1.7.12

Le jardin

L'herbe n'est pas plus verte chez mon voisin.
C'est le mois de juin, et enfin nous ne voyons plus les voitures passer.
Je m'assois sur le banc sous le sumac qui fait parasol, je vois la balançoire, les lavandes, les escholzia, les Kerlaguen (cherche pas, c'est pas le nom, c'est juste de là-bas qu'elles viennent), l'olivier qui penche, les bouleaux qui blanchissent, les bambous qui grandissent, le tulipier qui rejette à son pied, les pissenlits qui dépassent tout le monde d'une tête avant qu'on la leur coupe, les cerisiers sans cerises, les pruniers lourds, les groseilles et cassis que tu n'aimes pas, tous ces trucs là que tu ne connaissais pas, mais qui sont bien jolis, y'a pas.
J'aime mon jardin mais je n'aime pas jardiner. M'y mettre. Une fois que c'est fait je suis contente d'avoir mis la main à la patte, mais avoir mal aux genoux j'aime moyen.
Je vois passer l'ombre d'un enfant entre deux buissons, eux je sais qu'ils peuvent déjà se cacher dans le jardin. Un jour, c'est un rêve, enfin le jardin sera une île, un lieu intime, où l'on ne voit ceux qui l'habitent que du ciel. Jardin secret, jardin mystère.
J'aime d'autres jardins que le mien.
Certains ont une vue, une prairie de mer. Tu es assis dans l'herbe et tu as le parfum du sel. Il n'y a pas de fin sous le paysage qui se déroule, juste des bandes de couleurs et de matières pour délimiter l'herbe de la mer. Un jour tu as descendu dans le jardin pour y cueillir, rien du tout, juste pour aller faire trempette, et c'était bien.
Il y a aussi cet autre là, où le rouge des roses plonge dans le bleu de l'océan. Et puis en arrière plan, des voiliers bien grands. Il y fait toujours frais, il y a toujours du vent, c'est la Bretagne, toujours du vent.

Et puis il y a le jardin que tu ne partages pas, qui reste en toi comme un trésor, celui de tes rêves, de tes espoirs, de tes envies, celui que tu entretiens parcimonieusement, jalousement, que tu voudrais partager parfois, mais le regard des autres en changerait ta vision des choses, et tu prendrais ombrage de cette intrusion. Alors tu respires, tu te poses et tu admires, ou bien tu critiques, tu vois, tu devines ce qu'il faut changer, le travail que ça va demander, tu regardes tes mains, tu ne sais pas si tu seras capable de faire bien, tu apprends sur le tas, les mains dans la terre, les pieds dans le foin, avec devant toi l'horizon de tes espoirs, de tes doutes, ce paysage qui ne sera jamais monotone, où tu forges tes pas, comme ton chemin de vie. (pouet pouet).



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