19.3.12

Le champ de sable #3

Il allait profiter de sa perm' il se le jurait à lui même. Plus qu'une semaine, et il retournait dans l'Est, vers ses montagnes, il avait le mal du pays dans cet univers si plat, où rien n'arrêtait le regard. Pour ne rien arranger, Katy lui avait envoyé une carte postale qui lui mettait l'inquiétude au coeur, une des cartes qui n'annonce rien mais qui prédit tout, une carte dont on voudrait soulever chaque mot pour savoir ce qui se cache dessous. L'anguille.
Le réveil des fusiliers marins était susceptible d'intervenir à toute heure, toujours prêt devait être le credo. 
Mais cette fois, il ruminait. Sa peine de coeur lui jouait des tours au moral, au lieu de s'endormir comme une masse, il faisait des entorses à ses draps, ils ne s'en remettraient jamais, la preuve, il parvenait mal à les lisser le matin. Ses camarades le chambraient, ils ne pouvaient pas savoir, Katy et lui ça remontait à si loin, il n'avait connu qu'elle, et cette dernière carte était...
Ils s'étaient connu au collège. Elle avait des cheveux si blonds qu'il en avait été ému. Quant à elle, elle aimait dire que son aspect sauvage l'avait intéressée, puis défiée. Elle l'avait dans sa poche, il le savait, il l'acceptait, c'est ainsi que vont les hommes et les femmes.
Ils se marieraient et auraient beaucoup d'enfants, quand il aurait avancé dans sa carrière militaire, le seul endroit où il avait réussi à se sentir bien, les règles des casernes étant trop strictes pour se permettre de déraper, et assez cadrées pour lui donner un mur, un sol, un toit, de quoi créer son foyer.
La caserne c'était chez lui, ses collègues, sa famille.
Alors quand il avait lu qu'elle ne prendrait pas de congés pendant son séjour, qu'elle devait lui parler... son sang avait fait un tour, et puis plusieurs, parce que les chocs empêchent de réfléchir, et il avait imaginé qu'elle avait trouvé quelqu'un d'autre, après tout depuis trois ans il était absent la moitié de l'année, et elle avait du mal à le supporter. Il se disait que quand les enfants seraient là, ils l'occuperaient suffisamment pour qu'elle n'aie plus envie de travailler, ou même de continuer à voir ses copines, celles qu'il n'aimait pas, les intellos, les folles du ciboulot, les empêcheuses de penser droit.
Il avait tout prévu, l'achat de la maison, avec ses primes de déplacement, les missions à l'étranger, le théâtre des opérations extérieures comme on disait, il avait risqué sa vie pour lui payer une maison, elle n'allait pas le lâcher maintenant, non. Il avait anticipé la naissance des enfants, mais n'avait appris que récemment qu'elle prenait encore la pilule alors qu'il s'occupait d'elle comme il fallait à chacune de ses visites.
Elle retardait ses projets. Il avait piqué une colère noire. Elle l'avait regardé ahurie. Et elle était partie en claquant la porte. Il avait dû être très persuasif pour qu'elle revienne, ça lui avait pris du temps, toute sa disponibilité quand il était rentré l'hiver dernier pour les fêtes de Noël.

.....

4 commentaires:

  1. Ah bin, l'affaire se corse...^^

    (Une vocation d'écrivaine à suspens est-elle née ? ;-)

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    1. Non, non ça ne se passe pas en Corse :-))
      Il devrait rester juste deux épisodes si je compte bien. Mais moi et les maths...

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  2. ma cocotte, t'es faite pour ça. M'enfin on te l'a déjà dit, hein.
    J'aime, j'aime, j'aime, vite la suite!
    Ta solfégique frangine

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  3. Le suspens c'est sa vocation , toute petite déjà je lui avais dit...
    ;-))

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