était organisé une régate entre les moniteurs puis un repas de moules, digne repas de pêcheurs.
La régate se passait avec et sur des optimist. Il faut savoir que ces coques là, sont faites pour les enfants de 5 à 10 ans en moyenne.
Il serait forcément épaté. La température de l'air devait approcher les 8 degrés. Celle de l'eau bien plus, 12 ou 13. Elle lui avait prêté un ciré jaune et l'avait laissé attendre sur la cale pendant la régate.
Chaque optimist était rentré avec de l'eau sur 15 bons centimètres et pour ne pas regretté d'avoir tous mouillé chemise et pantalon, l'après midi s'était terminée par une bataille générale d'écope sur la cale et tous avaient terminés à la baille.
Le vainqueur de la régate avait été le beau brun pour lequel elle avait succombé dès qu'elle l'avait vu quelques mois plus tôt.
Surmontant cet étonnant sentiment qui lui serrait le coeur et les entrailles, elle les présenta l'un à l'autre. Ils se serrèrent la main, elle les regardait intensément, ayant l'impression d'une passation de pouvoir entre le passé et le futur, un moment hors du temps, qu'elle savait n'oublier jamais. Elle ne pouvait en parler à personne, elle était isolée, et il avait fallu le bruit de la fête et la faim de son ami pour la sortir de la torpeur qui l'avait saisie.

12.12.08

Blug.

Ceux que je ne peux pas lire, ça ne tient pas à grand chose et j'ai très sûrement tort.
Mais, et c'est vrai, je n'aime pas du tout les signatures comme "bichon, nounouche, mounet, la tante à rené, le toutou du chat"...
Cette façon de dire sur soi, cette niaiserie volontaire, reconnue, me met mal à l'aise, ça dégouline de sucre, beurk.
Quand la main de la souris se promène sur un lien et qu'en bas de l'écran s'affiche une adresse comme "lacuisineàtatalulu" je vomis, je ne vais même pas cliquer dessus.
Ces blogs aux photos floues, ou verdâtres, mais pourquoi mettre une photo si elle est si manquée? ah, elle ne l'est pas?
Vous allez me dire, mais pourquoi écrire quand on écrit mal?
Ben voilà.
C'est ça le blog. Cette indécence à se mettre en avant coûte que coûte, même quand c'est raplaplat, inodore et sans saveur...
Pour son ego ou pour le plaisir avant tout? besoin d'écrire oui, d'accord, mais besoin d'être lus aussi, sinon un cahier suffit. (cahier/clavier).
Faire un miroir de soi, donner une image, vraie ou fausse, essayer de faire croire et finalement en dire plus que prévu, voire trop.
Et ne pas effacer malgré tout.
Et se permettre de juger ceux des autres. Donner un avis soit, mais se dire en son for intérieur, "ouh, c'est nul", sous entendu parfois "le mien est tellement mieux!"
Ne même pas répondre aux commentaires que de sympathiques et courageux lecteurs laissent. Les commentaires stéréotypés, copiés collés, ceux que tu retrouves d'un blog à l'autre "oh, c'est beau, biiiise" ou alors "ce que ça doit être bon" ben t'en sais rien, parce que tu ne la feras jamais de toute façon cette recette!
Parfois aussi, les vrais commentaires, ceux qui te font une remarque sensée "t'as oublié que artichaud c'est avec un T "ou "tu es sûre que la pomme de terre c'est un légume, ce n'est pas plutôt un féculent?"
ceux qui te font plaisir "tu écris bien" même si tu en doute à chaque mot, ceux qui tentent de percer la vérité sous le fard de la fiction "ah bon, tu as connu 10000 hommes?"
Avoir un blog, pour soi, pour les autres ou pour l'ego? Ecrire pour dire ou pour se mentir?
Blog, éternelle question pour se justifier d'en avoir un.

ps: je sais, je fais des fautes, je les verrai un jour.

