Je suis assise à la table.
Celle qui est en verre et qui reflète le moindre objet. Sauf que j'y ai posé une sorte de plaid, un "tapis" qui cache et qui dévoile, où je peux poser les clés de la moto sans faire claquer le fer contre le verre, où le contact se fait feutré, comme une voix douce.
J'ai devant moi l'écran qui brille, il ne me dit rien encore car je viens de l'ouvrir et j'hésite, je tatonne, où vais-je, que vais-je lire, vais-je écrire? Au fond j'ai peu de temps, celui d'une pause entre deux mouvements, celui du rangement et celui qui s'impose juste après, le grand chambardement, puisque bientôt les enfants vont rentrer. Chef d'orchestre en attente.
Je suis assise et je fais face à la fenêtre, ou plutôt, au jardin, puisque la fenêtre est grande ouverte, et tu sais toi qui est déjà venu(e) que quand c'est ouvert, je suis dehors ou presque. Je vois l'air vibrer. Une sorte de brume lumineuse qui rend les angles moins tranchants, les contours moins nets, des teintes pastels, comme effacées par un doigt joueur. Dans cet air trouble, de petits points minuscules dansent à tout va, mus par un courant d'air, par un souffle, par le bruit de la lumière, celui que l'appareil photo peut régler d'un tour de mollette paraît-il. Comme si la lumière pouvait faire du bruit.
Pourtant, j'entends bien un vacarme, comme si les brins d'herbe avaient décidé de se frotter à la salsa, ou au flamenco, à moins que ce ne soit juste que le pépiement des oiseaux. Ils s'en donnent à coeur joie.
C'est le bruit du printemps.
Sous mes doigts, le clavier, devant moi ces fenêtres, celle de la vraie vie et celle de la vie d'ici, juste un instant où le temps suspend son vol, juste une minute paisible où je sais qu'il faut que je sache à quel point parfois, c'est bien, d'être là, à cet endroit, à ce moment, quand le chant de l'oiseau tente d'imiter la lumière du soleil, celle qui nous fait enfin le plaisir de recouvrir nos pauvres carcasses de ses caresses inespérées.
Derrière moi, le pain s'étire, bienheureux.
Ah ouais je vois bien comment ça doit être trop chouette d'être seule dans sa maison sans petit bouffeur de nouguètes qui ont le nez qui coule.
RépondreSupprimerAlors, s'ils ont la bouche pleine et le nez bouché, ils ne respirent plus, tu seras bientôt tranquille :-)
RépondreSupprimerEtre là. Ou à l'est. Tirs croisés ;-)
RépondreSupprimerRevoir Paul et Liz. En reprendre plein les yeux.
Je vais. Le beau est toujours à revoir, on ne peut pas se lasser...
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