21.10.08

La mer # 2

C'est novembre. Du, en breton, le mois noir.
Dehors, il fait froid, et pour une fois, il ne pleut pas.
Le ciel est bas, blanc, lourd. Nous avons revêtu nos habits de mer. Aujourd'hui, c'est régate.
Au port de plaisance, les hommes et rares femmes, engoncés dans leurs vestes de quart rouges ou blanches, se déplacent sur le coussin de leurs bottes à la marque de l'oiseau.
Descendre le ponton flottant, très pentu ce matin là, avec les voiles, lourdes, le génois, le foc, le spi...la glacière avec le pique nique, le jerrican plein en cas de "pétole", les bonnets chaud contre le vent et le froid.
On monte à bord, on se souffle dans les mains, on est euphorique, content, c'est une longue journée qui commence.
Le vrai voileux ne sort pas son bateau du ponton avec le moteur.
Non, le vrai voileux fait silence en manoeuvre, rien que les cris des hommes.
Un équipier reste dehors, fait glisser le bateau le long du ponton, à reculons, et saute sur le bateau par l'avant dès que la coque est dégagée de sa place. Alors, le barreur lofe, attend que la voile prenne le vent, et file à petite vitesse hors du port.
Parfois, c'est plus périlleux; le vent souffle, les voiles claquent, il faut serrer au vent pour ne pas se laisser trop emporter.

Aujourd'hui, c'est extraordinaire.
Alors que le nez du dériveur pointe sur la jetée, il se met à tomber de doux flocons.
C'est novembre et il neige sur l'atlantique, en rade de Brest un dimanche matin.
Nous restons muets, surpris et émerveillés. La neige qui se pose sur l'eau salée, fond, comme si elle n'était pas assez forte pour résister à l'élément.
L'atmosphère a changé. Nous cinq sommes encore sous le charme et nous pensons ne pas être les seuls car comme à terre, les bruits sont étouffés.
A bâbord, un autre dériveur glisse sur l'eau, nous nous faisons signe, nous sommes en route pour la ligne de départ.
C'est l'heure, le bateau comité réapparaît lorsque la neige a fini de se donner en spectacle, c'est au tour du vent de chasser le silence et de faire voguer la vingtaine de coques, bien petites sur ce si grand océan.

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