2.3.11

D'une île à l'autre.


C'est Chriss de son île inoubliable qui m'a donné l'idée de ce texte.
Un jour j'ai eu 17 ans, et c'était une fabuleuse année. L'année où j'ai grandi, je crois, le plus.
Ma grand-mère, celle qui parlait des colonies parce qu'elle était de cette époque, qui avait un père commandant dans la marine marchande et ayant voyagé avec Charcot, un père qu'elle plaçait plus haut que tout, bref, ma grand-mère vivait seule, avait encore des envies, toujours cet art de la représentation, je crois qu'elle n'était pas encore malheureuse, qu'elle y croyait encore malgré tout.
Mais au fond qu'en sais-je?
C'était son dernier voyage. 
J'ai encore, mais sans la possibilité de les visionner, tous les films qu'elle a fait en Inde et à Ceylan, ces voyages qu'elle avait organisé de sa petite commune du centre Finistère, un grand projet, avec tous les "anciens " de la commune. Ce n'était pas si courant à l'époque (mince, je ne sais pas l'année, mais je dirais fin 70's ou début des 80's), il n'y avait pas encore tous ces cars de "Tamalou".
Elle m'a demandé de l'accompagner. Faut savoir que s'il y a bien un truc que je ne refuse jamais c'est l'idée d'un voyage. Tiens, si on me proposait un voyage de mon lit au jardin aujourd'hui je dirais oui, mais je ne tiens pas debout.
J'ai dit oui.
Elle avait pris une formule tout compris, voyage, sorties, repas, hôtel etc...et car de Tamalou donc.
J'ai l'air de me moquer et sans doute qu'à l'époque, certains aspects du voyage ne me faisaient pas envie. Que des vieux. 
Sauf que bien sûr tout ne se passe jamais comme on le prévoit, l'imagine, le subodore. 
L'avion a fait son virage pour aborder la piste et nous avons tous très bien pu voir sa longueur, plutôt sa courtesse, et la fin de la piste sur des pilotis dans l'eau. 
J'étais excitée. La piste a été rallongée depuis 2001 lis-je aujourd'hui.
Nous avons atterri, je m'y connaissais en atterrissages puisque j'avais pris l'avion plusieurs fois sur de longues distances, n'est-ce pas. Et je confirme que c'était très court.
J'avais 17 ans mais je ne m'étais pas du tout documentée sur la destination. Madère, une petite île.
C'est pourquoi, mon coeur a fait des bonds à la sortie de l'avion. Le même vert, le même "air" qu'à La Réunion. C'était en avril. Il ne faisait pas encore trop beau ni chaud, il y avait de nombreux nuages sur les sommets. Mais quand même, j'avais cette impression de déjà vu qui m'a tiré les larmes.
Ensuite, nous avons parcouru Funchal en car, à pieds, rien n'est plat, il y a des marches larges en lieu et place des trottoirs pour casser la pente.
Funchal est traversée par une rivière que l'on ne voit presque pas car elle est recouverte d'un manteau de bougainvilliers retenus par des fils de fer, c'est un spectacle fabuleux. Là encore, les mêmes fleurs que là-bas.
Tout le séjour a été de rebondissements en rebondissements, du spectacle des Tamalous qui n'ont mal nulle part à partir de minuit quand il s'agit de guincher, et sans complexes, à la nuit où j'ai "fait le mur" pour suivre un des employés de l'hôtel qui voulait me faire visiter sa ville...hum.
En décapotable rouge, un petit restau sympa, les lumières de la ville, non, non, c'était très bien, vraiment.
J'ai donc appris beaucoup cette semaine-là.
Chriss nous montre les oiseaux du paradis, ils sont nombreux à Madère aussi.
Tout ça pour dire que c'est une île superbe, où les chauffeurs de car sont des virtuoses du volant (faut voir les routes à flanc de montagne), et où tu peux retrouver les quatre saisons au fur et à mesure que tu t'élèves dans l'île. Il n'est pas étrange qu'au même endroit poussent des bougainvilliers et de magnifiques forêts de mimosas.
Je ne sais plus trop où je voulais en venir, si ce n'est de dire que j'avais été émue de cette île qui me rappelait tant l'autre. Et sensiblement moins loin. Ce qui ne change rien, me diras-tu. Soupir.
Tiens, un cadal, moi à 15 ans sur la plage des Salines, tu reconnais Chriss?


2 commentaires:

  1. Avec toutes ces pensées et émois je dis moi que ta grippe va se faire la malle, oui.

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  2. Très beau billet Tifenn, très émouvant les souvenirs d'adolescence...
    J'ai cherché Makatia mais je n'ai vu qu'une jolie fleur...un peu floue...
    Je crois que les îles font partie de soi. Définitivement.
    Bisous de la Chriss

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