15.3.11

Nuages.

C'est certain, en ce moment on ne s'amuse pas partout, n'est-ce pas.
Je ne regarde pas souvent les infos à la tivi, mais quand je tombe dessus, je tombe aussi des nues. Je ne connais pas le Japon, il n'y a que quelques jours que j'ai eu la curiosité de regarder où habitent mon cousin et sa famille. Je connais le Japon pour ses appareils photos. Et Yoko Tsuno. J'aime ce pays du soleil levant à travers le peu d'images que j'en ai. Je crois aussi que j'imagine un Japon qui n'est pas le vrai. J'aime ses jardins. Les montagnes. J'aime une image stéréotypée. Je ne connais pas le Japon.
Et maintenant?
Maintenant, je vois un pays où tout sera à redessiner. Avec fatalisme, réalisme et courage. Je ne peux pas imaginer abandonner un pays qu'on aime, où on est né. Parce qu'il est devenu inhospitalier. Dangereux. Sur du long terme. Certaines régions vont être stériles. Dans quelques années on y tournera des films. Ce seront des régions exemplaires. La belle affaire. Les Japonais orphelins de leur terre.
Pourtant, je regarde dehors, je vois des coins de ciel bleu et de beaux nuages blancs. Ce genre de nuages que je photographiais il y a quelques années déjà, ce genre de nuages qui dit que tout est en mouvement, que le ciel se traîne, et qu'après la pluie le beau temps.
J'aime les nuages. Ils donnent du relief au bleu, ils occupent l'espace, ils agrémentent, ils nous perdent aussi, en rêves.
On y voit ce qu'on veut. Un château dans le ciel, un éléphant dans un chapeau, un canard, une fée.
Je veux croire qu'un jour, on apprendra à se tourner vers l'essentiel, l'humain, celui qu'on tue volontairement souvent, celui qui meurt parce qu'il a l'impudence de croire qu'il sera le plus fort. Ou bien simplement, qui accepte son sort, parce qu'il vit dans un pays à risques, qu'il le sait, mais qu'importe. Ou bien, il n'a pas choisi, et c'est à lui que je pense, cet innocent qui subit les erreurs des autres.
Il n'y a pas de mots pour décrire le nuage qui plane au-dessus du Japon, comme il n'y a pas de mots pour parler de tous ces nuages qui sont une menace, qu'on ignore encore, ou qu'on feint de ne pas voir.
Je ne suis pas optimiste, c'est vrai, je suis écoeurée.
Même par moi, qui ne bouge pas le petit doigt.
Parce que je ne vois pas les mauvais nuages, je ne veux pas.
Peut-être que demain il fera beau.

6 commentaires:

  1. Le japon, cet archipel déjà si particulier, rempli de contradictions essentielles et d'essentiels.
    Que nous dit le monde ? Que le monde c'est nous, au plus profond, je le crois. Qu'il faut faire avec aussi. La tête haute, absolument, sinon quoi ?

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  2. Bon en ce moment, tu es convalescente, laisse tes petits doigts tranquilles mais après, tsss tsss tu me bouges tout ce p'tit monde hein ?? (hi toi pas taper moi !!)

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  3. Laure, la tête haute, oui, mais avec la conscience de ce qu'on fait. Sinon...
    Et aussi, oui, je vais bouger, aujourd'hui je sens que c'est mieux, vraiment. :-)

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  4. Bouger oui, mais quoi faire ? comment arrêter cette machine folle ? je crie, je crie, peut-être que si tu criais avec moi ?

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  5. Moukmouk, le gros problème de cette machine folle c'est que dès qu'elle est hors-contrôle y a plus rien à faire. On ne peut plus arrêter je crois. Juste constater, et prendre des leçons (enfin!) pour l'avenir. Que ça ne serve pas à rien.

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  6. Là le séisme était à 100 km des côtes. Imagine s'il se produisait juste sous une centrale. On ne peut pas jouer avec la nature, ni la contrôler. Elle aura toujours le dernier mot.
    et les tiens sont très beaux !
    Je regarde souvent les nuages aussi, si hauts dans le ciel, tellement haut qu'ils voient si loin, bien plus de choses que moi, petite fourmi sur la planète. Eh oui pas de frontières dans le ciel. Les nuages vont où ils veulent, portés par le vent. L'eau aussi va où elle veut.
    Prends soin de toi !

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Un petit mot n'est jamais si petit.

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