30.10.11

Hectares

Les infos. La radio. La télé. La télé, je viens de m'en détourner parce que je n'arrive pas à voir. Je ne veux pas voir.
Souvent, des inondations dans le monde, des tremblements de terre, des catastrophes naturelles, ça paraît atroce, mais ça paraît loin. Les images sont insupportables, mais elles se ressemblent toutes. Banaliser l'horreur, la télévision le fait très bien et le ton lénifiant (tiens faudra que je regarde s'il y a un lien avec Lénine) des journalistes qui annonce 500 morts comme s'il annonçait de la pluie sur l'ouest, idem.
Je sais ce que sont deux hectares.
Je sais le temps que ça prend d'en faire le tour, un rectangle d'herbe, parfois hautes, parfois drues, des herbes en touffes serrées qui font une butte, un obstacle aux bottes, aux espadrilles, tout dépend de la saison. Je sais que deux hectares, c'est un terrain de jeu fabuleux, un petit champ, une descente à la fontaine, une montée vers le bois, une surface qui se visualise d'un coup d'oeil.
Mais trois milles hectares, non.
Je n'en ferai jamais le tour, même pas en hélicoptère.
J'aurais voulu pourtant pouvoir nous offrir ce panorama quand on y était. J'aurais même voulu piloter l'hélico, un rêve.
Je viens de détourner mon regard de l'écran pour ne pas voir ce petit bout de planète partir en fumée.
C'est pas banal, puisque je connais. C'est pas une image comme une autre parce que je pourrais reconnaître.
Je ne veux pas voir l'île intense (je n'ose plus dire "mon" île depuis longtemps, mais au fond de moi...), ou quel que soit le nom qu'on lui donne ou ai donné, Bourbon, perle de l'océan indien... La Réunion s'embraser autrement que par son volcan.
Trois mille hectares. Non. Je ne vois pas.

Bon : Lénifiant : de Lenis (doux) et facere (faire). Rien à voir.

3 commentaires:

  1. Je ressens à l'identique, enfin, disons des sensations du même ordre, bien sûr, et j'ai la gorge serrée...
    Seule lueur d'espoir, ce qui est enfoui ne crame pas, je parle des graines et des insectes souterrains. la faune, en revanche...
    Mais quand je vois les monts d'Arrée reverdir sans cesse, malgré les incendies itératifs, je me dis que tout n'est pas irrémédiablement perdu si "on" laisse le temps à la nature de se reconstituer. Bien sûr, ce ne sera pas pareil et nous ne serons lus là pour voir les tailles majestueuses...
    Quant à ceux qui ont fait ça...

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  2. C'est vrai que les Monts d'armée sont surprenants... Comme cet endroit à l'Anse des Cascades, un peu plus loin sur le chemin (enfin, vers une heure de marche) où la lave noire pénètre dans l'eau bleue et où, comme de la magie, une plante verte et grasse repousse, semblant aller chercher au plus profond de la terre les ressources nécessaires à son épanouissement...

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  3. J'ai vu également l'incendie, en compagnie de Chriss qui vient de repartir à La Réunion.
    J'ai souvent vécu les incendies dans le languedoc, et autour de la maison familiale en Cévennes. Je suis allé le combattre en pleine nuit lorsqu'il encerclait une petite jasse dans le vallon en face de chez moi.
    Et c'est vraiment surprenant de voir comme la nature reprend ses droits aussi vite. En revanche, je ne sais pas ce qu'il va arriver aux espèces endémiques de La Réunion.

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Un petit mot n'est jamais si petit.

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