Cette salle d'attente, l'autre jour, alors que je respirais mieux mais qu'il fallait une preuve. Les salles d'attente, il s'y passe toujours quelque chose.
On y est rarement seul.
Cette fois-ci, une jeune fille avec sa maman, deux dames âgées (je ne dirai plus "vieille" plus le temps passe) dont une qui faisait la tête et avec la moustache, et puis, une maman avec un bébé.
Ce sont elles que je regardais.
J'imagine que le bébé était une fille. A cause des cils. Longs. Mais bon, je me trompe peut-être.
La maman était en face de moi, le bébé sur ses genoux. Enfin presque.
A six mois, je te portais contre mon ventre, encore, mais souvent tu étais bien réveillée, un petit haricot sauteur, comme le foetus qui me chatouillait le ventre. Je devais alors défaire l'écharpe, de laquelle tu tentais de t'extirper, avec force mouvements de tête et de pieds. S'il nous arrivait de devoir faire du sur-place, comme dans une salle d'attente, il fallait que je te maintienne; je posais alors ma main sur ton ventre, toi, tournée vers les autres, vers l'avant, et tu te mettais debout, tonique, forte, fière. Je me souviens de ta menotte entière dans ta bouche, alors que tu mâchonnais de futures dents. Ton regard, fixe, grand ouvert, droit sur la personne que tu avais choisie. Je souriais, étonnée de cette confiance, de cette certitude que tu mettais dans tes yeux alors que tu regardais ces inconnus, ces gens qui ne pouvaient s'empêcher de sourire en te voyant. Tu te donnais toute.
Ce bébé, debout sur les genoux de sa mère, faisait des bonds. Et puis, elle me regardait. Vlan, droit devant. Toi, je ne te rate pas, ose baisser le regard pour voir. Je vais te prendre en otage, avec un sourire espiègle, comme seule l'innocente sait le faire. On ne peut rien cacher à un enfant, on ne peut qu'avoir peur de lui parce qu'il te met en face de toi. Je ris, je fais des sauts de cabri, regarde, il y a ce rire qui rebondit jusqu'à mes genoux, comme un ressort bien huilé qui va déclencher ton hilarité, puisque je te fixe et que je suis un boomerang.
Toi, ma puce, tu m'as appris à parler aux autres, parce que tu déclenchais leurs commentaires. Comment taire. Tu les envoutais comme ce bébé me mettait dans sa poche, et si je sentais bien ce qui se passait, je n'en prenais pas la mesure. Quelle puissance avez-vous, les tout petits, à nous apprivoiser? Que regrettons-nous quand nous vous voyons? de quoi nous souvenons-nous que nous aurions perdu?
Mais dans cette salle d'attente, je me suis prise à penser, sait-elle seulement la chance qu'elle a cette maman, de ce regard d'enfant que sa fille nous tend, comme un abandon absolu, une confiance sans limite envers l'humain qui lui sourit.
Tu as neuf, sept et cinq ans, tu me regardes parfois en baissant les yeux, tu tentes de me raconter des bobards, mais toi et moi nous savons bien qu'au fond nous nous connaissons encore si bien, que ta farce ne fonctionne que parce que je le veux bien. Tu as l'âge d'être mon enfant, de te serrer contre moi encore souvent, de réclamer ce câlin qui nous emmène dans le lointain, comme avant, qui nous emmène loin, vers l'avant.
Ceci dit la vieille à moustache, n'a pas souri d'un iota, alors que l'autre et moi on se regardait, attendries.
Quant à la maman, elle avait juste fort à faire à retenir cette anguille rieuse, qui ne demandait qu'à se balader.
N'est-ce pas bientôt le printemps?
La Vie qu'on Aime, quatre centième.
La Vie qu'on Aime, quatre centième.
Deux heures 30 du matin, je n'arrive pas à dormir et je viens lire et découvrir tes mots... c'est beau, plein de tendresse, de douceur paisible, les moments magiques de la vie et de l'enfance,
RépondreSupprimerbon, si je retournais me mettre sous la couette, ces quelques mots m'auront donné le sourire aux lèvres...
Bisous
RépondreSupprimerQue les nouvelles soient bonnes, le regard comme lui, ce petit bout qui t'a dit OUI.
L.
Adorable :-) et de suite, l'attente semble moins longue !
RépondreSupprimerEt félicitations pour le nouveau fond de page, frais et dynamique !
Ouiii Quel rose et bleu, très joli et la lumière !!
RépondreSupprimerTrop mignon, sauf la vieille à moustache évidemment.
RépondreSupprimerEt c'est une très belle quatre-centième.
Oui ! Allons loin, vers l'avant !
RépondreSupprimerBravo !
Marie-France, je dormais :-) je e boudais pas mon plaisir de dormir. Peut-être que cest que je sentais ton sourire :-)
RépondreSupprimerBoomerang, oui, à la vie!
Roréa, fallait quelque chose de doux, pour le printemps :-) merci!
Fleur de pêcher, ah ah ah :-) c'est que j'ai un nouveau jouet aussi :-)
Marcus, tu as qq chose contre les vieilles à moustaches? et merci !
Virginie, Zou, en avant! ah ah ah!
c'est rigolo, je me disais que j'avais envie d'écrire mon prochain texte sur les enfants... et sur ce machin qu'ils ouvrent quelquepart en nous au moment où ils naissent ^^
RépondreSupprimerj'adore. (pis là je suis en plein dedans, dans le bébé qui rebondit^^, comment ne pas se projeter ^^)
4/100ème, il doit s'agir d'un temps de pose argentique, d'une obturation du temps, d'une signature spatiale. Soyeux printemps Tifenn.
RépondreSupprimerSo', je serais bien intéressée de te lire, vois-tu? Efflam rebondit? Heureusement que tu as un filet!
RépondreSupprimerJaleph, ah ah, priorité vitesse ou bien ouverture? le printemps est là j'aime sa lumière, ce sera ouverture (comme d'habitude) et prendre son temps.
Merci pour la soie. :-)
Très joli et tellement attendrissant ! Moi aussi avoir un bébé sur les genoux m'a appris à parler aux autres !
RépondreSupprimerMerci Louisianne! les enfants nous en apprennent tous les jours!
RépondreSupprimerbises (!) pas bcp d'inspiration en ce moment...ah si , j'ai hâte de voir les autres photos
RépondreSupprimerMissternet, je t'embrasse fort, et je viens bientôt te montrer les photos! :-)
RépondreSupprimerun concentré de la vie les salles d'attente...
RépondreSupprimerJe viens de découvrir votre blog...
RépondreSupprimerDe belles photos et de beaux textes, merci de ce partage. Amitié Jeanfi