2.12.08

Matin Blanc

Tu ne te réveilles jamais toute seule. Jamais de ton propre fait. Généralement, il y a un premier réveil à 3:00 am, puis à 6:00 am. Les petits corps qui viennent se coller à toi dans le lit. Le grand qui entraîne le petit, aussi.
Ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller celui qui dort de plein droit à ta gauche. Engloutir dans tes bras les deux monstres affreux qui osent venir, qui ont moins peur de toi que des monstres qui peuplent leurs rêves, ou le plancher sous leur lit. Et la petite qui ne vit que par les "moiaussi" même si son sommeil est sans ombres.
Tu tentes de te rendormir.
Au réveil officiel, celui que tu dois gérer, tes paupières sont obstinément bloquées en position rideau fermé. L'agitation alentour qui finit par tourner au pugilat et l'heure qui ne s'arrête pas de tourner ont raison de ton désir le plus profond.
Tu habilles, tu nourris, tu poses dans la cour. Tu embrasses.
Tu rentres chez toi, te sers un café chaud, tu regardes le feu crépiter. Il reste une tranche de brioche, tu la manges sans complexe.
Alors, tu décides que ce soleil du matin est trop beau pour ne pas être vrai, tu t'ébroues tu prends ta douche brûlante, tu te vêts de ton vieux jean de peinture mais tellement comme toi, d'un gros pull, tu mets ta crème hydratante comme un masque antigel, tu glisses tes pieds dans tes bottes fourrées.
Par acquit de conscience tu hésites mais décides de laisser la table en l'état, tant pis, tu sors faire de la buée avec ta bouche.
Tu veux prendre des photos du soleil levant, mais ma pauvre il est levé depuis longtemps comme tes enfants.
Matin blanc.
Tout est gelé. Même les oiseaux de mer ne sont pas encore sur l'eau.
L'herbe du bas côté fait le bruit d'allumettes qui craquent, de temps en temps une voiture passe, elle ralentit à peine, ne voit pas le paysage, pas de temps pour ça.
Alors, tu regardes en haut, en bas, à gauche à droite, et tu penses que tu as de la chance d'habiter à 15 m de ta boite aux lettres.
Même dans la flaque de boue, il y a du beau.
Surtout quand tu vois un chêne dans l'eau, quand tu ne sais plus si c'est le ciel qui est en bas, ou si c'est toi qui marche sur la tête.
Tu voudrais le dire à tout le monde, mais tu ne peux que le laisser voir. Un peu.
matin

2 commentaires:

  1. C'est sûr qu'avec des enfants, difficile de faire l'éloge de la grasse matinée... ;-)

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  2. tu ne veux pas venir me voir chez moi pour me montrer ce qui y est beau? (à part mon mari et mon fils et mon dada)

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Un petit mot n'est jamais si petit.

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