8.12.08

Artichau(d)T

Il pouvait paraître étrange.
La première fois qu'elle l'a vu, elle a su qu'il n'était pas comme les autres. Il ne parlait pas, regardait droit dans les yeux, et continuait ce qu'il faisait sans plus se soucier de la présence d'un tiers.
Évidemment elle en est tombée immédiatement amoureuse.
Elle avait un petit copain, pas très bavard non plus, au passé chargé d'une enfance douloureuse. Elle l'aimait bien. Elle pouvait être près de lui, sourire, opiner du chef, murmurer son assentiment alors même que son esprit était à des kilomètres de là, sur l'eau.
Mais l'ennui commençait à poindre, et l' esprit à supplanter le corps qui le tenait en dedans. Elle avait de plus en plus de mal à faire semblant. A moins que la lucidité ne commença à lui ouvrir les yeux.
Elle décida de le quitter.
Avec remord mais sans regret, elle le consola un peu, elle ne voulait pas qu'il souffre mais voulait aussi être seule, pour pouvoir penser à ce rêve impossible d'amour unilatéral.
Il lui en a voulu bien sûr, lui jetant à la figure toutes ses belles promesses, oui, elle avait changé d'avis, oui, elle était une girouette, mais ne pouvait-il pas comprendre qu'il la lassait déjà alors que leur vie n'avait pas commencé ?
Elle s'est amusée ensuite. Avec son amie G. Elles rencontraient des garçons, n'avaient plus peur, elles savaient ce que c'était "avoir un mec", elles savaient même les larguer.
Elles n'en pensaient pas que du bien. Elles se disaient que leur façon de voir les filles, ce n'était qu'une histoire de compatibilité physique, elles apprenaient avec eux à se connaître, il pouvait y avoir des histoires sans lendemain.
Mais on a toujours tendance à s'attacher, non?
Alors, un jour elle a rencontré un garçon gentil. Ils rigolaient bien, il l'idolâtrait, ça faisait du bien à ses complexes.
Et au bout de quelques mois, son rêve en mer existait toujours et le garçon gentil l'ennuya. Toute cette guimauve, ces mots doux, l'engluaient, jamais de discorde, toujours d'accord, son avis primant avant le sien qui devenait le même...
Et puis, elle a voyagé, un peu. Sur une petite île de l'atlantique, il y avait des hommes qui sifflaient les filles, sans vergogne. A la moindre jupe, la chanson reprenait. Le barman avait un regard de braise et la jeune fille était dans ses petits souliers. Il lui fit visiter l'île comme aucun touriste ne pouvait la voir. Il avait une voiture rouge décapotable, belle surtout la nuit. Elle s'est réveillée des souvenirs plein la tête mais contente de rentrer.
Elle se disait qu'elle savait tout à présent, qu'il ne lui restait plus qu'à conquérir son prince charmant.
C'était sans compter la vie. Elle faisait partie d'une chorale qui un jour, alla donner concerts en Allemagne, lors d'un échange entre écoles de musique.
Elle était déjà prédisposée à tomber dans les bras des musicien, mais pour peu qu'il fut grand, blond, et multi instrumentiste, elle chancela encore une fois.
Ce devait être l'amour de sa vie, il savait tout faire même parler français, jouer de la flûte et de la guitare, et il était fort.
Hélas, il était comme elle, amoureux d'une autre aussi.
Ils se sont séparés en bons termes, assez intelligents pour savoir reconnaître leur faiblesse.
La place était libre, le rêve encore inaccessible.

5.12.08

Chers Lecteurs...

Je vous aime.

Savez vous par quel biais vous arrivez en ces lieux?
Savez vous à quel point il m'arrive de me tordre (de pouffements), ou de me désoler en voyant comment ce blog se fait connaître?
D'abord, oui, j'ai des lecteurs fidèles. 8 il paraît. 8 qui s'affichent.(merci)
Et puis, il y a ceux qui par une recherche par goo***atterrissent ici. Parfois, ils doivent se sentir bien loin du but...
Néanmoins...
J'aime la recherche:
"qu'est ce que les filles aiment qu'on leur dise quand on les aborde..."
Je ne crois pas avoir posé la solution ici bas, mais je suggère: "bonjour" c'est un début. Je laisse mes commentateurs préférés trouver d'autres façons d'engager la conversation, il est bien délicat de répondre en une seconde...

J'aime aussi:
"un doux poème pour celle qu'on aime..."
Il semblerait que l'heure soit au romantisme.
Là encore, je doute que la réponse fut apportée à la lecture de cette vie qu'on aime, tellement mais pas au point d'en faire des poèmes.
Les poèmes d'amour pourtant...(psst "ma morte vivante" de Paul Eluard, fut en son temps mon absolu préféré)

Et la recherche suivante m'a littéralement fait mourir de rire.
"squelette qui court"
D'abord, pourquoi cette question, à quelle occasion cette recherche est nécessaire?
Pour faire un dessin, pour cesser d'avoir peur des fantômes?
Ouf, nous sommes dans un monde de vivants, mais je pense réfléchir à ce sujet prochainement, histoire d'insérer dans un texte le mot clé "squelette qui court" tiens, il y est deux fois ce soir!

