29.6.11

...Et Dieu...(petite histoire inventée de Dolmens)

...créa la terre.
La bonne blague!
Dieu avait la mainmise sur l'invention d'une nouvelle espèce endémique, l'humain. Mais tout là-haut, là-haut, ils n'étaient pas vraiment d'accord. Mars s'entêtait à placer des bâtons devant les roues divines, Vénus avait mis la pomme en grain de sel, et Jupiter, ah! Jupiter! (Jusqu'ici le bras droit de Dieu, ayant toute sa confiance et sans doute la plus grande partie de son pouvoir) Jupiter, disions-nous, se fâcha tout rouge le jour où les dinosaures furent exterminés par une colère capricieuse de Dieu, un jour que Vénus lui refusait de condescendre à ses avances. Dieu n'était pas sexy, et Vénus ne s'en laissait pas conter.
Si tu cherches à connaître la vérité de tes origine, petit humain orgueilleux, tu seras surpris de voir que toute cette histoire n'est que vanité, colère, frustration et caprices.
Mais.
Il y a toujours un mais, n'est-ce pas?
Un jour de banquet, imagine le banquet, tous les dieux (les Douze comme ils s'appellent entre eux) et Dieu, sont assis autour d'une éclaircie leur donnant à voir le festin que les humains leur préparent, et ils boivent (Dionysos sait toujours avant eux le vin qu'ils préfèreront), attendant que les offrandes soient offertes. Il fait toujours beau au-dessus des nuages, c'est facile de savoir comment se vêtir chaque matin, en fait ils ne se donnent même plus la peine de réfléchir, une toge blanche c'est bien assez. Ils boivent, l'apéritif est un moment sacré.
Et puis, le vin monte à la tête.
C'est dangereux de faire boire du vin à des dieux. Les conséquences peuvent être terribles.
Une dispute éclate soudain entre Dieu et Jupiter, chacun d'eux voulant s'accorder la première place, dieu des dieux. Iznogoud* n'a rien inventé.
Dieu et Jupiter se font face, terribles, puissants, immenses, géants. Ils se jaugent, se mesurent des yeux, se foudroient. Les autres ne font plus les malins. Leur conférence de Yalta** est remise à plus tard, pour le moment ils savent bien qu'ils n'ont aucune chance de récolter quelque planète que ce soit, ils attendront la fin de la bataille et ramasseront les miettes du partage.
Jupiter et sa foudre lancent des éclairs. Dieu sépare les eaux, jette des poissons, des grenouilles, des serpents. Une pluie brûlante fait hurler les humains plus bas.
Soudain, la lance de Jupiter s'envole dans l'espace inter-sidéral, tel le vaisseau de Dark Vador***. Mais.
Comment ça un deuxième mais?
Oui, un rebondissement, dirons-nous.
La lance heurte une planète. Celle-là tu ne peux pas la connaître car elle n'existe plus depuis ce jour funeste. Explosion. Granitus est éparpillée par petits bouts façon puzzle. Zeus ne correctionne plus, il dynamite, il disperse, il ventile****.

Des années plus tard (je dis années, mais les dieux s'en fichent du temps), un type se balade en forêt avec son chat. C'est la première fois qu'il vient là. Il fait beau, c'est l'été, les fougères sont hautes, les feuilles des chênes vertes et charnues, l'ombre est propice à la méditation, alors que dès l'orée du bois le soleil tape.
Il pose ses fesses sur l'herbe, son dos appuyé contre un rocher. Il hésite à sortir un livre de sa besace, il n'est pas lecteur, c'est une bonne âme qui lui a fourré ces pages dans son sac. Il préfère dégoupiller son canif, et torturer une branche de bois lisse trouvée au sol.
Il rumine.
Ses mains trahissent ses pensées sombres. Des étincelles jailliraient du bois qu'il taille s'il n'y prenait pas garde. Faudrait pas mettre le feu, non plus.
Au temps qui passe, son dos se détend et sa colère se dissipe.
Le chat cesse de fureter et vient se poser contre sa cuisse. Il est noir, le chat.
L'homme s'endort.
Il rêve.
Le chat aussi. T'ai-je dis le prénom de l'animal? Crépidule. Il ne fait qu'un avec son maître.
Ces deux-là, allongés dans l'herbe, s'agitent. Leurs paupières tremblent, on devine dessous leurs yeux qui roulent. Les membres sont pris de mouvements brusques, comme s'ils tombaient d'on ne sait où.
Ils cauchemardent peut-être?
Moi, je vais te dire.
Ils se sont assis là où il ne faut pas. Je ne sais pas si je vais décider de les laisser en vie ou pas, ces deux-là. Sache, et tu comprendras, qu'ils sont sur un lieu chargé d'histoire, de pouvoir, de force tellurique et céleste à la fois, oui, ça existe les endroits comme ça.
Contre le dos de l'homme, un dolmen. De ces pierres granitiques tombées du ciel un jour où Jupiter et son pote Dieu se faisaient la guerre. Jupiter a gagné. Mais, partout sur Terre, des morceaux de Granitus, la planète envolée.
Les humains qui sont entrés en contact avec ces blocs de poussière planétaire, soit sont morts, soit sont devenus druides, ou fous, ou mystiques. C'est que l'esprit humain ne peut pas entendre telle vérité. Ne peut pas l'appréhender. C'est plus grand que lui.
Alors, pour plaire à la fois aux dieux et aux hommes, les quelques Inspirés, des Justes presque, ont tenté de rassembler en une forme arrondie, douce, ces poids énormes. Ils ont fait croire à un abri, à un autel, à des sculptures de gaulois irréductibles...ils feraient croire n'importe quoi, pour que l'homme simple d'aujourd'hui accepte l'idée de ces roches étrangères. On en leur dira pas "extra-terrestres", ce serait trop.
Crépidule émet un long miaulement. Et se tait.
Crépidule, c'est mon chat fétiche, je me suis déjà servi de lui à Saint-Cado. Cette fois encore, il va sauver une âme. Parce que je suis trop bonne.
L'homme se réveille, engourdi, étourdi, ahuri. Il voit son chat près de lui, mais ne le reconnaît pas. Il est devenu gris.
C'est l'effet dolmen.
La nuit, tous les chats sont gris.
Et la souris danse.
Et le breton est têtu.
Et la bretonne...
Se tait.

* Iznogoud, celui qui voulait devenir calife à la place du calife.
**Conférence de Yalta, ou comment partager un gâteau.
***Dark Vador, le méchant.
****Inspiré des dialogues d'un film cultissime.

Voilà. Sur une idée de Ariana Lamento, dans un commentaire sur le billet précédent, sur le temps de cuisson du gâteau chocolat de ma grande.

6 commentaires:

  1. A Cléher, la fille avec qui j'étais ne m'a pourtant rien dit. M'en fiche, j'ai crapahuté jusque dans la chambre funéraire. Même pas mal !

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  2. Les filles, et celle-là plus que les autres, cachent toujours quelque chose...:-)

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  3. et ben voila, quand on te commissionne, ça marche! et très bien même! Beau texte!!!

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  4. Oui, fille obéissante que je suis :-). Non, c'est surtout un gros délire, je me suis bien amusée et personne n'y comprends rien, mais c'est pas grave :-))
    Bises.

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  5. C'est bien quand tu racontes une histoire...Vive Crépidule ! ^^

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