19.5.12

Le deuxième effet.

À présent tu y vas sans appréhension, juste une fourmi au ventre. Tu as l'armure de ton APN, tu te pares de cette excuse, tu ne crains presque rien. Juste l'inconnu dont tu n'as qu'une vague idée.
Il y a du monde comme à chaque fois, ceux que tu connais, ceux que tu  ne reconnais pas.
Tu es isolée, tu aimes la solitude aussi.
Parfois un sourire, parfois une ou deux bises.
Tu t'assois dans un coin, tu es invitée, tu ne veux pas t'imposer.
Si un ami te rejoint, c'est un bonus, une cerise à laquelle tu fais toute la place qui lui revient.
Enfin, ça commence.
Tu ne t'attends à rien, tu ne sais rien, c'est encore la première fois, comme à chaque fois.
Tu réalises que ton rôle te permet d'aller là où les autres ne vont pas, plus près, c'est ta prérogative.
Au début tu n'osais pas.
Même parfois tu n'avais pas envie, la peur, ou l'angoisse, la flemme aussi pourquoi pas, à quoi bon.
Avancer vers, serrer les mains, engager les mots, poser les questions, parfois fallait crier pour te faire entendre, tu t'y es faite. Presque.
Cette fois, tu y vas avec plaisir.
La curiosité est plus forte que l'appréhension.
Bien installée, tu attends.
Tu as réglé l'APN autant que faire se peut.
Tu te sens comme une gamine. Qui ne sait rien. Prête à tout.
On t'avait promis que ce serait bien. Tu en riais parce que les goûts et les couleurs tu vois...
Tu as le souvenir d'un Requiem dans une cathédrale qui t'avait fait frissonner, d'une Abbey Lincoln dans une salle de spectacle qui t'avait fait pleurer, d'un concert que tu avais gagné dans un petit théâtre, William Sheller, tu étais devenue fan, D'Ahmad Jamal en plein air, à Jazz en baie, et puis d'un ami qui avait chanté au mariage de ton amie, un Ave Maria sublime.
Tu sais donc que le direct, même avec ses imperfections, c'est la meilleure façon de faire connaissance avec une musique.
Ces airs là tu les entendais petite, dans les festou-noz des Monts d'Arrée, mais c'est si loin.
Tu avais oublié l'effet des percussions sur toi. La puissance d'un groupe. Dès les premières mesures tu es subjuguée. Ton pied bat le rythme, tu ne peux pas rester assise, ça tombe bien, tu as l'APN.
Tu sais aussi que tu es bon public. Mais ça ne suffit pas, le talent aussi fait durer le plaisir.
Ça a été trop court.
Et puis les deux jours qui ont suivi aussi.
C'était bien.

Tu sais ce que je viens de faire avec tout ça.
C'est tellement bête, d'avoir abandonné, d'avoir baissé les bras...
J'ai repris ma clarinette.
J'ai soufflé dedans jusqu'à ce que ma bouche ne puisse plus pincer. Ce qui est venu assez vite, faut dire.
Je sais encore lire les notes, je n'en étais pas sûre.
Je vais pouvoir retrouver les clés.
Elle est derrière moi, juste séchée, pas démontée parce que je veux y retourner demain. Et après demain.








3 commentaires:

  1. tiens, je suis clarinettiste aussi. Très belle photo, collègue!

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    1. Collègue! :-))
      Bon, j'ai en tout et pour tout un an d'expérience avec un prof à domicile, 1h par semaine... et je suis lente pour apprendre (pour tout en fait, faut m'expliquer longtemps) Je balbutie en clarinette.
      Mais j'aime ça!! j'adore la clarinette.
      Mais je suis loin d'être clarinettiste ;-))

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