Les mots étranges font voyager.
Je les lis, je suis incapable de les prononcer quand il faut les dire, et je m'aperçois que je les reconnais visuellement dans le texte sans avoir besoin de les entendre.
Sans doute que je suis malhabile à l'oral parce que je ne dis pas assez ces mots imprononçables.
Erlendur. Arnaldur.
J'ai mis un certain temps avant de pouvoir dire "normalement" Haruki Murakami, et l'écrire sans regarder l'orthographe. Je sais aussi que quand je le prononce à quelqu'un d'autre, à moins que cette personne ne connaisse l'écrivain, je ne serai pas comprise.
Elingborg. Sigurdur Oli.
Je lis les polars Islandais, tu l'auras compris. Arnaldur Indridason. J'aime beaucoup. J'avais lu il y a un moment "La femme en vert". Scotchée aux plumes, j'ai eu la chance de me voir offrir des polars.
Il a du caractère le commissaire Erlendur.
Et puis, j'apprends. Sans apprendre, parce que je sais bien que je vais oublier. Ou bien je reconnaîtrai à l'intonation, au nombre de lettres, qui est qui. Elingborg, c'est la femme flic qui écrit des livres de cuisine. Sigurdur Oli, c'est son collègue, conservateur, qui essaie d'avoir des enfants avec sa femme. Erlendur, le commissaire, lui, il vit avec son passé, entre un frère disparu et une ex-femme terrifiante, avec deux enfants paumés qu'il connaît à peine, et pourtant qu'il aime. Mais il ne sait pas le dire.
C'est un héros au nombre de valises incommensurables, qui le rendent très humain. Même si parfois, j'ai envie de le secouer.
J'apprends aussi en passant, que les Islandais s'appellent uniquement par leurs prénoms. Le nom de famille est constitué du prénom du père, patronyme, avec en terminaison "sson" pour "fils de" et "dottir" pour "fille de". Ceci peut expliquer leur nombre infini de prénoms.
Ça, c'est le voyage agréable. Le voyage imaginaire, une fiction qui te permet de voir à ta façon comment est un pays, qui sont ses habitants, comment ils vivent, quel paysage est le leur?
C'est tellement différent d'ici que je suis dépaysée , et ça me plaît.
Ces derniers temps je suis noyée de mots étranges. Etrangers. Qui ne me disaient rien.
Et puis, il y a eu les images. Les mots répétés mille fois sans que j'aie eu besoin de les lire. Ainsi, je sais les dire, mais saurais-je les écrire?
Fukushima Daiichi. Minamisanriku.
Catastrophe.
Ces mots ont le pouvoir d'arrêter mon voyage. Ils se heurtent aux images. Ils ne veulent rien dire, parce que c'est inimaginable.
Tanakia a mis un lien sur son blog vers le site du New-York Times. On y voit des photos. Beaucoup de photos. En grand. Je les regarde. Elles défilent. C'est sans mots comme dit Tanakia.
Et puis soudain, me traverse l'esprit que je trouve ces photos belles.
Elles montrent la laideur, la destruction, le néant. Mais elles sont belles, et je suis choquée de penser ça. Enfin, surprise. C'est la première fois que je réalise que la laideur peut-être belle. Tu vas me dire "il est temps".
J'ai cette pensée en transmettant le lien sur le réseau social amical que je fréquente ponctuellement.
Et puis là, comme une coïncidence, sur un autre sujet qui parle de "tremblements" mais pas ceux de la Terre, les tremblements de la danse orientale, Solenn qui a plein de blogs (et autant de talents), me transmet un autre lien, celui de Yasmine Louati. Qui parle du joli et du beau.
Je me souviens du "tremblement de terre" d'Ernest Hemingway dans "Pour qui sonne le glas". Ou plutôt de ses mots "la terre a tremblé". Pour parler de la jouissance. Cette "petite mort" dans le sens que lui donne Georges Bataille.
C'est si proche au fond, le laid, le beau.
Sans doute par leur force. Par ce bouleversement que chacun d'eux provoque en nous.
