C'est sacré. L'heure du café à la maison, c'est la pause, l'instant où aucun babillage ne trouvera de réponse, parce que c'est décidé, le café, c'est sacré.
Le car a déposé les enfants comme d'habitude devant la vieille ferme en pierre, la ferme de ma voisine, Denise, je t'en ai parlé déjà, le coup des pêches.
Ils sont descendus du car, j'ai attrapé les manteaux, les cartables là où j'avais encore de la place, quand j'ai vu Denise sortir en marchant vite de chez elle, ses cheveux très blancs et ondulés secoués par sa marche, nous crier, allez, venez, me saisissant par le coude, venez, j'ai fait un café, il est tout frais, venez.
Euh...pourquoi pas.
Cinq ans qu'on est là, jusqu'ici Denise je ne l'avais pas vue, elle ne sortait pas de chez elle pour dire bonjour, elle n'avait pas de raison, même si l'an passé sa petite fille prenait la car aussi.
Alors, avec les enfants et tout leur barda, on est entrés chez Denise.
Il y a avait déjà une de ses amies, et puis le mari, invalide.
Toile cirée, lino, formica, je suis remontée des années en arrière, encore, oui, décidément, j'ai réalisé que le café en Bretagne, dans les fermes, c'est toujours le même décor. Plus ou moins vieux, plus ou moins usé.
Le café en Bretagne, c'est sacré.
Je me rappelle du déballage de crêpes, de confiture, des grands bols, du bruit de la main qui lisse la toile cirée pour les miettes, le bruit de la chaise qu'on recule, l'odeur d'un café. L'odeur de la ferme.
Un autre ami, qui ramassait des noix un peu plus loin est passé devant la porte et a été invité aussi. Il avait les mains noires du brou des noix. Moyenne d'âge, 75 ans si je ne me compte pas avec les enfants. Voire plus, je ne sais pas, elle a la pêche Denise, tu sais bien.
J'avais une chaise, les enfants sont restés debout, sauf E. sur mes genoux, surpopulation chez Denise. Son café est bon. Les petits gâteaux que les enfants ont dévorés avec l'orangin* aussi.
De quoi a-t-on parlé?
De la pluie et du beau temps, c'est comme ça en Bretagne, quand tu veux dire bonjour tu peux aussi dire, fait beau hein, le bonjour qui engage la discussion.
Parfois, des exclamations en breton, rien compris d'ailleurs, si ce n'est que l'accent me paraissait différent que dans le centre Finistère. Devait même être très différent pour que je le remarque.
On a été invités à prendre un café chez Denise. J'ai l'impression d'une sorte d'intronisation.
Il a fallu 5 ans. Peut-être qu'un jour nous serons d'ici. Un peu.
Merci Denise.
Joli billet du matin, qui sent le café. J'ai les mêmes vieilles voisines
RépondreSupprimerMerci et bienvenu Suzanne. J'ai lu ton billet, très vrai.
RépondreSupprimerhum... j'aime également la saveur de ce billet ! Et comme Suzanne... j'ai la même à la maison ! http://pakitaboudoir.canalblog.com/archives/2010/06/02/18099444.html
RépondreSupprimerbisous
C'est ma première visite sur ton site et j'ai trouvé admirable ce billet sur le café; comme jeune retraité depuis juin dernier, je prends mon café tous les matins avec ma douce en face de moi, elle avec son IPad et moi mon ordi portable et la journée débute souvent vers midi! Je t'invite à me visiter,un bonjour du Québec
RépondreSupprimerPakita, coucou! je me souviens bien de ton billet :-)les grand-mères ont de la valeur (et les grand-pères aussi)
RépondreSupprimerRobert, oh, merci, et le Quebec est un endroit qui me fait rêver parfois :-)
Je suis contente pour toi. Intronisation, oui, je le pense aussi. Bravo, tu as réussi le premier test des 5 ans! (mais naguère, les petits ne le prenaient pas le car, elle ne les avait pas si bien vus et dit en même temps: tiens, ils sont de mon coin!)
RépondreSupprimerBelle victoire contre l'anonymat et vrai partage d'un bon moment, malgré la "surpopulation"!
Ah la saisissante description d'une cuisine dans la France rurale des années 60-70, le formica (quelle modernité alors !) et tout et tout…
RépondreSupprimerTiens ! L'été, le rideau antimouches avec des lames plastiques de toutes les couleurs…
Si j'osais, je te dirai bien de lui faire un bise pour moi à la Denise.
Bon le café, t'es cruelle pour moi, je n'en bois plus, tu sais.
Bravo pour cette reconnaissance, cette intronisation comme tu le dis si bien (les étudiants disent une intégration). En plus tes enfants étaient là aussi… Que du bonheur !
D'abord les pêches puis le café, ça me donne la sensation que le café a une valeur vraiment particulière ...
RépondreSupprimerPas de café pour moi sauf, sauf dans les endroits particuliers comme..Les Cafés...Et chez Denise, bien sûr !
RépondreSupprimerOH le café laotien dégoûtant, divin et merveilleux, sur le marché....tiens, tiens...