Et c'était bien.
Ce n'était pas triste.
Il faut que tu comprennes le comment du pourquoi.
Tu ne sais peut-être pas que je me suis lancée dans la danse africaine à corps perdu pour retrouver le mien.
Tu ne sais pas que la première fois, j'ai eu mal aux jambes pendant quatre jours entiers, des jours à tirer une grimace à chaque marche d'escalier.
Et j'ai aimé avoir mal.
Pas parce que je suis masochiste, juste pour les muscles redécouverts, ceux qu'on oublie dans cette vie moderne.
La deuxième fois, j'ai eu moins mal. A vrai dire j'étais presque déçue.
Mais je n'arrivais pas à faire les pas, les ordonner. Une chorégraphie, tu sais, ça raconte une histoire.
Je ne connaissais pas encore les personnages.
Ce soir j'ai tué l'oiseau.
J'ai harponné avec ma lance, avec élan, et j'ai dit merci, merci à la terre et au ciel.
Il faut que tu saches, que cet oiseau, je l'ai mérité.
D'abord, il a fallu faire intervenir le féticheur, c'est celui qui porte le masque, celui qui parle aux esprits, à la nature, qui appelle la chance sur toi. J'ai été le féticheur.
Ensuite, il a fallu chercher. Il faut chercher l'oiseau dans la forêt, dans la savane, n'importe où, mais l'oiseau.
Avec mes coudes pliés, mon pas arrêté, un seul petit pas, à regarder à gauche, puis à droite, j'étais le chercheur.
Et puis, je bondissais au-dessus des racines, je faisais le pas de forêt, celui qui écarte les branches, c'est beau d'écarter les branches, tu ne le sais pas, mais c'est ample, c'est faire de la place à ton passage de ta tête à tes pieds. J'ai été chasseur.
Soudain, l'oiseau.
L'oiseau aux grandes ailes déployées, qui battent, en deux temps, alors qu'il avance sur une patte au milieu d'un étang. Tu le vois cet oiseau? Il saute, d'une jambe et puis d'une autre, enfin, il recule, tout en battant des ailes, encore. A t-il entendu le chasseur? Pourtant, il est si beau cet oiseau, tête baissée, les pattes sur les pointes, et il regarde le ciel, en se ployant sur les genoux, comme se livrant à la fortune céleste.
J'ai été l'oiseau.
Et voilà que le chasseur s'approche. Il bondit toujours, il porte une lance, il va en avant, croit-il avoir entendu l'oiseau? Alors, il fait demi-tour, avance encore, la lance prête...
Il s'arrête...
Il donne un coup de lance, et donne à la terre, il recommence, et offre encore...
L'oiseau a tenu bon, quatre coups, c'est beaucoup.
Mais c'est un combat loyal, les ailes de l'oiseau contre ma lance. J'ai été le chasseur.
Ce soir, j'ai tué l'oiseau, de quatre coups de lance, et je me suis prosternée quatre fois vers la terre, et j'ai remercié quatre fois le ciel, en levant mes bras vers lui.
J'aurais aimé voir ça.
RépondreSupprimerQuatre coups de lance pour un pauvre ziz ?
RépondreSupprimerQuand-est-ce que tu chasses le lion ou le léopard, qu'on rigole un bon coup.
Belami, à vrai dire, je crois que personne ne verra :-)
RépondreSupprimerMarcus, un oiseau grand comme moi, ça vaut bien quatre coups... jaloux :-)
Je t'ai vue...
RépondreSupprimer:-)
Pffff :-) même pas vrai :p
RépondreSupprimerBravo ma gazelle, continue comme ça et tu toucheras le ciel de tes pas !
RépondreSupprimerLô-Là-antilope
Kombayo, sais-tu que je chante parfois (de moins en moins) une chanson aux enfants qui s'appelle Kumbaya :-)
RépondreSupprimerLa gazelle, oh, si c'était vrai :-)