Les verres fumés œil-de-mouche me glissent sur les ailes du nez. La mouche a un terrain de décollage parfait pour aller se perdre dans les replis de ma chemisette longue, qui gonfle au vent comme un ballon, lourd et pesant.
Midi, je suis assis à l’ombre sur la terrasse, attendant de savoir si j’ai assez faim pour faire à manger.
Une heure. Je suis assise à l’ombre de la terrasse, bien que le soleil commence à me chauffer les orteils, et je suis bien incapable de boire un café. Je constate avec accablement que les plis de mon ventre sont emplis de cette eau salée qui extrude de mon corps mou, comme un début de fonte des matières organiques, je n’imagine même pas une seconde que ce puisse être ma graisse qui s’échappe ainsi.
Deux heures. J’ai du repassage à faire. Du facile, Dieu merci, car mon esprit ensuqué est incapable de réfléchir à la façon de placer une chemise avec pli dorsal sur une table placée dans une pièce où l’ombre…l’ombre ? N’a point. Il faut que je repasse les draps de la chambre, en chanvre, en lin aussi, et les taies. Je regarde tristement la vapeur chaude s ‘élever de la semelle qui ne glisse plus très bien, et je me souviens de mes jobs d’été à la blanchisserie, quand je me disais que jamais plus.
Trois heures, la chambre est faite. J’ai même fermé les rideaux pour empêcher les rayons sournois du soleil de pénétrer plus avant, et il se peut que la chambre soit la plus fraîche de la maison. Je lorgne langoureusement vers le rocking-chair Eames qui m’appelle, vient ! Assieds-toi et fini donc le livre sur la Cruche cassée, cette histoire de deuil et de femmes, qui te plait bien. Non. Demain, je fais le dessert, il faut le commencer maintenant.
Quatre heures. Ce soleil a séché le linge de la veille en moins de vingt minutes, je n’en reviens pas, mais ça m’arrange. Les tissus sont rêches et secs, ils sentent bons, ils se plient impeccablement, ce sera facile à repasser, oui ?
Mon fils court après les papillons, il a les joues rouges, je lui rappelle de remettre son chapeau et je l’oblige à boire un verre d’eau. Il me dit qu’il a faim.
Quatre heures et demie. Je soulage l’estomac de mon fils. Le chocolat, qu’il fasse chaud ou froid a toujours beaucoup de succès. La meringue du gâteau est au four. Non ce n’est pas une Pavlova, mais un Concorde. Donc, du chocolat.
Dix-sept heures. Allons-nous à la plage oui ou non ? Peut-être. Allez-y sans moi, j’attends les Hôtes. Et puis oserais-je avouer que la sortie à l’air libre de mon adiposité ne me tente guère. Non bien sûr. Je me baignerai un jour où je serai seule. Je me souviens d’un jour de printemps où, avec mon amie, nous avions nagé entre les barques du petit port, un peu de vase entre les orteils, et une eau divinement tiède. Seul le bruit de nos voix, un oiseau peut-être, et le plic-ploc de nos mains qui jouaient sur l’eau étale…Te souviens-tu ?
Dix-huit heures. Ils sont dans l’eau. Je les regarde, leur bonheur surtout, et enfin je sens le vent qui soulève mes jupons et l’étoffe de ma chemise. Je sèche.
Ce soir, nous mangerons dehors.
Je ne sais pas ce qui me manque le plus !
RépondreSupprimerSécher le linge dehors, me poser sur un banc, manger dehors...
Tout je crois, tout et retout !
C'est bon de profiter d'une journée chaude, tu as réussi à arrêter le temps, l'eau ce sera pour demain, car demain est un autre jour :)
Il fait si chaud que j'attends l'orage qui n'arrive pas avec impatience !
Ils prévoient un peu de pluie demain, mais...oui, très très chaud!
RépondreSupprimerMouah ah ah ! Si l'eau était un peu plus douce, on pourrait presque y faire pousser du riz sur ta plage. :)
RépondreSupprimerJe confirme pour la chaleur, la route en plein soleil a été un peu dur, surtout pour les filles ! Bisous à mercredi !
RépondreSupprimerYes! à mercredi! bises :)
RépondreSupprimerNous avons des orages et des pluies, mais chaleur cet aprem, bulletin météo de la déconnectée à 13h52. Bizes salées, quand se baigner ??
RépondreSupprimerles "hémisphères" de la France sont inversés.
RépondreSupprimerici on se croirait chez toi.. brrr.. et pfff...