Le bouleversement de Fukushima, j'espère qu'il va nous conduire plus loin, plus intelligents, plus respectueux, plus conscients de la folie des hommes, et aussi de leur adaptabilité.
Qu'enfin, on se respecte. Et la nature. Parce que nous ne ne sommes que de passage.
Sinon, ce blog a quatre ans là, aujourd'hui.
Comme tout a changé depuis. 399ème billet. Même pas fichue de faire un compte rond.
Plouf plouf.
bel anniversaire à ce superbe bijou ;o)
RépondreSupprimerj'étais dans le train ce matin, hélas j'ai dû faire demi tour et me voici bredouille. mais j'avais acheté Le Monde, et dedans celui des Livres et des articles sur ces polars scandinaves et j'ai pensé à toi et je t'en découpe un bout si tu veux, si tu ne l'as pas.
RépondreSupprimerL'amie qui pense à moi, on se voit quand alors? qu'on arrête de penser :-D
RépondreSupprimerLaure, je ne lis pas le Monde...je viens d'entendre à la radio que le Salon du livre met à l'honneur ces polars...bonne idée :-)
Tu as du recevoir mon invitation empoisonnée ;oD
RépondreSupprimerJ'ai vu. :-). Je n'ai pas encore transmis...pas osé..gniark.
RépondreSupprimerUne belle émission sur France inter hier soir, spécial Islande.. Terre de polars.
RépondreSupprimerA écouter sur http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/partir-avec-sandra-freeman/
Dans la journée, capté qques autres trucs intéressants chez Pascal Clark notamment.
Bref. Avis et billet partagés bien sûr.
Et puis sans oublier un bon anniversaire !
@+
MB
Très bon anniversaire à ton blog ! 4 ans ! Bel âge dis donc ! J'en suis loin, seulement à 2.
RépondreSupprimerAlors félicitations et surtout continue...
Bisous
Bon anniversiare de blogue ! Longue vie à tes écrits et tes partages.
RépondreSupprimerDepuis ce matin, grâce à toi, je me sens moi seule dans mes trébuchets sur les noms islandais.. ;-)
Oui les photos du NYT sont belles (merci pour le lien chez moi), elles captent une émotion et ne se contentent pas de témoigner. C'est pour cela qu'elles se passent de mots et me laissent sans voix.
Je formule comme toi, comme Laure, le vœu que ces catastrophes soient le moment d'un changement collectif plus radical, d'un rapport tau Monde et à la Terre plus doux.
Pour finir sur un note plus positive, je te conseille cet article sur une femme indienne incroyable : http://www.delhiplanet.fr/2011/03/17/vandana-shiva-une-indienne-contre-la-multinationale-monsanto/
Tu pourrais devenir "nomeuse", tu sais, comme dans le livre de Orsenna ! Et tu crois que je vais mieux avec le film que j'ai vu aujourd'hui (décalée comme je le suis toujours) allez, répète : " Ebenezer Scrooge" : )
RépondreSupprimerEt puis, c'est plus beau 399 que 400, moi je suis en contemplation du 3000ème comm, on s'éclate comme on peut, hi hi.
J'aime le regard que tu portes sur le monde, si seulement des gens comme toi avaient plus de voix pour changer et nous amener vers un mieux.
Y'a pas de gâteau ? J'irai vérifier sur l'autre blog !
Bises, ma bretonne.
Bil, merci pour les liens, j'ai enregistré du coup, et j'écouterai ce soir...:-)
RépondreSupprimerChriss, avant d'avoir quatre, j'ai eu deux...méfie-toi, le temps passe vite, et on continue !
Tanakia, je viens de récupérer une connexion internet, je vais enfin aller voir ton lien. celui des photos m'a vraiment marquée, va savoir e que va me faire celui-là :-)
Dana, toi, tu dois savoir dire ce que tu veux, vu que tu es très douée en langues! C'est vrai sinon que 399 c'est marrant :) Pas encore de gatal, ça ne va pas tarder, faut que je m'y remette!
Til hamingju með afmælið !
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