29.9.11

Raconter...

Je voudrais bien raconter. Je voulais raconter. Ou pas. Y a des fois, on a pas envie, parce que c'est moyennement intéressant. L'égocentrisme et la mégalomanie d'une remise de médaille me plaît peu. Deux heures debout pour trois ou quatre discours, il est vrai que ça fait mal aux pattes. Et puis, quand il faut résumer ça en 20 lignes, ça paraît ou trop facile parce qu'on se dit qu'il n'y a rien à raconter sur la modestie de l'être humain, ou trop court, si on veut rendre humain l'homme récompensé. J'ai fait la moyenne. Aujourd'hui, il y a dans le journal des petits mots de moi, mais ce n'est pas signé, parce que je ne suis pas journaliste.
Je voudrais raconter. Pour de vrai. Mais on m'a dit juste une photo légende. C'est pas ma photo la plus réussie hélas, rendre beau un extérieur nuit, en dehors des lumières des guirlandes électriques...c'est pas gagné.

Non. J'aurais voulu te raconter comment ça s'est passé, la soirée cabaret de mardi.
Depuis le début de la semaine, la saison se balade la tête en bas, il doit faire près de 28/29 degrés dans l'après-midi, on a ressorti tous les tee-shirt et les robes, les maillots de plage et les planches.
Mardi, y avait pas école. Les profs et instits de toutes les écoles et lycées, qu'ils soient publics ou privés, étaient dans la rue. Y avait du monde, l'homme m'a dit. Quand il est rentré, ils sont tous partis nager, dans l'eau tiède. On en a oublié le judo de fils, perdus dans les jours de semaine, étions-nous.
Les soirées cabaret, je n'avais pas pu y aller jusqu'à présent. Parce que c'est un mardi par mois et que je laissais passer sans voir, ou bien pas le temps, enfin les excuses habituelles.


Mais là, fallait y aller. Je connais la dame chez qui avait lieu l'événement. Elle habite une maison qui a jardin dans l'eau. C'est une dame avec une voix pointue d'oiseau et une énergie revigorante, communicative. Il y a quatre kayaks prêts à prendre le large de la Ria en bas, là.
Elle me dit "viens quand tu veux, tu peux les utiliser, y a pas de problèmes", la dame est généreuse aussi.
Il fait nuit. Je ne vois rien de tout ça, je le sais parce que j'ai vu sur la photo de l'office du tourisme, elle a quatre chambres d'hôtes aussi. Une convivialité à toute épreuve.
Il fait nuit mais on voit clair, parce qu'à la lueur des étoiles, les guirlandes électriques, les lampes de salon qui éclairent la terrasse en bois sur laquelle joue l'orchestre, nous sommes tous dehors, sur des bancs, des chaises, de tout, il y a des tables pleines des gâteaux apportés par ceux qui sont venus écouter, des bouteilles aussi, et des verres.
C'est le 16ème cabaret, mais normalement c'est en intérieur. Tu ouvres ton salon à des musiciens, des conteurs, et ceux qui veulent voir, viennent. La rétribution de l'artiste se fait à la générosité de ce que tu mets dans la casquette.


Cette fois, il y a tout le bonheur de celle qui reçoit, qui sait combien c'est magique ce soir. Elle me raconte qu'il y a peu, elle était toute cassée après une chute, et à son âge (elle a les cheveux blancs mais je ne lui donne pas d'âge) c'est pas facile de s'en remettre. Elle me raconte comment elle a eu le coup de foudre pour ce groupe un soir de fête de la musique, sous le calvaire, tu vois? non, je ne vois pas exactement quel calvaire, mais j'imagine bien rester en admiration devant un groupe, une musique qui te fait frissonner, les coups d'émotions.
Je voudrais te raconter comme les gens sont heureux de se retrouver, de faire connaissance, ou bien de rester simplement assis là, à écouter de la musique jouée juste devant toi, un concert privé, sous un ciel étoilé.
Little Hobo, trois sur cinq, à Porh Lamo le 27 septembre.

Je voudrais dire aussi que je n'ai pas osé prendre trop de photos, passer devant les gens, les empêcher de voir, leur faire mal aux yeux avec un flash trop brutal...alors, j'ai quelques photos, mais elles ne disent pas tout.
Je vais te raconter comme je suis contente de commencer cette activité non rémunératrice je crois bien, mais tellement enrichissante.
Correspondante locale de ta commune, ouais, ça me plaît.

PS: fait exprès d'avoir mis les photos floues ;)


26.9.11

Printemps, enfin.