Que dites vous de:
"les femmes aiment les poils"
Je dirais, ça dépend.
Un poil de trois jours qui souligne une mâchoire masculine, pourquoi pas, de loin, de près on sait que ça pique.
Un poil dans la main, oui, quand c'est le sien, mais plein de poils dans le dos, je ne sais pas...j'avoue avoir souri en voyant Piccoli dans sa baignoire dans le film de Godard, "le Mépris"
Et puis poil au menton.

J'ai aussi:
"Fichez moi la paix"
Ben, pourquoi?
Tu as mille enfants, tu as 15 ans et des parents, tu fais juste une colère?

Et puis le dernier:
"bronchiosaure"
Aaaah, là, je sais pourquoi!
Et puis je réponds, Diplodocus, Struthiomimus, Iguanodon, Tricératops, à plaques, à becs de canard ou à dents, on en connaît un rayon par ici...

Bonne soirée, chers lecteurs, si vous arrivez par hasard, j'espère que ce n'est pas trop tard!

4.12.08

La Toux.

L'hiver nous assomme de son flot de microbes...
Plus ils sont nombreux, plus on les partage, il suffit d'un.
Les enfants aiment les sirops contre la toux, ces sirops roses parfumés à l'arôme très artificiel de fraise...
En général, je donne la cuillerée de cette potion succulente à l'un des enfants, et immédiatement les oiseaux affamés voisins pépient à tue tête pour en avoir aussi...

Moi aussi, moi aussi..oui, c'est trop bon le sirop! ah, mes chéris, je n'en donne qu'à ceux qui sont malades! ...mais regarde moi aussi je tousse : reuh reuh...aaah, moi aussi je suis malade, je veux du sirooop, dit le père en portant une main à son coeur....quoi, toi aussi tu as une asthme?...si papa prend du sirop il lui faut une plus grosse bouteille...et toi aussi maman, tu as une Ame?

2.12.08

Matin Blanc

Tu ne te réveilles jamais toute seule. Jamais de ton propre fait. Généralement, il y a un premier réveil à 3:00 am, puis à 6:00 am. Les petits corps qui viennent se coller à toi dans le lit. Le grand qui entraîne le petit, aussi.
Ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller celui qui dort de plein droit à ta gauche. Engloutir dans tes bras les deux monstres affreux qui osent venir, qui ont moins peur de toi que des monstres qui peuplent leurs rêves, ou le plancher sous leur lit. Et la petite qui ne vit que par les "moiaussi" même si son sommeil est sans ombres.
Tu tentes de te rendormir.
Au réveil officiel, celui que tu dois gérer, tes paupières sont obstinément bloquées en position rideau fermé. L'agitation alentour qui finit par tourner au pugilat et l'heure qui ne s'arrête pas de tourner ont raison de ton désir le plus profond.
Tu habilles, tu nourris, tu poses dans la cour. Tu embrasses.
Tu rentres chez toi, te sers un café chaud, tu regardes le feu crépiter. Il reste une tranche de brioche, tu la manges sans complexe.
Alors, tu décides que ce soleil du matin est trop beau pour ne pas être vrai, tu t'ébroues tu prends ta douche brûlante, tu te vêts de ton vieux jean de peinture mais tellement comme toi, d'un gros pull, tu mets ta crème hydratante comme un masque antigel, tu glisses tes pieds dans tes bottes fourrées.
Par acquit de conscience tu hésites mais décides de laisser la table en l'état, tant pis, tu sors faire de la buée avec ta bouche.
Tu veux prendre des photos du soleil levant, mais ma pauvre il est levé depuis longtemps comme tes enfants.
Matin blanc.
Tout est gelé. Même les oiseaux de mer ne sont pas encore sur l'eau.
L'herbe du bas côté fait le bruit d'allumettes qui craquent, de temps en temps une voiture passe, elle ralentit à peine, ne voit pas le paysage, pas de temps pour ça.
Alors, tu regardes en haut, en bas, à gauche à droite, et tu penses que tu as de la chance d'habiter à 15 m de ta boite aux lettres.
Même dans la flaque de boue, il y a du beau.
Surtout quand tu vois un chêne dans l'eau, quand tu ne sais plus si c'est le ciel qui est en bas, ou si c'est toi qui marche sur la tête.
Tu voudrais le dire à tout le monde, mais tu ne peux que le laisser voir. Un peu.
matin