Champ de bataille à Casa Island.
Passé la porte point de salut. Ton pied bute dans la muraille du château de kapla, gardé par un affreux dragon tyrannosaurique, alors qu'est assiégée une cavalerie de chevaux noirs ou bais, ou roses à paillettes.
Si ce n'est pas ton pied, c'est ton genou, parce que le dit château a une tour, haute, très haute, et tu devines à sa fébrilité, la fierté du constructeur.
Une fois ce détail de quelques mètres carrés dépassé, il faut que tu veilles à ne point glisser sur l'une des pièces de toupies qui gisent éparpillées, décapitées, estourbies, dégommées en somme, sur le noir carrelage, enfin, ce qu'il en reste.
C'est à peine le milieu de la matinée. C'est samedi, les enfants sont à la maison, donc.
Dehors, le temps ne donne pas l'envie de voir la température qu'il fait. Nous sommes condamnés à stagner au rez-de-chaussé.
L'après-midi, la situation n'a guère évolué. Nous nous demandons ce que l'école leur a fait pour qu'ils aient à ce point envie d'en découdre, entre eux, ou avec nous, soit en hurlant avec d'immenses moulinets de bras (au bout duquel souvent se trouve un dinosaure volant, un ptérosaure me semble-t-il), soit en ignorant nos douces demandes au début patientes, de moins en moins à la cinquante millième. Je me souviens dire à Fils de cesser de me dire "Maman?" à chaque début de phrase, parce qu'il attend que je dise "oui?" pour la continuer. Si je ne réagis pas, il est capable (et les autres aussi) de dire maman, maman, maman, maman, maman, maman autant de fois qui'l le faut pour me faire sortir de mes gonds.
Je me souviens avoir soupiré quand nos phrases, celles que nous tentons d'échanger à table avec l'homme, sont systématiquement interrompues; partager le temps de parole, chacun son tour au moins, voilà une acquisition en cours de validation qui ne fait pas partie du programme scolaire.
Samedi soir le désespoir nous gagnait. Nous nous écroulâmes sur le canapé, entre deux piles de livres et autres.
Dimanche matin, il ne fait pas exceptionnellement beau, le genre de temps hésitant. Celui qui dit doudoune le matin et tee-shirt l'après-midi. Mais sans qu'on en soit bien certains.
Décision est prise de ranger un peu. La bonne volonté n'est pas également la même et je dirais sans hésiter, que le garçon est plus motivé. Fille aînée préfère s'entraîner à la guitare neuve, benjamine suçant son pouce et ronchonnant dans sa mèche de cheveux, testant la possibilité d'avoir un câlin plutôt, en faisant ses yeux de biche.
Néanmoins, le chemin du rangement fut pris.
Ainsi leur chambre et le salon/bla et bla sont vides de leurs jouets tous rassemblés en gare de triage : notre chambre.
Bon. Je suis montée une fois ou deux à l'étage hier, de courage armée, ai constaté, et suis redescendue, muette, préférant remettre au lendemain ce que j'aurais pu faire le jour même.
Vers la fin de la sieste, une fois la cuisine nickel, je décidais, les mains encore humides, qu'il suffisait, et qu'il était temps de sortir, peu importe la météo.
Il faut croire que le soleil entend notre supplique, il apparaît, là, dans les feuilles des arbres alors que tous cherchent marrons et châtaignes (un marron, et des châtaignes c'est la différence, le nombre d'amandes dans l'écorce) sachant bien qu'aucun de nous ne les mangera, eh oui.
Il fait trop beau pour qu'il y ait du vent. Aucun Kite-surf, aucun planchiste, aucun char à voile, je les imagine reclus dans leur hangar, tristes et malheureux de ne pouvoir s'échapper dans l'air frais.
La plage est quasi déserte, immense, belle.
En général, l'été, quand je vais à la plage, je nage. En juin, j'ai nagé. Deux brasses et mon genou a crié pitié. Je n'ai pas pu remettre l'orteil dans l'eau, à quoi bon si ce n'est pas pour nager. Trop frustrant.
Je vois ce sable, bosselé par le vent et le pas des passant, je vois celui qui est tanné par la marée, lisse, humide et brillant, reflétant le soleil du soir, je devine à la douceur de l'air que l'eau sera tiède. Nous portons nos écharpes et nos manteaux, mais ils sont presque inutiles.
Les enfants dessinent des oiseaux sur le sable, je me déchausse et j'avance vers les vagues. Elles sont régulières, un tapis de vaguelettes qui roule une écume transparente, de celle qui ne remue pas le sable, juste une eau de cristal.
Autant l'instabilité du sable mou malmène mon genou, aïe, autant le sable dur me fait sentir sûre. Je trempe les pieds, les chevilles, la jupe remontée, l'appareil en bandoulière, le soleil sur la joue, l'eau qui me caresse...Je devine un début. Je devine que bientôt je pourrai sauter et bondir, sans grimacer, je devine que c'est le printemps ou tout comme, là, qui commence.
Bientôt, je nagerai les mouvements de la danse africaine.
Et le poor lonesome cow-boy ne sera plus lonesome sur son cheval. (Mais peut-être encore poor, ça j'y peux point grand-chose!)
Ben voilà !
RépondreSupprimereuh pourquoi vous pas manger les chataignes ?
Et pis apprendre les tours de paroles et le respect de l'écoute du "chacun à la fois" bé si ça fait partie du programme perso de chaque instit, non ?...sinon c'est tout le monde à l'eau, coulée l'année !!
Passque nous pas aimer plus que ça, enfin, celle qui devrait s'en occuper si tu vois de qui je parle...Puis, pour le temps de parole, ptête bien que chez nous ils se lâchent, parce qu'à l'école ils doivent fournir un trop gros effort :-)
RépondreSupprimerIl paraît que ce ne soit pas un dynosaure, mais un ptérodactyle, du moins c'est ce qu'un gamin qui courait dans le couloir de l'école m'a répondu lorsque je l'ai interpellé !
RépondreSupprimerHum, les châtaignes. :o))
RépondreSupprimerDana, Ptérodactyle c'est trop fass dirait Fils. Nan, je maintien le machin là-haut :-) Sinon, serait-ce parce ce que tu voles? tu as des ailes?
RépondreSupprimerMarcus, ouais, roses :-)
Miam les châtaignes. :o)
RépondreSupprimerMais bon, il fait trop chaud pour faire le feu dans la cheminée. :(
Autrement, je vois que les bécasseaux et autres tournepierre ont laissé plein de traces sur le sable.