Tous les jours, je rentre du collège, balance mon sac sur le marbre vert, et cours me rafraîchir dans ma chambre climatisée. Ça en fait du bruit un climatiseur, mais qu'est-ce que c'est bon de s'affaler sur les draps frais de mon grand lit. Accessoirement, le climatiseur nous servait à faire la courte échelle pour grimper sur le toit, mon frère, son copain et moi.
Je ne t'ai jamais vraiment parlé de ma chambre. Tu te souviens que la maison est un gros cube blanc, avec un patio spacieux en son centre, dans lequel d'ailleurs s'ébattent plusieurs couples de perruches.
Pour rejoindre ma chambre à partir de l'entrée, je parcours un couloir en forme de L. Ce couloir distribue à main droite d'abord la chambre de ma soeur, puis celle de mes parents, la salle de bain et enfin la chambre de mon frère.
A main gauche, les toilettes, puis l'angle du L qui fait le tour du patio. Moi, je suis après le patio, au bout, en face de la chambre des garçons. On disait toujours "les garçons", l'ami de mon frère est quasiment un frère puisqu'il est là tous les jours.
Ma chambre est grande et claire. Il y a même une petite salle de douche, que je n'aime pas, à cause du carrelage marron. Mais j'ai une grande porte fenêtre, qui donne sur un balcon rouge. C'est marrant ce balcon quand j'y repense, parce qu'il est à la hauteur du jardin, je n'en comprends pas la nécessité. Les volets sont "blindés", conçus pour résister aux cyclones, marrons foncés, lourds, ils raclent le béton rouge, quand je les ferme chaque soir, à l'heure de ma prière aux étoiles.
Quand je rentre de Saint Charles, je cours donc, me faire du froid, avant même d'aller goûter (des beignets banane d'Amélie par exemple).
Sur mon bureau, je ne sais plus du tout à quoi il ressemble tiens, je n'ai pas dû y passer assez de temps, sur mon bureau, il y a le lecteur de cassettes de mon père. Un rectangle en plastique noir, avec une housse en faux cuir noir. Lourd. Presque d'architecture URSS, comme on disait encore. J'ai tellement usé cet engin.
J'appuyais sur la touche "eject", j'introduisais ma cassette, je refermais le capot, et je tournais la mollette du volume.
"Qu'est-ce qui pourrait sauver l'amou-our"?
Balavoine.
Mon idole à 13 ans.
J'écoutais inlassablement "Tous les cris les SOS", je crois bien que je connais encore les paroles par coeur.
Je ne crois pas, je sais que je les connais par coeur, parce quand d'aventure l'auto-radio diffuse n'importe quel morceau de cet album "Sauver l'amour", je chante avec lui, les hauts comme les bas, m'égosillant s'il faut, même pas peur, si je suis seule.
J'ai pleuré sur ses chansons. J'étais amoureuse déjà, non, je ne vous dirai pas de qui, il a une vie (publique) aussi, manquerait plus que ça.
Un jour de janvier 1986, le 14, c'était les grandes vacances, j'ai vu le sable du Paris-Dakar aux infos de RFO. J'ai vu des débris. J'ai vu des visages et j'entendais les chansons de Balavoine. Je n'aime pas le Paris-Dakar. (Tiens, un mort Argentin hier encore, pas un concurrent bien sûr).
C'est la première fois que la mort d'un chanteur me touchait.
Ce matin, quand j'ai entendu la jolie chronique sur France Inter, de Didier Varrod, j'ai entendu 25 ans. Ça fait 25 ans.
Et c'est pourtant comme si c'était hier.
Découvrez Daniel Balavoine!
J'ai une amie FB qui est Catherine Ferry...Elle ne s'en est pas remise non plus.
RépondreSupprimerDommage pour Daniel, et Coluche le rejoignait au paradis quelques mois plus tard...Snirfl !
Besos Tifenn ♥
J'aimais assez les chansons de Balavoine. Et oui, c'est triste.
RépondreSupprimerEt j'aime beaucoup l'idée d'une prière aux étoiles dans un patio spacieux.
:-)
C'est toujours les meilleurs qui s'en vont, c'est bien connu. De là à dire que c'est pour ça que nous sommes encore là…
RépondreSupprimerNon, mais c'est bizarre quand même.
RépondreSupprimerCet aprèm il pleut, alors je me balade dans ton histoire, histoire d'apprendre à te connaître. Et voilà que je me balade un peu dans MON histoire. Les mêmes lieux (pas celui-là, mais d'autres), les mêmes livres, les mêmes films, les mêmes chansons, pas les mêmes chanteurs, les mêmes chansons, carrément.
Même atmosphère, mêmes souvenirs, c'est un peu comme avec Laure, si loin et pourtant si proches.
C'est drôle la vie, et les rencontres virtuelles plus vraies que nature.
Le jardin du vent, oui, très étrange...est-ce aussi générationnel que de ne pas savoir mettre un lien sous un mot? :-) non, je crois qu'on peut avoir les mêmes références, les mêmes attentes, les mêmes bonheurs...et si un jour, on rencontre le réel, on est même pas déçu, c'est comme une évidence :-)
RépondreSupprimerJe ne crois pas que ce soit générationnel (Laure est beaucoup plus vieille que nous hihihi).
RépondreSupprimerMine de rien, il y a un truc qui fait qu'on va vers ceux qui nous ressemble, indubitablement, même si la ressemblance est dans les contradictions.