Je voudrais un paysage.
Prendre ma tasse et m'assoir, sur le bord d'une fenêtre, ou bien devant mon bureau devant une fenêtre, une baie, un grand verre qui me permettrait d'être dehors, dedans.
Il faudrait que je sois en hauteur. Une courbe lente. Une colline comme celles des Highlands, un paysage non agressif. Il y aurait l'horizon.
L'horizon serait mien. Ou je partagerais peut-être avec un lointain, très lointain cube blanc qui serait une autre maison.
Je voudrais que mes yeux caressent ces courbes douces, sans autre obstacle qu'un arbre, un grand chêne que la foudre n'aurait jamais su trouver au milieu d'un champ. Un bosquet peut-être aussi, de ceux qui rougissent en automne, de ceux qui tranchent avec le vert et le bleu, avec le marron des champs moissonnés.
Si je m'assois à cette table, devant ce paysage, je vois passer les saisons. Un jour de pluie précèderait un grand beau temps. Un paysage après la pluie a une intensité plus forte, une luminosité plus grande. Des nuages effilochés se battraient contre le vent qui les chasserait. Là, les arbres du bosquet, je les entendrais bruire, aux mouvements des feuilles, au frisson des branches. Je pourrais croire, rien qu'à les voir, qu'ils m'abritent, et que les petites gouttes encore posées sur les feuilles luisantes, se laisseraient tomber sur le sol, sur moi. De ma maison, j'aurais un peu froid de cette humidité là, et je m'ajouterais un pull. Un grand pull. Trop grand. Un pull masculin et difforme, qui recouvrirait presque mes mains. Mais la tasse.
L'hiver bien sûr, il y aurait de la neige. Je ne reconnaitrais plus rien, tout serait différent. Je voyagerais dans un autre pays, grâce à ce paysage aliéné. Mon esprit vagabonderait, alors que des idées germeraient sous mes doigt qui tapoteraient l'écran. Ce serait presque magique. La neige qui imprimerait des mots sur la neige de ma page blanche.
Un jour, des oiseaux pépieraient sur l'herbe, sur le rebord. Ils seraient colorés, bruyants, je devinerais le printemps. La vie ferait bouger ma ligne d'horizon, comme si toute l'herbe des collines frémissait à l'unisson. J'aurais l'impression de voir flou.
Je voudrais un paysage, devant ma fenêtre. Il ferait bleu et j'ouvrirais en grand pour sentir le vent caresser mes cheveux, alors qu'un jus de citron laisserait couler sa buée fraîche autour de la base du verre, à l'exact endroit où se pose ma tasse de thé, prolongeant ce cercle formé, indélébile à force des saisons.
Je pense que tu éprouves un grand plaisir à écrire et moi, le même à te lire. Ces lignes me font rêver et partir loin dans la nature.
RépondreSupprimerC'est sympa ce partage et je t'en remercie chaleureusement.
Bien amicalement,
Roger
Un paysage avec du rond. Oui, je vois bien.
RépondreSupprimerTu n'es pas la plus mal placée, pour le paysage ?
RépondreSupprimerC'est un beau texte, tifenn, qui nous embarque et j'y vois une maison, je vais t'envoyer la photo.
RépondreSupprimerRoger, tu as raison pour le plaisir, et j'aime encore mieux qu'il soit partagé, c'est vrai :-)
RépondreSupprimerBelami, du rond, des courbes :-)
Marcus, non, c'est vrai, il faut juste que je sorte de chez moi :-p
Lôlà, merci...et ta photo est...me rend muette. :-)