Mettre la marmaille. Empiler la valise. Vérifier les niveaux, les pneus. Dégivrer le pare-brise. Tourner la clé. Puis tourner la clé. Et rouler.
Il y a des routes que l'on connaît par coeur. Se laisser conduire. Somnoler. Un peu. Parce que la route.
Savoir où l'on est à la simple ouverture de la paupière. A la longueur de la descente. Au bosquet sur la droite. Au ralenti d'un virage.
Cette route, du Morbihan au nord Finistère, 9 ans que nous la parcourons. Au départ, une petite voiture blanche, prendre de la vitesse dans la descente avant de tenir la distance sur le mont Armorique, si tu ne sais pas, la route t'apprends que le Finistère nord est plus haut que le Morbihan.
De temps en temps, faut faire la recherche de la station radio que tu veut garder, les épaules de Darwin crachottent vers Quimperlé.
Laisser le babil parfois encore doux des enfants. Espérer qu'ils vont dormir un peu. Tu crois que c'est loin n'est-ce pas, cette route?
Même pas. 175 km.
La distance se mesure à mes souvenirs. Aux étapes, aux balises qui s'ajoutent avec le temps.
Sur la route, il y a les endroits où j'ai pu vivre, ceux que j'ai visité, ceux que j'ai aimé. A chaque panneau, une histoire.
Tu veux savoir?
Port-Louis, sur ta gauche quand tu montes, un endroit du bout, comme j'aime à dire, tu n'y passes pas, tu y vas. 4 ans.
Quimperlé, bon, tu pousses un peu jusqu'à Mellac et tu as un gîte adorable, dans une maison en pierre, 1 an.
Quimper, tu vois de loin les deux flèches de la cathédrale dans la courbe de la descente vers la ville, les rues pavées, le mont Frugy où j'ai porté le costume fin XIXème, je dois bien avoir une photo, non, tu ne la verras pas, 6 ans.
Je ne vais pas te parler tout de suite de la route vers le centre Finistère, c'est la deuxième route. Alors, on continue vers Le Faou, avec ces vallées boisées, les éoliennes qui battent l'air, l'étendue d'eau que j'essaie de photographier en vain à chaque passage, on ne s'arrête pas à cet endroit, pas d'aire possible, juste du 110.
Après, après l'excitation augmente dans notre dos, on sent la mer encore plus proche, le haut d'une autre côte va bientôt dévoiler un paysage superbe, celui de la rade de Brest. Regarde bien, ça ne dure pas longtemps, toujours trop vite, toujours un moment de silence : Aaaah Brest! C'est beau quand même hein? Oui, mais non, fait trop froid.
Après, c'est la série de virages, récemment passée à 90 (enfin, récemment...) et puis le pont.
Ce Pont de l'Iroise, parallèle à celui de Plougastel, ce pont où j'ai connu les bouchons des vendredis et dimanche soir, en rentrant et en allant à l'U.B.O. En dessous, tu vois Le Passage, un endroit où on fait de la voile...comme tant d'endroits en Bretagne. 9 ans de vie.
La suite de la route est plus récente. Elle précède l'arrivée, jusqu'au port du fond de l'Aber. Ces 20 dernières minutes avant d'apercevoir la maison qui nous attend.
Cette maison qui offre le paysage de la photo du bas. Avec ces reflets fabuleux, le calme d'un paysage serein.
La deuxième route est bien plus ancienne.
Elle remonte à mes premières années. Celle qui mène de la ville où vivait ma grand-mère, à la campagne, la vraie, avec ces champs bocagers, ces collines, ces bruns et ces verts, ces ocres en automne, le bleu aussi, crois-moi.
C'est une route simple, sans chichis, il faut que tu connaisses les virages si tu veux dépasser le 80 parce qu'aucune bande blanche ne la dessine. Parfois, la boue des roues d'un tracteur te dit que la vie continue, à son rythme différent.
