3.12.11

A la volée


Il souffle un vent à te soulever le cheveu court. Il souffle un vent à faire ce qu'il veut de ton sourire, la peau qui s'étire, bout au vent.
Il fait gris, peut-être. Je ne vois que les déchirements du ciel qui laissent tomber l'or sur l'eau grise. On dirait un manteau d'étoiles qui plisse sa tunique sous l'effet d'un mouvement marin un peu serré.
Il apparaît quelques frisotis de coton blanc.
Ils hésitent.
Sortir le chaland pour semer ou pas? Et m'emmener ou pas? Faudrait pas que je tombe à l'eau.
Cette fois, c'est marée haute. On ne voit plus les parcs, on comprend bien l'utilité des balises plantées la dernière fois.
Un café le temps de la réflexion. Le temps de voir l'évolution.
Semer.
Mazette. Un trou dans la vase? Une charrue au bout du chaland? Une silhouette qui jette des graines d'huîtres à marée basse? Semer. Oui, mais comment? Je ne savais pas qu'on semait les huîtres.
Evidemment je ne savais rien de ce métier. Là c'est l'étape de moins en moins rien, de plus en plus d'admiration.
Bon, la mer se calme, les moutons sont rentrés, va mettre tes cuissardes, dit-il. Cool, maintenant elles sont mises de côté pour moi.
Le vent souffle comme un réveil vivace de tout ce qui me trotte en tête.
Cette fois, le bateau accoste, un seul pas et c'est bon, je suis sur l'acier, sans doute froid mais je ne le sais pas, bien à l'abri des bottes de sept lieues.


L'APN est sous les pans de ma veste de moins en moins verte de plus en plus terreuse.
J. et E. sont parés des gilets, pas JN. Je me souviens que quand je faisais de la voile, le gilet trainait au fond de la prame. Quasi imbibé d'eau de mer et d'essence, jamais porté.
L'avant du bateau tape l'eau à grande écume, elle arrose ceux qui ne sont pas bien planqués près du radiateur.
Il y'a toujours les caisses de plastique dur et coloré sur le pont. Elles ont été un peu décalées pour laisser les huîtres à nu entre elles.
Alors, ils attrapent les pelles et sèment à tous vent.
Ça fait du bruit, ça racle, ça schploufe, ça cogne.
Les huîtres volent, et retombent dans l'eau salée et douce qui les nourrit.
Ils sèment à la volée, et c'est comme un juste retour des choses.



6 commentaires:

  1. J'ai fait ça quand j'étais lycéen, plus d'une fois j'ai failli partir à la baille avec l'élan de la pelle... c'est qu'il y faut du rythme et de la précision pour ne pas en balancer en dehors du parc. Et connaître les courants.

    Envie d’huîtres ce midi, tiens...

    RépondreSupprimer
  2. Merci l'Amie :-)
    Patrick, et encore là, y a avait pas le poids plume de l'équipe, la flamboyante je la surnommerais, qui adore semer, qui se tient paraît-il juste au bord à en faire frémir les mâles qui la voient faire sans pouvoir se heurter à son caractère :-)

    RépondreSupprimer
  3. Cette fois c'est sûr, tu as attrapé "le virus de l'huître". Par chance si l'on peut dire, tu n'es plus une juvénile. :o)

    RépondreSupprimer
  4. Marcus, je suis Istrec-isée, mais je ne crois pas que j'aime les huîtres :-)

    RépondreSupprimer
  5. je préfère largement tes photos et mots à ceux aseptisés et afp-isés des rédactions. merci Tifenn.

    RépondreSupprimer

Un petit mot n'est jamais si petit.

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.