30.4.12

Corsica #8 (Cap Corse, jour1)

Après avoir vu Bastia, je m'y trouvais assez bien pour ne plus trop avoir besoin ou envie de bouger. J'aurais voulu rester assise sur une place, comme celle de Saint-Nicolas, avec un livre pour faire semblant de lire et juste regarder le passant. Sans doute que si j'avais pris ce temps ou eu le temps de me poser quelque part un long moment, j'aurais pu saisir les conversations, l'accent, les bruits de tous les jours, qui ne soient pas ceux du ding ding de la porte d'une boutique de souvenirs, ou la musique de supermarché dans un supermarché.
Mais enfin, s'il ne faisait pas bien beau les jours qui ont suivis, il ne faisait pas pire, et nous pouvions envisager d'attaquer le Cap Corse en plein jour et non plus en plein brouillard.
J'avais fait une croix sur le désert des Agriates, il ne nous restait pas assez de jours. La Corse est plus grande qu'il n'y parait, tu ne fais pas comme ici 10 km en 10 mn mais parfois en 30 mn. Souvent, on ne passait même pas la quatrième pendant si longtemps, qu'il nous semblait fou de faire du 90 sur la route qui descend de Bastia vers Bonifaccio dont on a pris une portion un jour pour aller dans la Castagniccia. Mais c'est pour plus tard.
Ainsi donc, c'était au tour du Cap Corse, ce I dressé, ce manche par lequel je saisis la planche en bois que je me suis offerte pour couper le saucisson fumé au bois de chataigner, ou le Lunzo, avec la minuscule ilette qui fait le point, l'île de la Giraglia, sur laquelle se dresse encore un phare, devant une eau que tu n'imagines pas plus tropicale, au niveau des couleurs veux-je dire. Nous sommes partis de notre refuge de San Martino di Lota pour remonter le long de la côte Est, escarpée, pleine de roche ocre et du maquis, parsemée de tour Génoises. Des petits ports, des petites baies, nous imaginons trop bien ce que doit être la fréquentation de ces endroits l'été, idéalement balnéaires, avec des maisons dignes de paraître dans des films, sorte de petits châteaux, à moins que ce ne soit un rêve de paradis. On ne dit pas station balnéaire mais "marine". La route est assez facile, rien à voir avec celle de Porto ou encore celle de la vallée de la (Restonica.
Soudain je ne sais plus quand ... Restonica, avant ou après le Cap? On va dire après, histoire de commodité.)
Nous sommes sur le cap Corse, à gauche la montagne, les jolies courbes douces, vertes, dont l'éloignement se verra à la couleur des ombres en contre-jour quand nous rentrerons le soir. Ces images de gris, de gris sombre, de noir, que je suis incapable de rendre proprement encore en photo, pas faute d'avoir essayé.
Sur la droite, la mer. On distingue bien aujourd'hui les îles italiennes, dont je ne sais pas le nom sauf celle de Montecristo, attends je vais voir, ah oui Capraia, Elbe, Pianosa et donc Montecristo... La lumière éclaire l'horizon, on voit bien les arêtes montagneuses des îles, on pourrait presque deviner les maisons. Jusqu'à ce jour on ne voyait que les silhouettes à ras de l'eau. Comme à chaque fois, on s'émerveille de ce que la lumière peut nous jouer des tours.
Le trajet prend moins de temps que prévu, on décide d'aller pique-niquer sur Barcaggio. Et on se dit en même temps, avec un peu de chance on verra des cochons...
Nous voilà sur la plage de la pointe extrême. Rien à voir avec Crozon (Pointe extrême de cheunous). Ça fait un bout de temps que la route nous avait entraînés encore sur les sommets pour nous faire redescendre doucement vers ce bout de terre, par une petite route à une voiture, sans cochons.
Il ne fait pas encore chaud, il y a toujours du vent, je ne quitte pas ma parka, et puis le soleil apparaît, juste ce qu'il faut pour que les enfants aient envie de goûter à l'eau fraîche.
Bon, je vais être honnête, ce n'est pas pour ses plages que je retournerai en Corse. Elles sont belles, mais pas à tomber. C'est peut-être une histoire de météo, mais non, franchement, si on parle plage... mais je n'en ai pas vu des tas, juste quelques-unes de la haute-Corse, te fâche pas, je peux encore changer d'avis.
Evidemment, si tu te mets dos à la mer...ben y'a la montagne, et bon, oui, montagne/mer, beau mélange, pas de doute.
Après la baignade, nous voilà repartis pour la côte Ouest, c'est l'avantage des pointes, tu fais Est/Ouest la même journée. Ici, c'est le moulin Mattéi qui marque la limite.
Cette fois, je ne fais pas ma difficile, c'est clairement la côte Ouest du Cap Corse qui a ma faveur. Magnifique. Du relief, des baies improbables, rien de trop accessible, encore un coin qui se mérite.
Et je suis en amour de Centuri-port. Trop mignon. Des vrais bateaux de pêche qui pêchent, pas encore trop de touristes, bien que j'imagine que toutes les maisons qui donnent sur le minuscule bijou de port soient des gîtes. Je dis ça parce que beaucoup avaient les volets fermés.
Des surfeurs fous à l'entrée du port, avec une houle effrayante, et des bleus superbes. Prendre un café sur la terrasse, sous le figuier, alors que traîne encore une effluve de poisson grillé, et que le vent a laissé tomber la partie, au point que nous avons enfin la sensation de cuire (enfin moi, j'aime).
Nous sommes revenus vers Bastia en passant par le Col de Sainte-Lucie, ne faisant pas la balade de la tour de Sénèque, trop longue pour les petites jambes et trop tard dans la journée...
Devine.
Demain, ou un autre jour, je te fais la suite du cap Corse, même si t'en as marre, moi, ça me résume et ça me fait du souvenir pour après.



2 commentaires:

  1. Jeune, avec mes parents , je suis allée au Cap corse côté est. J'a peu de souvenirs si ce n'est celui de mon étonnement dingue de voir une plage grise de cailloux, je ne savais pas que cela pouvait exister, je ne pouvais même pas le penser puisque nous avions toujours été sur les plages paradisiaques du golfe d'Ajaccio et de Porto vecchio. Ainsi, oui, une incongruité pour moi mais c'est trésor ces diversités, elles sont extraordinaires d'un bout à l'autre.

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  2. Oui, je crois que c'est ça la Corse, des paysages incroyablement variés, qu'on s'étonne de trouver, inattendu au détour d'une forêt.

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