Un jour, ils virent la lumière.
D'abord, tout était blanc, ils étaient aveugles encore. Peu à peu, les taches ont perdu leur intensité, ils ont commencé à distinguer les contours, les silhouettes, puis les couleurs.
Elles sont venues petit à petit, les rouges, les jaunes, les bleus, les gris enfin.
Ils se sont dit alors, que cet endroit était beau, varié, pas ennuyeux, et qu'ils pourraient s'y installer durablement.
Ils se rendaient compte chaque jour, qu'ils étaient nombreux, de plus en plus. Ils s'identifiaient par leur air de perpétuel étonnement, cet entrebâillement de la bouche qui peut donner l'air idiot ou émerveillé selon la façon qu'a le regard de s'orienter dans l'espace.
Ils ont joué avec le sable, foulé l'herbe, écrasé la terre entre leurs doigts, aspiré l'air froid de la neige, la vapeur de la mer.
Ils pouvaient danser, s'embrasser, crier, chanter sans que cela n'étonne, inventer des mots, les écrire, raconter des histoires, les vivre.
Et puis, un nuage a chassé le soleil, il a pris sa place.
Les couleurs se sont tues, les mots se sont éteint et la bouche a rendu la parole au geste.
Ils ont volé pour manger, tué pour vivre.
La terre ne tournait plus autour du soleil, les montagnes n'ont plus accouché de rien et l'air ne se trouvait qu'en bouteilles.
Oulalala, mais c'est noir, noir très très noir...ne t'inquiètes pas maman, tout va bien, on va aller faire du vélo...comment c'est ti que je vais me sortir de cette sadstory moi, mystère et roule ta bille..
Un petit homme trompait son ennui en fabriquant des objets qui n'avaient pas de sens. De bouts de ficelles, de morceaux de papiers , de boites vides ou déchiquetées, il s'inventait un cerf qui ne volait pas, un téléphone sans parole, des vélos aux roues carrées.
Quand il rencontra une autre isolée, oubliée, il se sentit joyeux, sans savoir ce que ce mot voulait dire. Il avait des fourmis dans les lèvres, il sentait sa peau s'étirer vers le haut, il découvrit le zygomatique, aussi.
A eux deux, ils inventèrent d'autres jeux.
Un matin, ils coururent après des feuilles qui s'étaient mise à voler, ils rassemblèrent les feuillets, fabriquant un livre dépareillé.
Sans couverture, ni fioriture, ils trouvaient l'objet joli et décidèrent d'en refaire encore un et peut-être encore deux.
Tant est si bien qu'à la fin, il n'y eu plus une seule feuille détachée, tout était lié.
A la nuit plus noire, ils s'échangeaient les feuilles, ils finissaient par mettre ensemble les caractères qui avaient l'air de se marier au mieux, de l'encre ou de la forme ils dessinaient de nouvelles histoires.
Des jours passaient sans qu'il se lassent de ces jeux de mots.
A force de parcourir les chemins, ils avaient fait de longues distances. Le voyage les amena comme par un hasard patiemment élaboré, devant un vieil homme édenté, qui ne voyait plus que du noir. Ils parlèrent, parlementèrent, sans jamais se taire, le vieux fini par leur apprendre à lire.
Ils étaient trois, ils avaient le savoir, ils avaient des livres, et la vie devant eux leur parut moins ennuyeuse. De là à dire qu'ils se marièrent et vécurent heureux, c'est calamiteux.
Non, ils ouvrirent une grande librairie où tout était gratuit si on s'engageait à lire tous les jeudis, de midi à minuit, pendant une vie.
Si.
On est tout bizarre dans la Manche, pas très gai non plus, heureusement qu'il y a la librairie gratuite, mais à condition de lire quand on veut, si.
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RépondreSupprimerEffectivement ça remarche.
RépondreSupprimerEt donc je disais :
RépondreSupprimerToi tu as encore fumé le maïs près de l'étang Saint-Jean.
C'est pas bien ! :o)