Champ de bataille à Casa Island.
Passé la porte point de salut. Ton pied bute dans la muraille du château de kapla, gardé par un affreux dragon tyrannosaurique, alors qu'est assiégée une cavalerie de chevaux noirs ou bais, ou roses à paillettes.
Si ce n'est pas ton pied, c'est ton genou, parce que le dit château a une tour, haute, très haute, et tu devines à sa fébrilité, la fierté du constructeur.
Une fois ce détail de quelques mètres carrés dépassé, il faut que tu veilles à ne point glisser sur l'une des pièces de toupies qui gisent éparpillées, décapitées, estourbies, dégommées en somme, sur le noir carrelage, enfin, ce qu'il en reste.
C'est à peine le milieu de la matinée. C'est samedi, les enfants sont à la maison, donc.
Dehors, le temps ne donne pas l'envie de voir la température qu'il fait. Nous sommes condamnés à stagner au rez-de-chaussé.
L'après-midi, la situation n'a guère évolué. Nous nous demandons ce que l'école leur a fait pour qu'ils aient à ce point envie d'en découdre, entre eux, ou avec nous, soit en hurlant avec d'immenses moulinets de bras (au bout duquel souvent se trouve un dinosaure volant, un ptérosaure me semble-t-il), soit en ignorant nos douces demandes au début patientes, de moins en moins à la cinquante millième. Je me souviens dire à Fils de cesser de me dire "Maman?" à chaque début de phrase, parce qu'il attend que je dise "oui?" pour la continuer. Si je ne réagis pas, il est capable (et les autres aussi) de dire  maman, maman, maman, maman, maman, maman autant de fois qui'l le faut pour me faire sortir de mes gonds.
Je me souviens avoir soupiré quand nos phrases, celles que nous tentons d'échanger à table avec l'homme, sont systématiquement interrompues; partager le temps de parole, chacun son tour au moins, voilà une acquisition en cours de validation qui ne fait pas partie du programme scolaire.
Samedi soir le désespoir nous gagnait. Nous nous écroulâmes sur le canapé, entre deux piles de livres et autres.

Dimanche matin, il ne fait pas exceptionnellement beau, le genre de temps hésitant. Celui qui dit doudoune le matin et tee-shirt l'après-midi. Mais sans qu'on en soit bien certains.
Décision est prise de ranger un peu. La bonne volonté n'est pas également la même et je dirais sans hésiter, que le garçon est plus motivé. Fille aînée préfère s'entraîner à la guitare neuve, benjamine suçant son pouce et ronchonnant dans sa mèche de cheveux, testant la possibilité d'avoir un câlin plutôt, en faisant ses yeux de biche.
Néanmoins, le chemin du rangement fut pris.
Ainsi leur chambre et le salon/bla et bla sont vides de leurs jouets tous rassemblés en gare de triage : notre chambre.
Bon. Je suis montée une fois ou deux à l'étage hier, de courage armée, ai constaté, et suis redescendue, muette, préférant remettre au lendemain ce que j'aurais pu faire le jour même.
Vers la fin de la sieste, une fois la cuisine nickel, je décidais, les mains encore humides, qu'il suffisait, et qu'il était temps de sortir, peu importe la météo.


Il faut croire que le soleil entend notre supplique, il  apparaît, là, dans les feuilles des arbres alors que tous cherchent marrons et châtaignes (un marron, et des châtaignes c'est la différence, le nombre d'amandes dans l'écorce) sachant bien qu'aucun de nous ne les mangera, eh oui.


Il fait trop beau pour qu'il y ait du vent. Aucun Kite-surf, aucun planchiste, aucun char à voile, je les imagine reclus dans leur hangar, tristes et malheureux de ne pouvoir s'échapper dans l'air frais.
La plage est quasi déserte, immense, belle.
En général, l'été, quand je vais à la plage, je nage. En juin, j'ai nagé. Deux brasses et mon genou a crié pitié. Je n'ai pas pu remettre l'orteil dans l'eau, à quoi bon si ce n'est pas pour nager. Trop frustrant.


Je vois ce sable, bosselé par le vent et le pas des passant, je vois celui qui est tanné par la marée, lisse, humide et brillant, reflétant le soleil du soir, je devine à la douceur de l'air que l'eau sera tiède. Nous portons nos écharpes et nos manteaux, mais ils sont presque inutiles. 
Les enfants dessinent des oiseaux sur le sable, je me déchausse et j'avance vers les vagues. Elles sont régulières, un tapis de vaguelettes qui roule une écume transparente, de celle qui ne remue pas le sable, juste une eau de cristal. 


