25.2.09

Fils

Sur une idée de la prolifique Zoridae, qui ne s'arrête jamais de penser et d'observer, elle nous titille et nous fait dire des choses sur le "Fils"...ma production du jour, hop:

***

Fils de moi, fils à moi, fils à maman, mon fils. Tu as perdu ta branche du X qui aurait fait de toi une fille,d'ailleurs avant tu en étais une, c'est vrai. C'est pourquoi peut-être, vous les garçons, on vous a modifié de fille à fils. La nature vous tricote de fil en fil vous devenez un fils de mère, vous êtes de la femme un fil qui vient du coeur.

Pourquoi le fils? Fils premier, fils second ou deuxième, quelle importance, pourquoi la mère s'enchaîne t-elle à cette particularité masculine, née d'un couple mixte forcément? Ta douceur me fait fondre, ta force me fait peur, et pourtant. Ton père a été « fils de » un jour et tu es mon fils quoiqu'il arrive, alors...

Alors, tu es là qui me fait me tordre de rire ou qui m'exaspère. Tu me pousses dans mes retranchements de sentiments, je n'ai pas de limites elles se reculent toujours plus loin de plus en plus, je me découvre mère en même temps que je te trouve mon fils.

Et je ne comprends pas tout. Tu me laisse sur le bord parfois avec tes questions existentielles ou tes constats tragiques; un jour tu as dit: « je voudrais être mort ». Mon esprit a cherché dans ses replis les plus lointains la réponse à te donner, mon coeur t'a serré dans ses bras mais tu m'as repoussée, je ne savais plus quoi faire, comprenais tu du haut de tes 5 ans le sens de ce que tu venais de dire? Ton pouce dans la bouche ton azur dans les yeux, tu me réclamais le dinosaure à crête, et une épée, plein d'épées ou un poignard...et tu voulais être mort? Mais pourquoi?

Le fil de ta vie se débobine pour que j'essaie de comprendre. Quel image, quel histoire, quelle phrase, quel mot as tu entendu, quel souvenir, quelle envie, quelle lassitude quelle tristesse t'as fait prononcer ce mot qui me fait peur. « Je sais ce qui est pire que la mort m'as tu dit aussi; c'est de mourir, parce qu'on est aplati comme une crêpe »

Tu es mon fils, mon garçon, tu es comme mes filles, comme tes soeurs, tu es de moi, né un jour d'hiver...mais tu donnes le sentiment d'avoir déjà vécu avant, d'avoir le souvenir d'un ou d'une autre chevillé au corps, ou dans ta mémoire neuronale, si cela se peut...

Jamais je ne pourrais répondre à toutes tes questions, elles me laissent sur le carreau, ça doit faire trop longtemps que j'ai oublié d'être une enfant..Alors je te caresse, je t'embrasse, je te respire, je te réchauffe, je te laisse te glisser sous la couette quand tu as peur, mais déjà tu prends plus de place, tu t'emboites moins dans mon ventre, tu grandis, tu t'éloignes, un jour tu ne pourras plus rentrer dans mes cases et L'autre prendra la suite.

D'ici là, tu seras peut-être devenu père, tu auras peut-être un fils, une fille, ils t'assommeront de leur « regard d'amour », ils te diront « je t'aime bien », tu admireras leurs dessins maladroits, tu les féliciteras d'être, tu répondras à leurs questions parfois en disant: « je ne sais pas » c'est toujours mieux qu'un mensonge...

Et tu te coucheras, en essayant de ne pas t'en poser d'autres, celles qui traitent du quotidien » est ce que ce pantalon va lui plaire » à celles qui traitent de la vie et de la mort, parce qu'au fond tu ne veux pas y penser, de peur de ne pas avoir non plus de réponse.

Fils tu es de moi mais tu n'es pas à moi mais je t'aime comme un fils.

***

Et vous, que diriez vous du Fils?



15.2.09

Plume

Temps léger comme un souffle,
Hiver doux comme le printemps,
Plume au vent

Elle se tenait devant moi, frissonnante,
Je l'ai capturée, envoutante!
Il y en a dix, j'en ai pris cent,
Images de la plume au vent.
En attendant le moment...
Un jour d'avoir du temps!

A bientôt pour des mots.

8.2.09

La langue...


Pas dans sa poche,
Elle brille,
Dans le palais,
Elle vrille,
Parfois sortie, salive,
Le bout du nez,
Mordille!

Sans se lasser, la fille,
Court les mots, sautille!
Elle les tricote, les crochets,
Elle les assemble, guillemets,
Tournicote, emberlificote
Trois tours, revient,
Et te met dans sa main!

La chanson, coquine,
"maman, chante maman"
Non, ma fille,
En latin, ce chant,
"En lapin, tu dis?"

