25.8.10

LES BOITES 2/3

Le début est là.

La suite à présent.

Je trempais mon pied dans l'eau claire, où brillaient mille étoiles et autant de perles, je regardais la couleur de l'eau, sans toujours comprendre cette lumière, mais j'étais satisfait du regard de maman, et de savoir le pourquoi des couleurs.
Nous avons nagé, sous la voûte bleue, riants l'un l'autre de nos éclats de vagues, maman plongeait, en avant, en arrière, elle savait toujours bien nager, même s'il elle disait qu'elle n'avait plus la force d'avant.
Et puis, harassés et joyeux, nous étions rentrés à la maison.
Mon père était là, faisant les cent pas, un air bizarre sur son visage. Un léger sourire, resté suspendu, ne demandait qu'à dévaler jusqu'au rire.
Quand je vous dis que l'ordinaire fit un pas de valse, ce jour-là, je ne mens pas.

Maman parlait de la piscine, du ciel bleu et de la joie de nager dans ces conditions-là. Papa ne l'interrompait pas, comme en attente, patient et impatient à la fois.
Il lui pris le coude et la conduisit dans notre cuisine framboise, où sur la table, se trouvait un beau paquet jaune.
Il ne dit rien de plus.
Maman avait cessé d'être volubile, je voyais son visage se colorer comme le mur, encore un effet de lumière, pensais-je alors.
Je crois bien que c'était la première fois que je voyais un colis, et pour une première fois, elle fut inoubliable.
Maman défit le carton, en retira une grande boîte blanche avec un couvercle juste posé dessus.
Elle posa ses deux mains sur les côtés, pris une profonde inspiration et souleva la mince plaque de polystyrène.
Je vis soudain, comme une impression de deux images superposées, les mêmes émotions que ce matin à la piscine se succéder sur le visage de ma mère. Cette évidence me sautait aux yeux. C'était extraordinaire.
Elle tenait serré contre elle le couvercle, le déposa doucement sur la table, et se pencha en avant, sur ce qui se cachait dans la boîte blanche. Je ne voyais rien, moi, trop petit encore, mais.
Mais je sentais.
Je ne savais pas encore.
Je vis d'abord les larmes de maman. Elle ne souffrait pas pourtant, c'était un peu comme quand elle éminçait les oignons, de l'eau qui coule, sans douleur.
Une sorte de lumière intérieure faisait briller ses yeux, ses joues étaient roses, elle m'attrapa la main, et me donna à sentir le minuscule ananas qu'elle me tendait.
Incomparable.
Un ananas Victoria, souffla t-elle.
Elle ouvrit le tiroir pour en sortir un couteau et découpa un autre fruit étrange, une sorte de boule ovoïde de couleur verte, à la chair jaune pâle, et croquante. Elle le saupoudra de sel, et me le fit goûter. Une mangue, me dit-elle.
Un délice.
Maman s'assit, comme abattue par tant d'émotions.
Comme à la piscine, elle nous évoqua son pays.
Papa écoutait, ému aussi sans doute, lui qui n'y avait pas encore mis les pieds.



3 commentaires:

  1. c'est magnifique. les mots coulent si bien. merciii

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  2. Merci à toi, et de lire et de dire que tu aimes :-)

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  3. un blog est un espace de discussion. il est donc normal, je trouve, de donner son avis lorsque l'on vient y lire.

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