18.5.11

D'écrire...et de Raison.(en 10mn chrono, hélas).

Il est l'heure d'un milieu d'après-midi. L'eau passe dans le tube qui la fait tomber chaude en gouttes sur la mouture de café. Elle le dit haut et fort. Le parfum se promène dans la pièce, comme une invitation à la paresse. Il est vrai que c'est l'heure de la sieste, après un moment passé à la plage, dans le vent tiède, grattant le sable à la recherche des coques et autres palourdes. La pêche est suffisante pour que l'envie nous prenne de pâtes fraîches, que le couteau taillera en linguine, y mettrai-je du vert basilic?
Je pourrais avoir envie d'écrire. Ce moment comme d'autres, ou bien même les inventer.
Je pourrais me trouver un pièce où nul autre bruit que celui des oiseaux, où nul autre mouvement que celui de mes mains sur un clavier aimable. Je pourrais imaginer que cette bulle existe.
Comme si j'avais une pièce à moi, mon antre, ma tanière, mon désordre seul, pas celui d'une main enfantine passante, de celles qui passent et déposent fleurs et autres offrandes où que je sois, debout dans la cuisine, assise dans le canapé, ou à espérer être derrière un bureau. Une pièce avec une porte et une fenêtre.
J'exigerais même que seuls les meubles que j'aime, un bureau unique, le mien, des tiroirs remplis de mes envies, et des étagère, ou tiens, pourquoi pas une bibliothèque, pleine des livres que je ne relirai pas, mais dont le souvenir m'emplit d'aise.
Imaginons tout cela.
Aurais-je encore la possibilité de m'y assoir. Me poser sur cette chaise que je vois presque comme un fauteuil tant il me faut de la place, celle de l'épanouissement d'une idée, entre deux lettres flottantes sur mon clavier, au bout des pulpes de doigts encore hésitantes. Ou bien véloce. Comme à présent que l'on me cause à droite comme à gauche, qu'un son unique de ma bouche suffit à faire taire, avant la prochaine offensive, vite, écrit, avant de perdre la raison.
Il est des moments entre deux, entre la plage et la sieste, qu'un soudain élan me pousse à dire et décrire, qu'écrire demande du temps, de la tranquillité d'esprit, de la place pour réfléchir, comme de l'espace temps, celui qui n'est pas élastique.
et me voilà alors, encore, contrainte de cesser là cet exercice qui me nourrit et m'apaise, ne me satisafit jamais et m'affame, comme un début et encore un début, sans que jamais la suite ne s'écrive, coupée déraisonnablement par un quotidien phage, tout est -phage, chrono et autre, je ne finirai donc jamais rien?
...et sans relire en plus pardon des fautes.

17 commentaires:

  1. Je crois qu'écrire c'est avoir des sujets, des trucs à raconter, à soi ou à d'autres, même imaginaires. Quand à ce qui te dérange, c'est ce qui justifie toute ta vie et sans lequel, tu aurais l'impression de n'avoir rien...

    Quand tu auras pris tes notes, trouvé tes sujets, tu sauras mieux trouver et utiliser ton temps, avec force motivation. Et tu n'en voudras plus à d'autres de t'empêcher d'écrire.

    Besos Tifenn ♥

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  2. Je n'en veux à personne :-). Si ce blog existe c'est grâce à eux, oui, ma "matière première". Si j'en veux à quelqu'un c'est à moi, de ne pas savoir m'organiser, ou même organiser mon esprit à pondre des trucs seulement quand c'est le moment. Les textes courts, ça va. Ponctuellement. Pour un travail de longue haleine, ben, c'est un travail qui demande du temps. Du vrai temps. Non. De la "disponibilité". J'organise la faisabilité d'un bureau, là, mais même ce bureau, va demander du temps...uh uh uh.

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  3. Oui il te faut Ta pièce, tu auras. Il nous faut une pièce à nous. pour moi ce sera une ancienne petite cuisine avec son vieil évier et son balcon...Hum...un jour des photos de "mon atelier" !!

