21.4.11
Résister.
C'est un océan. Noir. De la lave, crois-tu. Comme ce jour où tu as arpenté la caldeira du Piton de la Fournaise, le volcan que tu as vu dans tous ses états, dont la lumière faisait face à celle du soleil couchant, certains soirs, facétie de volcan sans doute. J'exagère, tu n'as pas vu le volcan dans tous ses états. Tu l'as vu de nuit et puis un jour entier tu en as fait le tour.
C'était un jour exceptionnellement bleu, et tu es rentrée avec les jambes rouges. Tu avais prévu ce qui est souvent prévisible à 2600 m d'altitude, soit des nuages et du vent. Tu as eu soleil et beau temps.
C'est un océan noir, et tu marches, des années plus tard, sur cette roche brune, qui éteint presque la lumière du ciel, qui en avale la couleur, mais toi, tu t'en balances, puisqu'un bref instant tu t'es crue ailleurs.
Tu regardes où tu poses tes pieds nus, aux ongles peints, c'est la saison qui veut ça, et puis bientôt ce sera la seule couleur sur le goudron noir de la ville, quand tu vas essayer de bondir pour attraper les branches, ou courir entre les gouttes de pluie.
Ton appareil photo en bandoulière, tu es prête. C'est un jour d'avril, où la mer, loin, s'est retirée, pour découvrir ce monde abrupt, tranchant, tout entier fait d'ombres et d'ombres plus noires encore.
Tu vois deux ou trois taches de couleurs vives. Tes enfants. A la recherche de trésors improbables, de grottes oubliées, d'os de dinosaure ou encore d'arbres fossilisés. On ne sait jamais.
Sous tes pieds, c'est chaud. Le soleil a donné de ses rayons, généreusement. Les flaques d'eau claire sont tièdes. Un court-bouillon pour petit poisson.
Tu continues de marcher. Tu ne réfléchis à rien. Ou plutôt, l'esprit se déroule tout seul, enfin au repos. Rares moment où tu as le droit de ne penser à rien. D'oublier. Et ne rien faire d'autre que laisser ce qui t'entoure entrer en toi, imperceptiblement. Un souffle qui détourne ta tête, une couleur vibrante qui se tend vers toi. Oui. Tiens, une couleur dans cet mer noire.
Tu es bien éloignée du rivage. Loin sur les rochers nus et arides. Tu ne t'y attendais pas. Mais au milieu de cette nuit de pierres, une fleur, puis mille.
C'est un petit sommet, qui s'échappe hors de l'eau à marée haute. Hors-d'eau. Plein d'air. Il est couvert de ce lichen jaune si particulier, et de toutes ces fleurs déjà en bouquets.
Tu as l'impression que les pierres fleurissent.
Et tu es émue de constater que la nature partout est la plus forte. Comme si la vie.
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Et à manger du chocolat ?
RépondreSupprimerBesos ^^
Comme si la vie, quoi ? Roohhh ! :o)
RépondreSupprimerEncore un billet qui se termine en queue de poisson (court-bouillon). La voilà ainsi soudainement emportée par la marée montante à force de se promener le nez dans les cailloux et de regarder l'estran dans le viseur de son Nikon, ça lui arrivera pour de vrai. Vous verrez, ça ne fera pas une plie.
C'est un très beau texte. J'aime beaucoup. Je te suis volontiers, là.
RépondreSupprimer:-)
Merveille.
RépondreSupprimerJack, et bien sûr, ne PAS résister à manger du chocolat!
RépondreSupprimerMarcus, comme si la vie, partout, encore, etc etc...j'adore t'embêter!
Phil, merci!
Sur les rochers gris et jaunes, je te montrerai :-)