Autant l'instabilité du sable mou malmène mon genou, aïe, autant le sable dur me fait sentir sûre. Je trempe les pieds, les chevilles, la jupe remontée, l'appareil en bandoulière, le soleil sur la joue, l'eau qui me caresse...Je devine un début. Je devine que bientôt je pourrai sauter et bondir, sans grimacer, je devine que c'est le printemps ou tout comme, là, qui commence. 
Bientôt, je nagerai les mouvements de la danse africaine. 


Et le poor lonesome cow-boy ne sera plus lonesome sur son cheval. (Mais peut-être encore poor, ça j'y peux point grand-chose!)

23.9.11

De rien et d'automne.


Même si on ne me l'avais pas dit, j'aurais deviné.
Il a suffit que je pointe le nez dehors, que je modifie l'habillement des enfants au dernier moment, que je foule l'herbe trempée, et que le soleil se prenne les rayons dans la toile du matin.


Un voisin a demandé s'il pouvait ramasser mes pommes, sous le pommier croulant, j'ai dit oui, une autre voisine m'a dit que mes pommes intéressaient du monde, qu'elle avait vu un homme dans le jardin qui n'était pas le mien. Tout se sait.


Parfois, je me dis que les feuilles de rhubarbe feraient de beaux éventails.


Et puis les enfants sont rentrés, se sont précipités sur la terrasse des Zôtes, ont placé la dinette... alors, sans leur dire, j'ai apporté les crêpes express, et ça les a fait sourire de manger en vrai dans le faux.


Dans la maison, le soleil frappe de ses rayons le raisin, il entre en fusion



Ce matin, rien de plus vrai que de dire que l'automne est là, de sa fraîcheur, de ses couleurs, et de tout ce travail qu'il reste à faire au jardin...


21.9.11

Berceuse?

L'autre jour, ça devait être en juillet (des fois Fils me dit "l'autre jour" et c'était y a deux ans), j'ai pris en garde, pour une semaine, les poissons rouges du voisin.
Puis hier (ça devait être en août) on a vu un camion de déménagement. Deux même, c'est une grande maison.
Depuis quelques jours, en vrai, y a des ouvriers qui refont les peintures, qui nettoient les murs.
Depuis trois mois, on a deux poissons rouges.
C'est dég, les poissons rouges. Je dis ça, parce que c'est moi qui nettoie le bocal. La fausse plante en plastique mauve qui devient vert en trois jours, et les coquillages blancs des enfants (quand ils les ont jeté dans l'eau en rentrant direct de la plage je me suis dit que le problème des poissons rouges serait réglé, mais ils ont survécu à l'eau salée) qui deviennent verts aussi. Beurk.

Hier soir en m'endormant j'ai écouté les infos, et Troy Davis sera exécuté. J'ai pas trop dormi. Même si ça ne me concerne pas, même si c'est loin, juste parce que nous, on a l'abolition. L'abolition de l'esclavage (à La Réunion je crois qu'on fêtait ça le 6 décembre, et en métropole je crois qu'on ne l'a jamais fêté) et de la peine de mort. Pourvu que ça dure.



Quand les enfants étaient petits, on leur chantait "La maman des poissons".
La maman des poissons elle a l'oeil tout rond
On ne la voit jamais froncer le sourcil
Ses petits l'aiment bien,
Elle est bien gentille
Et moi je l'aime bien
Avec du citron.
Ce matin, je me balade sur FB, et So' partage un lien.
J'ouvre.
Ça se passe de commentaires.

Mes voisins ont déménagé, je garde les poissons rouges.
Au fond, tout va bien.
Je vais acheter du citron. Vert.

20.9.11

Lundi ému.

