29.5.12

Un jour

Imagine.
Imagine que tu ne sois jamais venue, que tu ne connaisses rien de ce pays là.
D'abord, il faut choisir la saison. Peut-être que ce sera l'hiver. Alors il faudra que ce soit tôt. Que je t'emmène près de l'étang, un petit matin (ne t'en fais pas, les petits matins d'hiver c'est vers 8 heures), il sera frais, il ne sera pas encore bleu mais en cours de le devenir. Avant d'être bleu le petit matin est rose. Ce rose qui descendra sur l'étang, juste là, à quelques mètres de la maison. Avec un peu de chance, l'eau sera gelée, parfois on voit des trous dans la glace et là, les foulques jouent à la patinoire toboggan pour se jeter dans l'eau. Ça ne fait pas de bruit, c'est plein de points noirs qui courent, ils flottent presque au-dessus de la surface de la glace, c'est la faute de leurs pattes, elles vont vite, elles sont floues, alors c'est comme un coussin d'air juste sous les plumes noires. Tu riras.
Ou bien ce sera l'automne.
Là, je choisirai une petite marche vers le chemin de Cadoudal. Il y aura peu de voitures, ce sera encore le matin, ou bien au crépuscule, ici c'est la lumière qui compte plus que tout.
On croisera peut-être quelques voitures, mais on verra aussi les jardins tapissés de feuilles, les dernières fleurs de l'été aussi peut-être. On entrera dans la Forest, on se glissera sous les arbres. Sans doute que nous pataugerons dans la gadoue, on rira de nos pantalons tous crottés. Tu verras les champs de fougères orange brûler au soleil du matin. Avec cette légère brume qui vient de la terre encore chaude de la nuit, à moins que ce ne soit celle de la mer, on ne sait jamais ici, dans ce pays entre la terre et l'eau. Je te montrerai le chêne, et tu le toucheras, le vénérable qui a tenu bon toutes les guerres.
Ça aurait pu être aujourd'hui.
Un jour de printemps. Tu auras loin dans ta mémoire le pourquoi de cette première fois par ici, tu oublieras même, parce que c'est tellement différent de ce que tu as vécu aujourd'hui.
Alors, je t'emmènerai à la plage. C'est banal la plage, mais pas celle-là. Il faut accepter d'y mettre les pieds. Certains sont rebutés par la vase. Ce sont ceux qui ne savent pas que la vase c'est doux comme un tapis d'orient, c'est chaud comme les poils du chat, ceux qui sont sous son ventre. Tu sais ça si tu as tenté d'aller plus loin dans l'eau salée. Tu as de l'eau à mi-cuisse et tu ne la sens presque pas, car elle est tiède, on dirait l'eau du bain. Alors, après t'être mouillé le ventre, la nuque, tu plongeras dans l'eau de mer de la ria, celle qui est si particulière à mon coeur, celle qui soigne tous les maux. Tu rejoindras la bouée, une jaune ou celle d'un bateau, tu en feras le tour, il y en a quelques uns. Tu constateras qu'il n'y a personne sur le sable, c'est une plage si discrète. Elle ne se préserve que pour nous.
Un jour tu viendras et ce sera bien. Minette.

4 commentaires:

  1. J'en ai eu un bout. C'était plus tôt, dans ces débuts de printemps dont la chaleur surprend le temps d'un jour ou deux. Bon, et ça manquait de calme cause bébé relou ^^.

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    1. Oh, tu sais, les bébés c'est parfois moins bruyant que les goélands ;-) C'est vrai qu'au niveau météo on était gâtées, pis faudra refaire.

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