Cette route est longue de trois quarts d'heure. Précisément. Sauf qu'en partant des Abers, il faut rajouter 15 mn. Dès que tu as quitté Brest, tu sais que la campagne. Ce paysage vallonné, où chaque courbe cache la prochaine, qui te rapproche du centre de la Bretagne, ce coeur de légende, où tout peut se produire, où chacun peut croire ce qu'il veut.
On arrive dans les Monts d'Arrée par plusieurs routes, mais celle qui vient de Brest est celle que je préfère. Elle se termine dans le bourg, par un lacis de courbes qui sont l'écrin du village, avec en son sommet, la pointe de l'église. Toute une vie.
C'est là que la famille, de mon côté comme on dit, a ses racines. Et on dirait bien que quelque soit le chemin que prenne notre vie, il y aura toujours un sillon tracé dans la terre de mes ancêtres pour retrouver mon chemin.
Un jour, tu verras...
PS: cette fois, j'ai mis les photos en haute résolution. Tu peux les agrandir beaucoup, si tu veux bien voir. N'hésite pas, c'est un plaisir de partager avec toi.
"Là où je vais, il n'y a pas besoin, de routes !"
RépondreSupprimerDoc Emmett Brown ( Retour vers le futur - 1985 )
Haaaaaa. Je ne connais pas ni Brest, ni le Finistere, mais la Bretagne, ca me parle, on etait dans les Cotes d'Amor a l'epoque (maintenant les Cotes du Nord - c'est bcp moins poetique) et cette campagne Bretonne et ces cotes Bretonnes, et be, y'a pas grand chose de plus beau comme paysages et ca fait rever ton poste.
RépondreSupprimer"C'est bien !"
RépondreSupprimerQu'est-ce qui est bien, Marcus ?
C'est bien de savoir où l'on va dans la vie.
C'est beau Tifenn, c'est vraiment beau d'être un peu dans ta tête et de ressentir la route et les yeux. tous ces chemins et les empreintes et les empreintes qui sont dedans et la beauté, totale. La beauté emporte car elle est en toi, en nous. maintenant, j'ai envie de tout voir et j'ai les noms déjà qui tourne dans mon palais, dont certains m'ont frôlé il y a longtemps. Ou bien sur des cartes, mes doigts les ont caressé, les mots de ta vie.
RépondreSupprimerbonjour voisine ;-) des petites routes que je connais bien :-D
RépondreSupprimerbienvenue au pays pagan :razz:
Jack, ouais, bon, j'ai oublié mon vaisseau spatial sur l'aire de covoiturage :-)
RépondreSupprimerLa Crémière ;-) c'est maintenant qu'on dit cotes d'Armor, c'est mieux que côtes du nord c'est vrai. Et puis sinon, je fais exprès de faire rêver, et tant mieux si ça fonctionne !
Marcus, en l'occurrence, je sais plutôt où je suis déjà allée...savoir où je vais c'est autre chose...puisque je ne sais pas encore. Mais j'y vais, c'est sûr.
Lôlà, toi, tu vois le beau partout, c'est aussi ce qui fait ton charme. Et la Bretagne est charmeuse pour qui sait voir...
La tribu, ouiii, je sais qu'on est voisines de temps en temps :-) j'ai reconnu bon nombre de photos :-)
Vive le blog!
Moi je préfère côtes du nord, na. D'abord j'aime bien le nord.
RépondreSupprimerje la connais aussi cette route et on a parfois été voisines.j'ai beaucoup aimé ta façon d'égréner tes souvenirs le long des kilomètres de bitume et de vie...
RépondreSupprimerBelami, et moi le Côte d'Or, bien noir, avec framboises :-)
RépondreSupprimerMaja, merci :-)
Pour ne point la confondre avec celle du bœuf, je préfèrerais la "côte d'Armor du Nord";
RépondreSupprimerCôte d'Or, c'est la Belgique, ses éléphants, son climat subtropical.:°>