16.9.11

Ma petite entreprise...


La première fois, j'ai été surprise, à la hauteur d'un sourcil. Pour un peu j'aurais raccroché.
"Bonjour, pourrais-je parler au responsable de la structure?".
 J'ai dû réfléchir. Quelle structure? Un mauvais numéro, faillis-je répondre.
Puis je m'y suis faite.
D'abord les courriers : tout le matériel pour hôteliers, pour restaurants, pour salons à la capitale avec location de stand chic et pas cher, le must, le tendance, le tout bien quoi.
Je m'insurge souvent en voyant le "packaging" du courrier, plastique, puis carton glacé, puis papier rutilant. Photos d'ambiance : une bougie, une cheminée, des nappes épaisses, j'en passe...
S'inscrire pour avoir son numéro de siret et te voila (re)couverte.
Tu changes de statut, tu changes aussi de sécu. Gare à ne pas oublier de renouveler ta carte vitale!
Tu es vite noyée par les papiers qui te disent ce que tu es devenue, à quel point c'est formidouble, à quel point tes charges seront allégées, à quel point ce gouvernement est fantastique.
Tu découvres petit à petit que tu n'es pas bien sûre que ce pour quoi tu as signé n'est pas en train d'évoluer. Dans ton dos. Mais bon, il te faut un statut pour ta petite entreprise.
Enfin, les appels.
Je suis blasée, t'imagine pas!
Responsable structure, c'est rien. Non, j'ai eu aussi à : "pourrais-je parler au responsable du personnel?" et puis le service comptabilité, le responsable publicité...
J'entends ça je me dis, waaa, quel bizeness ce taf.
Je me sens riche et pleine d'importance. Je me sens toute  gonflée de mon orgueil, puisque ma personne se trouve à la tête d'une maousse structure, avec un service comptabilité flambant neuf, et que dire de la responsable du personnel? Une perle!
Bon, finalement, ce midi, oui, ce midi, alors que j'étais en train de manger un truc qui se mange chaud tout de même, la purée froide c'est pas le top, l'appel d'une voix grave et vibrante, des Pages Jôôônes, qui me demandait "bonjour, je voudrais parler au responsable de la communication s'il vous plait".
Je voyais le type derrière son écran, le téléphone branché à une oreille, le listing de clients sous les yeux, une croix à chaque appel passé, le compte rendu des questions posées, les mêmes pour tous bien sûr, enquête de qualité.
J'entendais les cordes vocales, un baryton sans doute, je lui mettais les yeux bleus pour la forme histoire de s'assortir à la chemise bleue pâle de son costume trois pièces, tiens, je lui donnerais la tête de l'enquêteur très spécial du FBI, Mac Caffray, Neal de son prénom (que j'aime ce prénom, ça a failli être Nils pour notre fils, mais bon) un beau mec quoi.
Ni une ni deux, l'homme en face de moi à table, la purée pâteuse et tiède entre ma joue et ma gencive, je répondis : "c'est moââ".
Me v'la chargée de com, now.
Le doute s'insinuant dans l'oeil de mon chéribibi, je papillotais deux à trois cils, et finis par décliner l'invitation à parler 8 minutes (si vous êtes rapide, me dit-il), parce que non, là, je ne pouvais pas.
8 minutes?
Est-ce bien suffisant pour faire le tour de la question?
Ma petite entreprise ne connaît pas la crise.








3 commentaires:

  1. Oui, je vois bien ! Le nombre d'appel ... pour la bwaaaate de ma moitié... du même genre.... et, comme on n'est pas marié, j'ai en plus le droit, à Madame B... je ne suis extrèmement désagréable et raccroche très vite ! ...

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  2. Au moins, il y a le tél, tu n'es pas obligée de faire des trajets pour discourir 8 min. !
    Si j'ai bien compris, votre "structure" prend forme et on n'aurait pas pu trouver meilleure responsable de communication. Si tu embauches, je suis partante : )

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  3. Ln, oui, mais en même temps, c'est pas de leur faute, ils ne cherchent même pas!
    Dana, si je t'embauche c'est en bénévolat (et je suis contre le bénévolat parfois)...notre structure évolue, mais elle reste la même :-)

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