Sur une idée de la prolifique Zoridae, qui ne s'arrête jamais de penser et d'observer, elle nous titille et nous fait dire des choses sur le "Fils"...ma production du jour, hop:
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Fils de moi, fils à moi, fils à maman, mon fils. Tu as perdu ta branche du X qui aurait fait de toi une fille,d'ailleurs avant tu en étais une, c'est vrai. C'est pourquoi peut-être, vous les garçons, on vous a modifié de fille à fils. La nature vous tricote de fil en fil vous devenez un fils de mère, vous êtes de la femme un fil qui vient du coeur.
Pourquoi le fils? Fils premier, fils second ou deuxième, quelle importance, pourquoi la mère s'enchaîne t-elle à cette particularité masculine, née d'un couple mixte forcément? Ta douceur me fait fondre, ta force me fait peur, et pourtant. Ton père a été « fils de » un jour et tu es mon fils quoiqu'il arrive, alors...
Alors, tu es là qui me fait me tordre de rire ou qui m'exaspère. Tu me pousses dans mes retranchements de sentiments, je n'ai pas de limites elles se reculent toujours plus loin de plus en plus, je me découvre mère en même temps que je te trouve mon fils.
Et je ne comprends pas tout. Tu me laisse sur le bord parfois avec tes questions existentielles ou tes constats tragiques; un jour tu as dit: « je voudrais être mort ». Mon esprit a cherché dans ses replis les plus lointains la réponse à te donner, mon coeur t'a serré dans ses bras mais tu m'as repoussée, je ne savais plus quoi faire, comprenais tu du haut de tes 5 ans le sens de ce que tu venais de dire? Ton pouce dans la bouche ton azur dans les yeux, tu me réclamais le dinosaure à crête, et une épée, plein d'épées ou un poignard...et tu voulais être mort? Mais pourquoi?
Le fil de ta vie se débobine pour que j'essaie de comprendre. Quel image, quel histoire, quelle phrase, quel mot as tu entendu, quel souvenir, quelle envie, quelle lassitude quelle tristesse t'as fait prononcer ce mot qui me fait peur. « Je sais ce qui est pire que la mort m'as tu dit aussi; c'est de mourir, parce qu'on est aplati comme une crêpe »
Tu es mon fils, mon garçon, tu es comme mes filles, comme tes soeurs, tu es de moi, né un jour d'hiver...mais tu donnes le sentiment d'avoir déjà vécu avant, d'avoir le souvenir d'un ou d'une autre chevillé au corps, ou dans ta mémoire neuronale, si cela se peut...
Jamais je ne pourrais répondre à toutes tes questions, elles me laissent sur le carreau, ça doit faire trop longtemps que j'ai oublié d'être une enfant..Alors je te caresse, je t'embrasse, je te respire, je te réchauffe, je te laisse te glisser sous la couette quand tu as peur, mais déjà tu prends plus de place, tu t'emboites moins dans mon ventre, tu grandis, tu t'éloignes, un jour tu ne pourras plus rentrer dans mes cases et L'autre prendra la suite.
D'ici là, tu seras peut-être devenu père, tu auras peut-être un fils, une fille, ils t'assommeront de leur « regard d'amour », ils te diront « je t'aime bien », tu admireras leurs dessins maladroits, tu les féliciteras d'être, tu répondras à leurs questions parfois en disant: « je ne sais pas » c'est toujours mieux qu'un mensonge...
Et tu te coucheras, en essayant de ne pas t'en poser d'autres, celles qui traitent du quotidien » est ce que ce pantalon va lui plaire » à celles qui traitent de la vie et de la mort, parce qu'au fond tu ne veux pas y penser, de peur de ne pas avoir non plus de réponse.
Fils tu es de moi mais tu n'es pas à moi mais je t'aime comme un fils.
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Et vous, que diriez vous du Fils?