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  4. une piece à soi, ou du moins un coin à soi qui signifie aux autres "je ne suis la pour personne d'autre que moi"
    Rilke disait qu'on écrit quand c'est une absolue nécessité pour soi...
    Peut être que l'écriture est moins essentielle pour toi que d'autres activités, en ce moment-ci
    ;)

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  5. Lôlà, oui une maison en bois est modulable et la nôtre est toujours en travaux ! :--)
    Tanakia, c'est la seule activité essentielle pour moi, tous les jours. Mais, la première nécessité est aussi le bien-être des miens, et l'écriture est un acte égoîste par rapport au temps qu'il demande/exige. Il faudrait que je sois seule sur une île déserte :-). Non, c'est simplement la difficulté de trouver quelques heures à suivre sans rien d'autre à faire/penser qu'écrire.
    Mes enfants sont jeunes, ils ont besoin de moi, et comme dans la pub "petits naires (!)" il suffit que je sois au téléphone ou en train d'éplucher des légumes, pour qu'ils aient un truc essentiel à me demander ou à faire, avec moi, bien sûr.
    C'est la vie. J'accumule, je détiens, j'essaie de n epas oublier ce qui me traverse l'esprit, pour plus tard, le noter quelque part.
    Et un jour, je trouverai.

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  6. Oui, une chambre à toi, quelle femme n'aurait pas eu un jour le désir d'en avoir ?
    Je me souviens l'essai de V.Woolf,
    qui dégage deux éléments indispensables pour permettre à une femme d'écrire :

    avoir une chambre à soi qu'elle peut fermer à clé afin de pouvoir écrire sans être dérangée par les membres de sa famille ;
    disposer de 500 livres de rente lui permettant de vivre sans soucis. Elle rappelle à ce titre que les femmes ne pouvaient pas posséder l'argent qu'elle gagnaient, et déclare, à l'époque où les femmes se voient accorder le droit de vote: « De ces deux choses, le vote et l'argent, l'argent, je l'avoue, me sembla de beaucoup la plus importante. » (merci Wikipédia).

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  7. Dana :-) je préfère une chambre à deux et un bureau à moi :) !
    Parce que j'ai connu aussi le bureau dans la chambre et que ce soit d'un bord comme de l'autre, ça ne va pas : on ne travaille pas en dormant et on ne dort pas en travaillant..enfin, moi, je ne pouvais pas. Comme d'avoir l'ordinateur sur le lit, c'est un piège...ou la télé dans la chambre, jamais jamais jamais!
    A l'époque de VW, ce devait être différent : l'homme avait son bureau et avec un peu de chance, la femme un petit secrétaire. Et sans doute qu'elle ne devait rien laisser voir!
    Maintenant, on veut tout faire. et comme dit "shépasqui" qui trop embrasse, mal étreint!

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  8. Je crois qu'il y a des gens qui vivent et des gens qui contemplent, il y a ceux qui prennent les photos et ceux qui sont dessus, en train de vivre et de rire, et je crois aussi qu'en effet, on ne peut pas faire les deux en même temps. Tant pis, tant mieux, tu t'en sors plutôt bien avec tes bribes volées en 5 min sur un bout de clavier. Ferions nous aussi bien avec du temps? Pas sûr ^^

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  9. Solenn, et puis y a l'envie de dire le moment qu'on a vécu :-)
    Ceci dit, c'est vrai, pas sûr que je m'en sorte mieux avec du temps. En général je suis plus efficace dans l'urgence. Mais, ça me désespère de penser ça, car alors, je ne ferai jamais mieux? Ou alors, quand je serai vieille et sage... si un jour je suis sage :-))
    En fait ce billet disait surtout la frustration engendrée par les interruptions. De celles qui font oublier un mot, une phrase, une idée, comme quand on se réveille après un super rêve et qu'on sait juste que c'était un super rêve, mais on a tout oublié.
    Peut-être aussi que je m'invente des excuses pour ne pas faire mieux. Que je choisis la facilité, c'est pas moi, c'est les autres.
    Brrrrr.