Ma tête est à l'envers. Je dois me contraindre, m'obliger, à ne pas. Ne pas courir, ne pas dire oui tout de suite, ne pas danser, ne pas monter l'escalier, ne pas faire de la moto, ne pas conduire, ne pas, ne pas, ne pas.
Il m'est arrivé un truc incroyable, une histoire de chance, d'amitié, d'instinct, de réactivité, de moment.
D'abord, un mail d'une amie, pas vue depuis longtemps, une ancienne collègue, en retraite à présent, pour qui j'ai toujours eu le plus grand respect et de sa façon d'être et de travailler. Elle m'écrit qu'on se verra bientôt pour un café, le temps passe vite mais parfois faut se décider, et puis qu'elle a su qu'on recherche un(e) correspondant(e) local(e) dans ma commune.
Elle me laisse les coordonnées.
Il est presque 23H00, la veille j'ai rangé mes papiers sur mon bureau virtuel, je sais très exactement où se trouve mon CV, c'est un signe, j'écris 5 lignes courtes, qui disent l'essentiel, pour connaître mon parcours le CV suffit, et puis je mets mes blogs en lien, oui, cette fois ça peut servir à quelque chose d'avoir des blogs ... Dans l'annonce : vous aimez écrire? vous aimez la photo? Ah! la bonne blague!
A 23H00, le mail est parti.
A la rédaction du journal.
Le lendemain matin, 8H40, pour la faire courte, le Rédac chef appelle. Je ne le sais pas, parce que mon portable ne capte pas chez moi, ah ah.
On fini par se parler dans l'après-midi, le rendez-vous est pris.
Le bureau du journal est au centre ville d'Auray. Mon chauffeur me dépose, merci mon chéri, à la lisière du marché. C'est un grand marché celui du lundi matin. Je vois une camionnette qui vend des produits réunionnais, je vois des vendeurs de tee-shirt, quelques africains qui roulent leurs ceintures de cuir, et rangent les sacs à mains bariolés, des vendeurs de chaussures, de chemisiers, de blouses, de paniers, de rouleaux de printemps, et de paëlla. J'ai une pensée pour mes Zôtes allemands qui nous ont fait une paëlla cet été, aux amandes de mer qu'on y avait mis, et que c'était pas terrible les amandes de mer. Je préfère les vraies amandes. Même en pâte.
Dans le bureau, la secrétaire est, dès l'entrée, tout sourire. Elle te dit "tu", c'est un peu comme la maman dans la famille, elle te protège, te donne des conseils. Elle m'apprend qu'on est deux pour la commune. Aïe, me dis-je.
C'est la réunion du matin là-haut.
Oui, le bureau du journal a un gros défaut, il est plein d'escaliers. Pas un, pas deux, mais au moins quatre volées de marches avant d'arriver au premier étage (avant y a un demi-étage) et je ne fais pas la maligne dans les escaliers en ce moment, je dois faire attention à ne pas courir vite comme le Rédac chef, qui a la chemise débraillée, le cheveu en bataille, le jean stone used, et la veste pleine de poches.
Un rédac chef comme on imagine, en plus jeune, il n'a pas assez de cheveux blancs.
On s'assoit autour du bureau dans la pièce dont le mur du fond est une fenêtre qui donne sur le marché, il y a trois ou quatre chaises, et on ne peut pas trop en mettre plus.
Des tas de journaux dépliés page de couverture sont étalés sur l'espace libre du bureau, au dessus du téléphone, où est mon crayon, mon papier, le clavier du PC?
Il m'explique un peu ce qu'il attend de moi. Quinze jours d'essai. Il verra vite si ça me/lui convient, il ne me  mettra pas la pression (mais la fille qui est à l'essai depuis la semaine dernière est bien oui, oui, très bien son article de ce matin, Il en est content. Aïe, purée, zut, chouette, me dis-je). En même temps il a besoin de quelqu'un aussi dans la commune à côté, il veut bien attendre que mon genou me permette de conduire avant de commencer mon essai.
Je sors du journal, un peu flottante. Je n'ai plus mal au ventre, c'est déjà ça, ce truc qui m'a tordu l'estomac dès mon réveil alors que je n'arrêtais pas de me dire qu'il n'y a rien à perdre.
Alors maintenant, je dois attendre. Et je me dis que c'est un job où il ne faut pas attendre, c'est de l'action, de la réaction, vite, faut y aller, dire, transmettre, écrire.
Alors c'est dur là tu vois. Devoir rester immobile, c'est pour un bien supérieur, oui, puis ne pas marcher n'empêche pas ma cervelle de tourner, et ça turbine.
Des sujets d'initiatives. J'en ai. Faut que je sois sûre de la commune sur laquelle je travaille, ou bien me mettre d'accord avec celle qui sera peut-être en binôme avec moi sur les deux communes. Ça me plairait qu'on s'entende bien. Qu'on soit complémentaires.
A part ça, ma fille hier, est allée à son premier cours de danse africaine. Et c'était aussi la journée de reprise du cours auquel je suis inscrite cette année, avec les pros...Et que j'avais un petit pincement au coeur.
Y a des lundis émus.

(et puis j'ai réussi à faire un montage avec LR*)


et toc.
*: lightroom...

