20.10.10

Manif


Non. Je ne vais pas faire de politique, ni en parler. Je ne suis pas douée pour ça. Mais.
Marcher. 
T'es à côté d'une femme qui a un sifflet en bouche et qui rythme sa marche avec le sifflement, qui bat la mesure avec les percussions derrière. Elle danse presque, ses pieds, ses bras, tu vois le petit groupe de percussions, qui y va franchement, content, tu te laisses prendre.
Marcher avec.
Tu es seule, tu es deux, tu es mille, ou un million, c'est pareil au fond, c'est l'unité d'un groupe, on est tous différents, tous pareils.
Marcher avec eux. 
Des gens que tu ne connais pas. Des plus vieux, des plus jeunes, tu aperçois même le petit bonnet d'un bout'dchou sur les épaules de son père, ou bien une mère avec son bébé en écharpe et tu te rappelles la manif du C.N.E., enfin, contre, tu portais ta fille en écharpe, bien serrée, en lui bouchant parfois les oreilles.
Marcher avec eux contre.
Contre une réforme. Le sujet varie. Le pouvoir du peuple, la voix des petites gens, la seule façon de dire non. Même si. Même si de l'autre côté il n'en fiche rien, va savoir, ça finira bien par arriver jusqu'à lui?
Tu marches, solidaire, avec des gens comme toi et moi, qui n'ont même pas, peut-être, voté comme toi, contre lui, mais on a le droit de changer d'avis pas vrai? 
Tu es contente, il y a comme une joie qui te prend au ventre de voir tout ce monde, pour une fois, dans cette ville assez conformiste, ça bouge, tu ne parviens pas à voir le début et la fin du défilé, ils ont rallongé le parcours, on arrive même jusqu'à la voie express. CRS. Une petite dizaine face à nous. Pas grand chose.
Il y a comme une excitation de voir enfin le pouvoir du nombre. C'est dérisoire, mais. 
Mais tout est bloqué. Tiens, entend-on une mouche voler à l'Elysée? Il n'y a guère que les mouches, qui peuvent encore voler.
Manifester. Son droit à dire. Sa façon de penser. Réagir. 
Pour qu'il entende. (non, je ne mettrai pas de majuscule).

14 commentaires:

  1. Oui. C'est ça. L'unité !
    Avec contre :-)

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  2. Chouette.
    Chez mabes ( lespacedudedans)il y a une VDO, détournement d'un film -sur Hitler- et version française du jour. Certes la comparaison avec les 2 "chefs" n'est pas pertinente mais le travail de sous titrage réalisé est excellent , humour et poil à gratter
    Titre :
    la Chute Désobéïssance
    ...vaut le détour

    L.

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  3. Tu vois que la marche a du bon, même pour les sourds qui nous gouvernent. Ils vont finir par entendre.
    Je trouve ton billet, très bien écrit, en plus.

    Bravo,

    Roger

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  4. Je ne suis pas sûr que la réforme des retraites soit le véritable motif à toute cette exaspération montante. je vois davantage cette réforme comme un catalyseur contre une forme de pouvoir brutal et arrogant.
    Et ce mot : Résistance ! La résistance c'est d'abord un état d'esprit : le refus de se résigner.
    Aujourd'hui comme hier, j'observe que les politiques, les élites, les intellectuels sont légions pour dire au peuple : "il faut vous résigner, il faut vous adapter, il n'y a pas d'autre choix possible…"
    Qui sait si tout cela ne débouchera pas un jour prochain sur autre chose d'inattendu.
    Tes photos sont belles Tifenn, ton reportage aussi.

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  5. "Je ne vais pas faire de politique, ni en parler. Je ne suis pas douée pour ça. Mais."

    Mais si. Car je pense de toutes mes forces que de plus en plus de gens qui sont pas insensibles à leur prochain devraient en faire. Tes mots remuent, donnent envie de rejoindre ceux qui marchent, alors que les leurs sont cyniques, secs.

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  6. Virginie: bien résumé :-))
    L. je vais aller voir alors, j'avais osé comparer dans un billet au début de son mandat, une marche de bottes noires.
    Marcus, je suis d'accord, je pense que ça va plus loin que lutter contre cette réforme, et j'ose espérer que l'effet boule de neige...mais bon. Est-ce que j'y crois?
    Dana, le problème, c'est qu'il y a trop de poblèmes et qu'à force, on fini par être noyé. Faire de la politique, grimper c'est faire trop de compromis. Et se retrouver à lutter contre sa propre conscience, ou en mourir. Etre sensible et insensible à la fois.

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  7. Roger, j'ai beaucoup aimé le "en plus". :-) et puis je voudrais bien qu'ils entendent...

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  8. Comment ça, pas de parallélisme?
    Mais si : faire taire (les journalistes)
    tout contrôler
    ne pas supporter le moindre petit machin qui montre un désaccord (virer un préfêt quand des personnes présentes expriment (même poliment) leur désaccord.)
    Bien sûr, ce n'est qu'un début
    Comme la petite grenouille qu'on plonge dans l'eau froide qu'on fait tiédir doucement. Au début, elle ne sent rien...
    G.

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  9. l'homme sans lien ici bas21 octobre 2010 à 16:21

    finalement cela ne sert à rien à de voter puisque la rue décide.
    la république est un compromis faite de 1000 choses. et au quotidien, j'en supporte, j'en applique bien que.
    alors si on commence à tout bloquer parce que ceci ou cela, le chemin sera long.
    en fait on devrait vivre à la nord-coréenne. tout le monde au garde-à-vous du matin au soir pour le bien commun, le partage du rien.
    je sais, ma voix va irriter, je vais subir vos quolibets, mais l'heure n'est pas (encore) à 1792. quoique, j'aimerai bien.
    et pour la peine, je signe.
    charles

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  10. Voter: ceux qui sont dans la rue, ont voté, ce sont les mêmes. Dire que la rue décide oui, puisqu'elle vote.
    Il y a des compromis, bien sûr, mais pas n'importe lesquels ni n'importe comment. Nous ne partageons pas les mêmes valeurs, et alors? on peut discuter, pas de quolibets ici. Et hors de question de retourner à 1792, non mais quelle idée!
    Le chemin sera long, oui, parce que c'est tellement plus rapide et facile de tout défaire. Et c'est ce qu'Il fait. Et donc, pas que sur les retraites.

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  11. l'homme des nuages21 octobre 2010 à 17:24

    ton avis me parle. et c'est cela la démocratie. s'écouter les uns les autres pour dégager un socle minimal de base. pour avancer. pour progresser.
    de toute manière tout est joué d'avance dans ce débat entre des capitalistes qui nous tondent et qui dirigent le pays et le monde, et des syndicalistes qui cassent le reste. alors...
    c'est pour cela que je reste bien loin de cela, souvent, sur mes nuages... j'observe, je regarde... et je ne dis rien.
    charles

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  12. retour de manif à dit21 octobre 2010 à 19:56

    Dans ma petite ville, devant la gare, tous ces gens me plaisent bien, je suis bien là dans cette petite manif et on peut gueuler dans la rue. Etre ensemble, tous, c'est tout. C'est beaucoup et c'est rien. Des jeunes très chouettes aussi, je les aime. Qu'ils aillent loin, leur vie est devant.
    Dire. C'est tout. La chance de la démocratie.
    Et le rouge c'est beau.

    Lôlà

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  13. Rouge sang? Rouge de honte?

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  14. Surement pas rouge de honte, non, fière.
    rouge sang? celui qui coule dans mes veines et vit. Et c'est pour cette vie là, que le rouge, passion.
    Bienvenue Vanessa!

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