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  10. Je me souviens que l'une des motivations de ton blog était de noter tout afin de ne rien oublier ni perdre. Je résume bien sûr.
    C'est le monde des femmes, peut-être pas de toutes : le temps linéaire nous impose de choisir sans arrêt, riches que nous sommes de pouvoir faire tant de choses, toutes essentielles pour nous. Mais nous devons les hiérarchiser, parce que nous sommes multiples,femmes,créatrices, épouses, mères,chefs d'entreprise à la tête d'une maison et d'une maisonnée. Que nous avons des envies des besoins des impératifs.
    C'est ça qui fait aussi notre richesse et qui te donne du grain à moudre! C'est pas ça le bonheur?

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  11. Anonyme, (tiens, tu es redevenue anonyme? :-p ) c'est vrai, c'était ça. Et puis j'ai construit le cadre de ce bonheur là. Avec tous autant que vous êtes. Je dois être en plein "péché d'orgueil".
    En tout cas, ce blog m'apporte beaucoup de richesse dans les échanges aussi avec tous, il me permet d'avancer la réflexion, de ne pas tourner qu'en rond. Il fait partie des clés pour aller plus loin. N'est-ce pas là qu'a commencé l'aventure chambre d'hôtes, blog de cuisine et autres? Sans doute qu'avec l'âge et l'environnement, on fini par trouver sa voie. Pas une ligne droite simple, juste des méandres, et puis la suite...on verra! :-)
    Dans tous les cas de figure, j'ai de la chance, et ça c'est un fait avéré.

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  12. La fille qui a du temps19 mai 2011 à 12:27

    Avec l'âge, je confirme, la notion de temps libéré pour soi prend une autre tournure et puis le corps prend ses droits et sa valeur. Tu t'en sors bien déjà avec tes multi-fonctions, super bien...et un jour tu auras ce temps et cet espace. Et tu verras.

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  13. La fille qui a du temps et qui l'utilise bien, j'espère. Savoir quoi faire de son temps est un art :-)

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  14. Je te lis comme un début de roman.
    L'histoire d'une auteure qui a l'impression d'être bousculée par la crépitation quotidienne.

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  15. Un bureau à toi ouvrant sur un jardin constellé d'hortensias et surplombant le port. Depuis l'autre rive, un couple un touriste s'arrête pour photographier ta maison : "Tiens chérie regarde, c'est là qu'elle habite."
    Tout près de chez toi, il y aurait un phare portant cette inscription : Doëlan amont !

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  16. Tifenn, j'ai commencé hier soir un livre qui s'appelle "if you want to write" de Brenda Ueland. Elle écrit au 2e chapitre "je veux vous assurer, avec tout le sérieux possible, que ne pas écrire est un gaspillage de temps "
    Si tu lis l’anglais facilement, je te l'envoie quand je l'ai fini.
    ;)

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  17. Jaleph, ce serait quand même usurpé de parler d'auteure pour le moment (tu vois, je ne ferme pas l'avenir) . Je crépite, ils crépitent, nous crépitons, il fait si beau! :-)
    Marcus, raaah! oui, la maison dans un coin de paradis, mais comme elle le mérite bien cette grande dame! Nous ferons encore les touristes dans quelques jours, pas vrai?
    Tanakia, comme c'est gentil! hélas mon niveau d'anglais se limite à celui du breakfast et encore. Quand m^me je e lis mieux que je le parle, mais encore faut-il un langage simple. Il a suffit que je plonge mon nez dans un livre de cuisine en anglais (Nigel Slater pour ne pas le nommer) pour que je convienne de mes lacunes en vocabulaire. C'est dire. Ceci dit, cette phrase est magnifique. Tiens, je vais écrire, là, tout de suite, pour le plaisir et pour ne pas perdre mon temps. (ils dorment, sont dans un hamac, derrière une tondeuse, et à un anniversaire, le balai attendra, n'est-ce pas?)

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Un petit mot n'est jamais si petit.

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