18.9.11

Coup de vent!

Coup de vent

Faut cliquer pour voir les 43 photos en grand... Je ne me lasse pas du spectacle!

17.9.11

Femme de prof # 2 : Détournement de Fond.

Tu sais que l'homme est prof. Prof remplaçant. Un statut qui  n'en est pas un, je ne ferai pas de commentaire là-dessus.
Parfois (tous les jours) le prof a des choses à dire, mécontent il est. Du programme, de l'éducation nationale, des salaires au lance-pierre, des tas de trucs quoi.
Parfois, l'affreux s'amuse.
Je ne sais pas si j'ai le droit, je ne sais pas si je dois, mais quand même les Affreux Maurice et Patapon dont le bon goût nous fait rire, oui, la gentille que je suis a très bon goût, correspondent bien à l'idée que se fait le prof, les profs, de nombreux profs, de notre vie en société,  n'est-ce-pas.
Alors, ayant pouffé pour de vrai devant l'énormité des modifications faites par l'affreux des textes de Charb (Charb, je me permet de poser vos dessins originaux en parallèle pour rendre à César ce qui est à lui, néanmoins si vous n'êtes pas d'accord je supprimerai ce billet)... je les pose là, parce que toute vérité devrait être bonne à dire.



Les originaux...


Le truc drôle à faire serait de deviner pour quel sujet Charb a commis ces oeuvres d'art...

Oui, je viens de griller ma couverture de nana trop gentille.

16.9.11

Ma petite entreprise...


La première fois, j'ai été surprise, à la hauteur d'un sourcil. Pour un peu j'aurais raccroché.
"Bonjour, pourrais-je parler au responsable de la structure?".
 J'ai dû réfléchir. Quelle structure? Un mauvais numéro, faillis-je répondre.
Puis je m'y suis faite.
D'abord les courriers : tout le matériel pour hôteliers, pour restaurants, pour salons à la capitale avec location de stand chic et pas cher, le must, le tendance, le tout bien quoi.
Je m'insurge souvent en voyant le "packaging" du courrier, plastique, puis carton glacé, puis papier rutilant. Photos d'ambiance : une bougie, une cheminée, des nappes épaisses, j'en passe...
S'inscrire pour avoir son numéro de siret et te voila (re)couverte.
Tu changes de statut, tu changes aussi de sécu. Gare à ne pas oublier de renouveler ta carte vitale!
Tu es vite noyée par les papiers qui te disent ce que tu es devenue, à quel point c'est formidouble, à quel point tes charges seront allégées, à quel point ce gouvernement est fantastique.
Tu découvres petit à petit que tu n'es pas bien sûre que ce pour quoi tu as signé n'est pas en train d'évoluer. Dans ton dos. Mais bon, il te faut un statut pour ta petite entreprise.
Enfin, les appels.
Je suis blasée, t'imagine pas!
Responsable structure, c'est rien. Non, j'ai eu aussi à : "pourrais-je parler au responsable du personnel?" et puis le service comptabilité, le responsable publicité...
J'entends ça je me dis, waaa, quel bizeness ce taf.
Je me sens riche et pleine d'importance. Je me sens toute  gonflée de mon orgueil, puisque ma personne se trouve à la tête d'une maousse structure, avec un service comptabilité flambant neuf, et que dire de la responsable du personnel? Une perle!
Bon, finalement, ce midi, oui, ce midi, alors que j'étais en train de manger un truc qui se mange chaud tout de même, la purée froide c'est pas le top, l'appel d'une voix grave et vibrante, des Pages Jôôônes, qui me demandait "bonjour, je voudrais parler au responsable de la communication s'il vous plait".
Je voyais le type derrière son écran, le téléphone branché à une oreille, le listing de clients sous les yeux, une croix à chaque appel passé, le compte rendu des questions posées, les mêmes pour tous bien sûr, enquête de qualité.
J'entendais les cordes vocales, un baryton sans doute, je lui mettais les yeux bleus pour la forme histoire de s'assortir à la chemise bleue pâle de son costume trois pièces, tiens, je lui donnerais la tête de l'enquêteur très spécial du FBI, Mac Caffray, Neal de son prénom (que j'aime ce prénom, ça a failli être Nils pour notre fils, mais bon) un beau mec quoi.
Ni une ni deux, l'homme en face de moi à table, la purée pâteuse et tiède entre ma joue et ma gencive, je répondis : "c'est moââ".
Me v'la chargée de com, now.
Le doute s'insinuant dans l'oeil de mon chéribibi, je papillotais deux à trois cils, et finis par décliner l'invitation à parler 8 minutes (si vous êtes rapide, me dit-il), parce que non, là, je ne pouvais pas.
8 minutes?
Est-ce bien suffisant pour faire le tour de la question?
Ma petite entreprise ne connaît pas la crise.








