14.8.10

Nuit.


Découvrez Melody Gardot!
J'ai monté mon noir destrier, mon Tigre adoré, et j'ai pris le vent. Dans les bras, dans le ventre, sur les cuisses. J'ai remis la doublure de ma veste, mes bottes épaisses.
J'ai filé.
Droit vers la mer, droit sur le Pont qui la traverse, à un endroit où il ferait bon s'arrêter si le Tigre n'aimait pas tant rouler.
Tu vois ce pont? Parfois, je passe en dessous, je regarde l'eau verte, je regarde le courant, la force du courant qui fait des ronds, des cercles, de l'écume blanche, tant et tant que tu ne trouves d'endroit calme, que près, très près de la côte, abrité du vent. A mes pieds.
Quand c'est marée haute, la mer peut paraître dormir. Mais. Si tu regardes d'un peu plus haut, tu vois bien ses yeux en mouvement qui veillent, qui te disent la prudence.
Alors j'ai traversé une nouvelle fois. Je n'allais pas à la Barre, pas cette fois, j'allais prendre des forces chez mon amie. C'est gagné, je suis revenue requinquée, à la nuit noire.
Le Tigre noir dans la nuit noire, ce doit être juste la lumière d'un phare. Un phare rond et aimable, blanc et brillant.
Je ne roule pas souvent la nuit, je suis donc bien plus prudente. Je vais moins vite, parce que, vois-tu, je ne vois pas plus loin que la lumière de mon phare. Parfois, même pas de bandes blanches sur les côtés, juste un ruban noir, dans la nuit noire et mon noir destrier.
Un fantôme.
Celui de mon ombre qui me rattrape et me dépasse quand je passe sous un réverbère.
Ton ombre. Celle qui m'accompagne, partout.
Il y avait d'autres phares dans cette nuit d'encre. J'ai levé la tête un court instant, et j'ai vu les étoiles. Plein d'étoiles. Je ne me suis pas arrêtée pour les compter, je me suis dit qu'il était impossible cette fois encore de tenter de les mesurer. C'est comme le vent. Une force incroyable qui te rend tout puissant et si petit en même temps.
Enfin, j'ai fait taire le ronronnement de ma bête. Je l'ai couchée, un peu, sur un pied.
J'ai ôté le casque, et j'ai ouvert grand les yeux.
Je t'ai vu.
L'effet miroir sans doute, ou bien simplement les mêmes étoiles que toi, le même ciel, assurément.
Pas besoin de lire, cette nuit, je suis nourrie du ciel noir et du Vent.
Bonne nuit...

4 commentaires:

  1. La nuit, la pluie, des phares qui aveuglent, une ligne blanche qui s'écarte… Trop tard ! A peine le temps de comprendre que ta vie qui défile pendant que tu chevauches l'accotement, va changer…
    Le tigre est particulièrement dangereux la nuit, et je sais de quoi je parle.

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  2. ah ! quel billet ma belle ! quelle merveille.
    J'aime énormément ton style et tes envolées lyrique... puis ce rythme aussi... et cette façon que tu as de nous amener avec toi dans tes émotions.
    Merci.
    ps : j'adore rouler à moto la nuit... mais bon, tu me diras... j'aime rouler à moto tout le temps ! même sous la pluie ;-)

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