2.5.12

Corsica #9 (Cap Corse, jour 2)

Ce matin là, on se disait qu'on avait de la chance qu'il ne pleuve pas. Qu'il fallait tenter de faire Patrimonio, parce que tu vois, on avait goûté ses vins, et nous avions été surpris de le trouver excellent.
Il se trouve aussi que loin de toute connexion internet, par je ne sais quelle inexplicable technique, mon réseau social préféré fonctionnait, et parfois je lançais des appels au secours (quel livre de cuisine faut-il que je prenne, ou bien, devant l'immense rayon vin d'un petit supermarché, quel vin est bon?).
Il est des gens qui connaissent bien la Corse, qui y ont vécu, et qui l'aiment.
Je savais ce qu'il ne fallait pas rater à partir de Bastia, et je comptais en faire une partie avec ce que nous avions décidé plus tôt.
Nous avons repris la route vers le col de Sainte-Lucie, pour attaquer la côte ouest par son milieu.
Notre but : Nonza.
Les plages de sable noir j'avais déjà vu, m'étant brûlé les pieds plusieurs fois dessus.
Mais. Mais je n'étais pas sur "mon" île, mais en Corse, et j'avais compris qu'avec la Corse, faut s'attendre à tout. En plus "Elle" m'avait dit "land-art à elle toute seule".
Je mélange déjà mes souvenirs quant à la route que nous avons prise, puisque nous la connaissions déjà en partie.
Il ne faisait pas beau, il pleuvait à nouveau, et le vent s'était levé. Mais la couverture nuageuse laissait parfois passer un rayon de soleil, et alors le paysage était extraordinaire dans ses contrastes d'ombres et de reliefs.
Nous sommes arrivés à Nonza, après avoir vu quelques criques fouettées par les vagues, sur la route, des endrois où se baigner semble impossible à la force des vagues et des rochers déchiquetés.
Nonza, c'est un village bien haut perché, suspendu dans la vide. Point de plage visible à notre arrivée, mais "il" avait dit "vraiment en contrebas".
Je partis chercher pitance pour accompagner le pique-nique, une boulangerie aurait fait l'affaire. Je trouvais portes closes, m'avançais plus loin pour tomber sur l'épicerieboutiquedépotdepaintabactimbres et prendre quelques pains au lait, bof. J'entendis quelqu'un demander où était la plage, vis la tenancière frigorifiée derrière le guichetcomptoir lancer sa main vers devant-elle, en disant "à l'escalier là".
Les enfants et le Taiseux attendaient près de la voiture que je m'acquitte de ma tâche, néanmoins je décidais de jeter un oeil sur cet escalier et le petit mur qui longeait la route.
Ah, que n'avais-je pas fait.
Je retournais quasiment en courant vers la voiture, en hochant la tête et ouvrant de grands yeux, assurant que nous n'aurions pas froid (vent glacé) qu'il cesserait de pleuvoir (pluie fine glacée) parce que vraiment il fallait y aller, il fallait voir ça.
J'étais restée muette devant le petit mur, découvrant la plage vraiment "vraiment en contrebas", sur laquelle se détachaient des tas de mots, messages, dessins que nous distinguions bien d'en haut. Le Taiseux demanda "par où on y va?" et j'étalais ma science récente en désignant de la main "par l'escalier là".
Enfin escalier.
Assemblage de pierres plates, disjointes, hautes ou basses, un chemin Corse quoi, un peu sauvage, qu'on prend en regardant bien où on met les pieds. Nous avons dû mettre 10 mn à descendre avant de découvrir que le sable noir vu d'en haut n'en était pas, mais de galets oui. Plein de galets ronds, petits, moyens, gros, gris, gris foncés, noirs, et même verts parfois. C'est la première fois que je voyais une dune de galets.
Et puis, malgré le ciel gris, inexplicablement, la mer tenait sa haute couleur turquoise juste après son écume blanche et l'effet était édifiant : comment la mer est-elle si bleue, un jour de pluie, sur du galet noir?
Le mystère reste entier pour moi, ne cherche pas à m'expliquer, parfois j'aime ne pas comprendre, ça donne de la magie.