14.9.11

Mercredi


C'est kinder-day.
C'est le jour où je suis avec Eux.  Où je ne pense plus à ce que je veux écrire à côté.
Enfin j'essaie.
Il fait beau, serait-ce enfin l'été?
Je marche à quatre jambes mais de moins en moins. A la maison, je ne m'appuie plus sur les meubles, je boite, mais il faut regarder vraiment pour deviner que quelque chose est arrivé à mon genou. Je monte l'escalier sans plier encore. Demain, première séance de Kiné, je pense que là, je vais commencer à souffrir :-)
Pour dire que je ne suis pas en prison, nous sommes allés dimanche voir le vent faire des parenthèses.
J'adore voir le plaisir qu'ont ces fous de tous âges à voler dans les vagues, à s'élever si haut parfois qu'on a le temps de s'interpeler entre spectateurs pour faire voir le phénomène.
On pourrait croire qu'il faut être très sportif, très jeune, très toussa quoi, mais non, on a vu des rides et des ventres bedonnants s'essayer avec succès à cette élévation venteuse et humide.
Rien n'est perdu !



(faudra que je te raconte une histoire "tantôt", pour rattraper hein, mais pour le moment c'est à moi que je la raconte, et ça va pas être rapide...) Tiens bon!

10.9.11

Ambiance # pendant la sieste.

Il pleut.
La marque de l'oreiller sur ma joue suit le même chemin que la goutte de pluie sur la vitre. Et le bruit des kapla suffit à peine à couvrir celui de l'eau qui frappe à la fenêtre.
Un k-way vert passe derrière la baie trouble. Un marcheur impénitent.
Le chat, humide, pose sa fourrure douce sur le coussin du canapé. Je suis des yeux son chemin depuis la porte d'entrée, aux coussinets bavards sur le carrelage noir.
Il pleut.
La voiture qui klaxonne et dont le moteur vrombit au démarrage, chuinte sur la chaussée mouillée.
La pluie fait du bruit.
J'entends presque le silencieux sommeil de fillette, qui ne voulait pas dormir, mais qui s'est écroulée sur son drap rose, le pouce dans la bouche, la mèche entre trois doigts de la main gauche.
Le temps est suspendu à la goutte qui tombe et empêche de se mouvoir le pied sur l'herbe.
Ils voudront sortir, ils voudront courir, va falloir trouver les bottes des prés, celles qui ne sont point percées. Ils iront loin. C'est prévu. La cueillette des pommes du jardin, avant qu'elles ne tombent, avant qu'elles ne s'habitent, et puis on fera des jus, des tartes, des compotes, des sculptures avec le pèle-pomme magique qui te spirale le péché originel en dix secondes sans que la main ne saigne.
Manque la musique.
C'est un temps à thé.
Un temps à José Gonzalèz.
Je ne l'écoute que quand il pleut. S'élèvent autour de moi des murs de douceur, un coton bienfaisant, une chaleur.
Tu connais?



Bon samedi, l'ami.

8.9.11

Crac-boum-aïe.

La veille, j'écrivais quelques mots dans mon carnet. Où je disais que je tournais en rond, pensant à ce qu'il ne fallait pas que j'oublie, allant chercher ce que je ne devais pas oublier, oubliant ce que j'étais venue chercher.
J'avais tout prévu. Même le moment où je n'arriverais plus à prévoir. Quand les pensées s'entrechoquent, quand toutes les choses essentielles et superflues qu'il fallait avoir fait avant, se mélangent.
Je me suis couchée tard avec la pensée d'un lever tôt, avant 6h pour être à 7h à l'hôpital, à jeun de toute eau, toute nourriture, toute cigarette, précisent-ils à chaque fois (au moins 7 fois entre ma chambre et le bloc).

