Un jour, l'enfant décida de gravir la montagne.
Il n'avait ni peur ni froid.
D'un air décidé, sûr de lui, il se prépara un baluchon, comme il l'avait lu dans ses livres, ceux que la dame lui permettait d'emprunter.
Pour le faire, il avait ouvert la malle à l'odeur forte et parfumée, celle qui avait le pouvoir de guérir n'importe quel rhume, par son arôme puissant.
Il avait farfouillé, fébrilement, attentif à tout reposer comme il l'avait trouvé. Et c'est un grand carré blanc, rêche et doux à la fois qui avait été choisi.
Dedans, il avait posé ses dinosaures, sa baleine, son livre savant, celui qui contenait des mots pas encore compris, une boite de biscuits secs, ceux qui pouvait rester longtemps dans la main sans s'émietter d'impatience.
Et puis il avait attendu le "Grand Sommeil". Quand toute la maison était silencieuse, mais que lui gardait l'oeil rond, et l'esprit en ébullition.
Il savait qu'il ne rejoindrait la montagne que vers le milieu du jour, mais que l'attente serait longue, car il fallait réunir à la fois la pluie et le beau temps.
Comme les jours où l'arc en ciel vient illuminer le bleu du ciel.
La route de la montagne devait passer par là: Le pied du rayon multicolore, et puis le chas entre les nuages.
C'est un rêve qu'il avait fait plusieurs nuits en arrière qui lui avait indiqué le chemin.
Le mot chas l'avait laissé perplexe, il s'en était ouvert à sa soeur, de dix mille ans plus grande que lui; elle lui avait expliqué le chas de l'aiguille.
Alors, il avait passé le plus clair de son temps de sieste à regarder dehors par la fenêtre, le passage des nuages.
Là, il avait appris beaucoup de choses. Que l'hippopotame pouvait croiser une girafe sans être troublé par la taille de son cou. Que la gueule de crocodile ne restait pas ouverte assez longtemps pour manger le chapeau du dauphin, et que le soleil ne disparaissait jamais tout à fait complètement.
Voilà.
Le moment était venu.
Devant lui s'ouvrait le chas du nuage, celui qui permettait de gravir la montagne, celle qui abrite le Paradis.
Parce que, voyez vous, la route du Paradis, il veut la savoir, la connaître.
Depuis le jour où il a su, dans la profondeur de son coeur, et avec une angoisse soudaine et bruyante, que ceux qu'il aime s'y retrouveront un jour, avant lui, et surtout, sans lui.
Oh ! encore un collector !
RépondreSupprimerTrop beau, le texte et les illustrations. Rien à dire de plus.
Merci de cet enthousiasme;-)!
RépondreSupprimerJ'en reste coite.
RépondreSupprimerVois-tu, je crois que c'est cette écriture là que je préfère : celle qui chante les sensibilités, les ressentis profonds, les imaginaires, les liens encore très étroits que l'enfance garde tissés entre l'impossible et ...l'impossible puisque ce mot n'a pas encore de sens pour eux.
Et tu parviens à nous y replonger, direct, comme ça, sans prévenir. Et je me laisse entraîner avec une non retenue jubilation, < de Joie.
Bravo, n'est-ce pas !
Coucou Tifenn, comme j'aime ton petit univers je me suis amusée à te taguer (c'est sur mon blog). J'espère que ça va t'inspirer. :)
RépondreSupprimerBises
So.
C'est absolument magnifique ! Je ne sais pas trop quoi ajouter...
RépondreSupprimerAnonyme, c'est moi qui suis coite de te laisser coite, mais tu n'es pas vraiment coite hein?
RépondreSupprimerBalmeyer, en fait, c'est bien ce que tu dis là, je n'ai pas besoin de plus..
la dernièr photo me fait penser à un épisode de "Jonathan" où on parle d'un espace entre les nuages... c'est beau...
RépondreSupprimerCe texte ensoleille ma journée!
RépondreSupprimerMerci.
Accent Grave
Tres joli Tifenn, tres tendre, encore une fois. C'est toi, et tes enfants, et nous aussi, et nos enfants, tout a la fois.
RépondreSupprimerOui ! Très joli, vraiment ! Je viens de chez Eipho... Enchanté.
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