La langue des filles,
Pas dans leur poche.
Juste au bout,
De leur langue,
Ils sont.


6.2.09

La Machine à café....


Elle est saisie d'une obsession, une frénésie soudaine pour un ustensile pas vraiment utile, elle en a déjà un qui remplit le même usage.
A y réfléchir, elle a de quoi faire du café de nombreuses façons: une cafetière Cona achetée en brocante qui ne sert jamais car il manque le filtre, une cafetière italienne qui ne sert jamais car le fer ne fonctionne pas sur l'induction, une cafetière à pression qui ne sert jamais car elle ne sait pas où elle est rangée, une cafetière filtre qui sert 5 fois pas jour minimum et une cafetière expresso qui sert deux fois par jour, c'est elle qui l'utilise, à midi et quatre heures. Elle en oublie dans le compte c'est sûr...
Et voilà que soudain, tout comme son envie de refaire la peinture (faire) des murs de l'escalier, de mettre le sisal au sol de l'étage, de se faire un coin douillet avec un tapis à son goût à elle dans l'espace qui lui est réservé pour y mettre son bureau, avec une lampe adaptée, même si l'ensemble de ressemble pas au reste, soudain, elle a envie aussi de s'offrir une machine à café, un combiné expresso/ filtre (sans capsule mais avec café moulu parce qu'elle ne veut pas en plus acheter ces petits récipients même pas écolo qui lui font un café à 30 centimes au moins, faut pas pousser, elle est raisonnable au fond) un deux en un qui lui permettra de gagner de la place (10 cm à la louche) sur le plan de travail, qui donnera un air plus moderne à sa cuisine, etc etc...elle a plein d'arguments, se dit-elle, pas tant que ça en fait...
Elle a écrémé tous les sites avec avis clients, elle se dit que ce n'est même pas le modèle le plus cher, elle aurait pu rester dans la gamme KA, oui, elle aime...
Parce que cette machine coûte les sous qu'elle n'a absolument pas, et au fond, pour quoi faire, puisqu'elle le fait déjà?
L'"essentiel invisible pour les yeux " elle a, une maison confortable, une famille aimante, un travail qui n'en n'est pas vraiment un, tant ce peut-être un loisir, un jardin, des balades magnifiques, un ciel bleu parfois, un blog ou 4, un chat ou 5...que demande le peuple?
Une machine à café, de 7 kg qui mesure environ 36 cm sur 30 et 26, avec 19 bars, rien que ça.
Désir de posséder? posséder pour se consoler? pour se sentir quelqu'un? autre?
Que cache cet arbre?
Elle a bien un élément de réponse, merci Nolwenn, mais quand même en attendant...elle va se faire un café.

1.2.09

Le temps.


Et tout à coup, il a fait beau.
Des jours entiers de grisaille ininterrompue, le vent se mêlant au crachin froid et insidieux, les nez qui coulent, les nuits plus blanches que les jours...
Ils se sont habillés, fébriles, sautillants sur leurs chaussettes avant de glisser le pied dans une botte boueuse, courant après la manche de leur manteau comme un serpent qui se mord la queue, en riant de toute cette lumière.
Il n'y a même pas eu besoin de sécher la balançoire, ils se sont mis à aller de l'avant en agissant sur la vitesse avec leurs jambes, ils ont attrapé la corde de l'autre et ensemble ils se sont balancés dans le vent bleu du ciel de février. Ils ont tenté un trio avant de s'écrouler sur l'herbe humide, cul par dessus tête, trop serrés sur la nacelle faite pour un seul.
A l'intérieur, les couleurs reprenaient vie, le framboise lumineux et la lavande bleue.
Et le Temps fait un bond dans le passé quand Il place un vieux disque dans la platine.
Ella chante Porgy, avec son coffre, avec son âme, elle la fait trembler au moment de la phrase finale, avec cette remontée vocale du ventre au coeur qui débouche sur un appel désespéré et inéluctable et lui donne des frissons sur les bras et dans le cou:"since my man is dead"

Découvrez Ella Fitzgerald!



Elle fait comme avant, comme dans les années 90, elle accompagne autant que faire se peut la chanteuse, non sans avoir au préalable, mis le son un peu plus fort.
Elle s'enorgueillit de suivre la tessiture du bas vers le haut sans faillir, bien que la tenue se déstabilise avant la fin et que la force vitale soit absente, ce qui fait la différence entre la salle de bain et la salle de concert. Elle le sait, se mesure quand les êtres de la maison passent près d'elle, murmure, du bruit de gorge qu'elle ne peut totalement taire tant elle aime imiter la dame.
Et puis, ils rentrent, le rose aux joues, elle se rappelle qui elle est, et la vie actuelle reprend son cours.
Enfin, le calme est revenu, chacun est à sa tâche, le soleil a mis les pendules à l'heure.
Le temps l'influence.