(ma première boisson "après")

Ils sont gentils, prévenants, attentionnés, à l'hôpital public (jusqu'à quand) je trouve. Je n'ai pas de fleurs dans ma chambre, mais un sourire à chaque ouverture de porte.
Bref.
J'ai assisté à mon opération, la tête bien soutenue par (pas sous?) un oreiller trop mou, les bras en croix sous une couverture chauffante, et les yeux rivés à la télé couleur. Je voulais voir, j'ai vu. L'Anesthésiste femme, médecin et non pas infirmière (sinon on dit I.A.D.E.) m'expliquait tout, et j'entendais le chirurgien discuter de ce qu'il voyait, avec humour. Visiblement c'était le bazar là-dedans, il a fouillé pour comprendre comment c'était foutu, a découpé (ça fait chtac, et puis "mais tu vas venir, enfin!" ), remis en place ce qu'il fallait, et 50 minutes après, il refermait les trois minuscules petits trous de l'arthroscopie.
En même temps, on écoutait de la bonne musique, c'est étrange comme mes passages à l'hosto peuvent être marqués par la musique. Cette fois c'était Emily Jane White. Ça m'a fait drôle, j'ai cru être dans mon salon.

Ceci dit, j'ai constaté que :

  • La bétadine, c'est jaune et ça ne convient pas au teint
  • Il est indispensable de porter des lunettes pour se faire reconnaître derrière un masque et une charlotte.
  • Les infirmiers et aide-soignants sont toujours des dragueurs même si tu as dépassé la date de péremption.
  • Les infirmières sont gentilles mais ne portent plus de blouses. Seulement la chemise et le pantalon. 
  • Dans le genou c'est pas rouge. Je n'ai pas vu une goutte de sang.
  • La morphine ça fait gratter. Tu as l'impression d'avoir des puces. 
  • C'est une victoire d'aller faire pipi. Et tu te sens toute petite.
  • La carafe d'eau : mon Graal.

Et en général : 
  • voir le soleil se lever sur un immeuble. 


  • Ne pas savoir s'il y a du vent dehors, car il n'y a pas un seul arbre.
  • Apprendre à marcher avec des cannes c'est pas facile. 
  • Se faire à l'idée que je ne pourrai pas conduire pendant trois semaines, et que le ménisque externe ne se compare pas à l'interne. C'est deux fois plus long. Et puis une rééducation dans 10 jours. 
  • Pas de danse africaine avant novembre.
  • Et comme c'est bien d'avoir des parents pour gérer les enfants car le papa travaille. 

Je n'ai pas mal à proprement parler. C'est ma patience qui sera mise à mal, c'est tout.
Alors on peut dire que tout va bien. Merci :-).


3.9.11

Les derniers jours...

Je t'écris de mon bureau. Y a encore de la sciure de bois sur les planches et sous mes pieds nus. De la poussière de plâtre sur le coin, là. Une cloison démontée, toute jolie, tellement qu'on ne sait pas quoi en faire, de guingois sur mon mur en lambris tout neuf, en attendant qu'on lui trouve un emploi. Un trou derrière moi, où viendra se nicher un canapé futon d'appoint, pour les zamis. Trou dans lequel on trouve encore un vélo d'appartement qui ne m'appartient pas, essai d'il y a quelques mois pour savoir si ça pouvait faire du bien à mon genou, c'était avant de savoir que seule une opération pour réparer l'amortisseur serait efficace.
Je viens de me trouver une belle lampe de bureau, en promo, une "touche-touche" comme ils disent. Ça me fait penser à toss-toss, mais c'est loin d'être aussi brutal, non. C'est une lumière réglable du bout du doigt, une pression qui fait passer de la douceur la plus intime, à la lueur la plus lucide. Elle est en inox brossé et en verre blanc translucide. Mon bureau est classe, je te le dis.
J'attends encore mon tapis. Un dégradé de rouge. Plus tard, je ferai la peinture. J'ai repeins un cadre en bois, en blanc cassé, je vais voir ce que je vais y inclure...Peut-être la centaine de petit papiers format post-it qui emballaient nos carrés de sucre le jour de notre mariage, avec mille petits mots qui nous disaient tant de choses gentilles. Je les avais gardés pour le jour où.
Nous revenons de la plage. Je ne nage pas cette année, c'est un supplice de mettre les pieds dans l'eau sans nager, parce que ce foutu genou, encore. Alors je les regarde. Fils croit avoir inventé la nage poisson. Il adore.
Il fait froid, mais peu importe, c'est encore les vacances.
J'ai grandement allégé le portefeuille en les inscrivant aux activités extra-scolaire. Cette année, on peut. Alors on fait. Piscine, pour les trois, judo pour deux, danse africaine pour deux (dont moi, ah ah) et guitare pour une. Pas d'équitation cette année, un déménagement sororal me fait changer les plans : je troque une séance par semaine contre une balade dans les Monts d'Arrée par mois. Je trouve que j'ai de bonnes idées parfois. Joke.
C'est l'avant-veille.
C'est aussi J-4.
Ce qui me trouille, c'est que j'ai peur d'avoir plus mal après que maintenant. Parce que comme je ne fais rien en ce moment, je n'ai presque pas mal. J'entendrai tout. Je ne retiendrai rien. Je crois. J'oublie quand c'est pas bien.
J'ai fait des courses monstrueuses, comme si je partais deux semaines. J'ai sûrement oublié des trucs. Faudra faire avec. Je suis en retard sur le rangement du linge, je compte sur lundi et mardi, mes deux amis. Mercredi matin, à l'aube, je serais toute jaune de "scrub" et pas réveillée, et puis très vite, je serai à moitié endormie. Je rentre debout, je sors en "cannes anglaises". So class' je dis encore.
L'homme vient de finir l'électricité de nos bureaux. On a un va-et-vient chacun, ça ne veut rien dire pour toi, mais pour nous ça veut dire beaucoup.
L'homme est content. Je suis contente. Il est content que je sois contente. Tout le monde est content, même les enfants qui regardent Samantha oups, en se bidonnant, mère indigne que je suis, en plus je leur ai fait du poisson. Vont pas rire longtemps.
Voilà, les derniers jours sont là.
Je ne voulais pas parler de la rentrée, mais c'est un fait, elle est là.
Bonne année à toi.


