26.3.08

Rendez vous chez la Psy.

La fille s'assoit.
Elle se voit dans le miroir, la tête aux cheveux comme un chou fleur trop vieux, la peau comme un papier jauni par la nicotine, le blanc de l'oeil rose comme celui du lapin albinos.
La psy parle, pose quelques questions d'usage et laisse le temps faire son oeuvre.
_"Êtes vous bien assise?"
D'un geste elle encourage, d'une mimique elle compatit.
La fille, après tout, n'a pas besoin de l'entendre, savoir que quelqu'un l'écoute lui suffit.
C'est heureux, car si le soleil fait de brèves apparitions, le bruit alentour couvre tous les mots. La fille est parfois un peu sourde, juste assez quand elle ne veut pas entendre, ou pour s'endormir y compris dans le métro.
En revanche, ses yeux s'attachent aux lèvres de ses interlocuteurs quand vraiment elle décide de faire la sociable. Oui, ça lui arrive.
Aujourd'hui par exemple. Elle a décidé de participer. De jouer le jeu du "tumeparlesjeteréponds" et ça fonctionne.
Même, elle est ravie. D'un coup d'oeil, d'un sourire complice, elle échange des idées en plus des mots inaudibles ou assourdissants.
Elle fait mine d'être joyeuse.
Elle refait le monde, au moins sa vie, elle anticipe des rêves, dénonce ses problèmes...
La psy fait preuve de beaucoup de compréhension, elle est d'accord sur presque tout, on dirait qu'elle est dans la tête de la fille.
Elle a même un mot flatteur, qui tombe juste parce que la fille sourit et qu'on lui a déjà fait plusieurs fois la remarque!
_"Vous savez à qui vous ressemblez? à
Christina Réali!"
La première fois, elle fut flattée, la deuxième, un peu vexée, quand même, pourquoi ne dirait-on pas plutôt que c'est Christina qui lui ressemble?
Cette fois, elle est tellement dans le jeu qu'elle finit par lâcher un "ah bon? en tout cas, mon mari est beaucoup plus beau que Francis Huster!" (mais au fond, elle est flattée, on ne se refait pas.)
A la fin de la séance, le miroir reflète le travail bien fait.
Le chèque de 48€ passe de sa main à celle de la coiffeuse.
_"A bientôt Madame Elle, revenez pour votre couleur dans deux mois?"
C'est moins cher qu'un psy, ou l'idée qu'on s'en fait, et l'effet est aussi durable.
Non?

PS: Cristiana. Pour le Troll très mesquin. Mais on ne peut plus se fier à internet sapristi.

4 commentaires:

  1. D'autant plus que la Reali, comme toute Italienne qui se respecte, s'appelle en fait Cristiana : deux erreurs en un seul prénom, il fallait le faire...

    Le troll mesquin.

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  2. C'est vrai Tiffen. Il semble bien que la représentation des soucis sont pour une part au moins dans les cheveux. Ne dit-on pas "se faire des cheveux" comme on se fait du "mauvais sang" ou "de la bile."
    Le shampoing qui lave la chevelure laverait donc aussi la tête en profondeur et aurait ainsi bien des vertus apaisantes, tout comme le coup de ciseau et le brushing salvateur, quand il ne s'agit pas carrément, quand l'heure est grave et dans l'intention du verbe au moins de "changer de tête".
    La sécurité sociale devrait peut-être bien rembourser les coiffeurs plutôt que les anxiolytiques.

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  3. De plus, cette psy est beaucoup moins chere et peut etre plus efficace, du moins temporairement, que la vraie psy. Demandons l'agrement de la securite sociale pour les seances chez la coiffeuse.

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  4. Sans être le cheveu dans la soupe, en nouveau venu... j'avoue que je ne suis pas insensible et me ferais bien garçon-coiffeur pour l'occasion.

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Un petit mot n'est jamais si petit.

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