Devant les phares de la voiture, les feuilles d'or brillent dans l'air qui les soulève et les emporte. C'est beau, vu de l'intérieur. Les bourrasques bousculent le véhicule, les branches de bois ressemblent à des flèches blanches dans le ciel noir. La route en est jonchée. Impossible de rouler vite, il y a comme une prudence qui s'installe sous les roues, sur les méandres du bitume.
J'ai pris le temps pour rentrer de la danse où l'ambiance était électrique, comme si les éléments s'étaient déchainés à l'intérieur de nous.
Là, les chaises de bois, la planche à voile, sans voile, le banc en fer forgé, gisent dans l'herbe, déménagés par un vent furieux.
La nuit a été courte. L'arbre souple ne s'est pas brisé, quoiqu'il m'en ait donné la sensation à 3 heures du matin alors que son ombre se projetait dans la fenêtre de toit qui abrite nos songes.
Ce matin, je devrais aller faire un tour à la barre. Voir ce que les vagues font du sable. Voir jusqu'où l'eau cache le phare rouge vif. Mais le ciel est gris, encore mal remis de sa nuit blanche, l'air est humide, des embruns qui se sont égarés peut-être.
Un jour, nous sommes allés à l'école (c'était un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître) et nous avons fait demi-tour devant les arbres en travers du chemin. Un jour, nous n'allions même pas à l'école, car on nous avait dit alerte 2. Ça m'amusait beaucoup de voir un ciel vert, d'imaginer le cyclone. J'étais dans une maison en dur, je ne craignais pas grand chose, je ne savais pas. Mon père nous disait parfois, il ne faut pas siffler, ça fait lever le mauvais temps en mer pour les marins.
Hier soir, mon aînée ne dormait pas, elle avait peur. La maison de bois craque comme la coque d'un bateau. Je souhaite parfois quelques drisses pour faire leur bruit contre le mat de fer.
Tout ça parce qu'au fond, le matin, on est bien content que ce soit fini. Le jour fait s'envoler les cauchemars, il ne peut plus rien arriver, croit-on.
La tempête, une façon comme une autre de remettre les choses à plat.
Oui, j'ai aussi cette sensation. En maison bois, c'est pas un bunker. Tu es un peu sur un bateau, plus fragile, plus vivant aussi.
RépondreSupprimerElle respire :-)
RépondreSupprimerAh! J'aime bien "le ciel gris mal remis de sa nuit blanche". Quelle gamine je suis!
RépondreSupprimerJ'ai dans la tendre mémoire de mes trois ans une tempête en Méditerranée (ééeeee)dans la salle de projection sans film d'un bateau courageux secoué comme sac de patates, où, pour remonter le moral des passagers passait le tube "les saints et les anges" que je comprenais comme " les singes et les anges" (eh oh, j'avais 3 ans!)( mais après tout, il n'y a pas d'intolérance, là-haut!), chacun chacune tenant d'une main le haut du fauteuil devant et de l'autre...un sac en papier kraft, émonctoires (généreusement offerts par la Compagnie) d'estomac ballotté par tangage et roulis combinés.
Pas belle, la vie?
brrr... les tempêtes en mer, sur terre, les enfants qui ont peur et moi qui essaie de cache la mienne... Très beau texte.
RépondreSupprimerTrès belle dernière phrase.
RépondreSupprimerAh oui, il ne faut pas siffler, ça provoque, sans compter que si le vent tourne, vous garderez cette grimace à vie sur le visage...
RépondreSupprimerMamutter, c'est que j'étais encore dans les brumes :-) Brrr c'est quoi ce voyage en bateau? un mal au coeur de rentrer?
RépondreSupprimerAriana, et toi les tempêtes sont plus violentes, puisuq'on parle de tornades, je comprends que tu en aies peur. J'aime les tempêtes d'ici, c'est vivifiant ....
L, et tu sais de quoi ça cause :-)
Patrick, tu m'inquiètes :-)
une façon très agréable de te lire lorsque tu nous contes la tempête, en voilà une autre qui se prépare!
RépondreSupprimerbonne soirée, @ bientôt
Merci Haude, nul doute que tu feras des belles photos :-) (mais pas sous la pluie!)
RépondreSupprimer"Là, les chaises de bois, la planche à voile, sans voile, le banc en fer forgé, gisent dans l'herbe, déménagés par un vent furieux."
RépondreSupprimerAh mais… tu ne pourrais pas l'arrimer tout ce fourbi ? Une nuit la planche à voile traversera la baie vitrée, le vent s'y engouffrera et Breizhkiss se retrouvera en moins de deux comme la maison de Cadet Rouselle.