2.9.11

Les révélations de l'âge de raison.

On est en août. Est-ce le temps maussade qui lui a fait penser à Noël?
Hier soir, l'heure du bisou.
Fils est inquiet. Il me prend à témoin, parfois, de ne pas savoir quoi demander à Noël. Je lui réponds qu'il a bien le temps, quelques mois, largement de quoi changer d'avis mille fois.
-Oui, mais maman, à Noël on peut demander une piscine?
-Euh, mon chéri, une petite alors, et puis on la rangerait en hiver, et puis regarde, on a la mer.
-Maman, pourquoi à Noël on ne peut pas avoir des choses qui coûtent cher, comme des piscines, mon copain il a une piscine et puis un autre il a un spa, c'est comme une piscine. C'est parce que je Père Noël doit partager?
Alors je lui raconte le coup de l'orange, que Noël au départ, c'est pas sensé être une fête commerciale, que ce qui compte c'est d'être ensemble.
-Maman, le Père Noël, il existe vraiment?
-Pourquoi tu me demandes ça mon chéri?
-Ben, parce que à chaque fois, on doit réfléchir à ce qu'on veut, on peut pas prendre des trucs trop chers. Moi, j'ai l'impression des fois que le père Noël c'est vous.
-Tu serais triste que le père Noël n'existe pas?
-Ben, oui, un petit peu, mais je serais content aussi. Mais ça veut dire que tu m'as menti.(grimace de bibi)
-Mon chéri, je ne t'ai jamais dit que le père Noël existait, je te demandais juste ce que tu croyais toi. Et je te disais que c'était une jolie histoire.(enfonce toi encore plus).
-Oui, mais alors, c'est vous, le père Noël.
-Oui, mon ange, le père Noël n'existe pas, c'est une invention de Cocacol* pour vendre mieux ses couleurs partout dans le monde. C'est pas bien joli la vérité hein.
En même temps, on en profite pour se voir tous, et on est content de se faire plaisir...
Mais tu ne le dis pas à ta petite soeur, hein, c'est un secret de grand...(je me promets de lui faire comprendre, avant qu'il soit trop tard). 
-D'accord, promis (sourire de l'interessé, grand soudain, il passe ses bras autour de mon cou et m'embrasse, il ne m'en veut pas, ouf).

Je ne pensais pas que ça tomberait sur moi, ce coup-là, on pense toujours que c'est à l'école que les vérités sont assenées...Il n'empêche que je ne suis pas très à l'aise avec cette histoire de père Noël, et même si je ne démens pas, je m'en veux de ne pas oser dire le vrai. C'est peut-être une jolie histoire, si on enlève le contexte de sa création, mais c'est avant tout un gros bobard dans lequel nous nous complaisons. Déjà que dire que Jésus est né un 25 décembre... d'une mère vierge... et d'un père... c'est qui déjà?
Ouaip. Est-ce de cette façon que nous devons faire grandir, éduquer nos enfants? Nous qui sommes parole d'Evangile pour eux?
A part ça, c'est la rentrée du prof aujourd'hui. A quelle sauce va t-il être croqué?