Nous avons mangé là, à l'abri de murs écroulés de pierres noires et plates, nous avons marché longuement sur les galets, remplissant nos poches, comment peut-on ne pas faire autrement.
Enfin, nous avons repris l'escalade du chemin vers le haut pour rejoindre la Tour Paoline (et pas génoise cette fois) et admirer l'église rose et la mer turquoise sous le ciel gris, et plus loin, le désert des Agriates, tu verras ces photos là sur la colonne de droite (Clique dessus).
Il fallait maintenant rentrer, se réchauffer, sans oublier de repasser par Patrimonio.
Nous revîmes comme au premier jour de notre arrivée sur Bastia, le clocher superbe en pierre jaune. Nous découvrîmes le relief très particulier, du haut de notre route, la vallée en bas, avec ce monticule lointain et plus clair qui se détachait du fond plus sombre d'une autre montagne.
En Corse je me suis perdue dans la très grande variété de roches. Parfois tu as l'impression d'être sur une île arc-en-ciel, tant à tes pieds, à tes yeux, au passage d'un col donc, tu vois l'intégralité du paysage changer, se métamorphoser, ne gardant que le vert maquis comme couverture commune.
Patrimonio c'est aussi là que tu trouves les meilleurs vignerons. Peu de monde encore, voire village désert.
Nous fîmes plusieurs fois le tour de l'église dont j'aime la couleur et la pierre.
Nous avions envie d'un café (et de faire pipi) ainsi nous partîmes à la recherche d'un estaminet.
Nous nous fourvoyâmes une première fois dans un hôtel restaurant puis nous finîmes par enfin trouver notre bonheur "chez Jojo".
Un troquet où le type regardait un vieux film en noir et blanc qu'il mit sur pause à notre arrivée. Il m'indiqua les toilettes, (derrière la buanderie) me précisant qu'il n'y avait pas besoin de clés. Ah oui, en Corse, les toilettes, faut demander la clé. Même sur les petites cases de la plage, faut une clé.
Sympa le patron. Il est venu discuter avec nous, expliquant qu'il connaissait la Bretagne pour avoir participé au championnat de France de pétanque, à Rennes. Qu'il avait plu trois jours. Qu'il avait mis son pull. Qu'en rentrant chez lui il faisait 30. Normal pour un mois de juillet.
On a rit de concert, ah la la cette Bretagne où il pleut tout le temps!
Un temps d'avril en Corse quoi.
Remonter vers le col de Teghime, admirer nettement Bastia et l'étang et de l'autre côté l'ouest de l'île. (C'est en Corse, ne rit pas, que j'ai compris qu'un col fait passer d'un côté à l'autre de la montagne (sur la route de Porto...), y'a des révélations des fois, sachant que je ne m'étais jamais posé la question hein, vu que je n'en avais jamais vu)
Voir les nuages en arrêt sur le sommet de ce col, laissant l'est de l'île en pleine lumière. Constater la géographie théorique des cours, en pratique.
La corse, c'est l'apprentissage des caprices de la terre, du ciel et des hommes peut-être.

6 commentaires:

  1. oui

    lesgaletsdenonza.blogspot.com

    c'est sûr...

    RépondreSupprimer
  2. merci de partager ton web album, tes photos sont toutes magnifiques, les couleurs, l'équilibre, la drôlerie parfois, merci mille fois.
    Je ne connais la Corse que de la mer, j'y ai souvent navigué en voilier, j'en garde des souvenirs précieux.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. De rien miss Ariana, c'est autant un plaisir pour moin quasi égoïste :)

      Supprimer
  3. je viens de découvrir vraiment, de la VOIR-VOIR quoi, ta photo de la bannière/montage corse, à gauche la deuxième en descendant, linge en ombre. Elle est superbe superbe

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je l'aime bien aussi, en plus elle était vraiment "comme ça". Comme pour la plupart des photos de cet album, je n'ai pas recadré, ni rien changé...

      Supprimer

Un petit mot n'est jamais si petit.

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.