20.3.12

Le champ de sable #5

Le sable s'était introduit dans ses chaussures quand elle avait grimpé la dune avant de trouver l'enfant. Elle s'en agaça en se relevant après avoir chancelé devant le spectacle morbide qui l'accablait. Elle s'étonnait d'avoir pensé au sable dans ses chaussettes alors que près d'elle gisait un corps. Un moment d'immobilisme, à se demander quoi faire. Elle savait déjà que le portable ne passait pas à cet endroit de la côte, elle ne pouvait ni abandonner le bébé, ni laisser le corps à ses pieds. D'ailleurs, elle ne voyait pas le visage de ce qui semblait être une femme. Bien couverte d'une parka brune, une écharpe enroulée plusieurs fois, des chaussures de marche... Elle semblait minuscule, à peine plus grande qu'une adolescente, brune aux cheveux courts. Macha se pencha en avant pour constater son état. Peut-être respirait-ele encore?
Elle retourna le visage vers elle avec une sensation de dégoût, vit les yeux bleus ouverts et l'expression de surprise, mais aucun signe de vie.
Pourtant, elle eut une impression de déjà-vu. Ce visage lui était familier, ce masque mortuaire neutre et inanimé, elle l'avait rencontré quelque part, mais où?
Elle prit le bébé dans ses bras, ce qui l'apaisa en quelques minutes.
Elle regardait autour d'elle, ne sachant quoi chercher, faisant semblant de réfléchir alors que ses pensées s'entrechoquaient brutalement entre les parois de son crâne.
La dune bougeait.
Elle vibrait, comme l'air chaud qui se dégage du sable et forme un mirage.
Un vrombissement énorme lui emplissait les oreilles.
Ce ne furent pas des centaines de lapin sortant des terriers qui faisaient ce mouvement irréel, mais plusieurs hommes en tenue de camouflage, qui s'avançaient vers elle.
Le bruit insoutenable était celui d'un super-frelon qui s'approchait, sans doute pour récupérer sa cargaison de fusiliers-marins.
Elle se crut dans "la ligne rouge" sans les papillons ni les oiseaux, juste l'affreux bourdonnement de la grosse guêpe qui relançait les pleurs de l'enfant.
"Que faites-vous là, madame? " lui lança de loin celui qui devait être le chef.
Interloquée, Macha ne sut quoi répondre. Elle regardait ce déferlement de virilité campagnarde, et fut prise d'un fou rire incongru.

9 commentaires:

  1. un fou rire ,
    non, tu déconnes !! euh
    Non, tu es sûre ???

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  2. Quelle surprise...Bien raconté, mais encore une suite, non ? :)

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  3. Je viens de lire les trois derniers "chapitres" et je vois que tu mets en place les personnages tout en maintenant le suspens. Je me réjouis de lire la suite.

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  4. ah ha Ah tu as entendu Amartia !!
    Quoi tu disais ? "Encore juste un, un seul autre morceau ? "
    Je me marre.

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    1. Ok ok, peut être encore un ou deux :-) faut bien qu'on sache ce qui s'est passé tout d'même!

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  5. Dr Donald (Ducky) Mallard23 mars 2012 à 11:08

    Elle a bien cochonné la scène du crime, toujours.

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  6. Réponses
    1. Tu me fais rire :-)
      Pour le moment je suis débordède, mais demain aprèm, promis...

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