C'est comme ça.
Je roule, fenêtres ouvertes dans ma voiture sans climatisation, il fait déjà chaud, et pourtant on dit qu'en avril...
Soudain, enfin pas vraiment, mais soudain quand même, je réalise que je pars un jour particulier, la fin d'une décennie, le début d'une autre.
Le soleil me brûle la joue à travers la fenêtre ouverte, mon bras aussi.
L'hiver m'a vue au fond d'un puits sans lumière où je ne pouvais écouter certaines musiques sans laisser les larmes, où j'avais du mal à me mouvoir, tant il me semblait que l'espoir n'était pas au bout du couloir.
Le soleil fond la tôle du capot, et la musique jaillit des hauts-parleurs de la polo.
Je roule et soudain, enfin pas vraiment mais soudain quand même, je sais au plus profond que oui, je suis une fille d'avril, pas de décembre ni de janvier, pas de Noël ni de février, encore moins de novembre, ce "Du" breton qui pleut du noir sans cesse.
C'est comme ça.
Mon état se fie au soleil qui m'émeut, à la plante qui vient, au frais de l'herbe tondue, au bois qui caresse de sa soie les pieds nus, au chant des oiseaux ininterrompu, à la musique que je choisis enfin.
L'humeur de ces derniers jours est Arpeggiatesque puisque j'aime sans fin ce bruissement d'instruments anciens, cette joie qui remonte du dedans par la voix qui dit vient, et doucement te met le coeur en fête.
Je vais avoir mes quarante, pointure lourde quand tu ressembles à une fille, il va falloir les porter avant qu'ils ne m'emportent, alors forces je prends et soleil je mesure, derrière le filtre de mon bonheur, tous ces instants qui se cumulent comme un piédestal, un socle, une montagne.
Il faut que je jauge tout ce qui m'est donné, il faut que je continue de donner pour me laisser vivre.
L'agitation des jours à venir ne me fait pas peur, ni ne me paraît insurmontable, c'est comme ça, les choses viennent à point, faire ce qu'on peut surtout, faire aussi bien.
Le soleil entre à présent par la baie du salon, il tiédit les pavés gris, il me montre la poussière et tout ce qui reste à faire, mais je sais qu'avec Christina Pluhar ou bien Andréas Scholl, ou encore je ne sais quelle musique aussi légère que l'air du printemps, je ferai mon pain sans peine, et ma peine sans chagrin.
Quarante.
RépondreSupprimerQuand on est petit ça semble le bout de la vie.
Quand on est ado, on croit que c'est encore loin.
Quand on les approche, on croit qu'on a toujours vingt-deux ans et demi.
Ben ouais, quoi.
Ou 17 . Même que c'est. :-)
RépondreSupprimerÇa craint! :-)
Pour aider à faire passer la pilule, un tiramisu d'anthologie t'attend sur mon île au soir du jour J.
RépondreSupprimer